




Monsieur Robert Ménard
Son épouse : Emmanuelle Duverger
6 juillet 1953 : naissance de Robert Ménard à Oran, en Algérie française.
15 août 1968 : naissance d’Emmanuelle Duverger à Lille.
5 septembre 2003 : Robert et Emmanuelle Ménard se marient.
1er octobre 2012 : le couple crée le site Boulevard Voltaire.
4 avril 2014 : Robert Ménard est élu maire de Béziers (Hérault) avec l’appui du Front national.
18 juin 2017 : Emmanuelle Ménard est élue députée de la 6e circonscription de l’Hérault avec le soutien du FN.


Robert Ménard est un journaliste français. C’est le fondateur de l’association “Reporters sans frontières”. Après des études de philosophie, il fréquente les milieux communistes et trotskistes puis adhère au Parti socialiste. Robert Ménard crée ensuite en 1978 la Radio Pomarèdes et prend la présidence de l'”Association consensus Liberté Radio.

En 1983, il intègre Radio France Hérault qu’il quitte en 1989. Deux ans plus tard, il fonde “Reporters sans frontières” qui devient une des organisations de défense de la liberté de la presse les plus médiatisée. En tant qu’activiste, il est régulièrement interdit de séjour dans de nombreux pays à cause de ses prises de positions. Robert Ménard est alors régulièrement interpellé pour les mouvements de contestations qu’il provoque, comme en 2008 en France où il proteste contre la présence du président syrien à la tribune officielle du défilé du 14 juillet 2008. Il quitte l’association et sa direction cette même année.
En parallèle, il est promu chevalier de la Légion d’honneur. Fort de son statut d’activiste très médiatisé et de ses interventions remarquées sur les plateaux de télévision, il est un an plus tard aux commandes de sa propose émission : “Ménard sans interdit” diffusée sur i>Télé. Il rejoint ensuite “L’Info sans interdit” pour effectuer une interview sur la chaîne câblée. En août 2011, il présente la matinale sur les ondes de Sud Radio, suite à son licenciement de RTL.

L’art de la provocation

Membre de la Ligue Communiste Révolutionnaire dans les années 70, puis brièvement adhérent au Parti Socialiste au début des années 80, Robert Ménard a opéré une volte-face idéologique. Mais, en maître de la com, il l’a faite avec subtilité. En 2011, il cosigne avec son épouse un pamphlet, Vive Le Pen ! : « Je ne voterai pas Front national mais je pense que ce parti doit bénéficier du droit à la liberté d’expression. Défendre la liberté d’expression n’est pas défendre l’extrême droite. », explique-t-il alors. Mais dès 2016, il annonce qu’il votera Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle.
La provocation par petites touches est sa véritable marque de fabrique. En repoussant chaque fois un peu plus loin les limites. Depuis qu’il dirige Béziers, il n’a cessé d’agir de la sorte. Ce fut d’abord l’interdiction du linge aux fenêtres ou des paraboles sur les balcons. Puis la polémique sur l’origine étrangère des prénoms des enfants. Puis les affiches représentant des migrants avançant vers la cathédrale, accompagnés de cette phrase anxiogène, comme la réalisation d’une prophétie : « Ça y est, ils arrivent… »

Cet accent mis sur l’aspect religieux n’est évidemment pas anodin. Emmanuelle Duverger est une fervente catholique, militante de la Manif pour Tous. Elle se vante d’avoir remis son mari sur le droit chemin de la foi. Lui ne cesse de répéter qu’elle est sa première conseillère. La messe dans les arènes le jour de l’ouverture de la Féria ou la crèche dans le hall de la mairie sont parmi les nombreux exemples de cette influence de la religion catholique dans la gestion de la ville.
Le fonctionnement autoritaire est aussi très marqué Valérie Gonthier était conseillère municipale chargée des relations avec les associations. Son parcours peut évoquer celui de l’héroïne du film Chez nous, de Lucas Belvaux (lire l’interview que Lucas Belvaux a accordée à Zibeline). Séduite par le personnage, elle rejoint la liste Ménard, mais déchante très vite et finit par démissionner en novembre 2016. « Il n’a aucun respect pour l’humain. Il est au pouvoir par la peur, explique-t-elle. Il est lui-même animé de peurs, et il gouverne par la terreur qu’il suscite. Y compris chez ses conseillers municipaux. Beaucoup pensent comme moi, mais aucun n’a osé démissionner. Il les tient. »


Ordre et obéissance

Cette attitude autoritaire, beaucoup la vivent aussi dans le milieu culturel, mais peu acceptent d’en témoigner. Récemment, un artiste s’est trouvé au cœur d’un litige majeur avec la mairie de Béziers. Usurpation de projet, mépris du droit d’auteur, actes de contrefaçons. L’affaire suit son cours auprès de la justice, mais les pressions exercées par Robert Ménard sont considérables. L’objectif est bel et bien de diffuser une idéologie, des principes, basés sur l’ordre et l’obéissance. Régulièrement, la ville organise des conférences, intitulées Béziers libère la parole. La liste des ceux qui ont « libéré la parole » fixe clairement l’orientation :Patrick Buisson, Philippe de Villiers, Alain de Benoist, Eric Zemmour, etc.

Dans un numéro récent du Journal de Béziers, le magazine de la municipalité, un article élogieux présente le projet d’école hors contrat qui ouvrira ses portes en septembre 2017. Le cours Gustave Fayet s’inscrira dans la ligne prônée par Espérance Banlieues et la Fondation pour École, deux organismes visant à installer de nouveaux codes, de nouveaux critères dans l’enseignement. Avec pour but de « raccrocher » en particulier au système scolaire des enfants de milieux populaires, en leur imposant un cadre très strict. Port de l’uniforme, vouvoiement, patriotisme affirmé, cette future école, si elle n’est pas exactement un projet de la mairie, a tout le soutien de Robert Ménard, et ce dès sa genèse. Elle aura d’ailleurs ses locaux dans un bâtiment appartenant à la ville.


Robert Ménard largement réélu dès le premier tour à Béziers
Bénéficiant du soutien du Rassemblement national, Robert Ménard est réélu avec 68,74 % des voix.
Sa politique municipale a défrayé la chronique depuis six ans. Et pourtant… Robert Ménard, maire sortant de Béziers (Hérault), a été réélu dimanche au premier tour, avec 68,74 % des voix, sur fond d’abstention record (56,02 %), selon les résultats officiels. Il bénéficiait du soutien du Rassemblement national.
A Béziers, Robert Ménard était confronté à une opposition faible et fragmentée. Le champion de l’ultradroite, âgé de 66 ans, a largement devancé les listes LREM (11,53 %), PC-PS-PRG (6,11 %), EELV-LFI (5,36 %), LR (4,14 %) et une liste citoyenne (4,09 %).

Pour résumer son bilan, Robert Ménard lance :« Au fond, c’est la fierté retrouvée : les Biterrois sont fiers de leur ville, je crois un peu fiers de leur maire. »
« La sécurité, c’est la première preuve d’amour qu’on doit au peuple », poursuit-il. Dans la plus grande ville de France gérée par le RN ou ses alliés, l’édile se targue d’un triplement des effectifs de la police municipale qu’il a armée, de la multiplication des caméras de surveillance et d’une baisse de la délinquance de 14 % en 2018.
Il assure avoir également « redonné sa splendeur » au patrimoine longtemps délaissé du centre historique, une réhabilitation pourtant largement imputable à d’autres collectivités.

Polémiques incessantes

Robert Ménard revendique aussi la baisse du nombre de commerces fermés, avec un taux de vacance passé de 24 % à 16,4 % en 2019.
L’opposition, qui ne comporte aucun ténor politique, dénonce les « façades Potemkine » – des fresques recouvrant des magasins ou bâtiments abandonnés – emblématiques d’une politique « en trompe-l’œil » du maire.
Des pans entiers du centre-ville, classé quartier prioritaire, restent très pauvres à deux pas de la belle façade rénovée d’un théâtre municipal au programme attrayant. Et dans une région très visitée, peu de touristes viennent admirer la splendide cathédrale Saint-Nazaire.
Les opposants mettent en cause « la mauvaise image » que l’édile donne selon eux à la ville. Ils pointent les polémiques incessantes, qui se terminent souvent devant les tribunaux, sur l’Algérie française, l’immigration ou la sécurité.

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http://www.leparisien.fr – Alexandre Sulzer, Quentin Laurent – 21 juillet 2019
http://www.journalzibeline.fr – JAN-CYRIL SALEMI