Quartiers

A Béziers, les comités de quartiers sont un lien précieux avec les services municipaux

Béziers compte quinze comités de quartier.

Béziers compte quinze comités de quartier

5.12.2022 – De l’association de citoyens au comité de quartier, un exemple d’union qui fait la force.

Le comité de quartier est un lien entre les Biterrois et les services municipaux. Aujourd’hui, on compte 15 comités de quartier actifs à Béziers. L’idée de fédérer les habitants d’un quartier de Béziers afin d’apporter du poids à leurs demandes ou à leurs constatations remonte aux années 70.

Des habitants motivés

Dès 1975, on compte une dizaine d’associations de “citoyens” qui agissent chacune de leur côté. En 1995, une vingtaine d’associations et de comités veillent au cadre de vie des habitants. Leurs activités varient alors surtout en fonction de leurs présidents, souvent une personnalité du domaine sportif, un enseignant ou un commerçant fortement ancré dans le quartier.

Les quartiers ne sont pas vraiment définis, les comités se constituent en fonction des anciens faubourgs ou des constructions nouvelles comme celle des “Riverains du château de la Devèze” , “Devèze Arc-en-ciel” ou “Hauts de Badonne”. Certains jeunes chefs d’entreprise ont saisi l’opportunité des comités de quartier pour défendre, par exemple, un tracé de TGV, conscients que l’intérêt économique ne devait pas faire abstraction des nuisances, de l’écologie raisonnée avant l’heure.

Les comités se préoccupent des petites affaires de voirie, de poubelle, de circulation car ce sont souvent de petits détails que la municipalité ne peut pas voir mais que les résidents vivent au quotidien. Toutes les associations de quartier, tous les comités ont un point commun : leurs actions sont apolitiques et défendent les intérêts collectifs. Certains comités ont été créés après un sondage distribué dans les boîtes aux lettres. Comme L’éveil du Capnau. Aujourd’hui disparu, il est intégré au centre-ville.

C’est l’adjointe Georgia De Saint-Pierre qui est chargée des comités de quartier ; Denis Calvet est le coordinateur entre les élus et les comités. Quand la municipalité est sollicitée par un comité, elle réagit et tente de répondre aux attentes des résidents. Tous les Biterrois peuvent rejoindre l’association de leur quartier dont la cotisation annuelle est modeste.Pour obtenir les coordonnées des différents comités de quartiers : 04 67 36 71 46.

———-

Dans le centre-ville de Béziers, le cœur de la cité souffre de ses logements vétustes

Les opérations de réhabilitation, comme aux Chaudronniers, améliorent peu à peu le parc ancien.

Les opérations de réhabilitation, comme aux Chaudronniers, améliorent peu à peu le parc ancien (Archives)

13.4.2021 – Jusqu’au 30 avril, Midi Libre s’invite dans six quartiers de Béziers. Le premier volet, dédié au centre-ville, s’achève aujourd’hui avec l’un des points faibles du secteur : l’habitat dégradé.

Si hier nous évoquions les belles curiosités et les habitats lumineux du centre de la ville de Riquet, cette fois, le coup de projecteur sur le cœur de la cité biterroise ne joue pas sur le même registre.

Lors du dernier conseil communautaire, le diagnostic pour établir le Programme local de l’habitat (PLH) 2021-2026, réalisé en juillet dernier par Urbanis, et les orientations stratégiques et programmes d’actions de ce PLH ont été présentés et adopté par les élus. 237 pages qui expliquent et détaillent la situation locale en matière de logement et de conditions d’habitat sur tout le territoire de l’Agglo, dont bien entendu Béziers.

Le poids et le volume des logements anciens

Sur le centre-ville de Béziers, notamment le centre ancien, la description du parc immobilier ne donne pas le sourire : “un parc ancien au cœur des problématiques d’habitat”, “un poids et un volume de logements anciens importants”, avec des logements dégradés, voire indignes, un déficit de propriétaires occupants, une vacance importante, la pauvreté de la population… Bref, le diagnostic, les orientations stratégiques et programme d’actions fixant certaines priorités, notamment la requalification du cœur de ville, résument l’état des logements en centre-ville de Béziers. En voici les grandes lignes.

En centre-ville, le parc ancien est très important, les garages sont rares, et de nombreux propriétaires de classe moyenne ont choisi de quitter le secteur pour aller vivre dans des quartiers périphériques du centre, ou dans des villages environnants, dans des maisons de type pavillonnaire. Le diagnostic soulève d’ailleurs “un déficit de propriétaires occupants”.

Habitat “énergivore”

“Restent vivre en centre-ville des propriétaires d’hôtels particuliers ou d’appartement bourgeois, globalement bien entretenus, que l’on trouve notamment dans la zone du pourtour des allées Paul-Riquet, jusqu’à la mairie et derrière, sur l’avenue Clémenceau, souligne Laurent Jeannin, président de Vends du Sud, qui représente dix agences immobilières. Ailleurs, l’habitat du cœur de ville est globalement vétuste.”

De plus, en lien avec ce parc ancien, majoritairement dégradé, en particulier les copropriétés anciennes de petite taille, qualifiées de “fragiles”, “un nombre important de logements sont potentiellement indignes”, précise le PLH. Pour rappel, sont qualifiés d’indignes les logements “dont l’état, ou celui du bâtiment dans lequel ils sont situés, expose les occupants à des risques manifestes pouvant porter atteinte à leur sécurité physique ou à leur santé”. Ces logements, la plupart mal isolés et donc “énergivores”, soit restent inoccupés (le rapport parle de “vacance structurelle dans le parc ancien”) soit sont loués.

Toutes les conditions sont alors réunies pour concentrer la population la plus précaire dans ces zones. Notamment dans le quartier de Saint-Jacques, les halles, la Madeleine et la cathédrale.Notre exploration des quartiers continue jeudi 15 et vendredi 16 avril avec le secteur des arènes.

Lutter contre l’habitat indigne

Comment la Caf lutte-t-elle contre l’habitat indigne ?La lutte contre la non-décence des logements est une des priorités de la Caf de l’Hérault dans le cadre de sa mission de gestion des allocations logement. La Caf, appuyée par le Département, s’investit depuis de nombreuses années dans un dispositif de lutte contre l’habitat dégradé, et ce, en adéquation avec les directives institutionnelles. Nous avons à notre disposition un outil coercitif dénommé “outil de conservation au logement”.Quel est cet outil ?Il s’agit de la mesure conservation des aides personnelles au logement, un outil de persuasion pour le bailleur, l’incitant à mettre à disposition de son locataire, un logement répondant aux normes de décences. La Caf a donc la possibilité de conserver l’allocation logement, qu’elle verse directement au bailleur, en cas d’occupation d’un logement non décent.Avez-vous un système de contrôle des logements ?Dès qu’un signalement est effectué, la Caf fait appel à un organisme qu’elle a habilité pour les missions de diagnostic et d’accompagnement des bailleurs dans la réfection de leur logement. Si le diagnostic fait état d’un constat de non-décence, la Caf demande au bailleur d’effectuer les travaux sous peine d’une mise en conservation de l’allocation. Après travaux, une deuxième visite est effectuée pour vérification.

———-

Une grande première : neuf Comités de Quartier ont uni leurs efforts. C’est à dire : “Les Associations font les Allées” !

Elizabeth Graneris – Présidente Comité de quartier du Champ de Mars

2018 09 11 092204 Journe e des Associations 8 9 2018 6
11.9.2018 Journée des Associations

11.9.2018 – Tous les ans, la Mairie de Béziers organise sur les Allées Paul Riquet la journée « Les Associations font les Allées » où plus de 250 associations et clubs biterrois présentent en cette période de rentrée leurs pannels d’activités dans tous les domaines : sport, culture, loisirs, développement personnel, action caritative etc.

Cette manifestation a eu lieu samedi 8 septembre 2018 de 10h à 18h et cette année les très nombreux visiteurs ont pu constater la présence d’un grand stand regroupant neuf Comités de Quartier de Béziers, ce qui ne s’était jamais fait.

Un comité de Quartier, c’est quoi ?

Vous ne les connaissez peut être pas, mais à Béziers des dizaines de bénévoles oeuvrent inlassablement pour améliorer votre environnement à travers une quinzaine de Comités de Quartier, des associations apolitiques et indépendantes  qui servent d’intermédiaires entre les habitants et les diverses administrations : Mairie, Agglomération, Département, Région, Etat…

Alors cette année pour la 1ère fois, neuf Comités de Quartier ont décidé de rassembler  leurs compétences et leur expérience, en se présentant tous ensemble sur un stand commun le 8 septembre 2018, où les Biterrois ont pu les rencontrer, leur poser des questions et demander quelquefois leur aide pour résoudre des problèmes de tous les jours. Circulation, stationnement, collecte des déchets, voirie, espaces verts, propreté, nuisances, sécurité… sont autant de domaines où les Comités de Quartier agissent dans l’ombre, avec patience et dialogue, pour débloquer des dossiers et trouver des solutions avec les différents partenaires.

Et surtout développer la convivialité entre les habitants en organisant des manifestations culturelles, visites de quartiers, rencontres à thèmes… Tout ceci pour un montant d’adhésion modeste, autour de 10 euros par an selon les Comités.

Pour cette grande première, les Biterrois se sont pressés sur le stand pour repérer sur les grands plans présentés, de quel Comité ils dépendaient. Les prises de contact se sont multipliées avec des échanges fructueux et de multiples adhésions.

Et les neuf Présidents sont d’ores et déjà décidés à continuer ces actions communes et à mutualiser leurs forces pour faire avancer les dossiers. Une prochaine réunion est d’ailleurs prévue en octobre.

Liste des Comités de Quartier participant au stand commun :

  • Bagnols-Pechs-Bonaval, président : Noël Hurtevent
  • Béziers-Capnau, présidente : Florence Côte
  • Champ de Mars, présidente : Elizabeth Graneris 
  • Garibaldi-Gambetta-Gare, présidente : Carla Degallaix
  • Hauts de Badones-Montimas, président : François Marc-Antoine
  • Liberté-Zola, présidente : Martine Senocq
  • Montimaran, président : Emile Fort
  • Pech Gausselet-Aviateurs, président : Alexandre Clair
  • Saint Nazaire- Saint Celse-Saint Jacques, président : Louis de Vulliod

Renseignements et coordination : Elizabeth Graneris (Comité Champ de Mars), tél. 07 68 25 25 53, mail : comitechampdemars.beziers@gmail.com

———-

Afin de réussir au mieux son investissement immobilier à Béziers, voici trois quartiers où nous vous conseillons d’investir :

  • Allées Paul Riquet. Étant situé dans le coeur de la ville, ce quartier connaît d’importantes modifications qui le rendent particulièrement attractif.
  • La Crouzette.
  • La Pech de la Galinière.

Où habiter à Béziers ?

Cœur névralgique et attractif de la ville, le centre historique est logiquement le quartier le plus touristique et le plus visité. Se loger à Béziers dans le centre historique donne à voir tous ses monuments historiques, culturels et édifices religieux et d’avoir accès aux grandes artères commerçantes.

Pourquoi vivre à Béziers ?

Béziers jouit d’un climat méditerranéen, c’est-à-dire que les étés sont chauds et secs et les hivers doux et humides. Le climat est donc très agréable, d’autant plus que l’ensoleillement moyen est de 224 jours par an et la moyenne des températures tourne autour de 14°C.

Où habiter autour de Béziers ?

Les quartiers de Béziers qui ont la cote pour le neuf, privilégiez “Hours-Wilson”, mais si vous rêvez plutôt d’une jolie villa avec piscine et de plus grands espaces, direction les quartiers nord comme “La Chevalière” ou “La Galinière”.

Est-ce qu’il fait bon vivre à Beziers ?

Les points positifs : Pour y avoir vécue toute ma vie jusqu’à il y a peu (déménagement pro) je trouve énormément de points positifs à cette ville, la proximité de la mer, de la montagne, de la campagne, de bons transports, j’y ai toujours trouvée facilement des médecins (après je compare avec la Bretagne où je vis …

Fait-il bon vivre à Sérignan ?

Situation géographique superbe, il y fait bon vivre car bonne animation. Les points positifs : Commerces, soins, loisirs, culture, animations, tout y est, Sérignan a les avantages d’une petite ville sans ses inconvénients, des pistes cyclables permettent un accès agréable jusqu’à la plage. Grande ville proche.

Fait-il bon vivre à Pézenas ?

Les points positifs : Ville dynamique et qui retrouve de sa grandeur. Pézenas sait tirer son épingle du jeu et fait figure de proue dans la région. Véritable poumon culturel au centre de l’Hérault. C’est la ville qui attire le plus en dehors du bord de mer et c’est profitable aux autres petites communes.

Que fait Béziers dans le classement des villes frappées par la délinquance ?

Pour preuve : dans le classement des villes frappées par la délinquance, en trois ans, Béziers occupe désormais la 34e place (3e ville de la région, derrière Carcassonne et Montpellier), alors qu’il y a trois ans elle figurait en 13e position (1re ville de la région).

Quelle ville idéale à Béziers ?

Avis sur Béziers : la ville idéale sur 7201 villes notées. Villes notées à proximité de Béziers : Valras‑Plage Vendres Sérignan Nissan‑lez‑Enserune Sauvian Portiragnes Colombiers Villeneuve‑lès‑Béziers Cers Montady Capestang Maraussan Boujan‑sur‑Libron Cazouls‑lès‑Béziers Montblanc Saint‑Thibéry Valros Nézignan‑l’Évêque Servian

Quel problème d’insécurité à Béziers?

Il y a un gros problème d’insécurité à Béziers avec comme quartiers surtout la Déveze..Iranguet..Pintat..les Oiseaux et le Faubourg avec les incivilités du Centre Je décrirez ma ville d’agréable, des espaces pour les petits et les grands, le parc des poètes qui est très bien pour se ressourcer et faire du sport et du yoga.

Quels sont les quartiers plus pénibles ?

Après d’autres quartiers aussi sont pénibles mais beaucoup moins comme le Faubourg, Gambetta mais sans les motos cross et les jeunes qui se chamaillent mais avec une forte présence d’incivilité. Visé plus les quartiers comme Bonaval, Courondelles, les peintres, vous y serez plus tranquille.

———-

A Béziers, Ménard frime et les quartiers triment

10.2.2020 – A Béziers (Hérault), les idées d’extrême-droite sont au pouvoir depuis l’élection de Robert Ménard en 2014. Si des efforts ont été faits pour rénover le centre-ville, les quartiers populaires ont quant à eux été abandonnés, sur fond de stigmatisation. Ce qui ne devrait pas empêcher l’ancien journaliste d’être largement réélu. Reportage à un mois des élections municipales.

« Bien sûr, j’irai voter. Même si ce n’est pas obligatoire, c’est indispensable. » Dans son commerce de l’avenue Gambetta, à proximité de la gare de Béziers, Hamza* attend les clients. Il travaille ici depuis cinq ans, mais n’habite pas là. « Les candidats viennent à chaque élection, puis on ne les revoit plus », déplore-t-il, ajoutant qu’aucun d’entre eux n’est encore venu le voir parmi Robert Ménard, le maire sortant soutenu par le RN, Pascal Resplandy (LREM), Thierry Antoine (EELV-LFI), Nicolas Cossange (PS-PC-PRG) ou Antoine About (LR). « Ménard, je lui donne 6/10 notamment pour la sécurité : la police vient quand on l’appelle et des caméras ont été placées plus haut ».

Mais depuis deux semaines, l’avenue n’est pas éclairée et les clients ne se montrent plus après 18 heures. Une situation « inadmissible » pour le commerçant, qui se demande si c’est fait exprès. « De même, nous avons alerté la Ville sur les voitures qui roulent parfois à 70 km/h alors que des enfants traversent. Aucune mesure n’a été prise ». Depuis quelque temps, les fenêtres de l’avenue sont ornées de panneaux « à louer » ou « à vendre ». En bifurquant à gauche avant la place Garibaldi, le quartier de Gambetta laisse entrevoir des immeubles en piteux état. Ici, la brique est apparente là où la peinture des murs s’est effritée.

A midi, des silhouettes féminines rentrent à la maison, tenant la main de leur enfant. « Ils s’en foutent de nous, lance Khadija* depuis son balcon qui, dénudé d’une pierre que l’on imagine tombée, laisse apparaître sa structure en fer. Ils font plein de choses au centre-ville mais ici, rien. » La mère de famille vit dans ce logement social de type F3 avec son mari et leurs trois enfants. A ses yeux, l’entretien n’est pas digne. « C’est très mal isolé et personne ne vient quand on a besoin de réparations. Sans parler des poubelles qui débordent devant chez nous ! ».

Mehdi, 46 ans, est venu déposer ses déchets dans la benne à ordures en face de chez lui. D’après lui, la municipalité assure ici un service minimum. « Elle passe, mais moins qu’ailleurs, ce qui crée une injustice sociale. Et elle verbalise selon le faciès ou le nom. » Une référence à l’amende de 135 euros que le chef de chantier au chômage a reçue pour avoir laissé ses ordures une rue plus loin. Dans un courrier adressé à la mairie et resté sans réponse, il rappelle qu’il n’a aucune raison de les déposer à cet endroit et qu’il a toujours fait preuve de civisme. « Ca précarise des gens qui souffrent déjà ».

Selon les données de l’Insee, Béziers cumule un taux de pauvreté de 34%, ce qui la place très haut à l’échelle nationale, entre Aulnay-sous-Bois (27%) et Aubervilliers (45%), pour prendre deux exemples de taille comparable en Seine-Saint-Denis. Avec ses quelque 77 000 habitants, la commune est la seconde de l’Hérault. Elle conjugue deux facteurs qui expliquent, selon l’Observatoire des inégalités, ce taux important de pauvreté : des décennies de déclin de l’emploi industriel et l’arrivée sur le territoire de familles de milieux populaires, dont les rapatriés d’Algérie, logées dans le parc social. Les derniers chiffres de l’Insee, datant de 2016, démontrent que la détresse sociale reste importante (34 % de pauvreté, 23,4 % de chômage).

« Le triangle Béziers-Agde-Pézénas concentre un vivier de facteurs de pauvreté. L’extrême-droite sait très bien profiter de ces situations », affirme David, attablé dans un kebab. Le Biterrois, à la fois infirmier, militant des quartiers et syndicaliste, surveille de près la politique menée par Robert Ménard. « Il cible la grande bourgeoisie, le patronat et les ouvriers, décrypte-t-il. Sans oublier les ‘nostalgériques’ à qui il a fait plaisir en débaptisant la rue du 19 mars 1962. » Une décision qui avait suscité la polémique en mars 2015, alors qu’elle avait été renommée du nom d’un officier partisan de l’Algérie française, Elie Denoix de Saint-Marc.

David Garcia connaît Béziers comme sa poche. Infirmier, militant et syndicaliste, il a été candidat aux dernières législatives (LFI) mais n’est plus proche d’aucun parti politique depuis (N.B.)

Un centre-ville rénové mais derrière la façade …

L’autre scandale a été celui d’une déclaration du maire affirmant que les écoles de Béziers comptaient 64,6 % d’élèves musulmans (l’enquête ouverte ensuite a débouché sur un non-lieu en 2019, ndlr). « C’est de la stigmatisation. Le journal municipal fait de la propagande antimusulmans », poursuit Mehdi. A Gambetta, l’imam de la salle de prière a refusé de signer une « charte de bonne conduite » : « C’est une façon de nous dire qu’on n’est pas chez nous. Pourquoi serait-on les seuls à signer ça ? ».

Souhila* et son fils s’introduisent dans l’immeuble géré par l’OPH**. Elle se demande s’il n’y avait pas d’autres priorités que celle du fichage des élèves. « Les bâtiments de mon école sont vieux », explique Mohssin, inscrit en CM2. « Certaines écoles n’ont même pas de chauffage, complète sa mère. Si j’avais eu la nationalité, je serais allée voter pour dénoncer ce système qui vise à nous enfermer dans une boîte puis à nous pointer du doigt. » A ses yeux, le City parc installé tout près ne suffit pas à sortir les jeunes de « cette fabrique à délinquants ».

Pour prendre un bus direction La Devèze, l’un des trois quartiers prioritaires de la Ville, David traverse la place Jean Jaurès. C’est ici que le maire et son épouse, élue députée en 2017, occupent un logement. « La place et les alentours ont été rénovés pour rendre le centre-ville plus attrayant, mais c’est du façadisme. A l’intérieur, il y a eu peu de travaux », note-t-il. A 15 heures à l’entrée de la Devèze, Patricia s’engouffre dans le local de l’association Univers Cité. Elle en ressort avec un panneau qu’elle place sur le trottoir. « Ménard est venu samedi dernier rien que pour voir ça », s’amuse-t-elle. On peut y lire : « Êtes-vous inscrit sur les listes électorales ? ».

« Il a ri et a demandé à son adjointe de le prendre en photo, relate la présidente. C’est le système Ménard, basé sur la provocation. » Si la Devèze a connu des travaux de rénovation, c’est du fait de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU). Car elle fait partie des 200 quartiers relevant du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) : « Les travaux avaient été engagés avant le mandat de Ménard mais il en a tiré profit », précise David. Résultat ? Des immeubles ont été désaffectés, des familles relogées à la Devèze ou à la Cité Millon.

Souhila et son fils Mohssin dans l’entrée de leur immeuble à Gambetta (N.B.)

Les bâtiments, toujours pas démolis, sont depuis visités par des personnes extérieures au quartier qui récupèrent du matériel. Dans le bureau, les bénévoles lancent le débat. « Il tue le quartier, lance Lynda. Il a retiré toutes les aires de jeu pour enfants juste parce qu’une poignée de perturbateurs ont brûlé un scooter à proximité et que le sol a été un peu abîmé ! ». « Il a coupé le marché en deux, éloignant les halles de 800 mètres. La dame qui gérait les places a dit qu’elle ne voulait plus d’Arabes parmi les commerçants », ajoute un autre.

Le regard de Patricia se perd dans le vide, scrutant le local d’en face. C’était celui de l’association Arc-en-ciel, dont l’objectif était de créer du lien social avec les habitants. « Elle a dû déposer le bilan, regrette Gérard, son ancien trésorier. En 2014, on a conseillé aux gens d’aller voter, peu importe pour qui. Ménard a cru que c’était contre lui et ne nous a pas renouvelé la subvention. » Beaucoup estiment que le seul centre socio-culturel, Albert Camus, ne suffit pas pour un quartier de 4500 habitants. « Les habitants de la Devèze ne se sentent même plus biterrois tant ils se sentent abandonnés des pouvoirs publics », assure Lynda.

A la Devèze, Patricia installe le panneau contre l’abstention que Robert Ménard est venu voir samedi 25 janvier (N.B.)

2000 citoyens auraient été radiés des listes

Selon un document que se serait procuré Univers Cité, mais aussi l’équipe de campagne de Pascal Resplandy, environ 2000 citoyens auraient été récemment radiés des listes électorales. « Certains parce qu’ils ont déménagé, sans forcément changer de quartier, d’autres sans raison apparente », explique Cédric*. Lynda, de son côté, a constaté une autre bizarrerie : deux de ses amies seraient allées à la mairie annexe pour s’inscrire sur les listes sans y parvenir. « On les a renvoyées vers la mairie du centre en assurant que ça ne se faisait pas ici. Là-bas, on leur a dit que c’était faux et qu’ils allaient faire remonter l’information ».

David quitte la Devèze, ce quartier où il a vécu. De retour en ville, il fait un crochet par la Cité rose, collée à un quartier riche. « Il y a des frontières invisibles qui séparent de la misère. » Dans cette enclave en forme de U vit une population d’origine maghrébine et gitane. Joséphine habite au rez-de-chaussée et dénonce des « conditions de vie difficiles. » A gauche, les boîtes aux lettres sont cassées. La lumière ne fonctionne pas et les murs ont mauvaise mine. « Tout est pourri ici. Je n’ai jamais voté, ça ne change rien pour nous. » A 18h30, le soleil se couche et les enfants sont convoqués à la maison. Le bitume, qui s’était transformé en terrain de jeu, est désert.

Le lendemain matin, Lila* entre à la Cité rose en tirant son chariot. Elle rentre du marché de la Devèze, où elle a fait ses courses. Habitante de la cité depuis 14 ans, elle fait partie des rares propriétaires. « On devait gagner en qualité de vie avec le palais de justice et le centre commercial derrière », soupire-t-elle. Elle regrette le magasin C&A et le supermarché Simply, remplacé par Casino. « On ne peut même pas en profiter car c’est trop cher. » Près des escaliers, quatre rats s’amusent en toute impunité. « On aimerait dire à Ménard de venir vivre avec eux », s’exclament trois voisines de retour du marché. Le groupe monte les escaliers puis entre chez Karima*.

« Les appartements sont beaux, il faudrait juste que le syndicat de copropriété et les marchands de sommeil soient rappelés à l’ordre ! », sourit la locataire. Peinture, ménage, réparations et poubelles qui débordent… Le plus gros problème à leurs yeux, c’est la saleté et l’entretien. Toutes sont unanimes : le maire n’est jamais venu à l’intérieur de la cité. « Il a rencontré les habitants des pavillons situés en face il y a deux ans. On avait lancé une pétition », précise Lila. Depuis, rien. Certaines familles ont mis en vente leur maison mais n’ont pas eu de visites. « Le quartier est abandonné parce qu’il est invisible. On nous a laissés là, comme des animaux ».

A 14h30, dans le quartier de la Grangette, Samir* et Iskander* tuent le temps. Installés dans leur voiture sur le parking, ils se laissent emporter par la musique. « Pour moi, extrême droite ou pas, ils sont tous pareils », lâche le premier dans un profond dépit. Et le second de nuancer : « Sauf que la police municipale de Ménard nous traite mal ! Ils ont défoncé un jeune l’autre fois. » Un phénomène que confirme David, le militant. « Ils font de l’excès de zèle depuis que le maire a décidé de les armer. Ils ne s’entendent même pas avec la police nationale. » Confronté au chômage depuis un certain temps, Iskander constate, aussi, une discrimination à l’embauche. « Je connais plein de gens qui ont sauté à son arrivée à la mairie ! ».

Le duo observe un panneau en face. Début 2019, il hébergeait la campagne Mauvaise nouvelle pour les racailles, annonçant des caméras doublées avec l’image d’un homme capuché. « Peut-être que les jeunes en auront marre d’être insultés et iront voter », tranche Samir. Passé le porche permettant d’entrer dans la cité, des blocs dégradés à quatre étages font le décor. Au milieu trône l’association intermédiaire Stefi. « 50 % de notre public est demandeur d’emploi. On a aussi des femmes au foyer », détaille l’animatrice à temps partiel, qui aide les habitants à faire leurs démarches avec les ordinateurs et l’imprimante à disposition. « C’est un quartier oublié alors qu’il y a un réel besoin de lien social, analyse-t-elle. On fait ce qu’on peut, sans subventions de la Ville ».

Confrontés au décrochage scolaire, au chômage et à la précarité, les jeunes de l’Iranget n’attendent pas grand chose des élections municipales à venir (N.B.)

Derrière la Grangette, le quartier de l’Iranget accueille la nuit qui tombe. L’heure d’acheter le pain ou de se ravitailler en sucreries. « Ici il n’y a rien, il faut tout raser », chuchote un adolescent. « Il n’a pas tort, complète son aîné. A part la pharmacie et la boulangerie, on n’a ni centres ni infrastructures. » Il y a bien la maison de quartier Georges-Brassens, non loin de la cité, mais les jeunes de l’Iranget ne s’y aventurent que très peu. Pour ce père de famille, l’inactivité conduit les jeunes au mieux à des métiers précaires, au pire au deal. « Mon fils est livreur chez Amazon pour 1100 euros par mois, sans compter ses heures ». En bas d’un bloc, Hassan se confie avec une dizaine d’amis qui ont pour la plupart décroché avant le bac : « On a tous la vingtaine et on n’a pas de travail, alors on se fait de l’argent autrement. » Une spirale infernale.

« Rester là de 10h du matin jusqu’au soir à galérer, vous croyez que ça nous plaît ? », fait-il mine d’interroger. Ils sont interrompus par le bruit de moteurs. « Que se passe-t-il ici ? », crient les agents de la BAC venus avec des renforts. Un voisin les a alertés, persuadé que les jeunes ont fracassé la porte de l’immeuble. « N’importe quoi, on est tranquilles », réfute Hassan. Tandis que deux agents montent voir le voisin, Moha*, assis dans sa voiture et fumant la chicha, lance un débat sur le foot avec le reste des policiers. Ils repartent vingt minutes après constatant que tout va bien. « On arrive encore à parler avec la police nationale. Les municipaux, eux, jouent les cow-boys. » Les élections, la majorité ne veut pas en entendre parler. « Je crois qu’il faut qu’on choisisse un maire qui nous corresponde plus », contredit Hicham*. Il ira voter s’il reçoit sa carte électorale.

Un sondage Ifop/Fiducial publié mardi 4 février par Midi Libre donne Robert Ménard vainqueur dès le premier tour des élections municipales 2020. « Ce n’est plus un boulevard, c’est une autoroute 4 x 2 voies qu’il a lorsqu’on considère l’éparpillement de l’opposition, regrette David. La gauche n’a pas su rester unie et c’est une faute morale. » Les habitants des quartiers de Béziers pourraient donc bien avoir à subir, six ans de plus, la politique de Robert Ménard.

——-

*Les prénoms ont été modifiés

**OPH : Office Public d’Habitat, que la communauté d’agglomération Béziers Méditerranée finance. 90 % de son parc se situe à Béziers, dont Gambetta, la Devèze et l’Iranget.

———-

Source :

https://www.midilibre.fr – 5.12.2022 / Antonia Jimenez 13.4.2021

https://fluxdeconnaissances.com 8.1.2022

https://www.bondyblog.fr/politique/municipales2020/a-beziers-menard-frime-et-les-quartiers-triment – Nejma Brahim 10.2.2020