3.11.2013 Rue Marceau – Meurtre de Soraya

Tuée en plein rapport sexuel ?

Le drame s’est noué dans l’intimité de l’appartement du couple.

Le drame s’est noué dans l’intimité de l’appartement du couple. (P. S.)

7.11.2013 Les raisons qui ont poussé un Biterrois âgé de 41 ans à tuer sa compagne âgée de 27 ans, dans la nuit de samedi à dimanche rue François-Marceau à Béziers, restent encore floues. Le suspect du meurtre de la rue Marceau aurait voulu contraindre sa compagne.

Coup de couteau à la gorge

Selon une source proche de l’enquête, la victime serait décédée en plein ébats amoureux avec son meurtrier présumé. Elle a d’ailleurs été retrouvée nue, à plat ventre, au sol. Pendant sa garde à vue, le mis en cause a tenu des explications floues, restant peu loquace. La nuit du drame, il aurait d’abord tenté de sodomiser la jeune femme. C’est face à son refus qu’il aurait pris le couteau et lui aurait asséné le coup à la gorge.

Coup de folie

Devant les enquêteurs, le témoignage du suspect a ensuite été nuancé. Il aurait expliqué son geste en raison des propos incohérents de sa compagne. À ce moment du drame, l’homme n’était pas sous l’emprise de l’alcool mais il a reconnu avoir fumé du cannabis. Quoi qu’il en soit, le quadragénaire aurait été pris d’un coup de folie et aurait saisi le couteau.

Rupture de la veine jugulaire

Les premiers éléments de l’autopsie confirment que la victime porte “une plaie au cou, du côté gauche sans autres liaisons visibles mais il y a des traces d’ecchymoses”, a confirmé le procureur de la République de Béziers Patrick Mathé. “Il y a une plaie nette triturée qui a entraîné une rupture de la veine jugulaire interne”, a rajouté le procureur. Cet élément confirme que la malheureuse s’est vidée de son sang et qu’elle est décédée très rapidement.

Le mis en cause a été présenté lundi, jusque tard dans la soirée, à un juge d’instruction. Il a ensuite été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire. L’enquête doit désormais établir le déroulement exact de la soirée.

Hier, le procureur de la République de Béziers n’a pas confirmé les propos du suspect.

Assises de l’Hérault : 18 ans de réclusion pour le meurtre de Soraya

L’avocate générale a requis une interdiction définitive du territoire. (Croquis Aline Champsaur)

10.11.2016 – Les jurés ont retenu l’altération du discernement au moment de planter le couteau dans le cou de la victime en 2013 .

Soraya, poignardée au cou par son amant, s’est vidée de son sang en moins de dix minutes, à Béziers, le 3 novembre 2013. Aussi froidement qu’un coup de scalpel, les conclusions du légiste Emmanuel Margueritte, mercredi lors du dernier jour d’audience, ont battu en brèche la version de l’accusé, Mustapha, 43 ans. Le coup de couteau mortel n’a pas pu être donné accidentellement. En contradiction avec les propos du Biterrois durant les trois jours de procès. Une démonstration scientifique fort à propos pour le ministère public : “Mustapha n’a pas fait exprès. Il nous explique que Soraya a bougé. Au point de s’empaler sur l’arme au niveau du cou ? Je crois qu’il faut rester sérieux”, ironise l’avocate générale Angélique Depetris, qui a requis dix-huit ans de réclusion et une interdiction définitive du territoire national.

Des experts absents

Considérant que le meurtrier de la jeune femme qu’il fréquentait secrètement, mère d’une fillette âgée de 5 ans, a trahi sa véritable intention le jour de la reconstitution : “Dans un élan de spontanéité, il a affirmé : “Je lui ai mis la main devant la bouche et je lui ai dit : “Ne crie pas, sinon je te tue.”” Malgré la complexité du dossier, aux expertises psychiatriques contradictoires sur la santé mentale de l’intéressé, elle en est convaincue. “Ses troubles psychotiques avec délires persécutoires ne jouent aucun rôle dans le meurtre. Mais cela vient colorer sa personnalité paranoïaque, il n’est pas atteint d’une pathologie.” Et si l’intéressé a réclamé un procès à cor et à cri, c’est pour mieux “présenter sa version des faits dont il s’est convaincu pour conserver une image narcissique de lui-même”. C’est aux jurés qu’elle a enfin laissé le soin de statuer sur l’altération du discernement au moment des faits.

Après trois ans d’une interminable attente pour les proches de Soraya, qui n’ont finalement obtenu que des “explications parcellaires”, Me Mathieu Montfort, l’avocat de la famille de la défunte, a voulu retenir “les insupportables “Voilà, voilà” de l’accusé, exaspérant quand on attend des réponses”, et l’absence remarquée de certains experts à la barre, pourtant convoqués il y a des mois par la cour, privant les parties civiles d’éclairage.

Elle voulait recommencer à zéro

La relation entre les deux protagonistes, c’est Me Marine Giorgi qui la décrit encore le mieux. Soraya voulait recommencer à zéro à Béziers, en 2013, au lendemain d’une dispute avec sa mère installée à Paris. “Elle est seule, elle n’a pas d’amis, raconte-t-elle au nom de sa famille. Elle se rappelle que Mustapha est là, l’homme qu’elle avait fréquenté en 2010, ils s’entendaient bien à l’époque. C’est l’occasion de le fréquenter à nouveau (…) Elle va le voir quand elle est triste, qu’elle a des difficultés avec sa mère. Elle n’avait aucune raison de se méfier de lui. Mais il s’en fout, lui, elle était une distraction pour lui, il s’en est servi comme telle.”

L’étranglement contesté

En défense, les avocats relèvent que Mustapha ne s’est pas enfui au Maroc. Au contraire, il s’est rendu aux gendarmes, fournissant même l’arme du crime. “Il vous dit : “J’ai porté un coup mais je n’ai jamais eu l’intention de donner la mort” et on ne veut pas l’entendre, on nous répond : “Il n’assume pas””, déplore Me Fanny Laporte. Même si le légiste a laissé une fenêtre ouverte sur des violences par étranglement, préalables au coup mortel, l’avocate note que cela n’a pas pu être démontré. Plus parlante qu’un argumentaire, Me Josy-Jean Bousquet a joint le geste à la parole pour convaincre les jurés du scénario accidentel avancé par son client. “Il a un raisonnement rationnel. Le paranoïaque est parfaitement rationnel, c’est d’ailleurs à ça qu’on le reconnaît. Il n’est pas délirant.” Les jurés se sont alignés sur le ministère public, sans retenir l’interdiction de séjour en France.

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Assises de l’Hérault : “Je n’avais pas l’intention de la blesser, de la tuer”

La présidente de la cour, Anne Haye, a tenté de décortiquer la scène.

La présidente de la cour, Anne Haye, a tenté de décortiquer la scène. (Croquis Aline Champsaur)

9.11.2016 – Au deuxième jour du procès, l’accusé est resté sur une ligne de défense pas toujours audible. Verdict ce mercredi 9 novembre au soir.

Au deuxième jour de son procès pour meurtre devant les assises de l’Hérault, Mustapha (43 ans), n’a toujours pas fendu l’armure. Empêtré en permanence derrière des explications délirantes, voire paranoïaques, face au tribunal auquel il avait pourtant promis de réserver ses explications dès le lendemain du drame. Ce qui n’a pas échappé à la mère de la victime, Soraya, 28 ans, poignardée à la jugulaire, la nuit du 3 novembre 2013, à l’occasion d’un de leurs rendez-vous secrets chez lui, rue Marceau, à Béziers.

“Ce que les policiers ont écrit, ce ne sont pas mes déclarations”

“Il me demande de le pardonner, l’invective la maman en s’adressant à lui par le biais de la présidente de la cour, Anne Haye, mais il faudrait qu’il me dise la vérité !” Comme les proches de Soraya, elle peine à croire à cette relation entre sa fille et l’accusé dont elle n’a jamais eu vent. “Je suis allée voir les voisins, le téléphone arabe, ça marche très bien. Ils m’ont dit qu’elle avait crié. Il avait menacé de la tuer. Il avait une emprise sur elle. Il lui a raconté n’importe quoi et, comme il était plus âgé, elle le croyait !”

Reprenant audition par audition, la présidente du tribunal a tenté de décortiquer étape par étape le déroulé de la scène. “Ce que les policiers ont écrit, ce ne sont pas mes déclarations, je suis prêt à passer au détecteur de mensonge”, s’est borné à répéter l’accusé à la lecture de chacun des procès-verbaux de ses auditions. Revenant sans cesse à la charge contre l’institution policière pour laquelle il développe une défiance absolue depuis 2007 dans une précédente affaire de stupéfiants.

“C’est quoi ça ? Tu viens d’où ? Tu es sale, va te doucher”

S’enfermant dans une version toujours plus absurde, l’accusé a répété s’être énervé ce soir-là après avoir découvert des graines blanches “au niveau de son sexe”, puis avoir senti une odeur, alors qu’il caressait sa partenaire. “Je lui ai dit : ‘C’est quoi ça ? Tu viens d’où ? Tu es sale, va te doucher’.” Alors qu’elle s’exécute, il croit trouver du sperme sur sa culotte.

À cette lancinante question “Où tu étais ?”, “elle m’a dit : ‘C’est rien, c’était avant'”, relate-t-il. Lui dit l’avoir poussée sur le canapé, puis c’est elle qui aurait empoigné d’abord son petit couteau posé sur la table basse “parce qu’elle était énervée quand je l’ai poussée”. Il serait parvenu à lui reprendre, puis à poser la lame sur son épaule, la pointe dirigée vers son cou. Tout en lui plaquant l’autre main sur la bouche. “Je n’avais pas l’intention de la toucher, de la blesser ou de la tuer, j’attendais de savoir, si elle avait quelqu’un d’autre, il suffisait qu’elle me le dise, je n’aurai pas cherché à la revoir !”

“Je n’ai pas senti le coup partir !”

Il aurait alors voulu enregistrer en vidéo avec un téléphone – qui n’a jamais pu être exploité – des confidences de Soraya sur… sa mère ! “Ce qui vous intéresse, c’est ce que vous avez envie de raconter (…), s’impatiente le procureur général Angélique Depetris. Vous êtes très énervé, vous la suspectez de vous tromper et ensuite, patatras, elle s’écroule, c’est ça l’histoire ? C’est pas vous qui l’avez tuée ?”

Il hausse le ton : “Je n’ai pas senti le coup partir !” Ses mains serrées autour du cou ? “C’était pour l’endormir le temps d’aller chercher les secours.” Au lieu de foncer à la caserne des pompiers tout près, il préférera se rendre chez les gendarmes. Et après être repassé à l’appartement pour récupérer son portable et son portefeuille…

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Source :

https://www.midilibre.fr – Hélène Amiraux 9.11.2016 / 10.11.2016 / Jean-Philippe Juan 7.11.2013