Le chameau

Avant la chrétienté, Béziers partageait les croyances païennes vouant des cultes aux divinités mythologiques. Préfet d’Héliopolis en Egypte, Aphrodise aurait reçu la Sainte Famille fuyant Hérode. Conquit par le Christ, il parti après la mort de ce dernier pour répandre “sa parole”.

Le Camel (ou chameau), est l’animal totémique de la ville de Béziers. Il défile dans les rues de la ville à deux occasions : pour les fêtes de la Saint-Aphrodise le 28 avril et les fêtes des Caritats se tenant le jour de l’Ascension. 

Le chameau est l’animal sur lequel serait arrivé au Ier siècle Saint-Aphrodise, premier évêque de Béziers. Evangélisateur zélé, déplaisant au pouvoir en place, il aurait été condamné à mort et guillotiné avant que sa tête ne soit jetée dans un puits. Selon la légende, elle en est miraculeusement ressortie et Saint-Aphrodise l’aurait prise sous son bras avant de parcourir la ville.

A son décès, les responsables municipaux prirent en charge les frais d’entretien de son animal. Il fut nourri et logé par une famille de potiers dans une rue qui prit, à sa mort, le nom de “rue du chameau”, aujourd’hui renommée rue Malbec. 

Son chameau a été empaillé à sa mort et promené ensuite en procession chaque année. Cette fête a encore lieu chaque 28 avril, jour de la Saint-Aphrodise.

Cela valut aussi leur surnom aux Biterrois : les Camelous !

Le défilé est composé du chameau mené par le Papari, son gardien, suivis de personnes déguisées en « sauvages » dont la tête est couverte de branches vertes de sureau et surmontées d’un pain. Participent également au Passa-Carrièra les membres des différentes confréries et corporations de métiers mais aussi des danseurs qui s’arrêtent à de nombreuses reprises au cours du défilé pour interpréter des danses traditionnelles. Il est de coutume de danser la danse des treilles et la danse des pâtres au cours du défilé.

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Les fêtes des Caritats

Les caritatz du latin caritatis – les Charités, est le nom d’une des plus anciennes fêtes connues à Béziers qui se tient pour l’Ascension. Citée pour la première fois en 1284, on rattache l’origine de cette fête à la commémoration de la Charité-le-Roi, don que le roi Saint Louis fit aux Biterrois en 1254, après avoir fait restituer les biens indûment spoliés pendant la Croisade Albigeoise.

Cette fête donne lieu à un grand défilé à travers la ville où la population suit les deux emblèmes de la Ville, souvenirs probables des Croisades : La Galère, et Le Camel ou chameau son animal emblématique ou totémique portant les inscriptions : ex antiquitate renascor (je renais de l’Antiquité) et Sen fosso (nous sommes nombreux).

Le Camel a été ensuite rattaché à l’arrivée à Béziers du premier évêque, saint Aphrodise, venu d’Egypte. C’est aussi un témoignage de solidarité au cours duquel on quêtait du pain et vin pour les pauvres à l’occasion de réjouissances, cortèges pièces de théâtre et danses. Ces fêtes sont toujours célébrées de nos jours à Béziers.

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(D’après « Revue du traditionnisme français et étranger » paru en 1908)

14.4.2020 – La vieille cité de Biterre est en fête. Une foule compacte commence dès la première heure à sillonner les rues de la ville. Sur les visages se lit une profonde joie et se devine une vive gaieté. Les principales artères de l’antique Béziers sont ornées de longs mâts au haut desquels flottent, légèrement portées par une douce brise, de multicolores oriflammes ; des panoplies de drapeaux décorent les balcons ; des guirlandes de lampions et de lanternes vénitiennes se balancent dans l’embrasure des fenêtres ; d’interminables rubans de serpentins se déroulent, lancés par d’expertes mains, dans l’air léger, dessinant dans le ciel lumineusement clair de gracieuses et d’originales courbes.

Mais voilà que l’on entend dans le lointain, les sons d’un fifre et d’un tambour ; la foule attend, rangée sur le trottoir, le passage du traditionnel cortège. Une masse confuse avance lentement, approche à vue d’œil. A son passage éclatent de frénétiques applaudissements ; des bravos sont poussés avec un enthousiasme sans pareil : le chameau, comme pour remercier, va, dodelinant sa bonne tête de droite et de gauche ; sa mâchoire énorme, dans un mouvement automatique s’ouvre et se referme, produisant un bruit semblable à celui des cliquettes.

Il va, traversant la foule, disloquant les groupes, se promenant dans toutes les rues de la cité latine ; des bandes de gamins le suivent en poussant des cris de joie, tandis que les Biterrois fiers de leur monstre, murmurent avec une secrète satisfaction et avec une certaine pointe d’orgueil :

Dé qu’ès Béziès sans lou Camel ?
Qu’un gros bourgnou sans jés dé mel !
Qu’est Béziers sans le chameau ?
Qu’une grosse roche sans aucun miel !

Saint Aphrodise (ou Afrodise) fut le premier évêque de Béziers ; une légende tardive affirme qu’il arrivait d’Egypte et montait un chameau quand il vint dans les Gaules prêcher la doctrine chrétienne. Un jour qu’il propageait la parole du Christ, une troupe d’idolâtres, armés de fureur et de rage, se jetant au travers de l’assemblée, se saisirent de sa personne, et lui abattirent la tête et à trois de ses compagnons, Caralippe, Agape et Eusèbe. Ce fut en la rue Ciriaque, dite par la suite de Saint-Jacques. Le corps de saint Aphrodise se relevant de lui-même, prit entre ses mains sa tête abattue, et passant par le milieu de la ville, il la porta jusqu’à une petite chapelle qu’il avait auparavant consacrée sous le titre de Saint-Pierre, où il fut enseveli, sur l’actuelle place Saint-Aphrodise.

Le martyre de saint Aphrodise en l’an 65

Après ce martyre du 22 mars 65 (la fête du saint a été, par la suite, fixée au 28 avril), ajoute Fabregat, son chameau fut recueilli avec soin par les habitants qui fondèrent un fief pour son entretien. La rue où était située la maison qu’il habita prit à sa mort et conserva longtemps le nom de rue du Chameau, avant de devenir la rue Malbec. Pour perpétuer son souvenir, on fit construire une énorme machine de bois, revêtue d’une toile peinte sur laquelle se distinguaient les armoiries de la ville et deux inscriptions, l’une en latin : ex antiquitate renascor (je renais de l’antiquité), l’autre en langue romane : sen fosso (nous sommes nombreux).

Cette machine, qui ne ressemblait guère à un chameau que par la tête, recelait dans ses flancs quelques hommes qui la faisaient mouvoir et imprimaient, par intervalles, un jeu saccadé à un long cou et à sa mâchoire aux dents de fer. On la voyait figurer dans toutes les fêtes locales, religieuses et politiques, spécialement à celles qui étaient célébrées en l’honneur de saint Aphrodise et surtout à la grande fête annuelle de Caritat, le jour de l’Ascension.

Dans ces diverses circonstances, cette machine était conduite par un personnage bizarrement costumé et armé, ayant nom Papari et escorté par un groupe d’autres déguisés en sauvages, la tête ornée de feuillages. Ils dansaient au son d’une cornemuse, s’arrêtant aux portes des personnages principaux et riches, jusqu’à ce qu’on leur ouvrît et qu’on leur donnât des étrennes en argent, à la volonté de chacun. Cette recette était ensuite partagée entre eux. Pendant les guerres de religion, le chameau fut brûlé.

Sculpture représentant la tête de saint Aphrodise
(Basilique Saint-Aphrodise, à Béziers)

On lit dans les archives de l’Hôtel de Ville que, le 2 juin 1632, nos édiles, sous la présidence de messire Josef de Cabreroles, juge criminel, allouèrent avec un abandon quasi-filial, la dépense faite sans autorisation préalable pour la reconstruction et la peinture du chameau, le tout se portant à cinquante-et-une livres, huit sols. Il fut brûlé de nouveau solennellement en 1793 sur la place de la citadelle avec tous les titres féodaux que la loi du 17 juillet de la même année avait voués à la destruction. Le fief d’un revenu de 1500 livres affecté à son entretien fut mis sous séquestre, et pour s’en emparer avec une apparence de légalité, le chameau fut porté sur la liste des émigrés.

Le jour de l’Ascension, 19 mai 1803, le chameau, comme le phénix, renaissait de ses cendres. Il reparut avec honneur, entouré de son cortège traditionnel à la célébration de la fête de l’agriculture. Le 6 avril 1809, l’édilité biterroise provoqua une délibération portant qu’il serait demandé au gouvernement des armoiries spéciales pour la ville, dans lesquelles l’image du chameau figurerait en bonne place. Dans les premiers jours d’effervescence de la Révolution de 1830, ce héros de toutes nos fêtes locales fut encore détruit comme emblème de féodalité et de fanatisme. A cette époque, il était comme par le passé, construit en bois, emmanché d’un long cou articulé et recouvert en toile peinte émaillée des inscriptions anciennes latines et patoises citées plus haut.

On l’avait appendu au plafond du péristyle de l’Hôtel de Ville. Il fut décroché et le signal de sa destruction donné par un violent coup de sabre que porta courageusement dans ses flancs un illustre inconnu, membre de l’autorité. Les gamins dispersèrent ses lambeaux, mais sa tête échappa au désastre et fut soigneusement conservée par un antiquaire. On la rapporta à l’Hôtel de Ville, lors de l’inauguration de la statue de Riquet.

Dans cette fête brillante entre toutes, le peuple revit avec plaisir l’image du compagnon de saint Aphrodise, qu’il considère comme le palladium de la cité. En 1848, nouveau désastre pour le pauvre animal poursuivi par les mêmes adversaires. C’est bien inutilement qu’ils s’acharnent ainsi après lui : ex antiquitate renascor, telle est sa devise et les devises ne sont pas menteuses. On aura donc toujours la satisfaction de le posséder et même de le voir, parcourant à certaines fêtes les rues et les places de Béziers.

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Fête de Pâques et des Cornards : les Camelous sont de retour

Croqués par DAF, les Camelous en pleine action.

18.4.2022 – Après deux longues et quasi interminables années de disette festive liée à la mondiale pandémie, les réjouissances publiques sont enfin de retour ce lundi 18 avril. Ainsi Saint-Rome-de-Tarn renoue avec la tradition de la première fête de printemps. Une tradition ancrée dans son riche patrimoine qui, pour ce millésime 2022, bénéfice d’une météo favorable. Pour cette reprise, le comité a concocté un sacré programme et pour ce lundi a pu compter sur la présence des Camelous. Rencontre avec Barthélémy Reilles, dit Ratou pour les intimes.

D’où vient le nom de Camelou ?

Le nom vient de lou camel, le chameau, animal totémique de la ville de Béziers. Saint-Aphrodise, le premier évêque de notre ville, serait arrivé sur un chameau, il y a 2 000 ans. Cette image représente la cité héraultaise et donc son célèbre club de rugby.

Quel rapport entre les Camelous et le rugby ?

Nous étions pendant des années les accompagnateurs officiels des joueurs de l’ASB. qui montaient à Paris lors des diverses finales du Bouclier de Brennus. Avec, lors des retours, les énormes rassemblements devant l’hôtel de ville de Béziers. Nous avons été nous aussi sacrés Champions de France des penas ; rugby et musique des passions largement partagés aujourd’hui encore.

Et les cornards de Saint-Rome-de-Tarn ?

Une histoire qui remonte à une trentaine d’années et la présence dans le personnel de la gare de Béziers d’un certain et bien regretté, Claude Gavalda. C’est lui qui nous a mis en relation avec le comité pour l’animation du lundi. Depuis, danseuses et musiciens, pantalon, chemise corsage de couleur blanche, béret foulard et ceinture rouge nos défilés sont très populaires dans le meilleur esprit des festaïres.

Quel programme ce lundi ?

Traditionnellement nous débutons par une aubade chez les aînés de la résidence Denis Affre. Une prestation qui nous tient énormément à cœur. Puis direction le village, sa place du Terral pour une animation apéritive à l’Auberge et au Languedoc. Et après la pause repas place au défilé des cornards. Pas besoin de GPS pour toutes et tous, le chemin musical vers la bonne humeur festive attire un nombreux public dont les biens malheureux cocus … mais contents.

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Source:

https://www.herault-tourisme.com

http://adicab.over-blog.com

http://www.sasl-beziers.fr

https://www.france-pittoresque.com – 14.4.2020 par la rédaction

https://occitanica.eu