Le plateau des poètes

Le “Plateau des Poètes”, jardin public, œuvre des frères Bulher, réalisé à la demande du maire Fabregat et ouvert depuis 1867.

Conçu pour relier la gare aux Allées Paul-Riquet, durant la seconde moitié du XIXe siècle. Créé par les frères Bühler (auteurs du Bois de Boulogne à Paris, du Parc de la Tête d’Or à Lyon) ce jardin public doit son nom à la collection de bustes de poètes biterrois qui jalonnent ses sentiers.

A ne pas rater : la colossale et magnifique Fontaine du Titan sculptée par le biterrois Jean-Antonin Injalbert.

Le parc se caractérise par des allées sinueuses, des ambiances végétales variées, des arbres majestueux, un lac, des fontaines et surtout les œuvres du sculpteur biterrois Antonin Injalbert, dont un monumental Titan, pièce majeure du jardin. 

De 1890 jusqu’en 1892, Injalbert dirigea l’installation du Titan dominant la fontaine monumentale inaugurée le 14 juillet 1893. Les bustes des poètes viendront par la suite orner les allées du jardin ; ceux de Victor Hugo, Viennet et Rosier en 1902, Jacques Azaïs et Gabriel Azaïs en 1904, Benjamin Fabre en 1923, avant Jean Laurés, Jeanne Barthes et Jean Bonicel.

Un plan d’eau, une majestueuse fontaine, des statues et une belle diversité de végétation. Laissez-vous porter par le charme des alentours, qui se caractérise par un cadre agréable et varié. Comme les canards et les cygnes qui barbotent dans l’eau ou sous les grandes feuilles de lotus où on peut observer de petits canards.

Ce parc de 5 hectares a été classé monument historique depuis 1995. Ici, on peut notamment admirer le géant Atlas qui porte le monde sur son dos. Cette statue est impressionnante : 17 mètres de haut. C’est le sculpteur français “Biterrois” Jean-Antoine Injalbert, dit Antonin Injalbert, né le 23 février 1845 à Béziers et mort le 20 janvier 1933 à Paris, qui est à son origine. Comme le monument aux morts à l’une des entrées du parc.

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Un dilemme se pose cependant pour les élites ; si elles cherchent dorénavant à empêcher les classes populaires d’utiliser les promenoirs principaux de la ville, il existe en même temps un discours qui considère justement la promenade comme un des éléments essentiels de la moralisation des classes populaires. Dès 1839, des personnages aussi divers que François Pérennès et Pierre-Joseph Proudhon insistent sur les bienfaits sociaux et moraux de la promenade pour le peuple, et ils exigent l’établissement et l’entretien de promenades publiques.

Dans la riche littérature sur la condition sociale et morale de la classe ouvrière, les auteurs relèvent régulièrement le cas des ouvriers de Sedan qui ont la promenade comme seul plaisir, ce qui empêcherait l’ivrognerie dans leurs rangs.

Il s’agit donc d’éloigner le peuple des promenades du centre des villes tout en aménageant des promenoirs spécifiques à son attention. Certaines voix recommandent ainsi dès 1835 l’aménagement d’un jardin public pour les ouvriers de la ville sur une île de l’Erdre à Nantes. La Société industrielle de Mulhouse propose en 1841 la création de jardins destinés aux promenades et aux récréations des ouvriers.

En 1857, le baron de Gérando fils suggère l’aménagement de grands jardins publics pour les ouvriers à la périphérie des villes. Ces jardins seraient dotés d’appareils gymnastiques, de jeux d’adresse, et la musique des orphéons “égayerait” leur ambiance. Pour avoir accès à ces “parcs de loisirs”, les familles ouvrières seraient équipées d’une carte spéciale, alors que l’entrée serait surveillée pour éviter des “filous”, des femmes de mauvaise vie ou d’autres gens “indignes”.

Les exemples à suivre sont anglais : des jardins publics spécifiquement aménagés pour les populations ouvrières dans des villes industrielles comme Manchester ou Halifax, servent fréquemment de modèle aux moralistes français.

Mais ce sont finalement les parcs londoniens consacrés aux classes populaires qui influenceront les aménageurs français dans le cadre de l’haussmannisation des villes. La création de plusieurs parcs comme le parc des Buttes-Chaumont et le bois de Vincennes (mais aussi celui des squares dont la concentration est plus forte dans les quartiers populaires), sont donc clairement inspirés par les modèles anglais de Victoria Park et de Battersea Park.

Ces nouveaux jardins doivent remplir un rôle à la fois esthétique, hygiénique, social, moral et aussi pédagogique.

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Béziers : l’histoire du Plateau des Poètes, de son origine à nos jours

De nombreuses photographies anciennes et actuelles illustrent le livre d’Hadrien Ginouvez et Brigitte Bonifas.

8.3.2023 – Deux ans de travail ont été nécessaires à Hadrien Ginouvez et Brigitte Bonifas pour vérifier les sources de tout ce qui a été écrit et faire de belles découvertes sur la création des frères Bühler.

“À Béziers, tout le monde croit connaître l’histoire du Plateau des Poètes mais, avec toutes les transformations qui ont été réalisées, il n’a plus rien à voir avec l’idée d’origine.”

 Sur une initiative d’Alex Bèges, libraire du Chameau malin, Hadrien Ginouvez, qui travaille dans la protection de l’environnement et est passionné par le patrimoine biterrois, et sa maman, Brigitte Bonifas, enseignante en BTS Tourisme et dont la formation initiale est l’histoire de l’art, viennent d’écrire l’histoire du Plateau des Poètes. Un ouvrage qui manquait dans la collection des livres consacrés à l’histoire locale.

À l’origine, un jardin à l’anglaise

“Les Bühler ont créé un jardin à l’anglaise qu’avec du végétal et quelques plans d’eau. Le théâtre de verdure n’était qu’une simple pelouse. La grille de la gare date de 1925, soixante ans après sa création. Aujourd’hui, il est plus urbain avec du bâti, les volières et les sculptures d’Injalbert qui lui donnent un côté italien.”

Dès la fin du XVIIIe siècle, les édiles biterroises ont souhaité aménager ce plateau du bout de la promenade, les actuelles Allées, et garder la vue sur la mer. Mais l’argent manquait. Le projet des Bühler n’est venu que sous la municipalité de Fabregat, avec l’arrivée de la gare, en 1857. “Nous avons retrouvé le plan aquarellé des Bühler aux archives départementales, dans celles de la Ville, il n’y avait qu’une copie.”

En l’absence de documents sur les travaux de nivellement, il y a quand même 35 mètres de dénivelé, les auteurs ont fait appel à Instadrone, société basée à Servian.  ”Nous avons pu obtenir un modèle numérique en 3D du jardin. Le profil était beaucoup plus abrupt à l’origine. Un cours d’eau, dont nous n’avons pas retrouvé le nom, a creusé un ravin entre l’entrée principale côté Wilson et la rue de La Rotonde. Il a été comblé, le lac a été créé.”

Mystère sur l’origine du nom

Les recherches des auteurs n’ont pas permis de découvrir l’origine du nom du jardin. ”D’un point de vue topographique le mot “plateau” vient de l’endroit où se trouve le bassin de L’Enfant au poisson, d’Injalbert. Mais le nom “Poètes” ne vient pas de l’installation des bustes. Le premier date de 1902 et nous avons retrouvé la mention de “Promenade des Poètes” dans les archives de la Ville sur des déclarations de propriété datant de 1721. Il reste encore des éléments sourcés à découvrir.”

La souscription est lancée au Chameau Malin

Par voie de souscription, l’exemplaire de l’ouvrage est à 27 €, au lieu de 32 € à la parution. Trois exemplaires sont au prix de 75 €. Le livre sera disponible à la librairie fin mai. La souscription est ouverte à la librairie Le Chameau malin 12, rue Montmorency à Béziers et sur son site lechameaumalin.fr.  Contact : lechameaumalin@gmail.com ou par téléphone au 09 53 87 84 70.

Olivier Ginouvez a apporté sa contribution pour la partie Archéologie, Jean-Pierre Nitus, Patrick Leblanc et Gilles Bancarel pour Injalbert. Louis Michel Nourry, spécialiste des Bühler a reconceptualisé le jardin dans son époque.

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Béziers : pourquoi dit-on le “plateau” des Poètes ?

Le plateau a évolué au moment de la construction de la gare. (P.S.)

13.7.2019 – Il était une fois la promenade des amants … .

Un plateau, comme son nom l’indique, c’est plat. Or, au plateau des Poètes, pour ceux qui l’ont arpenté, on descend ou on monte. Et pas qu’un peu ! Alors, pourquoi ce nom de “plateau” ? Explication par l’histoire de ce magnifique parc biterrois, implanté en plein centre-ville, inauguré en 1867.

Au départ, soit avant que la gare ne soit construite, les couples de Béziers (l’histoire ne dit pas s’ils étaient légitimes ou pas) se donnaient rendez-vous sur un petit plateau, avec un petit sentier, situé au bas des allées Paul-Riquet (appelées, à l’époque, la promenade du Fer-à-Cheval, mais ça, c’est une autre histoire), là où se trouvent actuellement les différents bustes de poètes. Autour, des friches, des ravins… Bref, une végétation sauvage, propice aux amours cachées. L’histoire ne dit toujours pas ce que les amoureux faisaient sur ce plateau, mais ce lieu fut très vite baptisé “la promenade des amants”, sûrement en opposition à celle du haut, ouverte aux regards de tous.

L’arrivée de la gare chamboule tout

Puis quand la gare a ouvert, le plateau où se “promenaient” les amants se retrouva sur un lieu de passage. De plus, dans les cartons des municipalités qui se succédaient depuis la fin du XVIIe siècle, un projet : celui de relier la promenade du Fer-à-cheval à ce qu’on appelait déjà le plateau. Quand la gare apparut, il fut évident que le projet devait élargir son périmètre, et relier les Allées à la gare, en créant un véritable poumon vert au centre-ville de Béziers, de style jardin à l’anglaise.

Après quelques péripéties, ce projet définitif fut confié, en mai 1863, au célèbre architecte paysagiste Eugène Bülher, qui fut aidé par son frère, lui aussi architecte-paysagiste, Denis. La tradition veut que le plateau des Poètes ait été inauguré le dimanche 23 juin 1867. L’histoire ne dit pas si les amants de la promenade du plateau ont continué à se retrouver sur ce chemin des amours.

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Le 23 juin 1867 était inauguré ce lieu emblématique, après moult négociations et péripéties

Le Plateau des Poètes à Béziers est un vaste jardin paysager de 5 ha, situé au bout des allées Paul Riquet qui forment l’épine dorsale de la ville. Il a été réalisé, entre 1863 et 1865, par les frères paysagistes Denis et Eugène Bühler (concepteurs du parc de la Tête d’Or à Lyon).

Des bustes de poètes jalonnent le parcours, confirmant ainsi le nom de ce très beau parc d’agrément, cher aux amoureux et aux promeneurs. Dans cet espace où la ligne droite est bannie, les arbres, arbustes, fleurs, plantes de tous les continents, témoignagent du voyage des plantes.

Bustes fiers. Érigés pour l’éternité, parfois des mains d’Injalbert, dans le poumon vert de Béziers. Ces visages sculptés ont marqué de leur empreinte la poésie, qu’elle soit occitane ou française. Assez en tout cas pour passer à la postérité ces auteurs, dans une ville qui les a vus parfois naître. Visite dans le plateau dédié aux odes.

1802-1885. Incontournable auteur du XIXe siècle et de quelque 663 poésies, entre autres, il était évident que Victor Hugo ait sa place dans le plateau. Il est pourtant le seul des onze à n’avoir aucune accointance avec Béziers. Son buste signé Injalbert a été inauguré le 18 août 1902.Vandalisé depuis, c’est une réplique réalisée par Jean Magrou que l’on peut voir encore aujourd’hui.

1778-1856. Avant que son visage ne soit moulé à son tour, la ville lui doit, notamment, la statue de Paul Riquet. C’est avec ce médecin, avocat, riche propriétaire terrien et écrivain que la liaison avec la Société archéologique, scientifique et littéraire débute, puisque la plupart des statues représentent des membres de cette union, mais aussi du Félibrige, association fondée par Frédéric Mistral. À lire surtout, de la plume de Jacques Azaïs, Lous Dusubrets (Les Désœuvrés), une satire en occitan spirituelle et savoureuse contre… des Biterrois, mais qui reste d’actualité. Un texte édité dans le vrai Journal de Béziers de l’époque.

1805-1888. Fils de Jacques, son buste a été inauguré en même temps que celui de son père, le 1er septembre 1904, suite à un retard d’Injalbert. Au cours de ses études au lycée Louis-le-Grand, à Paris, le Biterrois se lie avec de grands savants. Ensemble, ils créent la science de la philologie (langage).À son retour dans le Sud, il consacre 20 ans de travail à éditer l’encyclopédie de Maffre (lire ci-dessous), le Bréviaire d’amour. Cette œuvre a ruiné la Société archéologique, mais reste la plus vaste du Languedoc à ce jour encore.

Représenté en moine, il ne l’est pourtant “pas du tout”, indique Henri Barthés, président de la Société archéologique de Béziers. Ou alors de façon allégorique. Pas plus qu’il n’était membre de cette même société puisque vivant au XIIIe siècle…Mais Maffre Ermengaud laisse une œuvre colossale : cette fameuse encyclopédie du savoir des laïques fondée sur la conception courtoise de l’amour. Juriste, professeur, troubadour, il est aussi l’auteur de chansons et sirventes.

Dit Lou Mascarat, cet ouvrier agricole laisse un recueil de poésies languedociennes. Benjamin Fabre n’aimait pas la tournure des événements de Béziers au début du XIXe siècle et surtout l’enrichissement rapide dû à la vente du vin en grandes quantités.Il avait, dit-on, un franc-parler assez vert, refusant d’écrire dans une autre langue que l’occitan. Une persévérance saluée.

Il est l’archétype du Provincial qui réussit à Paris. Plus de cinquante pièces de cet auteur dramatique à succès y sont jouées de 1830 à 1850.Comme Le Mari de ma femme ou La Mort de Figaro. Nommé ministre des Beaux-Arts en 1948, Joseph Rozier ne s’est rendu au ministère que pour signer … sa démission.

À l’Académie française pendant 40 ans, doyen de l’auguste assemblée et député, il vécut 90 ans. S’il a connu le Sacre de Napoléon ou la Révolution, la postérité ne retiendra de lui qu’il fut la tête de turc préférée de Charivari, un hebdo satyrique.Écrivain des tragédies quand personne ne voulait plus en entendre, Viennet était l’ennemi juré des Républicains, des Romantiques…Tant d’honneur et d’antagonismes méritaient apparemment un buste.

Originaire de Villeneuve-lès-Béziers, cet ouvrier agricole publie, en 1877, Lou Campestre, recueil de poésies et, en 1880, un roman d’aventures en langue d’oc, Jean de Calais…”alors que l’auteur n’est jamais sorti de sa chambre”, selon Henri Barthés. Sa statue est érigée près de la gare.

Né et mort à Nissan, limonadier à Magalas, puis à Béziers, Émile Barthe s’est consacré ensuite au théâtre.Il a écrit une foule de pièces, dont la plus célèbre et la plus jouée, Lous Proufitaires, met en scène les escrocs de la Grande guerre.

Née et morte à Cazedarnes, poètesse de très grand talent, auteure de pièces de théâtre, de recueils, de chants traditionnels et d’études sur le costume féminin traditionnel, Jeanne Barthes fut la première femme élue Majorale du Félibrige en 1938. Très rétrograde dans son siècle, elle laisse une poésie très moderne. À lire d’elle : Le Miroir magique ou La Nei d’estiu.

Le fondateur d’Arcadia, présidée, aujourd’hui, par le Dr Patrick Leblanc, est le dernier à être entré dans le cercle des poètes disparus. C’est fin octobre dernier que son épouse et son fils ont assisté à la découverte de son buste, au plateau. Déjà comme un coup d’envoi aux 150 ans qui approchent.

Si l’inauguration en grande pompe date bien de 1867, l’histoire du lieu remonte bien plus avant. Philippe Marassé de la Société archéologique, témoigne : “Son histoire est liée à l’arrivée du chemin de fer. On va dire que ça a été le déclic, bien que le projet soit encore bien plus ancien puisqu’il remonte à la fin du XVIIIe siècle. Il s’agissait de relier la promenade (les Allées actuelles), dite du Fer-à-Cheval, à ce qu’on appelait déjà le plateau.

Ce vaste parc à l’anglaise, ouvert en 1867, rassemble de nombreuses statues de poètes et la monumentale « statue-cascade » du Titan par Injalbert. Il relie la gare aux allées Paul-Riquet où se trouve la grande statue en bronze du génial créateur du canal du Midi (Pierre-Paul Riquet) par le sculpteur David d’Angers, qui a également réalisé les bas reliefs qui ornent la façade néo-classique du théâtre municipal à l’italienne en haut de ces mêmes allées (1844).

Lors de son séjour à la Villa Médicis, le sculpteur Antonin Injalbert réalise le Titan, une œuvre majeure qui marquera sa carrière et qui reviendra à sa patrie natale. En 1878 Injalbert dira : « …Mon idée embrasse une idée générale, il pourrait s’intituler L’Esprit moderne domine le monde … . Sur les épaules d’un Titan qui ploie sous le faix (personnification du passé qui s’écroule) est la boule du monde sur laquelle est assis en triomphateur un jeune génie tenant haut levé d’une main un flambeau tandis que de l’autre bras en avant levé également a le geste oratoire qui embrasse le monde entier ». Le Titan supportant le monde est présenté au Salon en 1883.

La statue est demandée par la ville de Béziers en 1884, pour être installée au Plateau des poètes, jardin public, œuvre des frères Bulher, réalisé à la demande du maire Fabregat et ouvert depuis 1867.

D’ici, s’offrait un superbe point de vue qui s’affaissait sur la plaine de l’Orb, là où la gare a été construite. Cette promenade était très prisée et tout un tas de projets se sont succédé.On en a reparlé en 1810, en 1812 (Béziers ne comptait alors que 16 000 habitants, NDLR), sans que les choses s’enclenchent et avant la destruction des remparts en 1830. Elles n’ont été sérieusement envisagées qu’à partir de 1840.

Un premier dessein est né en 1845 et un second, dressé par la municipalité, en 1851.Puis, compte tenu de la topographie, des problèmes pratiques se sont avérés évidemment.”

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53 000 m2 POUR L’EQUIVALENT DE 1 793 €

La conception de ce lien essentiel entre les Allées et la gare s’est accélérée après les inaugurations du théâtre, œuvre de l’architecte Isabelle, le 20 août 1844, et, treize ans plus tard, de la gare le 2 avril 1857. Ces deux dates sont extrêmement significatives d’un contexte économique porteur, alors que des voyageurs se trouvaient contraints de prendre des chemins détournés ou de descendre de méchantes pentes peu aménagées pour accéder aux services de la Compagnie des Chemins de fer du Midi.

Pour ce faire, il a fallu procéder à des expropriations. Nombreuses et coûteuses pour la Ville, elles ont duré jusqu’à fin 1862, certaines étant même tranchées lors de procès. Dans les archives, on retrouve un extrait qui écrit : “ Le jugement d’expropriation a été pris le 27 septembre 1858. Ce sont les vendredi 26 et samedi 27 février qu’eurent lieu les séances agitées du conseil municipal.

Quant aux indemnités réclamées de 1 176000F pour les 53 000 m2 nécessaires, elles sont ramenées à 132000F, soit 2,19F au lieu de 22,19 F au m2.” Si ceci revient aujourd’hui, juste en convertissant l’ancien franc, à 1 792,69 €… il faut aussi souligner qu’un maçon touchait alors 70 F par mois à cette époque.

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L’architecte du parc de la tête d’Or à Lyon

En septembre 1858, Antoine Fabregat, élu maire en décembre 1857, prend contact avec le célèbre architecte paysagiste Bühler (on lui doit le parc de la Tête d’Or à Lyon, les jardins de Tour, de Rennes, etc.) pour arrêter le plan définitif de la promenade. Des deux frères, ce serait à Eugène à qui l’on doit le plateau. Il est grassement payé 1 000F pour cela. En novembre 1861, le plan déposé par Bülher ne satisfait pas entièrement les élus de l’époque.Ils confient le tout à l’architecte Vivier.Il condamne le jardin botanique et la construction d’un café, réduit les pentes à 6 ou 8 %, des lacs sont prévus en supplément.

La réalisation coûterait 70 000 F en trois ans. En janvier 1862, les travaux n’ont pas commencé, ils sont revus à 120 000 F, les nivellements ne sont pas déterminés, l’eau pose problème… En mai 1863, la vision de Vivier est refusée. Le 11 octobre de la même année, la commission dépose enfin son rapport à la séance du conseil. Le plan définitif est conforme à celui de Bülher. L’adjudication est donnée à l’entreprise Cœur d’Acier pour un montant de 65238, 84F. 

15 000 personnes à l’inauguration

Après bien d’autres péripéties, la tradition veut que le plateau des Poètes ait été inauguré le dimanche 23 juin 1867, une veille de Saint-Jean par le maire Lagarrigue et Mme Poitevin à bord de sa montgolfière. 15 000 personnes sont présentes pour une cérémonie fastidieuse dont les frais ne seront pas couverts. L’histoire raconte également que la dame aurait mal négocié son atterrissage. Les archives des services Espaces verts précisent : “ Les Lignanais agitèrent leurs mouchoirs et crièrent de toutes leurs forces pour alerter la célèbre aéronaute.Elle jeta du lest et put enfin atterrir près du village. Très pâle, Mme Poitevin descendit de son engin et il paraît qu’elle reprit des couleurs grâce à un bon verre de vin de Maraussan.” À lire demain : de la fontaine du Titan au théâtre de Verdure, état des lieux du plateau.

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Une balade légère mais documentée au Plateau des Poètes biterrois

Jacques Nougaret se lance dans une série d’ouvrages sur le patrimoine de Béziers et du Biterrois.

Proposer aux Biterrois et aux touristes des petits livres sur des balades patrimoniales, l’idée trottait dans la tête du Biterrois Jacques Nougaret depuis un certain temps. Lui qui “vit intensément pour le patrimoine matériel et immatériel de la ville dans laquelle il est né”, est membre de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers.

À maintenant 80 ans, il “conjugue son dynamisme à travers des écrits, des visites et des engagements dans bon nombre d’associations”. Ce qui lui donne un sérieux bagage pour se lancer dans cette série dont le premier tome sort la semaine prochaine.

Cette première balade est consacrée au Plateau des Poètes, célèbre jardin biterrois aménagé par les frères Bülher et inauguré en 1867. L’ouvrage débute sur la grille ouverte de ce parc à l’anglaise qui va des allées Paul-Riquet à la gare SNCF. Puis, vient le plan du parcours de la promenade proposée par l’auteur. Elle est, bien sûr, agrémentée de paragraphes sur l’histoire des lieux et les points de vue que le visiteur découvre. Paysages, hôtels particuliers, monuments, sculptures, même les arbres vénérables sont mis en valeur par le guide. Les bustes des poètes et les œuvres d’Injalbert, notamment Le Titan, L’Enfant au poisson et le monument aux morts, sont détaillés. Jacques Nougaret incite à s’attarder sur les vases Médicis en terre cuite, les garde-corps en faux bois, style Art nouveau, des allées.

La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée aux immeubles et hôtels particuliers qui entourent le jardin. Les curieux apprendront ainsi que la Ville de Béziers n’ayant pas autorisé que les fenêtres du rez-de-chaussée de la maison Cazals donnent directement sur le parc, ce sont les communs qui s’y trouvent. Le plain-pied des propriétaires se trouve, lui, au niveau de la terrasse. Ou encore qu’Edgard Faure est né dans la maison Lentariès qui surplombe le parc.Béziers, balade au Plateau des Poètes, de Jacques Nougaret. Dans les librairies de Béziers et à l’office du tourisme. 15 €.

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“L’enfant au poisson”, sculpture d’Injalbert, retiré du Plateau des Poètes

La Ville de Béziers fait restaurer l’œuvre d’Antonin Injalbert (Midi Libre)

4.12.2020 – La sculpture “florentine” de l’artiste biterrois Antonin Injalbert, qui était posée au centre du bassin, face au Titan, en haut du Plateau des poètes à Béziers, a été retirée.

L’enfant au poisson, la sculpture “florentine” de l’artiste biterrois Antonin Injalbert (1845-1943), qui était posée au centre du bassin, face au Titan, en haut du Plateau des poètes, a été retirée par la Ville jeudi 26 novembre.

Donné par le Piscénois Paul Alliès

Pour rappel, L’enfant au poisson est posé sur une vasque de style Louis XIII, donnée par le Piscénois Paul Alliès, homme politique et politologue.

L’œuvre des célèbres Denis et Eugène Bülher, respectivement pépiniériste et architecte paysager, devenue le poumon vert du centre-ville, sera orpheline quelque temps de la sculpture d’Injalbert, réalisée en marbre, en 1891.

Soulevé par une grue

Une grue a soulevé la statue, classée monument historique, comme la Plateau, pour être démontée et restaurée par les ateliers Jean-Loup Bouvier, situés aux Angles (à côté d’Avignon). Ceux qui avaient restauré le marbre de la fontaine du Titan en 2017.

Le bassin va aussi être rénové, et l’étanchéité refaite. La remise en place de la sculpture est prévue dans le courant du mois de mars. Coût du chantier : 130 000 €, financés à hauteur de 53 000 € par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac).

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15.5.2022 Plateau des Poètes – Meurtre Cindy Paris

Meurtre au plateau des Poètes : un des trois suspects mis hors de cause

Dans la nuit de samedi 14 mai à dimanche 15 mai 2022, Cindy Paris a été retrouvée morte au plateau des Poètes, entre les Allées Paul Riquet et la gare SNCF Elle a été battue et étranglée.

Trois hommes, dont son compagnon, ont, dans un premier temps, été placés en garde à vue, puis libérés. Elle n’a pas été violée, comme l’autopsie l’a démontré.

De nombreuses personnes de l’entourage de la victime ont été entendues et depuis, plus rien pour la famille et son compagnon.

Grâce aux investigations diligentées par la Direction Territoriale de Police Judiciaire (DTPJ) de Montpellier et a sûreté urbaine du commissariat de Béziers tout au long de la journée, le premier des trois hommes placés en garde à vue a pu être mis hors de cause et le parquet de Béziers a donc ordonné sa remise en liberté, ce soir après 22 heures.

Rappel des faits

Plateau des Poètes à Béziers, il est plus de minuit, en ce dimanche 15 mai 2022. Un SDF se dirige vers l’endroit d’où proviennent les cris d’une jeune femme qui l’ont réveillé dans son sommeil. Il finit par tomber sur le corps de la victime, allongée et inerte. Il s’empresse d’alerter la police. Le commissariat de Béziers envoie au plus vite des agents sur place, accompagnés de sapeurs-pompiers.

Les secouristes procèdent à des massages cardiaques, en vain. La jeune femme est décédée. De nombreuses traces de coups sur le corps sont constatées. Agée de 32 ans, elle est domiciliée à Béziers. 

L’autopsie pratiquée dans l’après-midi de ce lundi par des médecins légistes de l’institut médico-légal du CHU de Montpellier conclue à une suspicion de mort par asphyxie, hypothèse qui devra être confirmée par des examens anatomopathologiques approfondis qui prendront plusieurs semaines. La victime présente également plusieurs traces de violences importantes, dont la nature et la localisation ne seront pas communiquées pour préserver les investigations”, indique Raphaël Balland, le procureur de la République de Béziers.

Le procureur de Béziers confirme que, “en revanche, en l’état, l’autopsie n’a pas permis de détecter des traces de violences sexuelles”, une hypothèse qui avait été avancée lors d’un premier examen du corps dans le parc.

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Source :

http://www.beziers-mediterranee.com – Visiter le vieux Béziers

https://actu.fr – Jean-Marc Aubert 16.5.2022

https://www.midilibre.fr – Jean-Pierre Amarger 24.6.2022

https://www.herault-tribune.com – La rédaction (VM + MW) 17.5.2022

http://www.midilibre.fr – Cyril Calsina 29.6.2017 / Emmanuelle Boillot 8.3.2023 – 26.6.2023 – 4.12.2020 / Antonia Jimenez 13.7.2019

http://www.herault-tribune.com

http://www.jardinez.com

http://www.sasl-béziers.fr

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