L’Iranget – Grangette – Dullague – Millon

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Les enseignants exigent en premier lieu des travaux d’urgence pour sécuriser l’entrée du collège (Antonia Jimenez – Midi Libre)

5.2.2024 – Ce lundi 5 février, vers 10 h, trois femmes et un homme se sont introduits de force dans l’établissement de Béziers. Une élève et une surveillante ont été frappées. Exaspéré et en colère, le personnel exerce son droit de retrait. 

Décidément, la vie scolaire au collège de La Dullague, à Béziers, est loin d’être un long fleuve tranquille. Ce lundi 5 février, aux alentours de 10 h, comme la semaine dernière, enseignants, surveillants et autres personnels de l’établissement se sont retrouvés confrontés à une situation de violence. Conséquence : les équipes pédagogiques ont décidé d’exercer leur droit de retrait.

Le collège a donc fermé ses portes aux élèves. “Et ce, jusqu’à nouvel ordre. Nous exigeons tout d’abord, et en urgence, des travaux pour sécuriser l’entrée du collège”, lance, encore sous le coup de l’émotion trois heures plus tard, l’un des professeurs. Certains désirent expliquer leur colère, mais préfèrent témoigner de façon anonyme. Ils racontent.

Intrusion de quatre adultes 

Cette fois, les violences sont venues d’adultes extérieurs. Il est 10 h. Des familles ont rendez-vous avec la cheffe d’établissement pour une médiation dans un conflit entre des élèves de La Dullague. Des enseignants font leur pause à l’extérieur, devant le portail. “Au moment de rentrer, nous étions devant le portillon quand un groupe de parents a voulu pénétrer de force, sans attendre l’autorisation. Pendant que nous leur barrions le passage en leur demandant de patienter, une femme a escaladé le portail et est entrée dans le collège. Une fois dans le hall, elle a frappé une surveillante.”

Entre-temps, trois autres parents – un homme et deux femmes – sont aussi parvenus à entrer de force dans l’établissement. “L’une des deux femmes a frappé une élève qui se trouvait dans le hall.”  Des enseignants sont intervenus pour séparer et calmer tout le monde. Les familles ont ensuite été reçues par la principale. Tout s’est passé très vite et les discours des enseignants restent quelque peu confus, trois heures plus tard, vers 13 h.

“La police nationale, qui avait été appelée par un prof, a attendu très longtemps dehors car elle n’avait pas l’autorisation d’entrer de la cheffe d’établissement, elle n’a pas vu l’urgence dans un premier temps, et n’a pas voulu actionner le dispositif “alerte intrusion, déplorent plusieurs enseignants. Par chance, aucun adulte extérieur n’était armé.” 

Émotion, colère, ras-le-bol, …

La colère et le ras-le-bol des équipes sont d’autant plus grands que la semaine dernière, le collège a vécu des situations inacceptables. “On a eu deux histoires : des parents qui se sont battus devant le collège, et à nouveau un père qui a escaladé le portail pour récupérer de force sa fille, poursuit un prof. On ne se sent plus en sécurité. On va finir par venir travailler avec la boule au ventre. Sans compter qu’on ne se sent pas du tout soutenus par le rectorat, notre hiérarchie !”

Et de détailler les différentes actions menées depuis quelque temps pour passer en établissement REP + (en zone prioritaire, avec plus de moyens). La dernière remonte à peine  à mercredi 31 janvier. Les personnels des collèges de La Dullague et Lucie-Aubrac de Béziers, ainsi que ceux du Jeu-de-Mail à Montpellier et Paul-Emile Victor d’Agde, se sont retrouvés devant le rectorat pour demander, à nouveau, la reconnaissance de la paupérisation de leur secteur, l’octroi de plus de moyens humains. “Le Rectorat dit qu’il nous entend, qu’il connaît la situation. Il nous demande de lui faire confiance, mais rien  n’est fait. Les incidents graves continuent, s’accumulent.” 

La directrice académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) s’est rendue à 14 h à La Dullague pour une réunion en urgence. 

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Les vitrines des commerces de La Grangette ont été caillassées avec des pavés énormes. (Midi Libre – Mélissa Alcoléa)

30.6.2023 – Après une nuit de violences, imputées à une cinquantaine de jeunes, le préfet de l’Hérault, le sous-préfet, la députée et le maire de Béziers ont fait le tour de La Devèze, ce vendredi matin, constatant les très nombreuses dégradations. Des renforts sont annoncés pour la nuit à venir.  

Scènes de désolation ce vendredi 30 juin au matin, dans les quartiers de La Grangette et de La Devèze. Le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh, accompagné du sous-préfet Pierre Castoldi, du procureur de la République Raphaël Balland, du maire Robert Ménard et de la députée Emmanuelle Ménard, sont arrivés sur place à La Devèze en milieu de matinée.

Devant le bureau de Poste de La Grangette qui a été complètement vandalisé et qui a fait l’objet d’intrusions. (Midi Libre – Mélissa Alcoléa)

Le bilan matériel est lourd : abribus détruits, Mission locale du Biterrois dégradée après intrusion, Maison de quartier et centre social Albert-Camus (intrusion et début d’incendie), mairie annexe du quartier (intrusion et dégradations), bureaux du plan local d’insertion et commerces de la “Fraîcheur” (les vitrines d’un bar tabac, d’une pharmacie, d’une boulangerie et d’un opticien) vandalisés, containers incendiés, quatre voitures de l’OPH brûlées… Malgré une tentative d’intrusion dans l’école Samuel-Paty, celle-ci a été préservée car elle faisait l’objet d’une vigilance particulière des forces de l’ordre. En centre-ville, le commissariat central a également subi des tirs de mortiers et des caillassages. Le constat est accablant, les dégâts sont plus importants qu’à Montpellier.

Quartier de La Grangette, ce vendredi matin

“Ils ne respectent rien”

Le préfet a condamné fermement les violences et dégradations inadmissibles et confirmé qu’il s’agissait bien d’une bande d’une cinquantaine de jeunes, mineurs ou jeunes majeurs. Il a précisé qu’aucune interpellation n’avait encore eu lieu à Béziers. Il a également annoncé des renforts (policiers et gendarmes d’intervention du Psig) craignant une nouvelle nuit d’émeute dès ce vendredi soir. “Nous pensons qu’ils vont recommencer. La consigne est donc celle de la plus grande fermeté”, a-t-il déclaré. “Ce sont des sauvages, un drapeau français a brûlé, ils ne respectent rien. Et comment des parents laissent leurs enfants sans surveillance, en pleine nuit ?”

Pas de centre aéré cet été

À ses côtés sur l’esplanade Rosa-Parks, ce vendredi matin, totalement écœuré, le maire Robert Ménard a annoncé que la maison de quartier Albert-Camus, dont l’intérieur a été incendié, serait fermée pour une longue période et que le centre aéré, qui devait s’y tenir cet été, était annulé. “On n’est pas près de rouvrir”, a-t-il lâché, en colère. “Et c’est le quartier où on investit le plus !”, rappelait-il. Plusieurs dizaines de milliers d’euros ces dernières années. “Les gens doivent prendre leurs responsabilités, ils savent, on attend des citoyens qu’ils aillent voir la police”, a-t-il ajouté. 

Le représentant de l’Etat, Hugues Motouh, en appelle également à la responsabilité des parents. Et il renouvelle son soutien plein et entier aux forces de sécurité mobilisées pour rétablir l’ordre public.

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Quartier Grangette-Iranget à Béziers : entre vitalité et difficultés, la vie suit son cours

3.3.2020 – Avec le centre-ville et La Devèze, c’est l’un des trois quartiers prioritaires de la ville.

Au bout de l’avenue Émile-Claparadède, de part et d’autre de l’avenue Pierre-Verdier, des ensembles d’immeubles HLM, dont la Grangette, contrastent avec le quartier mitoyen des Arènes. Plus loin, en direction du lycée Mermoz et de l’école Jean-Jaurès, on retrouve une deuxième cité, l’Iranget.

Avec le centre-ville et La Devèze, l’Iranget-Grangette est l’un des trois quartiers prioritaires (QP) de l’unité urbaine de Béziers, dans le cadre du dispositif de la politique de la ville. Ce quartier, qui s’est développé dans les années 60-70 (rénové dans les années 80) sur d’anciennes terres agricoles, a été construit, au départ, pour accueillir des populations principalement ouvrières du bâtiment et des travaux publics dans des logements sociaux, petit habitat collectif ou petites maisons individuelles.

Aujourd’hui, et depuis leur création, L’iranget, comme La Grangette, sont marqués par une précarité, teintée, il est vrai, d’une petite délinquance. La cité comprend une part importante de familles monoparentales. Le chômage y sévit également. Pourtant, certains y trouvent leur bonheur.

Un bouillon de vie

Comme Samia, qui vit dans un F3 avec ses deux enfants depuis dix ans. Elle n’a, comme revenus, que le RSA et les allocations familiales. “Je ne quitterais pour rien au monde ce quartier. Mes enfants y ont leur école, j’ai mes amies, on s’entraide, on se retrouve au parc d’enfants ou au marché. Elles sont comme moi, d’origine étrangère et donc on se comprend.”

Il est vrai que le quartier bouillonne de vie. À l’intérieur des barres, et plus exactement sur les places et dans les caves, les jeunes se retrouvent, souvent pour s’adonner à leur passion : le hip-hop et plus exactement le rap. Vinir, désormais artiste confirmé et engagé, vit de sa passion. “Le hip-hop m’a formé à la culture, c’est un genre musical qui prend de partout : du jazz, de la funk, etc. Grâce au hip-hop j’ai l’esprit bien plus ouvert”, indique-t-il sur le site de Béziers Méditerranée. Où il précise que le clip de sa chanson Culture a été réalisé “en partie dans le quartier de l’Iranget à Béziers, où mon père est né, où j’ai grandi.” Aujourd’hui, il écume les scènes du territoire.

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Le bilan de la zone de sécurité prioritaire aura lieu à la fin de l’année (Pierre Saliba)

21.5.2013 – La quiétude semble gagner les quartiers. Les riverains témoignent.

S’il n’est pas encore l’heure du bilan pour la ZSP (zone de sécurité prioritaire) mise en place à Béziers dans les trois quartiers de l’Iranget, La Dulague et La Devèze, un point d’étape peut être réalisé après quelque cinq mois de pratique.

Et si les chiffres officiels sont positifs avec une baisse annoncée de la délinquance de 13 %, les premiers concernés, les habitants, restent très partagés.

Pour certains, il y a du mieux : “Nous avons le sentiment de voir un peu plus de policiers dans nos quartiers. Que des efforts ont été faits avec les services de la mairie, et peut-être aussi auprès des jeunes. J’ai entendu dire qu’un service de recherche d’emploi auprès des jeunes intervenait sur La Devèze quelques jours par mois. C’est bien pour eux. Il reste à espérer qu’ils vont se servir de cette chance”.

En revanche, pour d’autres, rien n’a changé. “Nous sommes toujours ennuyés par certains qui nous manquent totalement de respect, qui organisent des petits trafics et qui terrorisent, par leurs actions, des gens qui sont totalement désemparés face au bruit et aux insultes”.

Au milieu de tout cela, il y a aussi des associations de quartier. Dans l’ensemble, elles soulignent un mieux vivre des habitants, et moins de petite délinquance au quotidien.

“Sur la voie du changement”

“De belles interventions de la police, ces jours derniers, mettent à mal des trafiquants. Leurs passages plus fréquents dans les rues dérangent ceux qui ont des choses à se reprocher et tous les autres se satisfont de cette situation qui nous semble être sur la voie du changement. Il était temps car nous avions le sentiment d’être à l’abandon, de voir notre quartier de La Devèze prendre de nouveau un très mauvais tournant”.

Patrick Mathé, le procureur de la République de Béziers qui a largement contribué à la mise en place de la ZSP en mettant en avant les statistiques de la délinquance biterroise, n’est pas, lui, en phase de bilan. “Il va falloir attendre un peu, avant de tirer des enseignements. Mais pour l’heure, il est important de souligner l’implication des policiers. Contrairement à ce qu’avancent certains, l’ensemble de la commune de Béziers reste sous surveillance. Là encore, les résultats de la lutte contre les infractions routières, la violence au quotidien et les coups portés contre les trafics en ville démontrent à quel point nous restons présents partout. Pour l’heure, tout marche en parfaite synergie entre tous les services. Le bilan aura lieu à la fin de l’année. En attendant, tout le monde est au travail”.

Reste à espérer que cette baisse de la délinquance se confirme dans la durée. “Lutter contre ce genre de phénomènes, c’est une guerre de tous les instants. Nous n’avons pas droit au relâchement”, souligne encore Patrick Mathé.

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Source :

https://www.midilibre.fr – Antonia Jimenez 5.2.2024 – 3.3.2020 / Mélissa Alcoléa 30.6.2023 / Jean-Pierre Amarger 21.5.2013