Logée au pied de la cathédrale, la rue de la Juiverie s’appellera donc désormais rue de Petite-Jérusalem.

Cette voie du centre, située dans ce qui fut le quartier juif et pourtant toute proche de la cathédrale Saint-Nazaire, changera le nom qu’elle porte depuis des temps très ancienne pour celui de « rue de la Petite Jérusalem ».
C’est en effet ainsi qu’était surnommée au Moyen-Age la ville de Béziers, qui hébergeait une communauté juive importante.
Lors du sac de Béziers par Simon de Montfort dans sa croisade contre les hérétiques en 1209, la ville avait refusé de livrer les Cathares et les juifs. Cet acte de refus et la prospérité de la communauté juive valurent au quartier le surnom de «Petite Jérusalem».
Béziers donne ainsi suite à une recommandation du consistoire central de France visant à faire disparaître des lieux publics les dénominations à connotation antisémite.
Introduction
Les toponymes juifs en France sont nombreux et témoignent de plus de 2000 ans d’histoire des Juifs en France. Beaucoup notamment rappellent la présence des Juifs avant leur expulsion du royaume au XIVe siècle.
Rue de la Juiverie et Rue des Juifs
Pour ce qui est des rues, les toponymes juifs les plus courants sont les « rues de la Juiverie », les « rues des Juifs » ou encore les « rues aux Juifs ». Selon le professeur Norman Golb, l’expression « rue aux Juifs » était une traduction du terme vicus judaeorum que les Romains appliquaient, à l’origine, au quartier ou au faubourg et éventuellement à la rue principale du quartier juif. La rue aux Juifs se trouve d’habitude dans le quartier le plus ancien de la ville ou du village. Dans les autres cas, c’est une très longue rue située en pleine campagne.
Pour la plupart, ces noms de rues remontent au Moyen Âge sauf en Provence, d’où les Juifs ne furent expulsés qu’au début du XVIe siècle, et en Alsace, où l’implatation juive fut parfois plus récente. Ces villes ou villages sont représentés sur la carte de l’article Juiverie.
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4.3.2002 – La rue de la Juiverie, à Béziers, va changer de nom. Cette artère, qui longe la cathédrale, sera rebaptisée rue de la Petite-Jérusalem, un surnom utilisé par la diaspora au Moyen-Age pour désigner Béziers, la communauté juive y étant alors particulièrement bien intégrée. Le conseil municipal répond ainsi à un vœu du consistoire central de France invitant les collectivités à débaptiser les lieux publics dont le nom aurait une connotation raciale ou péjorative. Béziers est la première des quarante-trois villes de France ayant une rue de la Juiverie à prendre cette initiative. La nouvelle plaque sera dévoilée mercredi 13 mars par Elie Barnavi, ambassadeur d¹Israël en France.
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Il était “deux” fois la rue de la Juiverie, à Béziers

6.1.2021 – La Ville vient d’apposer une nouvelle plaque de la rue de la Petite Jérusalem, face à la cathédrale, désormais complétée par “Anciennement rue de la Juiverie”. Toute une histoire…
Avant le 13 mars 2002, Béziers avait une rue dénommée rue de Juiverie, située juste en face de la cathédrale Saint-Nazaire.
Or, le 13 mars 2002, “Raymond Couderc, alors maire de Béziers, jugeant cette appellation discriminatoire, avait fait le choix de débaptiser la “rue de Juiverie” pour la rebaptiser “rue de la petite Jérusalem”, du nom donné par les juifs du Moyen Âge à la cité de Paul Riquet, heureux d’avoir trouvé une terre d’accueil. Élie Barnavi, l’ambassadeur d’Israël en France, avait été invité à procéder à l’échange des plaques”, raconte Chantal Viotte-Rabinovitch, présidente de l’association Mémoire juive de Béziers.
“Il s’agissait alors de réparer une injustice et renouer de vrais liens avec un très honorable passé. Or, il faut savoir que le mot juiverie n’est pas péjoratif, puisqu’il définit un quartier où vit la communauté juive. Il se situait plus haut, rue Boudard. On peut de nos jours y voir le vestige du “portale judicorum” ou portail des juifs, soit un reste de l’arche”, précise la présidente. L’ancienne plaque “rue de Juiverie” se trouve actuellement dans une vitrine des salons de la synagogue de Béziers.
L’association, qui travaille avec la municipalité actuelle au fléchage des vestiges juifs de la ville, s’était fait le porte-parole de la communauté en exprimant le souhait que le fléchage renoue avec l’ancienne appellation.
Le maire, Robert Ménard, vient de procéder à l’apposition d’une nouvelle plaque qui garde le nom de “Petite Jérusalem” tout en faisant mention de l’ancienne dénomination, “rappelant ainsi la présence historique de la communauté juive de Béziers. Nous saluons la portée symbolique de cette action.”
Et Maurice Abitbol, le représentant de la communauté juive de Béziers, d’ajouter : “Nous sommes heureux de cette nouvelle plaque. Elle rappelle le côté convivial et fraternel des juiveries où vivaient des citoyens d’une même religion. Ils y vivaient de manière pratique et simplifiée avec toutes les commodités sur place. Vivre dans une même rue ou un même quartier n’a jamais empêché le peuple juif d’être des citoyens profondément attachés à leurs diverses patries.”
Des visites sur rendez-vous
L’association Mémoire juive de Béziers organise, en petits groupes, des visites des vestiges juifs de la ville, et de son patrimoine, dont la synagogue et le musée, en cours d’aménagement. Réservations et informations sur la page Facebook de l’association ou au 06 50 29 64 13.
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Source :
https://www.lagazettedescommunes.com – Jean Lelong 4.3.2002
https://www.midilibre.fr – Antonia Jimenez 6.1.2021
https://www.techno-science.net
http://rol-benzaken.centerblog.net – Corinne Bensimon 13.3.2002