De Jean-Baptiste, Alphonse, Victor Baudin, médecin et député des années 1800.
En 1857, elle se nommait “impasse des prêtres” car on y logeait les dignitaires du châpitre de la cathédrale St Nazaire.
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Jean-Baptiste, Alphonse, Victor Baudin naquit à Nantua dans l’Ain le 23 octobre 1811.
D’octobre 1827 à août 1828, il est à Lyon, au Collège Royal, où il remporte le prix d’excellence de philosophie. Ayant acquis les baccalauréats ès lettres en juillet 1828, et ès sciences en novembre de la même année, Baudin s’inscrit à l’Ecole secondaire de médecine de Lyon, à l’Hôtel-Dieu, et va y prendre onze inscriptions de novembre 1828 à juillet 1831.
Pour soulager sa famille, il sollicite une place de « chirurgien élève » à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. C’est pour lui un allongement des études. Car, après un an à cet hôpital d’instruction, vont se succéder d’août 1832 à mars 1837 plus de quatre années au cours desquelles le jeune « chirurgien sous-aide » sera successivement affecté aux hôpitaux militaires de Toulon, où il demeurera 18 mois, de Strasbourg où il restera un an, du Val-de-Grâce où il sera près de deux ans, étant là plus particulièrement l’élève de Broussais.

Il commence son service à l’hôpital militaire de Toulon, alors base arrière du corps expéditionnaire français à Alger et ans les possessions françaises du nord de l’Afrique. Muté en décembre 1833 à l’hôpital militaire d’instruction de Strasbourg, il s’inscrit aussitôt aux cours de la faculté de médecine de cette ville. Il est lauréat, obtenant le « premier
Premier prix » (sic) dans les «concours des hôpitaux militaires d’instruction en 1834 », ce qui lui valut sans doute son affectation au Val-de-Grâce de février 1835 à décembre 1836. Muté « pour ordre » à l’hôpital de Versailles, il y obtient aussitôt un congé de trois mois « à l’effet de se faire graduer comme docteur » auprès d’une faculté de médecine.
Alphonse Baudin est affecté en 1837 au 3e bataillon de zouaves en Algérie. Il offre au Roi sa démission le 2 avril 1838. Elle est accordée le 2 mai et il quitte le corps des zouaves le 9 mai 1838. Et c’est aussitôt l’installation à Paris (Montmartre, rue des Martyrs, puis rue Bréda et enfin rue de Clichy), du jeune médecin qui va exercer durant 13 années.
Les élections d’avril 1848 auxquelles il fut candidat dans l’Ain, se soldèrent par un échec. Il eut sa revanche à celles du 13 mai 1848 où il fut élu dans le même département à côté d’Edgar Quinet, des deux Bouvet et de Maissiat. Il siégea à la gauche, à la Montagne, dans cette salle polygonale, hâtivement bâtie en 1848 dans la cour du Palais Bourbon pour loger
les 880 députés de la Constituante, et qui reçut les 750 de la Législative avant d’être démolie en 1852. Il fut très rapidement en conflit avec le président Dupin et ni l’un ni l’autre ne se ménagèrent, à la grande joie des représentants.
Certaines de leurs réparties sont restées célèbres. Alors que le prince-président Louis-Napoléon, violant manifestement l’article 68 de la Constitution, dissolvait l’Assemblée
par affiche le 2 décembre, le monarchiste Berryer, ayant réussi à rassembler les députés du centre et de la droite à la Mairie du 10e, révoquait de la même façon le président de la République. Cependant que ce qui restait en liberté de la Montagne se rassemblait et destituait aussi le président de la République en appelant le peuple aux armes.

On sait l’indifférence de celui-ci, la réunion de la salle Roysin au faubourg St-Antoine, l’illusoire barricade sur laquelle Alphonse Baudin fut tué. Sa mort fut incontestablement un acte gratuit de sa générosité. Il était opposé à cette barricade qu’il jugeait inefficace, insuffisante, tactiquement inutilisable. C’est à la pression des représentants qui l’entouraient qu’il céda pour monter avec eux, et le premier, sur quelques débris de charrette.
Ses collègues, dispersés, se retrouvèrent pour voter l’inhumation d’Alphonse Baudin au Panthéon. Elle ne devait être suivie d’effet que le 3 août 1889, trente-huit ans
plus tard, à l’occasion des cérémonies par lesquelles la Troisième République célébra le centenaire de la Grande Révolution, exécutant sans le savoir le vote des derniers Montagnards. Inhumé le 5 décembre 1851 au cimetière du Nord, à l’emplacement de l’hôpital Bretonneau, Baudin fut oublié jusqu’en 1856.
Une personne de la famille avait acquis à cette date une sépulture perpétuelle, et y fit transporter ses restes. Puis la tombe, oubliée, fut redécouverte le 2 novembre 1868. S’en suivit l’inhumation d’Alphonse Baudin sous le gisant de Millet, à quelques centaines de mètres de la sépulture de 1856. Et enfin, la dernière inhumation, en solennité, au Panthéon le 3 août 1889, en présence du président de la République Sadi Carnot.

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Son nom a été donné à une rue à Nantua (Ain) et à Béziers (Hérault).
Des monuments ont été érigés à Paris en 1901 et à Nantua en 1888. Ils furent détruits par les Allemands en 1942. Celui de Nantua a été reconstruit en 1955.
Un cénotaphe a été érigé au cimetière Montmartre par Millet en 1872.
Victor Hugo a écrit Histoire d’un crime en 1851 (publié en 1877).
Le tableau Baudin sur la barricade d’Ernest Pichio est exposé au Musée Carnavalet (Paris 3e).
Une plaque commémorative est apposée sur la maison de la famille Baudin à Nantua (Ain).
Au Panthéon (Paris 5e), les restes d’Alphonse Baudin sont à l’intérieur du caveau 23.
Le caveau voisin est celui de Victor Hugo et d’Emile Zola.
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