20.3.2002 Quartier du Faubourg – Jérémy Garcia mort en volant une voiture

Il abat le voleur de la voiture de son fils

21.3.2002 – Il est un peu plus de 2 heures dans la nuit de mardi à mercredi. Un couple de buralistes du quartier du Faubourg, à Béziers, est averti par le coup de téléphone d’une voisine que des jeunes tentent de voler la voiture de leur fils, une Clio 16 S, garée dans la rue. Immédiatement, l’un de leurs deux enfants, âgé de 22 ans, descend avec le chien de race rottweiler et surprend deux individus en train de forcer le véhicule. Le plus jeune des deux, âgé de 14 ans, se trouve à l’intérieur du véhicule. Jéremy Garcia (24 ans), menacé par le chien, tente de s’enfuir. Abattu d’une rafale de chevrotine dans le dos alors qu’il traverse la rue, il s’effondre quelques mètres plus loin. Il décédera un peu plus tard.

“Tirer dans les jambes”

C’est le buraliste, un homme de 51 ans, qui aurait tiré depuis la fenêtre du premier étage. Interpellé sur place et mis en garde à vue, il aurait déclaré qu’il souhaitait simplement tirer dans les jambes du jeune voleur de voitures. « Je ne pense pas que l’on puisse tuer quelqu’un parce qu’il tente simplement de voler une voiture. Quelles que soient les bêtises qu’ait pu faire mon jeune frère, il ne méritait certainement pas d’être abattu », explique avec douleur Alexandre, le frère aîné de la victime. Jéremy Garcia était bien connu des services de la police et de la justice. Il vivait chez ses parents, dans le sulfureux quartier populaire de la Devèze. Condamné à plusieurs reprises pour des vols, il était sorti de prison en octobre dernier. Alexandre reconnaît que son frère avait encore de graves problèmes avec la drogue. A Béziers, dans le quartier du Faubourg, les commerçants ont le sentiment d’être les oubliés de la ville. Il y a dix jours déjà, le jeune José Camacho avait été mortellement poignardé à la suite d’une dispute survenue en fin de nuit dans le quartier de la sous-préfecture. « Le climat se dégrade. On ne voit jamais les policiers. Le couple de buralistes se plaignait de ne jamais voir arriver les forces de l’ordre lorsqu’ils étaient importunés dans leur établissement », explique l’un d’entre eux dont on a déjà tenté à plusieurs reprises de forcer le rideau métallique. Dans l’état actuel du dossier, alors que l’auteur présumé était toujours en garde à vue hier soir, il semble pratiquement impossible que celui-ci puisse valablement invoquer l’état de légitime défense.

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Dix ans de prison pour le buraliste de Béziers

28.10.2004 – A l’énonce de la condamnation du buraliste de Béziers (Hérault) à dix années de réclusion criminelle, la famille de la victime Jérémy Garcia, 25 ans, n’a pas réagi avec hostilité. Les membres de la communauté gitane de cette ville sont sortis dans un silence relatif alors que Didier Bayle,52 ans, allait retrouver l’univers carcéral.

C’est lui, le buraliste du quartier du faubourg de Béziers, commerçant jusque-là irréprochable, qui avait tiré à la chevrotine, le 21 mars 2002, depuis sa salle à manger sur le jeune voleur de voitures récidiviste qui tentait de s’enfuir après avoir essayé de voler le véhicule de son fils. “Je relevais d’une opération. J’étais physiquement diminué. J’ai cédé à la panique. J’ai craqué. Je voulais tirer dans les jambes. Je ne voulais pas tuer”, a expliqué Didier Bayle, petit homme calme et précis en bras de chemise sombre dans le box réservé aux accusés.

“Votre panique relève peut-être de l’hallucination. Et vous-même n’étiez pas menacé dans votre appartement par l’homme en fuite”, a répondu l’avocat général Michel Legrand, qui, hier matin, en montrant, maladroitement une photo de la victime a déclenché la tempête dans la salle. Le père et le frère de la victime ont insulté, menacé et tenté d’atteindre l’accusé. Ils ont été ceinturés par les policiers, dont un a été blessé.

C’est dans ce climat tendu que le procès s’est poursuivi. “Il vous faut prononcer une peine correcte et mesurée afin de ne pas déclencher de catastrophes en cascade”, a indiqué l’avocat général avant de réclamer douze années de réclusion.

Un climat d’insécurité. Car le sentiment de vengeance avait empoisonné la vie de Béziers pendant des mois alors que la ville se remettait à peine d une série de drames successifs : les meurtres de Jean Farré, le chef de cabinet du maire, de José Camacho, puis celui d’Olivier Recassens, un auxiliaire de police.

“Attention, la détention pour un honnête homme comme Didier Bayle n’a pas la même valeur que celle d’un marginal. Il a été deux fois agressé”, a plaidé Me Gilbert Collard, défenseur du buraliste meurtrier, qui a décrit avec soin le climat d’insécurité qui régnait autour du bureau de tabac de la famille Bayle, plusieurs fois braquée, insultée, volée. “On était usés par les vols à répétition”, dira Joëlle Bayle, l’épouse du buraliste.

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Source :

https://www.leparisien.fr – Claude Massonnet 21.3.2002 – 28.10.2004