





Situés au bas de la ville, au confluent de la rivière Orb et du ruisseau de Bagnols, les Moulins de Bagnols ou Moulins Cordier, connus autrefois sous le nom de Moulins des Evêques de Béziers ou Moulins du Roi, furent le point de départ d’un grand exploit technique.

C’est ici qu’un jeune Biterrois autodidacte, devenu ingénieur en hydraulique, Jean-Marie Cordier, capta les eaux de l’Orb, en 1827, pour les élever vers le centre-ville.
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Sous le comte de Neffiès, Cordier fait monter l’eau de l’Orb en ville

28.12.2020 – Le 11 décembre 1815, sur proposition du préfet de l’Hérault, Joseph-Alban Bonnet de Maureilhan, comte de Neffiès, est nommé maire de Béziers par le roi Louis XVIII. L’homme est un ancien officier de l’armée, chevalier dans l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Il restera en poste jusqu’à la Révolution de juillet 1830.
Fête du Roi et procession à saint Charles Borromée

Royaliste, il ne manque pas une occasion de célébrer le roi et fait proclamer un jour de deuil, 21 janvier, en mémoire de l’assassinat de Louis XVI. La fête du Roi, les 24 et 25 août, donne lieu à des réjouissances tous les ans.
Croyant, il rétablit la procession annuelle commémorant le Vœu de la Ville, formulé en 1630 à saint Charles Borromée, lors de l’épidémie de peste. Il offre le tableau “Le Christ apparaissant à ses apôtres” au soir de la résurrection, une œuvre de 2,2 m sur 4,3 m qui vient d’être restaurée, à la basilique Saint-Aphrodise.

Le nombre d’indigents augmentant, il fait inscrire une aide au budget communal. Il crée également des ateliers de charité, groupant 400 ouvriers pour des travaux de nettoyage, d’aménagement et d’entretien des chemins vicinaux. Il fait recruter six gardes nocturnes et huit gardes champêtres.
Aménagements de la ville

Béziers étant sale et nauséabonde, le maire supprime les latrines des toits. Il interdit également de jeter les détritus par les fenêtres et fait creuser des fosses dans les maisons. La Ville achète deux pompes à incendie actionnées par des pompiers volontaires, il faudra attendre 1843 pour que Béziers dispose d’un corps de pompiers digne de ce nom.
Mais ce qui a vraiment marqué la longue mandature du comte de Neffiès, c’est d’avoir pris à bras-le-corps le problème d’alimentation en eau de Béziers.
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La machine à vapeur de Jean-Marie Cordier


En 1827, Béziers dispose de cinq fontaines publiques à Saint-Cyr, à la caserne, aux halles, au Touat et à l’hôtel de ville. Lorsque la quantité d’eau amenée par l’aqueduc est insuffisante, des bêtes à bât ou des servantes sont chargées d’aller puiser l’eau dans l’Orb et de la remonter. Le maire avait proposé d’attribuer une subvention à l’ingénieur qui pourrait résoudre ce problème.
En 1825, Jean-Marie Cordier, serrurier de formation mais passionné par la ferronnerie d’art, le dessin, les mathématiques et la physique, présente son projet. Il propose de construire une machine à vapeur qui élève, pendant 14 heures par jour, douze litres et demi d’eau pour chacun des 16 000 Biterrois, soit 200 m3 d’eau, un tiers en plus en été et trois fois plus en cas d’incendie.


Le projet est approuvé par le maire et le ministre après avis favorable de l’Institut de France. Une première usine est construite aux moulins de Bagnols, situés près du jardin de La Plantade. Une seconde suivra, plus puissante. Les problèmes de Béziers étaient résolus pour une longue période.
Le financement de cette industrie a été rendu en partie possible par la vente des remparts de la ville. En effet, par une ordonnance de 1821 du roi Charles X, Béziers cesse d’être une place de guerre et ses fortifications peuvent être cédées. La part revenant à la Ville est donc utilisée pour l’achat de machines hydrauliques.










L’industrie de la meunerie était autrefois prospère dans la région. Entre les villages de Lignan et de Villeneuve, quatre moulins à blé fonctionnaient et, à certaines époques, ils avaient peine à suffire aux besoins des populations.
Les Moulins de Bagnols se composaient de cinq tourelles avec encorbellement, surmontées de mâchicoulis et de crénaux, reliées entre elles par des galeries d’un effet très décoratif. Chacune présentait sont avant-bec à la force des eaux.
Tout ce qu’il y avait de gracieux et d’élégant a disparu, emporté par des dégâts du temps ou tombé sous le marteau des démolisseurs en 1793.





Toutefois, nous devons faire une exception pour l’édifice ou château d’eau dans lequel fut installé la nouvelle machine hydraulique dont l’ingénieur Cordier venait de doter sa ville natale.
Béziers fut ainsi l’une des toutes premières villes de la région et de France à avoir une eau abondante et d’excellente qualité à une époque où l’eau potable manquait cruèllement.En signe de gratitude, l’ingénieur eut droit à un vrai mausolée, au Cimetière Vieux.



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Sépultures au cimetière Vieux
Le comte de Neffiès est inhumé au cimetière Vieux, dans le carré C. Il faut monter trois marches pour accéder au socle sur lequel est érigée une colonne compacte comportant les stèles. Une grille marque la séparation de l’espace sacré du monde profane.
Sur un terrain donné par la Ville dans le carré L du cimetière Vieux, la tombe de Jean-Marie Cordier (1785-1859) est une œuvre monumentale du sculpteur Oliva. L’ingénieur hydraulique a eu droit à des funérailles publiques.
Son fils, Jean-Baptiste, repose à ses côtés. C’est lui qui s’est occupé de l’alimentation en eau d’Alexandrie. En remerciement, il a été fait Bey par le vice-roi d’Égypte, en 1860.





La promenade dans le très romantique Jardin de la Plantade qui jouxte les moulins, en bord de rivière, est particulièrement agréable.



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La réalisatrice Chantal Lasbats en résidence au moulin de Bagnols pour un an

Les lieux ont été aménagés en ateliers d’artiste (Midi Libre)
31.12.2018 – La réalisatrice de films et de documentaires, Chantal Lasbats, sera en résidence à Béziers pendant l’année 2019.
Elle va s’installer à Béziers pendant au moins un an. La réalisatrice de films et de documentaire Chantal Lasbats a fait une demande pour s’installer dans l’un des ateliers du moulin de Bagnols, dans le jardin de la Plantade à Béziers.
Jusqu’au 10 janvier 2020
Elle souhaite en effet avoir un espace de travail pour réaliser un documentaire sur la peintre Dominique Renson.
La Ville, propriétaire des lieux a accepté sa demande et lui a accordé une mise à disposition gratuite des lieux pour une année, du 21 janvier 2019 au 10 janvier 2020.
Un autre atelier au second étage
Elle partagera le moulin avec Stéphanie Laurent, une graphiste, maquettiste et illustratrice qui va investir un atelier au deuxième étage. Elle planche sur la réalisation de grands formats.
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Divertissement

“La Guinguette de la Laiterie” est le petit paradis des rives de l’Orb, à la sortie de Béziers face au Moulin Cordier (Bagnols), sur les jardins de la Plantade. De 10.30h à 1.30h, les musettes d’antan s’y produisaient et aujourd’hui le lieu est un incontournable des plaisirs estivaux de Béziers.

C’est typiquement l’endroit où les grands-parents amènent les petits-enfants pendant que les parents font la fête. Le conseil du Guide : l’endroit est magique pour admirer le feu d’artifice tiré depuis le pont Vieux le soir de la fête de la libération de Béziers (22 août).
Au menu : les tapas (pata negra, rabas, pinchos…), les savoureux petits plats et les bons vins régionaux.

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Béziers : au beau milieu de l’Orb, peint Jean Pierson

L’artiste aime ces petits coins de paradis baignés par l’eau. Sa résidence aux moulins de Bagnols le comble. (Midi Libre – Pierre Saliba)
17.5.2015 – L’artiste Jean Pierson est en résidence aux moulins de Bagnols. Rencontre avec un homme qui aime les coins de paradis baignés par l’eau.
Ce samedi, Jean Pierson reçoit. La journée nationale ouvre les portes des moulins de France et par voie de conséquence, celle de son atelier, amarré au beau milieu de l’Orb, à 60 m de hauteur, à côté de La Plantade, avec vue sur le pont vieux et la cathédrale Saint-Nazaire. Pendant un an, il va peindre, perché en haut des moulins de Bagnols, les yeux dans ce fleuve parfois si tumultueux qu’il le chasse de cette retraite toute blonde dans ses pierres de taille.
Entre grandes fresques et tableaux intimistes
Mais en dehors des crues, ici, c’est d’un calme absolu. Jean le partage avec Jacques Sauvard, le voisin du dessus, l’autre artiste en résidence. Tous deux possèdent le trousseau de cette citadelle imprenable pour le commun des citoyens. Au pied de cette ancienne machine à vapeur, pourvoyeuse d’eau, imaginée par l’ingénieur hydraulicien autodidacte Jean-Marie Cordier, une guinguette d’été, éphémère, se construit.
Ça tombe à pic. Jean Pierson aime ces petits coins de paradis baignés par l’eau. Il en imagine au fil de ses tableaux. Des terrasses où coulent le pastis et la mer. Où s’alanguissent des hamacs ou des chaises longues. Des patios ombragés ouverts sur un océan. “Ces endroits existent dans mes rêves. Je fais des petits croquis, je les rapporte au fusain sur un fond ocre jaune car cela me permet de travailler aussi bien en clair qu’en sombre. Quant à la mer, elle est omniprésente dans mes toiles, j’ai besoin d’elle, elle m’a toujours attiré et je l’ai toujours peinte”.Peut-être est-ce la proximité de la Méditerranée qui le pousse à quitter Paris, il y a dix ans, pour acheter une petite maison au Capnau, à Béziers et y installer son épouse, ses trois enfants et son chevalet.
Décor pour la librairie clareton
Il réalise actuellement un décor pour la librairie Clareton puis mettra la patte finale à quatre tableaux exposés mi-juin à Brême puis à la rentrée, rue de l’Ancien-Courrier à Montpellier.
Quand on entre en ville, côté Faubourg, on tombe nez à nez avec ses viris illustribus biterrae, les Jean-Antonin Injalbert, Castelbon de Beauxhostes, Fayet, Camille Saint-Saëns, Jean Moulin, grands hommes accoudés à des balcons aussi réalistes qu’imaginaires. Jean Pierson trompe l’œil avec un talent consommé, au stade de France ou aux hôpitaux de Paris, à Berlin ou à Accra, mais se défend d’en être un spécialiste.
“Peu importe le support. Il n’y a pas de frontière réelle entre les trompe-l’œil et les tableaux. D’autant plus que les commandes qui m’étaient faites pour les fresques étaient souvent inspirées des tableaux”, souligne-t-il.
Jean Pierson revendique une palette très large, dans ses références aussi. Peinture antique, les post impressionnistes, les Nabis ou Serusier, Bonnard. La période contemporaine l’intéresse moins : “Trop formatée, réservée à une élite, devenue placement financier et objet de spéculation”. Voilà qui est dit. Comme l’Orb, l’homme peut aussi bouillonner. Puis s’en retourne à ses pinceaux et sa sérénité.
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Source :
http://www.beziers-mediterranee.com
http://www.lepetittraindebeziers.com
Découvertes de l’Hérault – 9ième édition 2000-2001
http://www.notesdemusees.blogspot.com
http://www.midilibre.fr – Emmanuelle Boillot 28.12.2020 – 08.07.2020 / 31.12.2018 / Annick Koscielniak 17.5.2015
Le cimetière Vieux révélé pas à pas, de Jean-Pierre Nitus
Chez Le Chameau Malin. Béziers, vingt-deux siècles d’histoire, de Roger Guy