Cabines téléphoniques

Béziers 2013 : Adieu, cabines téléphoniques !

En bas des Allées Paul-Riquet, il reste encore quatre cabines. Sur 31.

En bas des Allées Paul-Riquet, il reste encore quatre cabines. Sur 31. (Photo C.F.)

27.8.2013 – Supplantées par les téléphones portables, les cabines téléphoniques de Béziers disparaissent peu à peu.

Qui fait encore attention à elles, aujourd’hui ? Elles n’ont pas l’élégance décalée de leurs homologues anglaises et passent presque inaperçues dans les rues de Béziers.

Elles, ce sont les cabines téléphoniques installées sur la voie publique et qui disparaissent peu à peu de l’espace biterrois. Il en reste encore, éparpillées de ci de là, mais elles se font plus rares, car sur les 64 cabines de la ville, Orange (ex France Télécom), qui en est gestionnaire, a décidé d’en démonter 33.

“Plus d’utilité”

“Aujourd’hui, les cabines n’ont que très peu d’utilité”, explique Christian Gesbert, responsable communication chez Orange. “Tout le monde utilise son téléphone portable, qui, de surcroît, propose davantage de fonctions : envoi de SMS, photos, navigation internet etc.”.

Entre 2000 et 2011, le trafic des cabines en France a décru de plus de 90 % et la tendance ne fait que s’accélérer. Ainsi, une étude de l’Arcep d’octobre 2012 indique qu’en un an, le volume de communications, en million de minutes, est passé de 30 à 22.

Téléphoner d’une cabine… avec un portable

“Plus de deux tiers des appels d’urgence sont émis à partir d’un téléphone portable, ajoute Christian Gesbert. Et lorsqu’il pleut ou lorsque l’environnement est bruyant, il n’est pas rare de voir des personnes s’abriter dans l’habitacle d’une cabine publique pour téléphoner… à l’aide de leur portable !”, s’amuse-t-il. L’étude de l’Arcep montre même qu’il y a plus de cartes SIM en service que de Français : 70,4 millions fin 2012.

Peu utilisées, les cabines sont alors potentiellement exposées à des dégradations et le réseau technique sur lequel sont raccordées les cabines téléphoniques est en voie d’obsolescence.

Pas d’intérêt à les garder

Financièrement, il semble donc qu’Orange ait tout intérêt à les démonter plutôt qu’à les garder en l’état et à continuer à payer les frais d’entretien. “C’est plus une question d’utilisation que de rentabilité”, souligne Christian Gesbert. Et le décrochage se fait en concertation avec la ville.”

Orange compose en effet avec la Ville de Béziers (élus, services techniques) pour décider, au cas par cas, quelles cabines laisser selon les usages et les besoins. Elles sont démontées au frais de l’opérateur et les éléments pouvant encore servir sont recyclés. S’il ne reste plus que 31 cabines et que d’autres devraient bientôt disparaître, toutes ne vont cependant pas être enlevées.

Orange a en effet une obligation de service public, aujourd’hui nommé service universel, définie par le législateur, qui prévoit qu’au moins une cabine doit être maintenue pour les villes de moins de 1000 habitants, deux pour les villes de plus de 1000 habitants. Comme Béziers… ou Paris.

Une fin programmée

Un chiffre ridicule qui porte à croire que cette obligation de service public se déplacera vers l’accès à la téléphonie mobile lorsque son cadre sera redéfini, en février 2014. Date à laquelle le parc de Béziers, actuellement transitoire, devrait également être acté comme définitif. On ne sait pas encore combien de cabines resteront alors dans les rues biterroises.

La fin d’une époque donc, mais aussi la révélation d’une autre : celle de l’écrit qui remplace la parole.

Selon l’étude de l’Arcep, le nombre de SMS émis par les Français est en constante augmentation : il a progressé de 10 milliards en un an. Au 2e trimestre 2012, près de 46 milliards de textos ont été envoyés. Si les écrits restent, les cabines, elles, s’envolent.

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Des cabines téléphoniques publiques de plus en plus rares

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Photo : Vincent Andorra

28.1.2014 – D’ici fin 2016, Orange veut passer de 70 000 cabines en France à 40 000, le seuil minimum imposé. Dans l’Hérault, de 980 cabines, il n’en restera plus que 435.  L’Aude passerait de 530 à 455. Le Gard de 590 à 440. La Lozère de 270 à 190. Les Pyrénées-Orientales de 410 à 280. 

Les cabines téléphoniques publiques n’ont plus le vent en poupe. Le gendarme des télécoms, l’Arcep, vient de remettre un avis au gouvernement proposant d’ouvrir une réflexion sur leur existence, compte tenu de leur très faible utilisation et de leur coût élevé. En un peu plus d’une décennie, le trafic a chuté de plus de 90 %, victime de la généralisation des téléphones portables.

De 70 000 cabines en France à 40 00

La question n’est pas que purement théorique car la concession de service universel, à la charge d’Orange (ex-France Télécom), expire le mois prochain. Le cahier des charges stipulait que l’opérateur devait, a minima, fournir une cabine pour les communes de moins de 1 000 habitants et deux au-dessus de ce seuil. Pour l’instant. Car tout dépendra de la décision qui sera prise lors du renouvellement de l’opérateur chargé de la publiphonie.

“C’est insensé d’obliger les gens à vivre sous la dictature du téléphone portable”
Éric Vidal, maire de Villeneuvette

D’ici fin 2016, Orange veut passer de 70 000 cabines en France à 40 000, le seuil minimum imposé. Dans l’Hérault, de 980 cabines, il n’en restera plus que 435. L’Aude passerait de 530 à 455. Le Gard de 590 à 440. La Lozère de 270 à 190. Les Pyrénées-Orientales de 410 à 280. “Le démontage du parc est progressif. Aujourd’hui, nous sommes encore très au-dessus du seuil du service universel, plaide Christian Gesbert, responsable régional de la communication d’Orange. Tout se fait en concertation avec les élus, en tenant compte des contraintes particulières comme pour les villes touristiques.”

“Dans les cabines s’abriter du vent pour téléphoner avec leur mobile”

“C’est insensé d’obliger les gens à être sous la dictature du téléphone portable”, déplore Éric Vidal, maire de Villeneuvette (65 habitants), près de Clermont-l’Hérault. Qui veut conserver sa cabine téléphonique “vintage” et demande même qu’elle soit adaptée aux handicapés. “On ne vend pratiquement plus de carte pour les cabines téléphoniques, affirme de son côté Jérémy Pézières, buraliste à Murviel-lès-Montpellier. Et je ne suis pas sûr que tous mes collègues en aient encore en stock. Il y a cinq ou six ans, j’en vendais beaucoup, notamment pour les enfants partant l’été en colonie de vacances. Mais, aujourd’hui, tous les gamins ont un téléphone portable”, explique l’Héraultais, relevant au passage qu’il n’avait pas vu quelqu’un dans la cabine en face de son magasin depuis belle lurette.

“On voit même des gens dans les cabines s’abriter du vent pour téléphoner avec leur mobile”, renchérit Christian Gesbert. Nos bonnes vieilles cabines téléphoniques vont-elles disparaître du paysage urbain ?

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5-6-2015 – Au coin de la rue ou dans les gares, elles faisaient partie du paysage. Ce sera bientôt terminé: d’ici la fin de l’année 2017, les 5450 cabines téléphoniques encore en service en France vont peu à peu disparaître.

Le 16 avril 2015, les sénateurs ont accepté, dans le cadre d’un amendement à la loi Macron, qu’elles soient démantelées, abrogeant l’article L35-1 du code des postes et communications électroniques , qui prévoyait qu’Orange assure ce service universel. Jusqu’à présent, l’opérateur devait mettre à disposition une cabine dans chaque commune de moins de 1000 habitants et deux au-delà. Devenues obsolètes avec le développement des téléphones portables (le nombre de cartes SIM en France s’élève à 73 millions au premier trimestre 2017!), elles ne sont plus utilisées, en moyenne, qu’une minute par jour. Une perte d’argent pour Orange qui s’est accentuée au fil des ans: un rapport publié en octobre 2014 révélait qu’en 2012, 9 cabines sur 10 étaient déjà déficitaires.

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Source :

https://www.midilibre.fr – Clémence Fulleda 27.8.2013 / Thierry Dubourg 28.1.2014

https://www.notretemps.com – Stéphanie Letellier 5.6.2015