Les différents noms pour Béziers
Besara/Bessara –> périplé d’Avienus
Betarratis –> monnaies Volques
Baeterrae/Baetirae –> 35 av JC, repris par Pline
Beterris –> IXème siècle –> XVème siècle
Besièrs ou Béziers –> XVIIème siècle

C’était Baeterra, un féminin singulier pour Pomponius Mela, tandis que Pline employait le pluriel Baeterrae…avec deux R car les Romains avaient l’impression de voir le mot terre dans la finale du nom ! D’autre part, d’après le dictionnaire Gaffiot, la première syllabe pouvait être également BET ou BIT avec l’accent tonique. Quant aux appellations grecques on avait Βιλτερα, Biltera pour Strabon (Liv. IV, ch. I), et Βαιτιραι , Baitirai, pour Ptolémée (Liv.II, ch.V). Ces graphies différentes montrent évidemment qu’il s’agissait d’un mot d’origine étrangère, non maîtrisé par Grecs et Romains, mais on note tout de même la permanence des consonnes B, T, R.
Par contre, dans Ora Maritima, Avienus emploie la graphie BESARA(M) au vers 584, où la consonne M marque simplement l’accusatif latin. L’auteur a bien vécu au début du IVe siècle de notre ère, mais il s’inspire du récit du voyage du Carthaginois Himilcon et de textes antérieurs même au VIe siècle avant Jésus Christ. Souhaitant nous donner l’impression de faire le trajet à cette lointaine époque, il s’efforce alors d’éviter tout anachronisme et quand il choisit d’écrire BESARA nous pouvons penser que cette graphie est plus ancienne que BETERRA, ou BETARA..

Alors BETERRA, ou BETARA, descend-il de BESARA ? En tenant compte de l’exemple de TsOUR on peut considérer qu’il s’agit en fait de deux variantes fautives de BETsARA ! En latin la première syllabe BE était accentuée, mais en phénicien, comme en hébreu, sa langue sœur, l’accent portait sur la dernière syllabe… et les deux premières étaient donc atones. Ce Ts, situé à l’intérieur du mot n’était jamais articulé de façon très nette, ce qui a encore facilité une interprétation erronée. Mais, si Grecs et Romains avaient consulté un texte écrit en phénicien, ils auraient vu la graphie correspondant à BTsR ,avec un signe particulier qui n’était ni un T, ni un S !

Ayant demandé à ma correspondante Sarah Blum la signification éventuelle de la racine BTsR en hébreu, avec beth, tzadik, resh, j’ai eu la très grande satisfaction d’apprendre qu’elle avait le sens de fortifier, défendre, renforcer, baser ! Donc l’étymon de Béziers a pour racine le phénicien BTsR et voulait dire lieu fortifié, c’est-à-dire la Place Forte, la Forteresse; et cela paraît évident quand on pense à l’importance du trafic commercial qui y transitait depuis des siècles et à la terrible menace des nombreux pirates !
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