Théatre Municipal

Adresse: Allées Paul Riquet – 34500 Béziers

Tél.: 04 67 36 82 82

L’année 2024, un anniversaire symbolique puisqu’il accuse l’âge canonique de 180 ans du théâtre municipal. Une occasion de plonger dans le passé de cette institution qui a rythmé, dès la fin du XIXe siècle, la vie culturelle biterroise.

Qu’on l’appelle Grand-théâtre, théâtre d’Isabelle ou tout simplement théâtre municipal, cet endroit reflète la grandeur de Béziers avec la statue de bronze dédiée au Paul Riquet, créateur du Canal du Midi, avec les “Allées Paul Riquet” au milieu, bordées d’immeubles du XIXe siècle, et le “Parc des Poêtes” créé en 1867, afin de relier le Théâtre municipal et la gare ferroviaire.

L’occasion de se replonger dans le passé de cette institution qui a rythmé, dès la fin du XIXe siècle, la vie culturelle biterroise et de faire revivre l’extravagance qui irriguait la vie (théâtrale) locale.

Jusqu’à la fin du Second Empire, le théâtre municipal, qui disposait de sa troupe permanente (comédiens, danseurs, chanteurs lyriques), proposait donc les trois formes dans la même soirée et ce, trois fois par semaine, soit 115 à 120 représentations au cours d’une saison. Plus tard, à l’orée du XXe siècle, la saison se raccourcit singulièrement et se concentre autour de Pâques.

Dans “Béziers secrète, insolite, oubliée” (Le Chameau Malin éd.), un ouvrage collectif, Alex Bèges retrace comment Pierre David d’Angers (l’auteur de la statue de Riquet) introduit Charles-Edouard Isabelle, l’architecte. C’est lui qui sera choisi par la municipalité et qui dessinera et réalisera le théâtre.

Le sculpteur, lui, a réalisé les bas-reliefs en terre cuite de la façade mais aussi “les cartons destinés à la peinture des toiles marouflées du plafond”. Ces panneaux ont été peints par le Biterrois Joanis. Ils figurent quatre allégories : la Musique, la Danse, la Peinture et la Poésie. David d’Angers, républicain convaincu et franc-maçon, y a glissé des symboles maçonniques mais il faut un œil exercé pour les repérer..

Le théâtre municipal de Béziers est situé sur les Allées Paul-Riquet. Il a été construit en 1842 et fini en 1844 par Charles Isabelle et David d’Angers qui a réalisé la Statue de Pierre-Paul Riquet. C’est un théâtre à l’italienne qui a une capacité de 500 places. Pour financer les travaux, il a fallu construire des boutiques autour de l’édifice.

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Après deux années de travail consacrées à l’élaboration d’un état des lieux de l’existant et à la mise en place d’actions sur les thématiques du développement durable, le théâtre municipal a obtenu en janvier 2020 la labellisation « Très Haute Qualité Sanitaire, Sociale et Environnementale » avec un scoring global de 85/100 (niveau THQSE argent) pour une durée de 3 ans. Il est devenu ainsi le 1er théâtre éco-responsable de France.

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Tout d’abord, nous avons commencé par le hall d’entrée, avec ses piliers en trompe-l’œil imitant le marbre qui sont en réalité du plâtre avec à l’intérieur un tronc d’arbre.

Nous arrivons ensuite à l’étage, une salle de réception, appelée “foyer”, qui était à l’époque un endroit de partage très vivant où les personnes venaient s’asseoir, discuter, fumer… Cette pièce nous laisse imaginer la convivialité qui pouvait y régner. Puis nous sommes allés nous asseoir sur les sièges qui se trouvent dans les balcons.

De là, nous avons pu apercevoir les différentes parties qui composent ce théâtre à l’italienne. La salle est disposée en plusieurs balcons qui forme un U, le balcon du haut était appelé poulailler, car c’était le balcon pour les paysannes, d’une part car elles faisaient que parler et d’autres part, il arrivait qu’elles viennent après le marché avec leur légumes et parfois leurs poules.

Ensuite il y a le deuxième balcon, le premier balcon, la corbeille, puis les fauteuils d’orchestre, ce sont les sièges tout en bas situés au milieu. Juste devant la scène, la fosse d’orchestre accueille l’orchestre.

Puis sur les côtés les loges d’avant-scène réservées aux personnes importantes. Le plafond est décoré de fresques, ce plafond est conçu pour laisser la chaleur s’évacuer et à l’époque le théâtre était éclairé à la bougie. Le lustre qu’on aperçoit n’est malheureusement pas le lustre d’origine car, pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut volé par les Allemands et fondu, ce lustre est un don fait par les élèves du lycée Mermoz.

La visite s’est poursuivie par  les loges récemment rénovées mais qui ne s’accordent pas du tout avec le style du théâtre : « On dirait des chambres d’hôpital » dit le médiateur de la ville.
Les coulisses sont derrière la scène et une fois sur scène, deux sorties et entrées sont accessibles sur le côté, il y a le côté cour à gauche et le côté jardin à droite.

Un univers de superstitions 

Les personnes qui travaillent dans le théâtre sont très superstitieuses. Par exemple, il est interdit de prononcer un mot, cela porte malheur, comme sur un bateau : il peut être remplacé par ficelle ou câble. Ensuite, le bâton appelé “brigadier” qui sert à taper les trois coups avant le début de la pièce est sacré pour les employés car il a plus de 150 ans.

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Du théâtre aux arènes, Béziers était musicienne au début du XXe siècle

La façade du théâtre municipal a été rénovée en 2018 et la musique était à la fête pour l’inauguration. (Midi Libre archives – Pierre Saliba)

4.8.2020 – Tout au long de l’été Midi Libre vous propose de cheminer à travers l’histoire de Béziers.

Si jusqu’alors l’ouverture des théâtres et lieux de spectacles était étroitement surveillée selon la volonté de Napoléon 1er, le décret, lui aussi impérial de 1864, offre une liberté d’action dont beaucoup vont profiter, même si les maires gardent un pouvoir de censure.

À Béziers comme ailleurs, des établissements naissent et spectacles et musique vont devenir des plaisirs accessibles à (presque) tous. Lyrisme aux arènes du Plateau de Valras, concerts classiques au théâtre municipal et à la salle Berlioz, ou encore café-concert à l’Alcazar qui, détruit en 1904, laissera la place au théâtre des Variétés, cafés chantants dans les bistrots de la Promenade… Less Biterrois, au début du XXe siècle, appréciaient la musique et la ville était connue comme telle jusqu’à la capitale.

La balade autour de la musique se doit de démarrer au Grand théâtre municipal, en haut de cette fameuse Promenade devenue les allées Paul-Riquet. Après bien des controverses au conseil municipal, tant politiques que financières, c’est l’architecte Charles-Édouard Isabelle qui a été retenu et qui choisit le style “bonbonnière” pour l’intérieur de la salle. Le sculpteur David d’Angers, qui vient de réaliser la statue de Pierre-Paul Riquet, crée pour la façade du théâtre, en plus des groupes allégoriques du plafond de la salle, quatre scènes en terre cuite – Les Nuées, Tartuffe, Œdipe roi et Le Cid – accompagnées des profils de Molière, Corneille, Aristophane et Sophocle.

Pas de roi sur la plaque

Après un nouveau long débat, les élus décident que le nom de Louis Philippe (nous sommes en 1844 et il abdiquera deux ans plus tard), ne figurera pas sur la plaque d’inauguration. La raison invoquée est très pragmatique. Les élus ont considéré que “l’expérience a prouvé jusqu’à ce jour qu’il y avait un inconvénient à placer sur les monuments publics le nom du roi régnant, attendu que lorsqu’il arrive des crises politiques, ces monuments sont l’objet d’attaques qui les dégradent, lorsqu’ils ne sont pas détruits de fond en comble”.

Face à la programmation du théâtre fait de vaudevilles et de lyrisme avec un orchestre pas toujours de très bon niveau, trois mélomanes membres de la Chambre musicale, dont le peintre Gustave Fayet, décident de créer une salle à l’acoustique parfaite. Ils veulent offrir un lieu aux compositeurs et aux nouvelles esthétiques musicales de l’époque. C’est l’architecte Léopold Carlier qui se charge d’édifier la salle Berlioz, non loin du théâtre, dans l’actuelle rue Solférino. L’expérience ne durera pas très longtemps et l’endroit va connaître diverses fortunes à travers le XXe siècle, jusqu’à devenir le Théâtre du Minotaure dont le dernier propriétaire a décidé de se séparer.

Mais revenons sur les Allées pour les descendre jusqu’à la rue Victor-Hugo. Là, se trouve le Théâtre des Variétés, que la Ville vient de racheter. Au début du XXe siècle, il a remplacé L’Alcazar, établissement de café-concert que le propriétaire a transformé en une salle plus proche d’un théâtre, grâce à l’architecte Léopold Carlier. Assez rapidement, il a été fréquenté par les demi-mondaines et les spectacles n’étaient pas appréciés par la bonne bourgeoisie biterroise.

La balade musicale n’est pas finie, il faut maintenant emprunter l’avenue Saint-Saëns et rejoindre les arènes, haut lieu du lyrisme.

Lyrisme aux arènes

Né à Béziers en 1859, Fernand Castelbon de Beauxhostes a toujours été passionné de musique. En 1896, il se lie d’amitié avec Camille Saint-Saëns. Les arènes de Béziers sont en construction et le Biterrois participe financièrement au projet dans l’objectif de donner des spectacles musicaux, en plus des taurins, dans ce nouveau lieu.

Lors d’un passage de Saint-Saëns à Béziers Castelbon l’invite à venir écouter la Lyre Biterroise, un violoniste et un chanteur. Le compositeur découvre alors que l’acoustique est bonne et le mécène lui propose de créer une tragédie lyrique. Ce sera Déjanire d’après un livret de Louis Gallet.

C’est le début d’un cycle, au frais du mécène, qui va hisser Béziers au rang des grandes villes de festival, elle sera surnommée la “Bayreuth française”. En 1900, Castelbon convainc Gabriel Fauré de créer l’opéra Prométhée, avec un livret, tout comme celui de Déjanire, qui doit être adapté à un public populaire. Fernand Castelbon de Beauxhostes décède en 1934. L’aventure lyrique va perdurer avec plus ou moins de succès jusqu’en 2011.

Sources : Arènes de Béziers.Pour aller plus loin : “Un siècle de spectacles, de divertissements et de plaisirs à Béziers (1860-1960)”, Alex Bèges Jacqueline Pech, Cahier de la Société archéologique. Ou le roman historique “Le luthier de la rue du Capeau-Rouge”, d’Alex Bèges, chez Le Chameau Malin.

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Source:

http://www.journaldelacite.canalblog.com – Découverte du théâtre municipal de Béziers

http://www.ville-beziers.fr

http://www.midilibre.fr – Emmanuelle Boillot 4.8.2020 / Diane Petitmangin 18.11.2024