Pépézuc

Pendant le congrès d’études languedociennes, M. Roque-Ferrier a expliqué l’origine de la légende biterroise de Pépézuc, qui est un nom donné a une statue de Béziers. Le nom du capitaine Montpezuc, qui défendit Béziers contre les Anglais en 1355, a été transformé en Pechpezuc, comme dans le nom de lieu Montauberou, quelquefois appelé Pechauberou (pech=mont).

Donc pour expliquer ce nom,  une référence au capitaine Pierre Pépésuc (ou Pépézuc) qui, « lors de la prise de Béziers par les Anglais, les empêcha seul d’entrer dans la rue principale, qui reçut pour cela le nom de rue française » a été évoquée.. Mais il paraît plus plausible d’y voir simplement une allusion à l’expression occitane pè pesuc (pied lourd ou pesant) qui désigne localement un boîteux. Il n’est pas exclu que l’usage de cette expression comme chafre soit à l’origine de l’appellation de Pépézuc pour certains personnages.

La tête de cette statue a subi plusieurs avatars puisqu’on la signale en 1587 dans l’escalier de l’ancien Hôtel de Ville de Montpellier. On remarquera que celle qui couronne actuellement la statue a été rajoutée et est trop petite pour elle.

Le 16 mai 1616, jour de la fête de l’Ascension est représentée pour la première fois la pièce intitulée L’Histoire de Pépézuc. Cette pièce de théâtre, en occitan, allégorie relative aux troubles qui eurent lieu en France dans les premières années du XVIIe siècle, fait intervenir le personnage de Pépézuc.

La statue fait l’objet de vénération de la part des Biterrois dès le XVIIe siècle. Lors des fêtes annuelles des Caritats elle est alors badigeonnée d’un lait de chaux et participe aux fêtes populaires.

Le saviez-vous ? La statue romaine, place Pepezuc à Béziers, ne représente pas que l’empereur Auguste. (Midi Libre – Emmanuelle Boillot)

“À Béziers, on a fait de moi le symbole mythifié et magnifié du héros anonyme. Celui qui incarne les plus nobles vertus, dont celle de la Résistance face aux envahisseurs ou oppresseurs accourus aux portes de la ville. Ce qui me vaudra d’être considéré comme un illustre parmi les illustres Biterrois.”

C’est par ces mots, prêtés à Pepezuc (qui s’écrit sans accent mais se prononce Pépézuc, le “e” muet n’existant pas en langue d’Oc), que l’historien local Robert Cavalié entame son ouvrage, La célébrité en héritage, paru aux Éditions du Mont. Il fallait bien cela pour rendre hommage à ce héros légendaire de la ville, gardien des traditions au franc-parler, dont on croise la statue, place Pepezut, au bout de la rue Française.

Un hommage à ce héros légendaire de la ville

En fait, selon Henri Barthès, autre historien local, il s’agit bien de la statue de l’empereur Auguste “placée dans l’espace sacré de la cité romaine, sur le Forum (actuelle place de l’hôtel de ville au sens large) et conservée à sa place depuis toujours”. Sa tête, vraiment trop petite pour son torse d’athlète, serait partie vers Montpellier et remplacée par une autre.

Mais la légende est tenace et elle prête à Pepezuc de nombreux faits d’armes. Comme celui d’avoir repoussé les raids du Prince Noir au XVIe siècle ou encore d’avoir élevé la voix lors de la suppression des fêtes populaires des Caritats au début du XVIIe siècle.

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Sources:

Revue des langues romanes

http://www.sasl-beziers.fr

L’Hérault historique illustré – Volume 1

occitanica.eu

http://www.midilibre.fr (Emmanuelle Boillot – 05.08.2022)

Béziers: Hérault (34) – Brémond, G. Dandoque de Sériège, Joseph Giry (1974)