De l’abbé Jacques Esprit (1611-1678).
Elle s’appela un temps “place de l’ancien courrier” au XVIIIème car le service des Postes fut un temps installé sur la place.
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Jacques Esprit, parfois appelé abbé Esprit, bien qu’il ne fût jamais ordonné prêtre, né le 22 octobre 1611 à Béziers et mort le11 juin 1677 dans la même ville, est un moraliste et homme de lettres français.
Fils d’Esprit André, médecin ordinaire du Roi, et de Judith Sanche, de deux familles d’origine juive, Jacques Esprit rejoint à Paris son frère prêtre à la congrégation de l’Oratoire, où il étudie la théologie et les belles-lettres entre 1628 et 1634. Il fréquente le salon de la marquise de Sablé, entre au service de la duchesse de Longueville, puis du duc de La Rochefoucauld.
“Il avait, dit Paul Pellisson, une heureuse physionomie, de la délicatesse dans l’esprit, une aimable disposition, de l’enjouement, beaucoup de facilité à bien parler & à bien écrire”. Ses atouts lui valent d’être remarqué par Pierre Séguier, qui le gratifie d’une pension et le fait nommer conseiller d’Etat en 1636. Il est élu membre de l’Académie française en 1639.
Tombé en disgrâce et brouillé avec Séguier en 1644, il se réfugie au séminaire de l’Oratoire. Le prince de Conti, venu en visite, le prend en affection. Il le loge dans son hôtel et lui donne quinze mille livres pour qu’il se marie. Lorsque le prince est nommé gouverneur du Languedoc en 1660, Jacques Esprit l’accompagne et lui sert d’intendant.
À la mort de son bienfaiteur en 1666, il retourne vivre dans sa ville natale, où il s’occupe de l’éducation de ses trois filles et achève la rédaction de son unique ouvrage “La Fausseté des vertus humaines“.
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Dans son traité “La Fausseté des vertus humaines (1678)”, le janséniste Jacques Esprit rejette la thèse stoïcienne en faveur de la clémence qu’expose Sénèque dans le De Clementia. Esprit reprend à son propre compte certains arguments avancés par Sénèque pour l’attaquer personnellement et ruiner sa position. Partager certaines vues du Cordouan ne l’empêche pas de rester fondamentalement opposé à sa doctrine. Il ne peut accepter la présentation sénéquienne de la clémence, parce que sa lecture de Platon et de saint Augustin le conduit à penser qu’elle contredit l’exigence de justice. Sa principale objection demeure que le roi clément présenté en modèle dans le De Clementia agit par vanité ou bien par pur intérêt, et qu’il ne peut en être autrement, puisqu’il n’est pas inspiré par l’amour de Dieu.
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