Balle dans la tête
17.7.2020 – Le 20 décembre 1992, à Béziers, des CRS poursuivent puis bloquent une voiture qu’ils suspectent volée. Pendant que l’un des occupants s’enfuit à pieds, l’autre, Hassan Benahmed, est interpellé. L’adolescent de nationalité marocaine, résidant à Villeneuve-lès-Béziers, est âgé de dix-sept ans et n’est pas armé.
Alors que l’un des CRS tente de le menotter en le plaquant sur le capot du véhicule, son collègue qui tenait Hassan Benahmed en joue ouvre le feu et le tue d’une balle dans la tête. Le sous-brigadier est condamné le 23 mars 1995 à dix-huit mois de prison, dont six mois fermes, par le tribunal de grande instance de Béziers.
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Après la mort d’un jeune Marocain à Béziers, un CRS a été inculpé de ” coups et blessures volontaires “
23.12.1992 – Daniel Marty, quarante-cinq ans, le CRS qui avait tué un jeune Marocain lors de son interpellation dimanche 20 décembre à Béziers (le Monde du 22 décembre), a été inculpé, lundi soir 21 décembre, de ” coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner “. Il a été laissé en liberté et placé sous contrôle de sa hiérarchie.
La nuit de lundi 21à mardi 22 décembre a été calme mais tendue dans une ville de Béziers placée sous surveillance. Des forains, installés sur les allées Paul-Riquet, en plein centre, ont monté la garde près de leurs manèges. Plusieurs voitures, conduites par des personnes se réclamant du Comité de défense des commerçants et artisans, sillonnaient les rues. Elles venaient s’ajouter aux patrouilles de police. Des CRS et des gendarmes mobiles arrivés de Toulouse, Marseille et Perpignan avaient pris position dans la cité. Les Biterrois redoutaient une nouvelle poussée de fièvre après l’annonce de la libération de Daniel Marty, le CRS dont l’arme a tué Hassan Benhamed, un jeune de dix-sept ans, d’origine marocaine, dimanche après-midi, à l’issue d’une arrestation mouvementée.
Daniel Marty a été inculpé de ” coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner “. Il a été laissé en liberté et placé sous contrôle de sa hiérachie. Selon l’un de ses avocats, Me Georges Catala, la réaction violente du jeune homme aurait surpris le policier qui le tenait en joue : ” Jusque là tout se passait dans le calme. Mais après qu’on lui ait passé une menotte, le garçon est entré dans un phénomène de révolte quasi hystérique. C’est à ce moment-là que le coup de feu est parti. “
Lundi, de nouveaux incidents ont éclaté après qu’une délégation emmenée par le frère de la victime eut été reçue par le maire de Béziers, M. Alain Barrau (PS). Un groupe de cent cinquante jeunes s’est progressivement formé dans les rues de la ville. Les premiers débordements ont eu lieu en début d’après-midi. Les décorations de Noël d’une bijouterie ont été endommagées. Vers 16 heures, quatre voitures, dont l’une appartenait à un magistrat, ont été retournées à proximité du palais de justice et de l’hôtel de ville. L’une d’entre elles a été incendiée. Cinq jeunes ont été interpellés et placés en garde à vue.
Plusieurs appels au calme ont été lancés par les ” anciens ” de la communauté marocaine, par le sous-préfet de l’Hérault, M. Charles Meunier, qui a, lui aussi, reçu une délégation de jeunes, et par le consul du Maroc, venu à Béziers pour annoncer qu’il allait commettre un avocat dans cette affaire. Lundi, dans la soirée, M. Barrau a réuni un conseil municipal extraordinaire pour demander à l’ensemble des élus et des représentants des mondes économique et religieux d’user de tous leurs relais afin de tenter d’apaiser les tensions.
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Source :
https://www.lemonde.fr – 23.12.1992
https://basta.media – Ivan du Roy et Ludo Simbille 17.7.2020