Place du Forum

Cet endroit a une longue histoire. Aujourd’hui, seul le nom est une référence à son passé glorieux. Parce qu’ici, un forum romain a été établi, créé dans le 1er siècle après JC.

En 1911, le jury des architectes de Paris décerne le premier prix à l’unanimité à deux biterrois, MM Paul Harant et Paul Jumeau, pour leur projet au concours de l’hôtel des postes de Béziers.

Paul Harant (1873-1953) est un architecte originaire de Béziers qui s’illustra par ses créations très éclectiques. Un personnage aux mille facettes, maître d’œuvre de la villa florentine du Domaine de la Tour. Il excella dans tous les domaines : des églises, celle de Paulhan et de la Sainte Famille à Béziers, des théâtres, le théâtre des Variétés à Béziers, le théâtre de Marseillan, des bâtiments officiels, l’ hôtel des Postes à Béziers, de nombreuses écoles du département, l’école pratique de commerce à Béziers, des monuments aux morts dont Caux et Aspiran, des hôtels particuliers à Béziers, des châteaux et des villas.

En 1912 une nouvelle poste est construite à Béziers en face de l’Hôtel-de-Ville pour remplacer l’ancienne poste, avenue du 22 août, devenue trop petite suite au développement de la ville.

9.3.2012. La vieille Poste est à terre. Elle est détruite suite à la construction de la grande poste de l’avenue Clémenceau et du bureau annexe de la place de la Citadelle.

Le choix de son emplacement fait l’objet d’une polémique entre les Radicaux et la Républicains modérés, liée au développement de la ville et au déplacement du centre-ville, relayée par la presse, “l’Hérault”, des républicains francs-maçons et anticléricaux et “le Publicateur” organe des monarchistes et catholiques. Aujourd’hui, les projets de “l’Hérault” sont réalisés : une place en face de la Mairie et une Poste place de la Citadelle.

La mairie met maintenant les bouchées doubles pour que le chantier du Forum avance le plus vite possible. Et pour que “l’écrin soit à la mesure de l’espace public que nous créons”, souligne Florence Crouzet. L’adjointe en charge du cœur de ville a tenu à communiquer, hier, avec la presse pour faire une présentation globale du projet.

Il n’y a pas encore de calendrier précis sur l’avancée des travaux d’aménagement du futur Forum. Une chose est cependant sûre, l’entreprise Buesa en a encore pour trois semaines à déblayer le site. Pour la suite, l’élue précise : “Nous n’avons pas voulu faire les appels d’offres aux entreprises trop tôt, pour respecter les procédures en cours. Nous l’avons fait dès que possible et une réunion est prévue mi-mars avec les concessionnaires pour fixer le planning.”

Une autre rencontre est programmée mi-avril avec les commerçants et les riverains pour les tenir informés de l’avancement du chantier. Tout devrait être terminé à l’automne 2013. Pour soutenir les commerçants situés à proximité des travaux, la municipalité a mis en place des banderoles aux entrées du cœur de ville afin de signaler que “La vie continue malgré les travaux”. Des panneaux de chantier vont être installés pour limiter les nuisances. Et surtout, une campagne de ravalement de façades a été lancée dès hier soir, en salle du conseil municipal. Elle doit se dérouler sur la période 2012-2014.

Florence Crouzet a lancé 320 invitations à destination des propriétaires des rues aux alentours (Citadelle, Coq d’Inde, Mas, Rôtisserie, Trois-Six, Pépézut…). Elle leur a présenté l’opération et précisé les subventions qui peuvent être obtenues auprès de la Ville et de l’Agglo (jusqu’à 50 %). Pour les vitrines, des demandes peuvent être prises en compte par l’intermédiaire du Fisac (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce).

Cette campagne de ravalement va être menée, autant que faire se peut, en même temps que les travaux du Forum. Ce serait l’idéal, et cela ne devrait pas poser de problèmes techniques. Mais bon, il va falloir que la mairie soit persuasive…

Des études préliminaires jusqu’à l’achèvement des travaux, le Forum doit coûter un peu plus de 3,8 M €. Des financements ont été trouvés auprès de la réserve présidentielle (150 000 € actés en 2009) ; l’Agglo (589 000 €) ; la dotation de développement urbain (83 000 €) ; le PNRQAD (460 800 €). Deux demandes de subventions sont en cours : le Fisac (2011-2013) pour 426 000 € et la dotation de développement urbain 300 000 €. Il reste 1,8 million à charge pour la Ville.

Sous la “Vieille Poste” coule l’Embroucadou

La place des Trois-Six, la Vieille Poste, le nouveau Forum… Lorsque l’on se penche un petit peu sur l’histoire de ce lieu, aujourd’hui au cœur de l’actualité, l’élément qui ressort aussitôt, c’est l’eau. Dans les livres, comme dans les récits des Biterrois, on retrouve l’Embroucadou. Avec le Grazilhan, qui des Halles actuelles descend vers le ruisseau de Bagnols, et un autre vers le Mail Chapat, il fait parti des trois cours d’eau qui ont permis l’installation des hommes sur l’oppidum biterrois. Il coule sous la rue des Anciens-Combattants, passe vers l’impasse de la Vache et va se jeter dans son gouffre éponyme sous la place Garibaldi.

Selon les archéologues Daniela Ugolini et Christian Olive, auteurs de nombreuses fouilles sur Béziers, la source de l’Embroucadou coule toujours : “Localisée à une profondeur importante, elle a été équipée par les services de la Ville d’une pompe pour remonter l’eau jusqu’au niveau du réseau d’égouts et éviter ainsi d’inonder les caves environnantes.” Mais surtout, ils ont découvert, lors de fouilles effectuées sous la Vieille Poste, “des aménagements du IV siècle avant J.-C.” qui étaient déjà destinés à la canalisation. Ensuite, au fil des siècles, le ruisseau a certainement servi de dépotoir. L’Embroucadou a été aménagé en réseau souterrain vers les XVIIIe et XIX e siècles.

L’eau, on la retrouve, beaucoup plus tard lors de la construction de la Vieille Poste au début du XXe siècle. Dans sa chronique d’une polémique P…. comme Poste, Jean-Jacques Lagier note qu’en 1912, le conseiller Henry, membre de la commission des Finances au conseil municipal d’alors, fait état de frais supplémentaires parce que “les fouilles exécutées pour les fondations ont démontré que la résistance au sol n’était pas suffisante pour permettre de les asseoir de manière certaine.”

Il a fallu creuser des tranchées plus profondes. Au lieu d’un sol dur et stable, les terrassiers ont trouvé une nappe d’eau existant à deux mètres environ du côté de la place des Trois-Six. C’est grâce à ce contretemps que l’architecte Harant a utilisé pour la première fois les fondations armées qui permettent d’obtenir “l’uniformité et la résistance qui font défaut au terrain”.

L’ancêtre de la place des Trois-Six, n’est vraisemblablement pas le Forum romain. Il ne serait pas très loin, entre la place Gabriel-Péri et les halles. En revanche, Claude Lapeyre et Alain Roques, dans Béziers pas à pas (Éditions Horvath) notent les nombreux changements de noms de la place, le plus souvent liés à son occupation. À l’époque médiévale, c’était La Plassa, lieu de rencontre des habitants. Vers 1610, c’est devenu la place de l’Encan, et vers 1709, le Plan du Puits-de-l’Inquant, qui signalé le puits public. On trouve également sur différents plans de la ville : place aux Herbes, place de la Bourse, place de la Boucherie. On sait qu’il y a eu un marché couvert aux fruits et aux légumes et puis aux vins et eaux-de-vie. L’expression Trois-Six vient d’ailleurs d’un alcool rectifié qui contenait trois mesures d’alcool additionnées de trois mesures… d’eau. Décidément, on n’en sort pas.

Association pour la sauvegarde de l’édifice de l’ancienne de poste : Les Timbrès

Monsieur Raymond Cuderc, Sénateur-Maire de Béziers, a décidé de détruire l’Hôtel de l’ancienne Poste Centrale.

Comme cet édifice est d’une architecture particulièrement notable, et qu’il s’élève en secteur sauvegardé de la ville de Béziers, aucun des représentants des Administrations dites de proximité n’a voulu prendre la responsabilité d’un tel sacrilège. Il dut solliciter, en 2004, une dérogation auprès de M. Renaud Donnadieu de Vabres, alors ministre de la Culture et de la Communication. Elle lui fut accordée.

Depuis cette époque notre association se débat pour que l’irrémédiable ne se produise pas, en rappelant à M. Raymond Couderc qu’il n’est pas le propriétaire du patrimoine architectural de Béziers, qu’il n’en est que le dépositaire, et que son projet de créer en ce lieu une place artificielle n’est que pure fantaisie. D’ailleurs, il est fait référence à un forum dont la connotation antique est totalement infondée.

Si on détruit l’Hôtel de l’ancienne Poste Centrale, on détruit la hiérarchisation de l’espace d’accès à l’avenue Alphonse Mas. On détruit la symétrie de cet accès contrebalancé à son autre extrémité par l’évasement Garibaldi. En d’autres termes on déstructure l’un des trois témoignages de l’urbanisme Haussmannien de Béziers.

Si on détruit l’Hôtel de l’ancienne Poste Centrale, on raye de la carte un exemple majeur et sans ressemblance à Béziers de l’architecture classique, ou néo-classique selon les experts, dont la modénature de certaines parties des façades et le cadencement des autres annoncent avec vingt ans d’avance le style “Art-Décoratif” dont le palais de Chaillot à Paris est le meilleur exemple.

Si on détruit l’Hôtel de l’ancienne Poste Centrale, on se privera définitivement d’un édifice de valeur à l’immense potentialité d’aménagement. Sa superstructure combinant le métal (favorable à la totale libération des espaces intérieurs) avec de larges baies (permettant la transparence) sont des atouts uniques. Laisser faire serait la honte de Béziers.

Faisons de l’Hôtel de l’ancienne Poste Centrale un pôle attractif, trait d’union entre, d’une part les Allées Paul Riquet, la place de la Citadelle et la rue de la République et d’autre part la Cathédrale. C’est l’emplacement privilégié pour une vitrine de Béziers qui en est totalement dépourvu.

Que ce bâtiment soit tout simplement remis en valeur, et non plus laissé à l’abandon.

Si pour combler la satisfaction des nostalgiques de l’Antiquité, il faut supprimer le corps de bâtiment le long de la rue de la Rôtisseri e et celui sur cour : faisons-le. La nouvelle place, tend voulu par quelques-uns, se révèlera d’elle-même. Nous vous invitons à tourner les pages de cette brochure.

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Source :

http://www.midilibre.fr – Emmanuelle Boillot 9/3/2012 – 26/2/2012

http://www.docplayer.fr

https://www.eyrolles.com

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