Les moulins de Bagnols et le jardin promenade de la Plantade

Situés au bas de la ville, au confluent de la rivière Orb et du ruisseau de Bagnols, les Moulins de Bagnols ou Moulins Cordier, connus autrefois sous le nom de Moulins des Evêques de Béziers ou Moulins du Roi, furent le point de départ d’un grand exploit technique.

C’est ici qu’un jeune Biterrois autodidacte, devenu ingénieur en hydraulique, Jean-Marie Cordier, capta les eaux de l’Orb, en 1827, pour les élever vers le centre-ville.

Sous le comte de Neffiès, Cordier fait monter l’eau de l’Orb en ville

Le 11 décembre 1815, sur proposition du préfet de l’Hérault, Joseph-Alban Bonnet de Maureilhan, comte de Neffiès, est nommé maire de Béziers par le roi Louis XVIII. L’homme est un ancien officier de l’armée, chevalier dans l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Il restera en poste jusqu’à la Révolution de juillet 1830.

Fête du Roi et procession à saint Charles Borromée

Royaliste, il ne manque pas une occasion de célébrer le roi et fait proclamer un jour de deuil, 21 janvier, en mémoire de l’assassinat de Louis XVI. La fête du Roi, les 24 et 25 août, donne lieu à des réjouissances tous les ans.

Croyant, il rétablit la procession annuelle commémorant le Vœu de la Ville, formulé en 1630 à saint Charles Borromée, lors de l’épidémie de peste. Il offre le tableau “Le Christ apparaissant à ses apôtres” au soir de la résurrection, une œuvre de 2,2 m sur 4,3 m qui vient d’être restaurée, à la basilique Saint-Aphrodise.

Le nombre d’indigents augmentant, il fait inscrire une aide au budget communal. Il crée également des ateliers de charité, groupant 400 ouvriers pour des travaux de nettoyage, d’aménagement et d’entretien des chemins vicinaux. Il fait recruter six gardes nocturnes et huit gardes champêtres.

Aménagements de la ville

Béziers étant sale et nauséabonde, le maire supprime les latrines des toits. Il interdit également de jeter les détritus par les fenêtres et fait creuser des fosses dans les maisons. La Ville achète deux pompes à incendie actionnées par des pompiers volontaires, il faudra attendre 1843 pour que Béziers dispose d’un corps de pompiers digne de ce nom.

Mais ce qui a vraiment marqué la longue mandature du comte de Neffiès, c’est d’avoir pris à bras-le-corps le problème d’alimentation en eau de Béziers.

La machine à vapeur de Jean-Marie Cordier

En 1827, Béziers dispose de cinq fontaines publiques à Saint-Cyr, à la caserne, aux halles, au Touat et à l’hôtel de ville. Lorsque la quantité d’eau amenée par l’aqueduc est insuffisante, des bêtes à bât ou des servantes sont chargées d’aller puiser l’eau dans l’Orb et de la remonter. Le maire avait proposé d’attribuer une subvention à l’ingénieur qui pourrait résoudre ce problème.

En 1825, Jean-Marie Cordier, serrurier de formation mais passionné par la ferronnerie d’art, le dessin, les mathématiques et la physique, présente son projet. Il propose de construire une machine à vapeur qui élève, pendant 14 heures par jour, douze litres et demi d’eau pour chacun des 16 000 Biterrois, soit 200 m3 d’eau, un tiers en plus en été et trois fois plus en cas d’incendie.

Le projet est approuvé par le maire et le ministre après avis favorable de l’Institut de France. Une première usine est construite aux moulins de Bagnols, situés près du jardin de La Plantade. Une seconde suivra, plus puissante. Les problèmes de Béziers étaient résolus pour une longue période.

Le financement de cette industrie a été rendu en partie possible par la vente des remparts de la ville. En effet, par une ordonnance de 1821 du roi Charles X, Béziers cesse d’être une place de guerre et ses fortifications peuvent être cédées. La part revenant à la Ville est donc utilisée pour l’achat de machines hydrauliques.

L’industrie de la meunerie était autrefois prospère dans la région. Entre les villages de Lignan et de Villeneuve, quatre moulins à blé fonctionnaient et, à certaines époques, ils avaient peine à suffire aux besoins des populations.

Les Moulins de Bagnols se composaient de cinq tourelles avec encorbellement, surmontées de mâchicoulis et de crénaux, reliées entre elles par des galeries d’un effet très décoratif. Chacune présentait sont avant-bec à la force des eaux.

Tout ce qu’il y avait de gracieux et d’élégant a disparu, emporté par des dégâts du temps ou tombé sous le marteau des démolisseurs en 1793.

Toutefois, nous devons faire une exception pour l’édifice ou château d’eau dans lequel fut installé la nouvelle machine hydraulique dont l’ingénieur Cordier venait de doter sa ville natale.

Béziers fut ainsi l’une des toutes premières villes de la région et de France à avoir une eau abondante et d’excellente qualité à une époque où l’eau potable manquait cruèllement.En signe de gratitude, l’ingénieur eut droit à un vrai mausolée, au Cimetière Vieux .

Sépultures au cimetière Vieux

Le comte de Neffiès est inhumé au cimetière Vieux, dans le carré C. Il faut monter trois marches pour accéder au socle sur lequel est érigée une colonne compacte comportant les stèles. Une grille marque la séparation de l’espace sacré du monde profane.

Sur un terrain donné par la Ville dans le carré L du cimetière Vieux, la tombe de Jean-Marie Cordier (1785-1859) est une œuvre monumentale du sculpteur Oliva. L’ingénieur hydraulique a eu droit à des funérailles publiques.

Son fils, Jean-Baptiste, repose à ses côtés. C’est lui qui s’est occupé de l’alimentation en eau d’Alexandrie. En remerciement, il a été fait Bey par le vice-roi d’Égypte, en 1860.

La promenade dans le très romantique Jardin de la Plantade qui jouxte les moulins, en bord de rivière, est particulièrement agréable.

Divertissement

La Guinguette de la Laiterie” est le petit paradis des rives de l’Orb, à la sortie de Béziers face au Moulin Cordier (Bagnols), sur les jardins de la Plantade. De 10.30h à 1.30h, les musettes d’antan s’y produisaient et aujourd’hui le lieu est un incontournable des plaisirs estivaux de Béziers.

C’est typiquement l’endroit où les grands-parents amènent les petits-enfants pendant que les parents font la fête. Le conseil du Guide : l’endroit est magique pour admirer le feu d’artifice tiré depuis le pont Vieux le soir de la fête de la libération de Béziers (22 août).

Au menu : les tapas (pata negra, rabas, pinchos…), les savoureux petits plats et les bons vins régionaux.

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http://www.ville-beziers.fr

http://www.beziers-mediterranee.com

http://www.tripadvisor.fr

http://www.lepetittraindebeziers.com

Découvertes de l’Hérault – 9ième édition 2000-2001

http://www.notesdemusees.blogspot.com

http://dani34.canalblog.com

http://www.midilibre.fr (Emmanuelle Boillot – 28.12.2020 / 08.07.2020))

Le cimetière Vieux révélé pas à pas, de Jean-Pierre Nitus

Chez Le Chameau Malin. Béziers, vingt-deux siècles d’histoire, de Roger Guy