
Le stade, construit en 1989, ressemble à un immense coquillage ou à un ballon de rugby. C’est une réalisation sous l’impulsion du maire Georges Fontès en vue de l’organisation des Jeux méditerranéens 1993. Il remplace alors le vieux stade de Sauclières qui fut l’antre du “Grand Béziers“, club de rugby titré champion de France à 11 reprises entre 1961 et 1984.


ASBH : Association Sportive de Béziers Hérault

23.2.2023 – 112 ans d’histoire. 112 ans de titres, mais aussi de déconvenues. En quatre ans de travail, lors desquels il se retrouvait parfois seul face à son ordinateur et ses bouquins, David Wozniak a retracé la vie de l’ASBH.
Titulaire d’un doctorat en histoire contemporaine, il est un habitué de Raoul-Barrière. Ses premières recherches avaient pour but de nourrir le musée du club. Puis, il s’est lancé dans une thèse. Replongeant dans tout ce qui a fait l’histoire du troisième club le plus titré de France.

“Créer une culture club”
“Je fais une sorte de scanner du club, révèle David Wozniak. Je parle de l’histoire, la création, les guerres etc. de l’aspect économique et sociologique.” Avec un fil rouge clair : “Tenter de recoller à l’identité de Béziers.” Car, avec l’appui de quelques illustres personnages du Grand Béziers, celui qui faisait aussi DJ à Raoul-Barrière, dresse le constat que “l’ASBH a eu de grandes équipes mais n’est pas un grand club”. Prenant ainsi les sorties par la petite porte de Raoul Barrière et Richard Astre à la fin des années 1970.
C’est ainsi grâce aux témoignages, aux différents constats et au côté précurseur du Grand Béziers que David Wozniak délivre des “préconisations” pour “créer une culture club”. Et tout cela devrait bientôt être disponible en librairie. “J’ai eu plusieurs rendez-vous avec des éditeurs pour transformer ma thèse en livre, détaille-t-il. Néanmoins, reste à savoir sous quelle forme ce livre se présentera. Est-ce qu’il reprendra toute la thèse, donc quasiment 600 pages ? Est-ce qu’il sera consacré au Grand Béziers et l’axe Mas-Barrière-Astre ? On ne sait pas encore.”
En attendant, Midi Libre propose, chaque vendredi, des anecdotes présentes dans sa thèse. Des témoignages ou encore des faces cachées de certains grands moments d’histoire du temps où l’ASB arborait encore un logo davantage rectangulaire qui avait pour couvre-chef une couronne. En sept volets, David Wozniack offre quelques moments savoureux qu’il a puisé à travers ses quatre ans de labeur.


La patte du grand Béziers pour le Grand Chelem 77
Tout le monde sait pertinemment que Béziers a marqué l’histoire du rugby Français par ses performances. Mais saviez-vous que le club biterrois a aussi contribué au plus bel exploit du XV de France, le fabuleux Grand Chelem 1977 ?
Pour rappel, un Grand Chelem, c’est gagner tous les matches du Tournoi des cinq nations (devenu depuis le Tournoi des six nations), ce qui est déjà un exploit.
Mais ce qui rend ce Grand Chelem encore plus mythique, est qu’il a été réalisé par les quinze mêmes joueurs (quatre matches et quatre compositions d’équipes identiques sans la rentrée des remplaçants) et de plus, sans encaisser un seul essai !
Trois Biterrois ont été partie prenante de cet exploit. Deux étaient sur le terrain : le talonneur Alain Paco et le deuxième ligne Michel Palmié. Un autre a participé à la conception du jeu tricolore. Il s’agit de Richard Astre, le capitaine du grand Béziers, dont il était le demi de mêlée.
En effet, dès la tournée en Afrique du Sud en 1975, Richard Astre a enseigné les principes du jeu biterrois en équipe de France. Le plus bel hommage à ce propos vient du légendaire troisième ligne toulousain Jean-Pierre Rives : “Lors du Grand Chelem 1977, nous avons été champion avec les principes biterrois dispensés par Richard et il y a fort à penser de par la qualité de son effectif que si l’équipe de Béziers avait joué à notre place elle aurait gagné aussi, et ils nous auraient certainement gagné également car ce jeu ce sont eux qui l’ont inventé !”
De quoi être encore plus fier des couleurs rouge et bleu. (D. W.)




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Rugby : l’esprit du grand Béziers est toujours vivace

Un précurseur du rugby moderne
Un druide qui, à l’heure du rugby encore amateur, n’avait pour seule potion que la passion. Inaltérable, entière pour le rugby, éternel “sport de combat.” C’est à cet esprit que le mundillo de l’Ovalie bitteroise a rendu hommage ce samedi à sortieOuest. Parce que : “Dans le rugby, la modernité n’a pas d’âge”, a lâché un Richard Astre, indéfectible disciple, à demi emmêlé dans l’émotion. Anciens partenaires, joueurs, élèves, famille, poids lourd du rugby et de la politique locale étaient de la rencontre, au sommet.
“À l’époque, il a inventé le rugby d’aujourd’hui. Il est le premier à avoir densifié la ligne de centres. À côté de ça, c’était un grand pédagogue”, témoigne Jordi Féliu, professeur en sport étude rugby. Raoul Barrière fut un entraîneur exigeant, voire dur. Un ascète guidé par une approche quasi scientifique.
“Il a quelque chose de surnaturel en lui”
Pour ses programmes d’entraînement, il convoque bien davantage psychologie, sophrologie et autogestion que ses joueurs à des troisièmes mi-temps qu’il n’a jamais aimées. Un “mentalist” dont le président du Département, Kléber Mesquida dit qu’il “a quelque chose de surnaturel en lui. Il capte, c’est une légende. Aujourd’hui encore, il vit le rugby.” Cet esprit habite toujours le “Sorcier” : “Cette nuit, quelque chose m’a réveillé, l’histoire d’un de nos joueurs, décédé aujourd’hui. Il s’appelait Joseph, conte Raoul Barrière. La veille d’une finale du championnat de France, il vient me voir pour me dire “voilà, j’ai joué plusieurs finales et obtenu plusieurs titres, mais demain, je laisserai ma place de titulaire à Claude qui n’a pas eu cette opportunité. Je suis persuadé qu’il ne nous décevra pas.””
Né en 1928, Raoul Barrière ne nous a pas déçus, lui non plus. Bien au contraire. Et son hommage à la grandeur d’âme, à la passion, à la fraternité, lui revient de droit. Un hommage à ce “Rugby” qu’il incarne plus que jamais : un “sport de combat” made in Béziers.
Source : Midi Libre – Jérôme Mouillot 2.4.2016
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100 ans d’histoire de l’ASBH passés au crible par David Wozniak : les records d’un règne sans partage

Rien ne semblait pouvoir arrêter Armand Vaquerin et ses coéquipiers.
Archives Midi Libre
2.3.2023 – Lors de son règne sur l’Ovalie nationale, Béziers a notamment accumulé les records en tout genre. Celui qui est aussi prestataire de services au club en a listé les principaux d’un point de vue collectif :
Record d’invincibilité à domicile
Béziers détient le record d’invincibilité dans sa forteresse de Sauclières. Il est de… onze ans et neuf mois. Du 5 janvier 1969 (défaite 8-9 contre Brive) jusqu’au 11 octobre 1981 (défaite 10-19 contre La Voulte), les rugbymen biterrois ont chaque fois quitté leur terrain en levant les bras au ciel. Ce record est intéressant à analyser car il est déjà le record de France dans la discipline mais aussi le record de France tous sports collectifs confondus. Il pourrait même constituer un record du monde dans les sports collectifs. Seul le Real Madrid s’approche de ce record. En effet, le club de football espagnol a fait mieux en termes de matches soit 121 matches sans défaite mais il ne fait pas mieux dans le temps: 8 ans et 18 jours.
Du 1er septembre 1970 au 18 février 1973, soit deux ans, 4 mois et 17 jours, Béziers a signé un record d’invincibilité, toutes compétitions confondues. Cette incroyable performance n’est pas, malgré tout, le record en championnat. En effet, le grand Lourdes de Jean Prat fut invaincu pendant trois saisons, de 1951 à 1954.
Record du nombre de saisons invaincues en championnat
À compter de la saison de son premier titre de champion de France (1961), Béziers est demeuré cinq saisons sans défaites (1960/1961), (1970/1971), (1971/1972), (1974/1975), (1977/1978). C’est d’ailleurs un record de France tous sports collectifs confondus.
Record du nombre d’essais en moyenne par match sur une saison
Lors de la saison 1977/1978, Béziers a marqué 124 essais soit 6,52 essais par match. C’est un record de France et peut-être même mondial en club.
Record de points sur un seul match
En 1981, Béziers gagne contre Montchanin sur le score sans appel de 100 à 0. C’est un record de France peut être d’Europe mais pas du monde depuis le match ou Hong-Kong avait écrasé Singapour, en octobre 1994, sur un score de 164 à 13.
Quatre ans de travail sur l’histoire de l’ASBH
112 ans d’histoire. 112 ans de titres, mais aussi de déconvenues. En quatre ans de travail, lors desquels il se retrouvait parfois seul face à son ordinateur et ses bouquins, David Wozniak a retracé la vie de l’ASBH. Titulaire d’un doctorat en histoire contemporaine, il est un habitué de Raoul-Barrière. Ses premières recherches avaient pour but de nourrir le musée du club. Puis, il s’est lancé dans une thèse. Replongeant dans tout ce qui a fait l’histoire du troisième club le plus titré de France.
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100 ans d’histoire de l’ASBH passés au crible par David Wozniak : les records individuels

Armand Vaquerin, ici derrière Pierre Lacans, est le joueur qui a le plus soulevé le bouclier de Brennus. – Midi Libre Archives
9.3.2023 – Lors de leur règne sur l’Ovalie nationale, les Biterrois ont accumulé les records. Celui qui est aussi prestataire de services au club, en a listé les principaux, qui mettent en exergue les individualités :
Record du joueur le plus titré nationalement
Lors des années 1970 et 1980, Béziers a dominé le rugby français en remportant dix fois le championnat de France, sur les onze remportés par l’ASBH qui a disputé un total de 15 finales. Un seul joueur a pris part à l’ensemble de ces victoires. Il s’agit du pilier gauche, Armand Vaquerin, qui a donc soulevé le bouclier de Brennus en 1971, 1972, 1974, 1975, 1977, 1978, 1980, 1981, 1983 et 1984. C’est un record de France que, sûrement, plus personne ne battra.
Certains de ses coéquipiers, cheville ouvrière du Grand Béziers, trustent ce classement des joueurs les plus titrés. Jean-Louis Martin est 2e de ce classement avec neuf titres, manquant celui de 1975 car il jouait à Toulon. La deuxième ligne du Grand Béziers, Michel Palmié – Alain Estève, complète le podium avec huit titres.
Record d’essais marqués par le même joueur sur un seul match
16 décembre 1979. Béziers reçoit Montchanin. Champions de France en titre, les Biterrois ne font pas dans le détail. Ils étrillent les Bourguignons sur le score de 100 à 0. Dans une époque, d’ailleurs, où les essais ne valaient que quatre points… Mais ce jour-là, un homme brille. Un joueur inscrit 44 des 100 points de l’ASBH : l’ailier Michel Fabre, aujourd’hui patron du bar La frégate à Valras-Plage. Il avait en effet inscrit 11 essais. Un record national, mais également mondial.
Record de l’essai le plus rapide
Le 23 avril 1989, un nouveau joueur réalise un exploit avec les couleurs rouge et bleu. Le talonneur Diego Minarro, aujourd’hui directeur du centre de formation de l’ASBH, a inscrit un essai après seulement neuf secondes de jeu. Un record mondial, à l’époque. Il a depuis été battu par l’ailier gallois James O’Connor, qui avait marqué un essai après huit secondes contre les Fidji lors de la coupe du monde U20, en 2014.
Toutefois, l’essai de Diego Minarro reste un record mondial pour un avant et le plus rapide jamais inscrit en France, à égalité avec celui de Benjamin Fall, marqué en 2021, en Pro D2, avec Oyonnax, face à Soyaux-Angoulême.
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Adresse
ROND-POINT PIERRE LACANS, AVENUE DES OLYMPIADES
BP 23 34501 BEZIERS CEDEX
L’Association Sportive Biterroise est née en 1911 de la fusion de 2 clubs : le Sporting Club Biterrois et le Midi Athletic Club. Un donateur, L. Viennet, fait un don de 20 000 F pour l’achat de Sauclières.
La ville de Béziers fut pendant de nombreuses années la capitale française du rugby à XV. En effet, l’ASBH remporta onze titres de champion de France entre 1961 et 1984 et joua quinze finales. Les joueurs aux couleurs « Rouge et Bleu » faisaient trembler les équipes du rugby français de cette fameuse époque.

En 1968, sous la houlette de Raoul Barrière, l’équipe décroche le titre de champion de France Juniors. À partir de cette ossature, Raoul Barrière, le « sorcier de Sauclières », construit l’équipe qui rentre dans la légende comme « les Invincibles » et qui collectionne les Brennus en 1971, 1972, 1974, 1975, (finaliste en 1976), 1977 et 1978, avec Richard Astre comme capitaine et des joueurs mythiques comme Jean-Louis Martin, Alain Paco, Armand Vaquerin, Alain Estève, Georges Senal, Olivier Saïsset, Jack Cantoni, Henri Cabrol et une longue liste d’internationaux.
Le départ de Barrière et d’Astre, à la suite d’une crise du club, n’empêche pas le succès dans la course au titre en 1980, 1981, 1983 et 1984.
Béziers détient aussi quatre challenges Yves du Manoir (1964, 1972, 1975 et 1977) et une Coupe de France (1986).
La fin de l’hégémonie coïncide avec le décès du capitaine Pierre Lacans en 1985. Depuis, et avec le passage obligé du rugby au professionnalisme, le club connaît des succès divers, naviguant entre le Top 14 et la fédérale 1, avec le passage entre autres de joueurs français de renom comme Richard Dourthe, Pierre Mignoni, Thibaut Privat, Sébastien Bruno ou bien Richard Castel et même d’étrangers comme l’international australien Warwick Waugh, le flanker néo-zélandais Angus Gardiner, sans parler du buteur argentin Diego Giannantonio. Actuellement, le club évolue au stade Raoul-Barrière. Malgré cette perte de domination, l’ASBH a pu bénéficier pendant plusieurs années d’un centre de formation formant de très bons joueurs tels que Yannick Nyanga ou Dimitri Szarzewski voire, plus récemment, Damien Vidal.
L’ASBH est connu pour ses supporters et leurs cris “aqui aqui es besiers”.
Treize titres majeurs en treize ans. Ces chiffres, dans leur brutalité, disent tout de la domination de l’AS Béziers à l’époque où la télévision passa du noir et blanc à la couleur. Dix fois, les Héraultais ont brandi le Bouclier de Brennus, à Lyon, à Bordeaux puis au Parc des Princes. Trois fois, ils ont embrassé le Du-Manoir (grosse importance en ces années-là).
Sur dix-huit finales majeures, ils n’en ont perdu que cinq, quatre en fait car un Du-Manoir leur fut refusé après un nul face à Narbonne en 1978. Plus fort encore, en 1971-1972, l’ASB a vécu une saison à zéro défaite : en 1976-1977, elle n’a perdu qu’un seul match et a fini la saison lesté d’un quintuplé extraordinaire (championnat, Du-Manoir, bouclier d’automne, titres juniors Crabos et Nationale B). Le club est aussi resté invaincu pendant onze ans et demi à domicile (1969-1981).
Cette équipe était une vraie machine de guerre comme le rugby français en a rarement produit (seuls Lourdes et Toulouse à notre sens peuvent rivaliser). Au fil des victoires, les Héraultais s’étaient forgé un avantage psychologique qui balayait les obstacles.
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Le rugby, sport de gentlemen disputé par des voyous !
À l’origine des Sauclières se trouva Louis Viennet qui jeta en 1911 les bases de la légendaire Association Sportive Biterroise, en fusionnant le Sporting Club Biterrois et le Midi Athletic Club et en lui offrant un stade confortable.

Voici comment dans les années 1920, de bouillants supporters non dénués de verve poétique donnaient du cœur à l’ouvrage à leur équipe :
“Henry quatre Bon roi de France et de Navarre
Voulait que chacun pût, si on en croit l’Histoire
Mettre tous les dimanches la poule dans son pot
Brennus roi du Rugby pour n’être point capot
Comme le Marseillais plus fort a voulu faire
Et a fait retirer par nos gars de Biterre
Le Pau qui dans la poule un peu trop le gênait.
Bravo A.S.B, ce tour tu l’as bien fait,
Le public biterrois lui, veut et te demande
Bien plus, A.S.B, il te commande
De vaincre les Tarbais, le fameux Stadoceste
C’est un bien gros morceau, il n’est pas indigeste.
Donne tous tes moyens, l’énergie, la science
Et marche droit au but Championnat de France
Pour l’honneur de Béziers et tout le Languedoc
Triomphe nettement du formidable Choc.”
Ce lyrisme contribua-t-il à faire des Sauclières une citadelle quasi imprenable ? En tout cas, l’A.S Béziers n’y perdit que six matches entre 1959 et 1985. Prophète sur ses terres, elle exerça même une véritable hégémonie sur le royaume d’Ovalie en remportant dix titres de champion de France entre 1971 et 1984. Un palmarès incroyable !
Celui-ci situé dans la ville basse souffrit des inondations lors de la grande crue de mars 1930. Les flots de l’Orb en furie envahirent la rue Vide Bouteille (ça ne s’invente pas !), la rive gauche du Port-Neuf, les entrepôts de vins et le parc des sports mettant à mal la pelouse transformée en un infâme bourbier.
Coincées entre l’Orb et le canal du Midi, les Sauclières auraient pu constituer un endroit privilégié pour des supporters irascibles enclins à jeter à l’eau un arbitre trop défavorable à leurs couleurs rouge et bleu !
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Histoire : 100-0, des records, un entraîneur précurseur, … . “Le Grand Béziers” en cinq dates

Raoul Barrière, entraîneur du Grand Béziers (Archives Midi Olympique)
10.7.2023 – Ce lundi, la cité biterroise pleurait les trente ans de la disparition d’Armand Vaquerin. Le pilier gauche était un des symboles du Grand Béziers, une équipe en avance sur son temps qui a largement dominé le rugby français entre 1971 et 1984. Retour sur cinq moments marquants.
- 16 mai 1971 : le premier d’une longue série

En 1971, Béziers n’est pas encore le Grand Béziers. Créé en 1911, le club a alors vécu sa période la plus faste au début des années 1960. Vainqueur du championnat en 1961 en restant invaincu toute la saison, l’ASB est malheureux finaliste en 1960, 1962 et 1964. Retour en 1971. L’entraîneur Raoul Barrière s’est appuyé sur une majorité de joueurs qu’il a déjà conduits au titre de champion de France Junior Reichel en 1968. Après avoir écarté le Stade poitevin, Dijon, le Stade bagnérais et Agen en phase finale, les Rouge et Bleu croiseront, en finale, Toulon. Les côtes cassées d’André Herrero, la cravate sur Jack Cantoni en pleine relance folle qui amène l’essai de René Séguier… Ce match restera dans les mémoires. Les Biterrois l’emportent au Parc Lescure de Bordeaux, 15-9 après prolongation. Armand Vaquerin, Richard Astre et consorts ont ramené le premier Bouclier de Brennus d’une longue série sur les Allées Paul Riquet.
- 1978 : le départ du Sorcier de Sauclières
Pilier gauche de l’équipe championne en 1961 et membre de l’équipe de France partie en Afrique du Sud pour la mythique tournée de 1958, Raoul Barrière a commencé, donc, par entraîner les jeunes à l’ASB. En 1968, le prof de sport a pris en main l’équipe première. Il est devenu l’architecte du Grand Béziers. Précurseur, visionnaire, il changera à tout jamais l’histoire de Béziers, créant une armada avec beaucoup de joueurs du cru. C’était lui qui a fait des avants les premiers attaquants. C’était aussi lui qui leur a demandé de faire des passes après contact, stratégie payante tant les Vaquerin ou Estève étaient des formidables joueurs de ballon. Au-delà du terrain, Raoul Barrière était un éducateur mais aussi en recherche permanente de nouvelles méthodes pour améliorer les performances de ses joueurs. Il est le premier à avoir introduit les entraînements quotidiens, les tests sanguins, les votes à bulletins secrets ou la sophrologie. Il a quitté le club en octobre 1978, après une brouille avec Alain Estève.



Longtemps, le Sorcier de Sauclières et son équipe ont été critiqués et haïs pour leur différence. Mais force est de constater, quarante-cinq ans après le départ de l’entraîneur, que les Biterrois ont toujours plusieurs records, dont certains ne seront jamais battus. Du 1er septembre 1970 au 18 février 1973, soit deux ans, 4 mois et 17 jours, Béziers a signé un record d’invincibilité, toutes compétitions confondues. Lors de la saison 1978, Béziers a marqué 124 essais soit 6,52 essais par match. Béziers a terminé cinq saisons invaincu en championnat : 1961, 1971, 1972, 1975, 1978. C’est d’ailleurs un record de France tous sports collectifs confondus. Trois saisons, en 1972, 1975 et 1977, l’ASB a fait le grand chelem, remportant toutes les compétitions dans laquelle elle était engagée : le Bouclier d’automne, le Challenge Jules-Cadenat, le Challenge Yves-du-Manoir et le championnat. En 1978, Roger Couderc, au commentaire de la finale ASB-Clermont, a eu cette phrase : “Béziers joue déjà le rugby de l’an 2000”. Raoul Barrière n’y était pas étranger.
- 11 octobre 1981 : la forteresse de Sauclières cède

Ce jour-là, Béziers s’est incliné dans son stade de Sauclières contre La Voulte, 10-19. Anodin peut-on penser. Mais non. Une des plus grandes séries de l’histoire du sport venait de se briser. Durant onze ans et neuf mois, l’ASB n’a pas perdu une rencontre à domicile. Durant onze ans et neuf mois, les supporters biterrois ne sont jamais ressortis du stade situé entre l’Orb et le Canal du Midi déçus. Durant onze ans et neuf mois, chaque équipe se rendant à Béziers est repartie sans s’imposer. La dernière défaite des Rouge et Bleu remontait alors au 5 janvier 1969, face à Brive (8-9). Cette longévité est un record en France, toutes disciplines confondues. Serait-ce même un record du monde ?
- 16 décembre 1979 : le 100-0 et les onze essais de Fabre
De nombreux records ont été cités dans les paragraphes précédents. Cet après-midi de décembre, deux ont été battus. Le premier, celui du nombre de points inscrits dans un match. Béziers s’impose contre une équipe de Montchanin remaniée sur le score sans appel de 100-0 ! Et c’est précis car les joueurs ont calculé pour que le score soit pile de 100 points marqués. Pas 99, pas 101, l’objectif était 100, l’ouvreur Patrick Fort manquant volontairement la dernière transformation. Avec des adversaires incapables de marquer le moindre point, cela se transforme en une véritable démonstration. La motivation des Biterrois à pulvériser les Bourguignons se trouve dans un déplacement à Montchanin, en septembre 1975. Les Héraultais, invaincus en championnat depuis vingt mois, étaient alors tombés 16-12. Cinq ans plus tard, on pouvait dire que la vengeance était un plat qui se mangeait froid.
Si ce match a été un succès collectif, un homme est ressorti du lot : Michel Fabre. L’ailier a inscrit… onze essais, aux 4e, 29e, 35e, 40e, 45e, 50e, 55e, 60e, 64e, 75e et 78e minutes. Il a effacé le record du Briviste Michel Puidebois et ses huit essais en 1973. En deuxième mi-temps, ses coéquipiers ont tout fait pour qu’il inscrive le plus d’essais possible. À l’époque, un essai ne valait que quatre points. Aujourd’hui, le score serait de 121 à 0 !
- 26 mai 1984 : la dernière séance
Un dernier voyage à Paris, au Parc des Princes. Un suspense haletant, 21 partout. Un dénouement aux tirs au but, pour la seule fois en Top 14. Un ultime retour festif dans le sud et une dernière présentation du bouclier de Brennus sur les allées Paul-Riquet. Béziers a remporté son onzième championnat contre Agen. Le dernier du club à ce jour. C’est la fin de l’époque dorée, du Grand Béziers, une des plus grandes équipes de l’histoire du rugby, voire du sport en général. Le débat peut être ouvert tant cette équipe a dominé sa discipline – dix titres, onze finales en quatorze saisons – et a établi nombre de records qui semblent inatteignables dans notre rugby moderne.
En 1986, le capitaine de Béziers Pierre Lacans décède dans un accident de voiture. En 1993, c’est la disparition d’Armand Vaquerin qui émeut la cité biterroise. Puis vient le déménagement de Sauclières au Stade de la Méditerranée, le professionnalisme, les moyens qui se font rares, les relégations… Et la nostalgie d’une époque dorée.
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Sport à crédit ?

9.2.2021 – Pour un maire, il est incontournable et électoralement rentable d’avoir dans sa ville un club phare qui brille au plus haut niveau. Mais une ville moyenne comme Béziers éprouve désormais les plus grandes difficultés à soutenir efficacement un club qui, avec ses onze titres de champion de France, a contribué à étendre la renommée de la citadelle cathare au-delà des frontières de l’hexagone. Car il faut se rendre à l’évidence, même s’il tire encore son aura de sa gloire passée, le « Grand Béziers » n’est plus. Les rambardes animées et les tribunes bigarrées archi-combles de Sauclières, les bourre-pifs affectueux, les ambiances surchauffées et les joyeux envahissements de terrain ont fait place à un stade Raoul-Barrière gris et morne, à moitié plein quand il n’est pas à moitié vide, pour accueillir de glaciales rencontres de PRO D2. Pire, l’ASBH est devenue, par ses échecs successifs et ses ennuis permanents, le sparadrap du capitaine Haddock des trois derniers maires. à Béziers comme ailleurs, le rugby flamboyant porté par les villes moyennes a cessé d’exister ou presque, pilonné par les coups de boutoir de métropoles aux moyens humains et financiers largement supérieurs.L’explosion des coûts engendrés par le professionnalisme aura fait passer le rugby à papa de vie à trépas. Exit donc La Voulte, Lourdes, Dax, Tarbes, Bagnères-de-Bigorre, Narbonne et… Béziers.
Alors, pour essayer de maintenir le club dans le ventre mou du championnat, on le met sous perfusion publique en espérant un miracle qui tarde à venir. Ainsi, la collectivité subventionne encore et encore, comme à Béziers (1) où le maire, après avoir maintes fois répété qu’il ne mettrait plus un sou pour renflouer les caisses, a tout de même fait voter cet été par son Conseil municipal une rallonge de 200 000 euros pour calmer la Direction Nationale d’Aide et de Contrôle de Gestion (DNACG) qui menaçait de rétrograder le club après l’échec de son rachat par de fumeux investisseurs émiratis. Mais comme cela ne suffisait pas, c’est par une prestation de service, en l’occurrence l’affichage du logo sur le maillot à hauteur de 200 000 euros payés cette fois par l’agglomération, que Robert Ménard a décidé de mettre à contribution les 16 autres communes du territoire pour éviter d’assister la saison prochaine à des derbys Béziers-Narbonne en Fédérale 1. La prestation de service a ceci de pratique qu’elle lui évite de passer par la case subvention et donc par un vote obligatoire qui pourrait s’avérer périlleux du côté de la CABEM, instance qu’il préside mais au sein de laquelle sa majorité n’est que très relative. D’ailleurs, les discussions ont été tendues pendant le Conseil d’agglomération du 14 septembre dernier lors de l’annonce du recours à la prestation de service, plusieurs élus n’ayant pas vu d’un très bon œil cet énième apport d’argent public à destination d’un club professionnel dans la tourmente qui connaît un déficit structurel depuis une trentaine d’années.
(1) Grâce aux subventions et aux prestations de services, mais aussi avec la mise à disposition de fonctionnaires, la location d’équipements à des tarifs extrêmement avantageux, la réalisation à titre plus ou moins gracieux de travaux de modernisation et de mise aux normes du stade, c’est environ 15 millions d’Euros que l’ASBH aura reçus de la 4e ville la plus pauvre de France en cinq ans. Certes, ces aides directes et indirectes sont régulièrement pratiquées partout en France, mais leur légitimité et leur régularité sont désormais largement remises en cause avec toujours la même question lancinante : est-il raisonnable de continuer à privatiser les profits et à socialiser les pertes des clubs professionnels ?
(Article : https://biterre.fr/ – Achille Sureau 9.2.2021)
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Souvenirs à la Coupole, pour les 50 ans du titre biterrois contre Brive

De gauche à droite : Pesteil, Vaquerin, A.Buonomo, Y.Buonomo, Saurel, Martin, Rivière, Lavagne, Astre, Séguier (Midi Libre)
22.5.2022 – Ce vendredi 20 mai, à la brasserie de la Coupole, dix joueurs du “Grand Béziers” se sont réunis.
21 mai 1972. Béziers et Brive s’affrontent à Lyon. Quatre-vingts minutes âpres, rythmées par de nombreuses mêlées et les ratés au pied du buteur briviste. Puis la délivrance. La bande de Raoul-Barrière lève les bras au ciel. Les supporters en nombre au stade de Gerland les rejoignent sur la pelouse. Les enlacent. Pour la troisième fois de son histoire, l’ASB est championne de France. La deuxième d’affilée pour cette génération dorée emmenée notamment par Richard Astre.
C’était il y a 50 ans. Une éternité pour cette nouvelle génération biterroise qui peine parfois à s’imaginer la ferveur autour de cette équipe quasi intouchable dès que les phases finales arrivaient. “Je me souviens d’une année, raconte Christian Pesteil, ancien troisième ligne, blessé le jour de cette finale. Quand nous sommes arrivés à la gare de Béziers, elle était noire de monde. Et les supporters nous ont tous portés, littéralement, jusqu’aux allées Paul-Riquet.”
La finale diffusée en boucle sur les écrans
Bien loin de cet engouement-là, ce vendredi midi, à la brasserie de la Coupole, quelques-uns du “Grand Béziers” se sont réunis pour fêter ce cinquantième anniversaire.
Christian Pesteil, Jean-Louis Martin, Élie Vaquerin, les frères Buonomo, Richard Astre, René Séguier, Gérard Lavagne, Claude Saurel et André Rivière se sont donné rendez-vous à 11 h. L’occasion de se rappeler des anecdotes et de se tourner très vite, avec d’autres curieux et passionnés venus déjeuner, vers le vidéo projecteur de la brasserie qui diffuse en boucle cette finale remportée 9-0.
“Je ne l’avais jamais revue, glisse Jean-Louis Martin, ancien pilier. Il y a un peu de nostalgie. Pas de larmichettes, mais pas loin.” Un sentiment sans doute exacerbé à la vue d’autres de ses copains disparus : Armand Vaquerin, Jean Sarda, “Pépito” Navarro, Jack Cantoni ou encore “voir le Grand (Alain Estève, toujours là, NDLR) comme ça”.
“À dans 50 ans…”
Mais l’heure est davantage à la rigolade… Et au “chambrage”. “Tu l’as jeté là le ballon Elie !”, commente Christian Pesteil en direction de son ami talonneur, en lançant un petit clin d’œil. Et autour de cette longue table, les sourires fusent. Les souvenirs avec.
“Quand nous nous retrouvions pour les déplacements, le groupe se reconstituait et c’était une bande d’amis, sourit Christian Pesteil. Certains étaient fourrés ensemble. Alain et Pépito par exemple. Une fois à Paris, le soir d’une finale, sur les Champs-Élysées, ils se font choper par la police alors que nous étions en boîte de nuit. Puis les policiers se sont dit : “Mais ils viennent de jouer la finale !” Donc ils les ont relâchés. C’est vrai qu’avant, quand on voyait l’écusson ASB, tout s’ouvrait.”
Et quand vient le temps de partir, l’heure est déjà de savoir quand se retrouver. “À chaque fois je te dis de passer à la Salvetat mais tu ne viens pas. Donc je ne te le dis plus”, lance en rigolant Yvan Buonomo à l’un de ses amis. Mais jamais sans rancune. Car une fois les embrassades terminées, le troisième ligne d’origine sétoise lance, en saluant de la main : “À dans 50 ans…”
D’ici là, peut-être qu’ils se retrouveront avec les Narbonnais, pour fêter le demi-siècle du titre de 1974, acquis lors de la première finale jouée à Paris.
Deux finales gagnées en une semaine
Raoul Barrière et ses joueurs s’étaient défaits de Valence (23-3), Bègles (11-7), Pau (40-4) et Toulon (19-6) pour accéder à cette finale contre Brive (9-0). “Ce n’était pas la plus belle, avoue Jean-Louis Martin. Nous étions arrivés fatigués après la finale du tournoi Du Manoir contre Montferrand, le dimanche d’avant (gagné 37-6, NDLR).”
XV de départ : Cantoni – Lavagne, Navarro, Sarda, Séguier – (o) Cabrol – (m) Astre – A. Buonomo, Y.Buonomo, Saïsset – Estève, Senal – Martin, E.Vaquerin, A.Vaquerin.
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Béziers / Rugby : à la gloire des héros de l’ASB

L’inauguration s’est déroulée en présence de nombreux anciens joueurs (Photo : Pierre Saliba)
16.12.2013 – Ces guerriers-là ont gravé à jamais le nom de Béziers dans l’histoire du rugby français. Ces héros ont désormais une sculpture à l’entrée du stade de la Méditerranée qui leur rend hommage.
Quinze finales en un quart de siècle, onze titres de champion de France, dont dix acquis en seulement treize ans. Jamais un club comme l’AS Biterroise n’aura autant marqué le monde du rugby sur une aussi courte période. Des guerriers des prés ont gravé à jamais le nom de Béziers dans l’histoire de l’Ovalie nationale.
Honneur aux héros
Rien n’avait encore été édifié pour honorer tous ces champions qui ont soulevé le bouclier de Brennus et fait la fierté de toute une ville. C’est désormais chose faite.
Samedi, en fin de matinée, sur le parvis de l’entrée principale du stade de la Méditerranée, en présence de nombreux anciens joueurs, de sympathisants du club, d’une partie de l’équipe pro de l’ASBH, des dirigeants du club et de l’association, une sculpture a été inaugurée en leur honneur.
Une requête de Richard Astre
Tout est parti il y a plusieurs mois d’une requête de Richard Astre, l’ancien demi de mêlée de l’ASB et ex-entraîneur de l’ASBH, auprès de Raymond Couderc. “Quand il est venu me trouver, Richard m’a dit “le temps passe, un certain nombre de joueurs qui ont fait la gloire de Béziers ont disparu et il n’y a rien qui les célèbre”, a expliqué le maire lors de l’inauguration. Nous nous sommes entendus sur l’idée de créer un projet qui soit figuratif et symbolique du rugby. Et nous voulions que ce soit un produit 100 % biterrois.”
Un produit 100 % biterrois
lPari tenu. La sculpture a été dessinée par Perrine Vessiot, graphiste à la direction de la communication de la Ville. Elle a été conseillée par le sculpteur et artiste local Lionel Laussedat, dont plusieurs œuvres sont à Béziers, à l’image du taureau sur le rond-point situé à côté du stade. La sculpture a été réalisée dans les ateliers de la société biterroise Sicma et ce sont les services techniques de la municipalité qui l’ont installée.
Un parterre au nom des joueurs
Prochainement, l’œuvre sera complétée par l’ajout au sol du nom de tous les joueurs et entraîneurs qui ont mené le club au sommet.
Une initiative qui a fait chaud au cœur aux “Brennus”. À ceux qui sont encore là et qui n’ont pas oublié, comme l’a dit Richard Astre, des sanglots dans la voix, leurs camarades disparus.
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26/12/2014. “Aquí Besièrs !” est le titre du chant officiel de l’ASBH, dont le single et le clip viennent de sortir. Aux manettes : l’artiste occitan Joanda, les musiciens Patrice Alonzo, Denis Labat, Jean-Brice Viétri et le joueur de rugby Floréal Vaquerin.
Clip vidéo du titre « Aquí Besièrs ! », le chant officiel de l’équipe de Rugby de Béziers-ASBH (Joanda/Denis Labat/Patrice Alonzo/JB Viétri/D Warfield).
Le clip est visible sur les réseaux sociaux et le CD “Aquí Besièrs !” est en vente à la boutique du club, sur le site officiel de l’ASBH ou sur le site du Comité Occitan Sans Frontières.
Vivien Vallay : Merci les amis, je suis le compositeur de cette chanson. J’ai vu, un soir, un simple d’esprit qui jouait de l’harmonica dans la rue. Il ne savait jouer que deux notes, mais il jouait avec les yeux fermés, il avait l’air si heureux, indifférent à la neige qui tombait. Alors j’ai imaginé qu’il se prenait pour un chef d’orchestre à Varsovie, et qu’il jouait une symphonie … . Voilà l’origine de la chanson. Bises à tous Vivien Vallay.




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Rugby : à Béziers, les champions de France ont leur stèle

Une stèle en hommage aux champions biterrois. (Midi Libre -Pierre Saliba)
18.12.2015 – Inauguration, ce vendredi matin, de la stèle dédiée aux guerriers biterrois de l’Ovalie.
En décembre 2013, à l’initiative de Richard Astre, ancien demi de mêlée de l’ASB et entraîneur de l’ASBH, une sculpture, dessinée en l’honneur des champions de France de l’ASB, avait été inaugurée sur le parvis de l’entrée principale du stade de la Méditerranée. Il manquait à cette stèle le nom de ces guerriers d’Ovalie qui ont écrit en lettre d’or l’histoire ovale de Béziers. C’est fait.
Ce vendredi, une dalle en métal, portant leurs noms, a été dévoilée en présence de personnalités du monde politique, sportif et bien entendu, d’une grande majorité de ces Brennus.
La sculpture a été dessinée par Perrine Vessiot, une jeune graphiste. Comme la dalle portant les noms des champions, elle est sortie des ateliers de la société biterroise Sicma.
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Construit en 1989, le stade Raoul-Barrière (ex Stade de la Méditerranée) devient la nouvelle résidence de l’ASBH en lieu et place du mythique stade de Sauclières. Le stade de la Méditerranée a été un des complexes qui servirent de cadre à la Coupe du Monde de Rugby en 1999. Actuellement, il peut accueillir 18555 spectateurs.

ASBH : Palmarès

Champion de France :
1961 – 1971 – 1972 – 1974 – 1975 – 1977 – 1978 – 1980 – 1981 – 1983 – 1984
Challenge Yves Du Manoir :
1964 – 1972 – 1975 – 1977
Champion de France Elite 2 :
2000
En 1961, l’ASB remporte le championnat de France face à l’équipe de Dax sur le stade Lyonnais. Ensuite, AS Béziers a remporté le premier trophée européen de l’histoire à Bucarest pour la Coupe d’Europe des clubs champions FIRA, le 24 juin 1962 contre le Grivita Rosie de Bucarest sur le score de 11 à 3.








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La naissance de Sauclières

Béziers au crépuscule du XIXe siècle. L’Angleterre et ses jeux sont encore loin. Ici, on pratique encore la barette, variation locale de la soule. C’est par des lycéens que se fera la transition entre le jeu du Docteur Tissié et le rugby. En 1903, une première équipe est formée autour du Football-Club Biterrois. Puis, c’est le Sporting Club Biterrois et le Midi Athletic Club qui s’unissent en 1911 pour former l’Association Sportive Biterroise. On retrouve autour du nouveau club Louis Viennet et Jules Cadenat, qui auront un impact décisif sur la vie du club.

C’est un terrain coincé entre les bords de l’Orb et le canal du Midi qui fera office à partir de 1913 de stade pour la nouvelle société. Là, à Sauclières, on aménage un terrain d’honneur pour les rugbymen, mais aussi un terrain annexe équipé d’une piste d’athlétisme et quelques courts de tennis. L’ASB est pensé comme un club omnisports, même si le rugby éclipse bientôt les autres sections.
Dans son livre “Béziers, Hérault” de Joseph Giry (1974), il est mentionné que le stade de Béziers nous rappelle le nom du Commandant Sauclières, chef de la “Compagnie de Chasseurs Nationaux” de Béziers.





Sur une initiative de Louis Viennet et de Jules Cadenat – de retour de Paris où il connut une brève carrière internationale au sein du SCUF —, l’ASB rachète en 1920 le terrain des Sauclières. 200 000 francs (30490€) sont nécessaires à l’opération. On les trouvera. Louis Viennet participe ainsi à hauteur de 20 000 francs (3049€). Mieux même, les anciennes tribunes en bois du concours hippique sont également rachetées.

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La Finale de 1921

Voici comment dans les années 1920, de bouillants supporters non dénués de verve poétique donnaient du cœur à l’ouvrage à leur équipe :
Henry quatre Bon roi de France et de Navarre
Voulait que chacun pût, si on en croit l’Histoire
Mettre tous les dimanches la poule dans son pot
Brennus roi du Rugby pour n’être point capot
Comme le Marseillais plus fort a voulu faire
Et a fait retirer par nos gars de Biterre
Le Pau qui dans la poule un peu trop le gênait.
Bravo A.S.B, ce tour tu l’as bien fait,
Le public biterrois lui, veut et te demande
Bien plus, A.S.B, il te commande
De vaincre les Tarbais, le fameux Stadoceste
C’est un bien gros morceau, il n’est pas indigeste.
Donne tous tes moyens, l’énergie, la science
Et marche droit au but Championnat de France
Pour l’honneur de Béziers et tout le Languedoc
Triomphe nettement du formidable Choc.

Si l’ASB n’est pas encore le Grand Béziers, Sauclières, grand, l’est déjà. Plusieurs demi-finales du Championnat de France s’y tiennent. Perpignanais et Toulousains s’y retrouvent même en 1921 à l’occasion de la première finale organisée par la toute jeune FFR. 20 ou 25 000 supporters se massent dans un stade qui ne devrait normalement en accueillir que la moitié. On s’arrache la moindre parcelle de tribune, de pelouse, de palissade. Le match se soldera par une victoire catalane sur le score de 5 à 0.

Les supporters des 2 équipes avaient envahi le stade six heures avant le coup d’envoi pour prendre d’assaut les places non numérotés. Des gradins de fortune faits de tonneaux de vin et de planches seront également aménagés à la va vite.

A partir des années 30, le Parc des Sports de Sauclières se modernise, s’agrandit. Des tribunes en dur garnissent les virages. Sauclières peut désormais accueillir entre 25 et 30 000 spectateurs sans avoir à grimper sur les panneaux publicitaires. Derrière l’intouchable Colombes, Sauclières est ce qu’il existe de plus impressionnant dans le rugby français. Pourtant, l’équipe première n’en est toujours pas à la hauteur. Seuls les juniors brillent. Ils seront sacrés champions de France en 1936.
Contrairement aux autres grandes villes languedociennes, Béziers, résiste plutôt bien à la tempête treiziste des années 30 (Béziers XIII ne vivra qu’une seule saison) , la citadelle biterroise tombe pourtant à la Libération. En 1945, c’est tout le club qui passe à Treize. Sauclières avec. Les derniers orthodoxes du quinze trouvent refuge chez les cheminots (ASC Béziers). En 1951, le club retrouve le chemin de la FFR.





Alors que les footballeurs tentent de convaincre la ville aux charmes du ballon rond, les rugbymen entament leur course vers les sommets du rugby français. Déjà, le début des années 1960 signe une première période faste. En 5 ans, le club accède à quatre reprises à la finale. De ces finales, seule celle de 1961 est remportée. Un prélude à l’aventure du Grand Béziers des années 1970.
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En 1968, Raoul Barrière devient entraîneur de l’équipe que l’on nomme alors “Le grand Béziers”. Sans relâche, il prépare ses jeunes joueurs aux dents longues. Dépositaire d’un jeu d’avant d’exception, le club biterrois marche sur le rugby hexagonal. La concurrence est réduite à néant. L’ASB est sacrée championne de France à 10 reprises de 1971 à 1984. Comme un rite, le bouclier de Brennus descend les allées Paul Riquet à chaque sacre au Parc des Princes.
Peut-être encore plus impressionnant, Béziers réalise trois « Grands chelems » en 1972, 1975 et 1977. A trois reprises, les 4 trophées du rugby français sont tous remportés la même année: Bouclier d’automne, Challenge Jules Cadenat, Challenge Yves du Manoir et Championnat de France.


Durant 25 ans, Sauclières reste une citadelle imprenable pour les équipes adverses. De 1959 à 1985, l’ASB ne s’incline qu’à 8 reprises sur sa pelouse. Chaque dimanche, ils sont au moins 5 000 à se retrouver en pèlerinage à Sauclières, une affluence record au regard de celle des adversaires. Toulouse, par exemple, peine à attirer à la même époque plus de 2 000 spectateurs aux Ponts-Jumeaux.


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RAOUL BARRIÈRE, LE « SORCIER DE SAUCLIÈRES » POUR L’ÉTERNITÉ

Son apport au rugby français était colossal en tant que technicien. Il fut champion une fois comme joueur et sept fois comme entraîneur. Grâce à lui, les Biterrois ont soulevé le Brennus en 1971, 1972, 1974, 1975, 1977 et 1978, plus trois Du-Manoir. Se rend-on compte que Raoul Barrière avait vécu des saisons à zéro défaites toutes compétitions confondues (1971-1972 et 1977-1978)?
Auparavant, il avait été un excellent pilier, champion en 1961 et international à une reprise face à la Roumanie en 1960. Barrière avait aussi participé à la légendaire tournée de XV de France en Afrique du Sud en 1958

Le secret de la réussite? Un entraînement sans relâche, une remise en question à chaque nouvelle rencontre; Raoul Barrière émoustille ses troupes par toutes les manières possibles ne craignant pas de recourir à des sciences sublimatoires pour forcer les cuirasses et pousser à la victoire. Les critiques vont bon train, le pouvoir fédéral comme la presse parisienne se déchaînent, prônant un rugby moins “géométrique”, mais la ténacité du club fait face et plus encore se fortifie devant ces attaques. C’est en 1978 que Raoul Barrière quitte l’ASB.

Raoul Barriere était un monument. Il nous a tant fait rêver avec le grand Béziers et ses héros. Il incarnait un Rugby de bravoure et de fraternité.
Joueur et entraîneur français de rugby à XV.
Francais, né le 3 mars 1928 et mort le 8 mars 2019.
Mort à l’âge de 91 ans.
Biographie
Raoul Barrière (dit Le Sorcier de Sauclières) né le 3 mars 1928 à Béziers et mort le 8 mars 2019 dans la même ville, est un joueur et entraîneur français de rugby à XV.
Raoul Barrière assuma avec brio le poste de pilier à l’AS Béziers de 1954 à 1963, après avoir porté les couleurs d’Aurillac de 1952 à 1954.
Il fut tout d’abord professeur d’éducation physique au lycée Henri IV de Béziers (il côtoya ainsi les tout jeunes Jean-Louis Martin, Olivier Saïsset et Jean-Pierre Hortoland), et il remporta ainsi le premier titre de champion de France de son club en 1961 (et fut finaliste en 1960 et 1962), alors que Pierre Danos était son capitaine, et Raymond Barthès son entraîneur (il sera aussi finaliste du challenge Yves du Manoir l’année du sacre de 1961, et finaliste de la 1re édition du Challenge Béguère en 1962).
Il arrêta ensuite sa carrière de joueur en 1964. En équipe de France, il fait partie de la tournée en Afrique du Sud de 1958, tournée où il dispute quatre rencontres mais ne dispute aucun des deux test-match. Il revient fortement impressionné par le jeu des avants Springboks. Il obtient sa seule sélection en test contre la Roumanie en 1960.

Devenu entraîneur à son tour en 1968 (il aura Jean Sarda, trois-quarts centre champion de France en 1971, pour adjoint durant son épopée), il se forgea alors l’un des plus beaux palmarès hexagonaux: championnat de France junior en 1968 (il reconduisit l’ossature de cette équipe pour démarrer la grande aventure biterroise en 1re division à l’aube des années 1970), puis senior en 1971, 1972, 1974, 1975, 1977 et 1978 (finaliste en 1976), et du Manoir en 1972, 1975 et 1977 (finaliste en 1973 et 1978). Il remporta également le Bouclier d’automne en 1970, 1971, 1974, 1976 et 1977 (finaliste en 1972 et 1975).
Recruté comme entraîneur par le RC Narbonne tout proche (comme Raymond Barthès en son temps) – à la suite d’une crise interne biterroise, où il se brouilla avec les dirigeants et certains joueurs dont Alain Estève -, il remporta alors un autre du Manoir, en 1984 (et finaliste en 1982), ainsi qu’une Coupe de France (appellation proprement dite) en 1985.
Il entraîna aussi le Valence Sportif de 1983 à 1987 (vainqueur du Challenge de l’Espérance en 1987, finaliste en 1984).
Soit : un total (seniors) de 6 championnats (pour 10 finales: Béziers 1+6(f:2+1)), de 4 du Manoir (pour 8 finales: Béziers 3 (f:1+2) + Narbonne 1 (f:1)), et d’1 Coupe de France supplémentaire, + 1 titre national junior.
Il est en outre l’auteur de Le rugby et sa valeur éducative, aux éditions J.Vrin en 1980.
En 1971, il obtient le Prix Pierre-Paul Heckly de l’Académie des sports, pour ses résultats comme entraîneur de l’AS Béziers.
En 2006, Raoul Barrière est fait Chevalier de la Légion d’honneur.
Raoul Barrière est mort le vendredi 8 mars 2019 à l’âge de 91 ans à Béziers (France).
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Les années 80, marquent la fin du Grand Béziers. La finale remportée de 1984 est la dernière disputée par le club. Puis, le club doit également quitter Sauclières, cœur du rugby biterrois depuis 70 ans. On propose au club une arène moderne, spacieuse, de 20 000 places. L’ASB ne peut y résister. A l’issue de la saison 1988-1989, Béziers délaisse Sauclières, au profit des seuls footballeurs de la ville.

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Alain Estève, le colosse biterrois, a fini par tomber

Le seconde ligne Alain Estève inscrit un essai lors d’un match contre le voisin narbonnais, le 28 avril 1980. D. Janin / AFP
Le natif de Castelnaudary (Aude) était l’une des figures de proue du grand Béziers, avec lequel il a été sacré huit fois champion de France (1971, 1972, 1974, 1975, 1977, 1978, 1980, 1981). Estève a porté à 20 reprises le maillot de l’équipe de France entre 1971 et 1975, remportant notamment le Tournoi des cinq nations 1973.
7.11.2023 – La figure du rugby biterrois, Alain Estève, s’est éteinte ce mardi 7 novembre, à l’âge de 77 ans. Retour sur le parcours du “grand” qui a choisi le rugby pour s’offrir une meilleure vie. Puissant, écorché, généreux… les adjectifs sont nombreux et les hommages unanimes pour saluer l’homme de mêlée mais aussi l’oiseau de nuit.
Un physique hors-normes. Et un homme hors-normes. Alain Estève, l’ancien deuxième ligne de l’ASB, s’en est allé. Le “grand”, comme on le surnommait, est décédé ce mardi 7 novembre, à l’âge de 77 ans, des suites d’un cancer dont il souffrait depuis 2 ans…
Depuis, l’émotion est palpable. Chez ses amis, dans le monde du rugby et parmi les Biterrois. Les mots s’étranglent un peu dans les gorges pour saluer, de façon assez unanime, la puissance et la singularité d’Alain Estève, mais aussi sa gentillesse, sa générosité. Un géant de 2,02 mètres qui marquera à jamais l’histoire du rugby biterrois, national, voire international. Un personnage. Qui a sans nul doute puisé sa force dans une enfance difficile et pauvre.
Services sociaux, maison de correction
Dans le livre Alain Estève, le géant de Béziers, que son ami Jean-Luc Fabre a publié fin 2021, les premières années audoises du futur rugbyman sont décrites sans détour : les services sociaux, puis la maison de correction de Millegrand où il est placé de 9 à 16 ans et d’où il tente de s’échapper. De cette période, il dit : “Pendant tout ce temps, je n’ai aucun souvenir de quelqu’un qui se soit occupé de moi. Personne ne me parlait, à part pour me punir.” Nul doute que ces moments ont forgé le sportif en devenir. Ses premières entrées sur un terrain de rugby en junior, il les fait à Castelnaudary. Avant de passer deux saisons à Narbonne et de débarquer à Béziers en 1967. George Senal, ancien joueur de l’AS Béziers de 1966 à 1980, raconte ce souvenir dans le livre : “Quand le grand est arrivé de Narbonne, on voyait qu’il était dans la misère. Il avait été éjecté de l’équipe et il semblait déboussolé. On est devenu copains rapidement. Raoul nous a immédiatement associés en deuxième ligne. On s’entendait bien parce qu’on était complémentaire. On avait confiance l’un dans l’autre …”.

Un joueur monumental qui a oeuvré pour l’AS Béziers de 1967 à 1982.
Photo issu du livre “ALAIN ESTÈVE, LE GÉANT DE BÉZIERS”.
Parcours
Alain Estève est né à Castelnaudary. Il a grandi à Pexiora, dans l’Aude. Il a commencé le rugby en junior à Castelnaudary, avant de passer deux saisons à Narbonne, puis de débarquer à Béziers en 1967. Deuxième ligne de 2,02 m, il a gagné 8 boucliers de Brennus avec l’ASB. Il a eu 20 sélections tricolores de 1971 à 1975. Et mis un terme à sa carrière en 1982. Il a par la suite géré plusieurs établissements de nuit à Béziers, Agde, Vias, Vendres…
“Je prenais des coups et j’en donnais”
Suit une carrière à l’ASB qui s’achèvera en 1982 avec au passage pas moins de huit boucliers de Brennus et vingt sélections en équipe de France. La grande époque. Mais pour Alain Estève, le rugby n’est pas une passion mais “un combat”. Á Jean-Luc Fabre, dans le cadre de la préparation du livre, il lâche ainsi : “Peut-être que derrière, eux, ils prennent leur pied. Mais pour nous, devant, c’est autre chose. Jouer pour le plaisir, c’est une vraie connerie. Des trucs de journalistes. Moi, je prenais des coups et j’en donnais. C’est tout ce que je voyais. (…) Le rugby, pour moi, c’était la gamelle. Il fallait que je m’en sorte. Ça me permettait de bouffer.” Un franc-parler et une gouaille qui l’accompagneront toute sa vie. Y compris dans le monde de la nuit qu’il a ensuite aimé fréquenter en gérant des boîtes de nuit place d’Espagne à Béziers notamment, à l’image du 218…
Bien sûr, au moment de dire au-revoir à Alain Estève, c’est davantage l’homme de mêlée que l’homme de nuit qui est évoqué. “C’est toute une époque qui s’en va. Une époque incroyable qui faisait de cette équipe de Béziers un monument dans le rugby français”, estime Jean-Luc Fabre. “Un journaliste avait écrit qu’il était “le plus bel avant de combat qu’ait produit le rugby français””. “Il était monumental sur le terrain et dans la vie”, glisse son ami, évoquant encore “un symbole de Béziers”.
Également très ému, le président de l’ASBH Jean-Michel Vidal confiait, ce mardi : “On fera un grand hommage pour le prochain match à domicile face à Dax (vendredi 17 novembre NDLR). On va lui faire l’hommage qu’il mérite.”

Un joueur monumental qui a oeuvré pour l’AS Béziers de 1967 à 1982.
Photo issu du livre “ALAIN ESTÈVE, LE GÉANT DE BÉZIERS”.
Réactions :
Jean-Michel Vidal, président de l’ASBH : “C’était un ami, une grande figure du rugby biterrois. En tant que joueur, c’était quelqu’un de respecté, un des monstres de ce jeu-là en France, si ce n’est dans le monde. Grand par la taille et grand dans le cœur. Il a eu une enfance misérable, il a joué au rugby pour se sortir de cette misère. Pour lui, c’était un moyen financier et d’évasion sociale. Il n’aimait pas plus que cela le rugby mais ça lui a permis de vivre. Après, ses qualités physiques et techniques étaient hors normes, faisant de lui un joueur respecté dans le monde entier.”
Éric Freitas, président de l’Association : “C’est une grande tristesse. Car c’était un grand homme et un grand joueur. Une figure emblématique du rugby biterrois. Mes parents l’avaient accueilli pendant plusieurs mois à la maison quand j’étais gamin. Ma mère et mon père étaient les parrains de ses enfants. Et il était mon parrain. Alain Estève, c’était la grande époque. Il n’a peut-être pas eu de carrière internationale à sa hauteur car il avait un franc-parler. C’était un écorché vif, avec une vraie parole. Il a eu des déboires dans sa vie. J’ai été son portier à l’Eden, une boîte de nuit à Béziers, pendant 4 ans … C’était un personnage avec ses excès et surtout sa gentillesse. Le club biterrois est en deuil”.
Richard Astre, ancien demi de mêlée, a joué à ses côtés pendant près d’une décennie. Il était sous le choc et affecté ce mardi : “Je suis très triste, comme tout le monde et ceux qui l’ont approché de près. C’était un frère d’armes. Un monument de joueur. Il avait des qualités physiques et une force mentale exceptionnelle. Car il avait eu une enfance particulièrement difficile, il avait souffert et a trouvé à travers le sport une reconnaissance, un équilibre, une motivation et des amis. Pour moi, c’était plus qu’un ami, on était de la même génération, on a connu beaucoup de choses ensemble qui sont gravées dans l’histoire. Il va rester dans les mémoires de tout le monde sur la ville”. Les obsèques auront lieu ce jeudi 9 novembre, à 14 h, au Pech Bleu à Béziers.
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Décès d’Alain Estève : le “Grand” est parti et avec lui toute une page de l’histoire du rugby biterrois
8.11.2023 – Figure de l’AS Béziers des années 1970, le deuxième ligne est décédé ce mardi 7novembre. Une page d’histoire se tourne.

C’est une page du rugby biterrois qui disparaît. Alain Estève est décédé, ce mardi, à l’âge de 77 ans des suites de la maladie qui le rongeait. “C’est nous qui l’avons emmené au rugby, il jouait au foot à Narbonne. Il a joué avec nous en juniors et puis en équipe première avant de partir à Béziers. On l’a affronté en finale en 1974 avec Narbonne. C’était un costaud, il n’était pas trop maladroit. Il fallait le jouer, c’était un gaillard, un phénomène”, résume Claude Spanghero, qui l’a côtoyé à ses débuts au Racing de Narbonne.
Le Grand, comme il était surnommé, avait brandi huit fois le Brennus avec le Grand Béziers. “Je me souviens d’un match face à lui, raconte l’ancien narbonnais Didier Codorniou. Je revenais de sélection avec Michel Palmié, son coéquipier à Béziers. Dans un regroupement, je tombe dans le camp biterrois. Il ne faisait pas bon tomber du mauvais côté… Et là j’entends Palmié dire à Estève : “Le petit, on le touche pas !”
“Un homme attachant”
Loin d’être un enfant de chœur sur le terrain, Alain Estève a même été classé comme le deuxième joueur français de l’histoire le plus effrayant par le journal anglais The Times. “J’ai toujours préféré faire le boucher que le veau, lançait-il en septembre 2021 à Midi Olympique. S’il n’y a pas d’intimidation, il n’y a pas de match de rugby.”
Pour autant, sous des dehors de joueur rude, se cachait un homme aux multiples fêlures, marqué par une jeunesse passée une grande partie en maison de correction. “C’était un homme attachant, qui avait du cœur, confie Didier Codorniou. Je sais qu’il était très apprécié des joueurs qui l’ont fréquenté”.
“Je l’ai vu autant grogner que pleurer, se souvient l’ancien journaliste et auteur héraultais Christian Montaignac. Il était fragile et impressionnant. Il jouait sur le rapport de force mais ce n‘était pas n’importe qui. C’était un bon joueur de ballon et un personnage sorti d’un conte de Perrault.”
L’histoire retiendra aussi cette finale entre l’ASB et Toulon en 1971, quand les Toulonnais avaient accusé Alain Estève d’avoir brisé volontairement les côtes d’André Herrero, leur meilleur joueur. “Il m’avait invité chez lui, fatalement on parle de la finale de 1971, se souvient Christian Montaignac. Les Toulonnais lui en voulaient et le traitaient d’assassin. On était dans sa cuisine et au bout d’un moment, il s’est mis à pleurer en disant : “Je ne suis pas un assassin”. Il était marqué par ça.”
“C’était un gladiateur”
“Tout était impressionnant chez lui : une gueule, un regard, un physique. Il ne passait pas inaperçu. C’était un gladiateur, se souvient Didier Codorniou, et un homme avec qui on pouvait passer de bons moments. Qui disait les choses cash. C’est ce que j’aimais en lui.”
“Il avait la stature du méchant. Déjà dans le couloir des vestiaires de Sauclières, il marquait des points. Mais ce n’était pas un salaud”, glisse Christian Montaignac. Reste le secret de la finale de 1971 contre Toulon. “Je mourrai avec mon secret, personne ne me fera parler”. Il a tenu parole.
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Mort d’Alain Estève : “un monument du rugby”, l’hommage du talonneur Alain Paco, à son ancien coéquipier biterrois
9.11.2023 – L’ancien talonneur international a joué avec Alain Estève sous les couleurs de Béziers et en équipe de France. Le joueur le plus capé de l’ASB se souvient d’un rugbyman hors pair et d’un personnage au grand coeur.
Quel mot vous vient à l’esprit quand vous songez à Alain Estève?

Un monument ! Alain était un monument du rugby, un garçon qui rassurait, sécurisait le groupe et amenait sa puissance. Je peux assurer que c’était quelqu’un de très humain et ce, malgré sa façon de se comporter qui pouvait choquer certaines personnes. Cette façon d’être était pour lui une sorte de protection. Il cherchait à se protéger par rapport à sa jeunesse qui avait été difficile. Il avait une espèce de colère envers la société.
Comment l’avez-vous découvert?
Je l’ai vu arriver de Narbonne. J’étais jeune. J’avais six ans de moins que lui. Je me souviens qu’il n’était pas très à l’aise dans ses courses. Je ne pensais pas qu’il jouerait un jour en équipe première. Mais il est finalement devenu un très grand joueur de rugby. Tout le monde met en avant sa puissance, sa férocité sur les combats. Mais il ne faut pas oublier qu’il a fini sa carrière au poste de troisième ligne aile. Il savait très bien négocier les ballons. Il avait fait des progrès énormes. À la fin de sa carrière, c’était un excellent manieur de ballons.Publicité
Il était quand même rude avec l’adversaire!
À l’époque où nous jouions ensemble, il fallait s’imposer physiquement avant de pouvoir faire du jeu. Là-dessus, il ne s’échappait pas du tout. Il était une grande force pour le groupe. C’était un joueur très rude, tout comme Armand Vaquerin ou Georges Senal. Sans ces joueurs-là, peut-être que nous n’aurions pas disputé autant de phases finales ! On ne nous marchait pas dessus car nous nous faisions respecter. En équipe de France, je me souviens d’un match contre les Bocks, il est resté KO par terre. Cela a duré deux secondes. Il s’est relevé et a repris le cours du match. Il en a mis, mais en a aussi reçu !
Alain Estève aurait-il eu sa place dans une équipe actuelle?
Largement. Techniquement, il avait le jeu de ballon. Il savait faire des deux contre un, il donnait le ballon quand il le fallait. Bien préparé, il aurait fait un malheur. J’ose à peine imaginer ce qu’il serait devenu, aujourd’hui, avec la préparation physique que suivent les joueurs. Nous nous entraînions deux fois par semaine avec une mise en place le vendredi. Avec une vie et une préparation contrôlées, Alain aurait été un joueur actuel exceptionnel. Tout comme Armand Vaquerin, il était capable de sortir toute une nuit, de disputer un match le dimanche et de faire partie des meilleurs ! Ils avaient des capacités hors normes.
Avoir Alain Estève dans sa mêlée quand on est talonneur doit être fabuleux, non?
Avec lui, on pouvait voyager en toute sécurité, aller à la guerre ! Un jour, pour remplacer Armand qui était blessé, je suis passé pilier gauche en phase finale contre Bègles. J’avais 21 ans. Heureusement qu’il y avait le Grand derrière avec Georges Senal. Ils ont réglé la circulation ! Sachant que je jouais, à cette époque, troisième ligne ou demi d’ouverture.
Quelle anecdote, sur lui, vous revient à l’esprit?
Je reviens encore à ce match contre Bègles. Cette équipe béglaise était rude. Les Béglais nous avaient pas mal embêtés en mêlée. Le Grand leur a dit “arrêtez, cela ne va pas aller” ! Ils ont continué et il fait la circulation ! Le talonneur adverse a fini KO dans les bras de son troisième ligne centre. C’est un des faits marquants du début de ma carrière.
Était-il le même joueur en club et en équipe de France?
On ne pouvait pas être le même. Dans ces équipes de France, il y avait des clans, les Basques, les Landais. Il fallait se montrer, être dans le collectif. Chacun faisait son match de son côté. Alain ne se posait pas de question. Il ne se laissait pas téléguider et quand ils ont pu l’écarter, si l’ont fait. Il aurait franchement pu être encore longtemps en équipe de France.Les obsèques d’Alain Estève auront lieu, ce jeudi 9 novembre, à 14 h, au Pech Bleu.
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L’ancien international de rugby Alain Estève, 8 fois champion de France avec Béziers et sélectionné 20 fois avec le XV de France dans les années 1970, est décédé à l’âge de 77 ans. (www.leparisien.fr/AFP)
Le natif de Castelnaudary (Aude) était l’une des figures de proue du grand Béziers, avec lequel il a été sacré huit fois champion de France (1971, 1972, 1974, 1975, 1977, 1978, 1980, 1981). Alain Estève a porté à 20 reprises le maillot de l’équipe de France entre 1971 et 1975, remportant notamment le Tournoi des cinq nations 1973.
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Le dernier au revoir de Béziers au “Grand” Alain Estève
Ce jeudi, le 9 novembre 2023, plusieurs centaines de personnes ont rendu un ultime hommage à Alain Estève. Tous garderont du “Grand”, légende de Béziers, le souvenir d’un joueur exceptionnel et d’un personnage à la vie hors du commun.

La pluie présente en début de matinée à Béziers a laissé place au soleil. Et il valait mieux. La salle du Pech Bleu n’était pas assez grande pour accueillir les très nombreuses personnes venues rendre un dernier hommage à Alain Estève. Des dizaines de personnes sont restées debout, voire dehors. “Les plus jeunes ne peuvent pas s’imaginer à quel point Alain Estève était un monument de Béziers ! Le Grand, c’était le symbole de Béziers, le totem, l’avant le plus solide”, lâche Jean-Luc Fabre, un ami de plus de 40 ans. Le XV des joueurs présents n’aurait que peu d’égal. Beaucoup de Biterrois, au fil des générations, avec des Émile Bolzan, Jean-Louis Martin, Henri Cabrol, Diego Minarro, Christophe Vilaplana, Marco Pinto Ferrer, Charly Malié et bien sûr le neveu du défunt, Jean-François Pedesseau.
Ils étaient des centaines à dire adieu à Alain Estève

Plusieurs centaines de personnes ont rendu hommage au Grand (Midi Libre – Laurent François)
10.11.2023 – Ce jeudi 9 novembre 2023 au Pech Bleu de Béziers, en présence de toute la grande famille du rugby, ont eu lieu les obsèques du Grand, comme était surnommé Alain Estève, rugbyman incontournable de la grande épopée de l’AS Biterroise.
Alain Estève était un des monuments du rugby français. Par son talent, ballon en main, sa rudesse dans le combat et sa puissance en mêlée, le Grand a marqué, à jamais, l’Ovalie des années 70-80. Huit fois champion de France avec Béziers (1971, 1972, 1974, 1975, 1977, 1978, 1980, 1981), le deuxième ligne, qui a aussi évolué en troisième ligne en fin de carrière, a porté le maillot tricolore à vingt reprises.
Malade depuis de longs mois, Alain Estève avait accepté de se confier à son ami Jean-Luc Fabre, afin qu’il puisse écrire un livre sur lui, “Le Géant de Béziers”. De quoi rappeler l’enfance et la jeunesse difficile d’un personnage attachant, dont les coups de gueule et les railleries cachaient un grand cœur.
Des centaines de personnes
Lors des obsèques de ce géant hors norme, décédé mardi 7 novembre, des centaines de personnes se sont retrouvées au centre funéraire le Pech Bleu de Béziers afin de lui rendre un dernier hommage. Il y avait, bien entendu, sa famille, ses proches, ses amis et la grande famille du rugby. Mais pas seulement ceux qui ont ferraillé sur les prés, à ses côtés, ceux qui l’ont affronté dans sa carrière, mais aussi des joueurs et des dirigeants de toutes les générations de l’AS Biterroise, devenue aujourd’hui l’ASBH.
Ce fut d’ailleurs pour beaucoup l’occasion de se retrouver, de discuter longuement, de songer au Grand, de parler ovale à tout bout de champ. Dans sa grande boîte, Alain Estève devait certainement apprécier. Il devait même chambrer comme il aimait le faire, se marrer !
Un homme sensible
S’ils étaient autant à se réunir pour le saluer c’est parce qu’Alain Estève, même si ses détracteurs aiment à rappeler qu’il avait eu des déboires avec la justice, était un sacré personnage. Un dur à cuire, un oiseau de nuit à l’impressionnante envergure et à la solide carapace qui cachait un homme sensible.
“Je l’avais vu il n’y a pas longtemps et il m’avait dit qu’il en avait assez…”, se souvenait tristement, ce mardi, un de ses amis aux obsèques. Il est parti peu de temps après.”
Il était comme ça, le Grand, quand il avait une idée dans la tête … .
(Midi Libre – Laurent François / http://www.rugbyrama.fr – Loïc Bessière)
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Rugby à XV : racontée par Jean-Luc Fabre, co-président du RC Sète, l’histoire du Géant de Béziers fait son retour

Un parcours exceptionnel raconté par Jean-Luc Fabre.
19.9.2023 – Écrite par Jean-Luc Fabre, la biographie d’Alain Estève est à nouveau disponible à la vente.
Rien de tel qu’une période de Coupe du monde pour se plonger dans les grandes heures de l’ovalie. Jean-Luc Fabre a ainsi décidé de réimprimer Alain Estève, le géant de Béziers.
Un livre fidèle et sans concessions, à l’image de l’amitié qui lie les deux hommes. Pour suivre l’incroyable itinéraire d’Alain Estève, de son enfance misérable à Pexiora jusqu’aux ors de la République. Pour se replonger également dans cet autre rugby, fait d’affrontements rugueux, de “gueules” et de sacrifices.
Passionné depuis l’enfance par ce rugby “qui n’existera plus jamais”, Jean-Luc Fabre, co-président du Rugby Club de Sète, rend ainsi hommage à l’un de ses plus grands ambassadeurs, le géant et phénoménal Alain Estève.
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Pierre Danos, ancien international français, est mort

Pierre Danos (à gauche), aux côtés du journaliste Jacques Carducci, en 1964. (L’Équipe)
16.1.2023 – L’ancien demi de mêlée de Béziers, Pierre Danos, international dans les années 1950, est mort dans la nuit de dimanche à lundi, à 93 ans.
Pierre Danos s’est éteint dans la nuit de dimanche à lundi, à l’âge de 93 ans. Il était surnommé «Dominguin», en référence aux fameuses feintes de corps du torero. Capitaine de Béziers avant les années fastes du club dans les années 1970 et 1980, il avait été un acteur important du premier Bouclier de Brennus de l’ASBH en 1961, inscrivant notamment un drop décisif face à Dax en finale (6-3).
Avant ses années biterroises (1955-1966), où il a aussi remporté le Challenge Yves-du-Manoir (1964) et connu trois autres finales du Championnat de France (1960, 1962, 1964) il avait débuté à Albi (1949-1950) et à Toulon (1950-1955). Le demi de mêlée avait ensuite porté la casquette d’entraîneur à Béziers, le temps de deux saisons (1956-1958).
Ses exploits dans l’Hérault lui avaient permis de connaître les joies du quinze de France. Sélectionné à 17 reprises entre 1954 et 1960, il avait remporté le Tournoi des Cinq Nations en 1959. Surtout, il avait participé à la fameuse tournée des Bleus en Afrique du Sud, en 1958, passée à la postérité sous la plume de Denis Lalanne dans Le grand combat du XV de France.
Pierre Danos avait défini son sport par cette célèbre phrase : “Au rugby, il y a les déménageurs de piano et ceux qui en jouent”.
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Pierre Danos est décédé dans la nuit du 15 au 16 janvier 2023. (Icon Sport)
L’ancien demi de mêlée de l’AS Béziers est décédé en 1993. Il laisse une trace bien particulière dans les mémoires, celle d’un joueur aux postures magnifiques et à la silhouette de torero.
Il était magnifique. On se plaît à penser qu’il l’est resté jusqu’au bout ou presque. Il aura donc dépassé les 90 ans. Pierre Danos nous a quittés en ce lundi de janvier réputé le plus triste de l’année. Nous l’avions découvert à l’école élémentaire à travers les pages de notre livre de lecture. C’était un extrait du “Du grand combat du XV de France” de Denis Lalanne. Nous n’avons pas retenu la phrase exacte, mais elle commençait comme ça : « Danos cria à Lacaze de …”. De se placer pour un drop, ? Un dégagement ? Une attaque face à une meute de défenseurs des Springboks ou du Transvaal assoiffés de contacts ? Autant laisser les mots courir dans notre imaginaire avant d’aller vérifier.

L’ancien demi de mêlée de Béziers et du XV de France a donc tiré sa révérence à 93 ans et de lui, nous retenons cette silhouette svelte de torero. Elle lui avait valu le surnom flatteur de Dominguin, un sacré pedigree dans une ville taurine. Son nom est resté attaché à la sous-préfecture de l’Hérault, mais il n’en était pas originaire. Il était Toulousain, mais sans jamais avoir joué au Stade, ni au TOEC. “Peu de gens savent qu’il a débuté au Toulouse Cheminots Marengo Sports” nous a rappelé notre confrère Didier Navarre, historien et même archéologue des clubs de la Ville Rose. Il avait aussi porté les couleurs de Castelnaudary, Albi et Toulon de 1950 à 1955 qui lui offrit son premier grand trophée, le Challenge Yves Du Manoir en 1954.
Mais évidemment, c’est à Béziers qu’il a laissé la trace la plus profonde, parce qu’il fit partie de la première génération couronnée, celle de Raoul Barrière joueur, de Paul Dedieu et d’André Gayraud, dit “Le facteur”. Qui n’a pas vu son drop du bord de touche de Pierre Danos lors de la finale 1961 face à Dax ne peut pas rejoindre en paix le territoire des ombres. Ce fut son chef d’œuvre absolu. Son évocation nous rappelle que le rugby moderne semble avoir banni ces drops si délicats des demis de mêlée. On se demande pourquoi. Il en avait aussi réussi un lors de la tournée 1958 au Cap au cours du premier test, assurant un match nul qui ressemblait à une victoire.
Avec Béziers, il remporta aussi le Du-Manoir 1964 face à Pau, et même une Coupe d’Europe face aux Roumains de Grivita Rosie. Mais il perdit la finale de 1962, un match superbe face à Agen sur un essai de Serge Méricq que tous les Biterrois contestèrent, Pierre jurait l’avoir poussé en touche in extremis. Il entraîne aussi l’ASB de 1966 à 1968.
Le célèbre aphorisme des joueurs de piano
Il était un brillant chef d’orchestre, auteur du célèbre aphorisme : “Au rugby il y a ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent.” Pour les générations qui lui ont succédé, il faisait figure de précurseur de Richard Astre, le demi de mêlée du Grand Béziers des années 70 à qui il ressemblait physiquement. Celui-ci confie : “C’est lui qui m’a fait venir à Béziers car il connaissait mon père qui avait lui aussi joué au Toulouse Cheminots Marengo Sports. Je savais qui il était, mais à l’époque les images circulaient moins qu’aujourd’hui. J’avais juste quelques idées de ses postures et de sa famesue élégance. Mais à Béziers il ne m’a pas entraîné car à cause d’une histoire de licence rouge, je n’avais pas le droit de joeur en première. Je me suis contenté de l’équipe juniors avec qui nous avons été champions de France sous l’autorité de Raoul Barrière.”
Avec les Bleus, Pierre Danos compta 18 sélections entre 1954 et 1960, souvent en concurrence avec Pierre Lacroix, l’Agenais, son exact contraire en termes stylistique. A leur époque, on peut le certifier, ces deux noms représentaient quelque-chose, les gens n’étaient pas gavés par la télévision. Alors, on se pressait le long des mains courantes pour les apercevoir, pour se faire sa propre idée. La drue chevelure de jais de Pierrot Danos éclatait à tous les regards, la précision de ses gestes prolongeait la magie des ces instants précieux, souvent glanés à Sauclières et à jamais évanouis.
Il était surnommé «Dominguin», en référence aux fameuses feintes de corps du torero. Pierre Danos savait éviter le danger mais ne refusait pas de s’engager. Né à Toulouse le 4 juin 1929, passé par Albi puis Toulon, c’est à Béziers qu’il fit l’essentiel de sa carrière rugbystique, capitaine et champion de France en 1961 grâce à un drop-goal dont il avait le secret, et trois fois finaliste (1960, 1962 et 1964). Avant d’entraîner l’ASB en 1967. Il vit aujourd’hui à Lamalou-les-Bains, à une trentaine de kilomètres au nord de Béziers, et vient d’y fêter ses 88 ans.
Son accent est chantant, le débit net et précis. Pendant une demi-heure, l’ancien demi de mêlée du XV de France (17 sélections entre 1954 et 1960) n’a aucune difficulté à se souvenir de sa tournée en Afrique du sud. Il termine notre échange en évoquant Toulon et ses Springboks, Botha, Matfield, Juanne Smith, Vermeulen et Van Niekerk, qui symbolisent encore aujourd’hui pour lui la qualité du jeu sud-africain. Cette tournée en Afrique du sud, la première du XV de France chez une grande nation du rugby, se solda par un succès historique en série de test-matches, exploit d’autant plus retentissant que jamais les Springboks n’avaient auparavant perdu ce genre de défi chez eux.
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Pierre Lacans, une “légende” biterroise
Pierre Lacans (dit Pierrot) est un joueur français de rugby à XIII et de rugby à XV né le 23 avril 1957 à Lézignan-Corbières (Aude, décédé le 30 septembre 1985 dans un accident de la route tout près de Narbonne (alors qu’avec l’ASB, il venait de vaincre le RC Narbonne à domicile 22–12).

Le 29 septembre 1985, Pierre Lacans, dit “Pierrot”, perdait la vie dans un tragique accident sur la route de Narbonne. Une perte dont ce n’est jamais remis le club. Retour sur une riche carrière qui parait pourtant inachevée.
Narbonne, 29 septembre 1985. Terre de joie en ce dimanche de derby. Le championnat de France de première division n’en est encore qu’à ses débuts, mais le hasard du calendrier a voulu que l’opposition Languedocienne rende son verdict tôt dans la saison. Le RC Narbonne accueille sur sa pelouse du stade de l’Eguassieral l’A.S. Biterroise, emmenée par son troisième ligne et capitaine, Pierre Lacans. Chez le voisin Audois, Béziers assume pleinement son statut de favori et l’emporte du côté de Narbonne. La joie est là dans le camp Biterrois. Et pour fêter comme il se doit la victoire dans ce derby, la suite des festivités se déroulera “à la maison”. Mais pour certains, à l’image de Pierrot Lacans qui tient un bar à Lézignan-Corbières, il va falloir partir travailler tôt le lendemain.
Nuit courte et certainement mal de tête en ce lendemain de victoire, arrosée comme il se doit. Mais ce début de semaine va marquer à jamais un tournant dans l’histoire de l’A.S. Biterroise. Non, ce n’est pas une mauvaise blague ou un effet pervers de la gueule de bois.
La nouvelle est bien réelle, bien que n’étant pas dans les journaux, et personne ne pourra rien y changer. Pierre Lacans, 28 ans, troisième ligne et capitaine de l’AS Biterroise, international Français à six reprises, cinq fois champion de France, a eu un accident de la route, tôt ce lundi 30 septembre 1985 sur la nationale 113 entre Coursan et Narbonne. L’ASB se retrouve tout à coup orpheline. Sans transition et de manière pour le moins brutale et inattendue.
C’est presque du jour au lendemain que les Biterrois se sont retrouvés guidés par l’enfant de Conilhac-Corbières. Bien avant de devenir capitaine de l’ASB en 1980, Lacans ne se destine pas au rugby à XV. Au pays des Corbières, le jeu à XIII est roi. Et il n’échappe pas à la règle. D’autant que cet « autre rugby », c’est de famille. Son père, Roger Lacans, était lui aussi joueur du FCL XIII. Ce dernier avait marqué le club de son empreinte en ne jouant que pour le club de l’Aude. Finaliste du Championnat en 1959, vainqueur de la Coupe en 1960 et champion de France en 1961, il avait porté à de nombreuses reprises le maillot de l’équipe de France en tant que pilier. Son oncle, Michel Maïque, était également joueur à Lézignan.
Il débute dans le rugby par le rugby à XIII au FC Lézignan-Corbières, ville toute proche de son lieu de naissance.
À la suite de son décès, survenu lors d’un accident de la route, son nom est honoré par un rond-point de Béziers -lieu du siège de son club-, quelques stades français et rues ou avenues héraultaises ainsi que par un trophée national des moins de 15 ans (le Challenge Pierre Lacans) créé en 1987. Une stèle Pierre Lacans est aussi érigée au Stade de la Méditerranée.
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Béziers : l’ASBH pleure Fabrice Joguet, champion en 1983 et 1984

Fabrice Joguet avait 59 ans. (D.R.)
3.5.2018 – Ancien centre de l’ASBH, titré en 1983 et 1984, Fabrice Joguet est décédé d’une crise cardiaque.
Il était natif de Bourgoin où il a découvert le rugby. Mais l’essentiel de sa carrière, il l’a effectué à Béziers au centre de l’attaque héraultaise où il a participé au double titre de champion de France en 1983 et 1984 et à la conquête de la Coupe de France en 1986 face au Stade aurillacois.
Une crise cardiaque à 59 ans
A 59 ans, Fabrice Joguet a été emporté par une crise cardiaque. Kinésithérapeute de formation, il avait porté à plusieurs reprises le maillot de France universitaire.
Reconverti dans l’hôtellerie, il gérait un établissement à Sallanches (Haute-Savoie).
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Raoul Barrière, entraîneur de la grande équipe de Béziers, est mort

Raoul Barrière avec Richard Astre en 1978. (L’Équipe)
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8.3.2019 – Raoul Barrière est mort vendredi à l’âge de 91 ans. Dans les années 1970, il entraîna la mythique équipe de Béziers qu’il emmena six fois au titre de champion de France.
Celui que les connaisseurs surnommaient « le Sorcier de Sauclières » s’est éteint vendredi à l’âge de 91 ans. Pilier international (une sélection en 1960) – il était de la tournée de 1958 en Afrique du Sud – Raoul Barrière, champion de France en 1961 comme joueur, est surtout connu pour avoir construit comme entraîneur ce que l’on appelle « le grand Béziers », club champion de France à six reprises entre 1971 et 1978 sous sa férule.
Raoul Barrière, c’est surtout une approche novatrice du jeu de rugby basée sur les préceptes du Lucien Mias, deuxième-ligne de Mazamet et capitaine du XV de France dans les années 50, méthode conceptualisée par Pierre Conquet dans son ouvrage de référence, « Les Fondamentaux du rugby ». À savoir la prise immédiate de la ligne d’avantage par les avants derrière les phases de conquête ou le premier centre dans l’axe du terrain dans le but de faire reculer la défense pour la déstabiliser et mieux la percer ou la contourner. En ce sens il a été un précurseur en France.
Il a aussi été le premier, avec l’AS Béziers, à instituer dans les années 70 les entraînements quotidiens, les tests sanguins et la sophrologie. Professeur d’éducation physique, il n’a jamais cessé de réfléchir à l’évolution du jeu. Après Béziers, il a entraîné Millau, Narbonne et Valence avant de se retirer non loin du stade de la Méditerranée.
Quand nous lui avions rendu visite, il y a trois ans, il nous avait confié son regret « de ne pas avoir entraîné l’USAP », lui né à Béziers de famille catalane, élevé à la dure et fier de ses racines. Pédagogue, éducateur, entraîneur et chercheur, jusqu’au bout Raoul Barrière sera resté au contact du rugby d’aujourd’hui, intéressé par les différentes avancées tactiques.
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MORT DE JACK CANTONI, LA LÉGENDE DE L’AS BÉZIERS

25 juin 2013 – Jack Cantoni, le légendaire ailier de l’AS Béziers, est décédé cette nuit.
Sept champion de France avec l’AS Béziers, l’ancien ailier international Jack Cantoni est décédé cette nuit des suites d’une longue maladie.
Il fut l’une des légendes du rugby français et bitérrois dans les années 1970 : Jack Cantoni est décédé dans la nuit de lundi 24 juin à mardi 25 juin 2013, des suites d’une longue maladie. Appelé 17 fois sous le maillot de l’équipe de France, deux fois vainqueur ex-æquo du V Nations, « la Truite » a surtout soulevé sept fois le Bouclier de Brennus (de 1971 à 1980) avec la légendaire équipe de Béziers, entraînée par Raoul Barrière. En 1971, son drop de 48 mètres en coin permit d’arracher un match nul historique à Durban face à l’Afrique du sud.
Fils d’un ancien champion du monde à XIII, Cantoni était surtout connu pour sa vitesse et ses crochets imprévisibles. Pour son premier titre de champion de France, l’arrière ou ailier est notamment à l’origine d’un essai de 100 mètres de Séguier ayant anéanti les espoirs du RC Toulon,, qui menait 9 à 6 en fin de match. « Canto » fut d’ailleurs l’investigateur de ce genre de relance que mettra à la mode Serge Blanco quelques années plus tard. Il finit sa carrière de joueur à Bédarieux pour deux saisons avant de reprendre, un temps, les rênes de l’AS Béziers en tant que co-entraîneur.
En 2007, Midi Libre s’était intéressé à celui qui « cassait ses crampons à la base quand il faisait un crochet » dixit Raoul Barrière. Jack Cantoni confiait alors être venu au rugby presque par hasard puisque malgré une famille de rugbymen, lui avait une préférence… pour le football : « Un commissaire de police toulousain est passé un jour au bistrot de mon père. Il lui a dit qu’il cherchait un bon ailier. Mon père lui a répondu : « Hop, t’en as un là . » Tout est parti de là. » Comme quoi, les plus grandes carrières ne tiennent pas à grand-chose. Le Rugbynistère salue la mémoire de ce formidable joueur et présente ses condoléances à sa famille.
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Les secrets de l’ancien rugbyman biterrois, Jean-Louis Martin : “Une aventure merveilleuse“

3.6.2019 – Dans son livre, Jean-Louis Martin, l’ex pilier de l’ASB parle de sa carrière. Anecdotes, secrets de vestiaires… il se raconte.
Dans son ouvrage, l’ancien pilier droit, qui a vécu la grande épopée du rugby biterrois, fait entrer le lecteur dans le secret des vestiaires. Il raconte les finales de l’ASB, les titres, ses joies, sa carrière d’international, mais aussi ses peines, sa vie professionnelle, les coups bas, la politique, sa foi… Jean-Louis Martin se livre en toute franchise et droiture. Quitte à faire grincer les dents de certains
Pourquoi écrire un livre ?
Cela fait des années que j’avais en tête cette idée. J’ai vécu une aventure merveilleuse et j’avais des anecdotes à raconter. Au début, j’ai voulu le faire seulement pour ma famille, mes petits-enfants. Puis, finalement, j’ai décidé de le publier.
Comment êtes-vous venu au rugby ?
J’ai débuté en 1963, en cadet scolaire, au lycée Henri-IV, avec Raoul Barrière comme entraîneur. Jusque-là, j’avais joué au football à la Jeunesse sportive biterroise, un club de patronage. J’étais un peu limité au football et on m’a trouvé une place de pilier au rugby. J’y ai aimé l’esprit du jeu dans le cadre d’un combat collectif, le côté festif. Il y avait des bagarres et j’avais parfois peur. Mais j’ai rejoint l’ASB. Surclassé en juniors, nous étions entraînés par Félix Lacrampe. Il y avait déjà Georges Senal, les frères Villaz, Gérard Lavagne, Claude Saurel, Henri Cabrol.
C’est une génération de joueurs qui est montée !
Il y a eu aussi l’arrivée de gars un peu plus vieux que nous, comme les Sétois, Yvan Bunomo, Jean-Pierre Hortoland. Il s’est greffé des Audois, Alain Estève et Joseph Navarro et deux Toulousains, Richard Astre et Jack Cantoni. C’est l’équipe qui a été championne de France juniors en 1968. J’en étais capitaine.
Pourquoi être parti à Toulon de 1974 à 1976 ?
J’avais fait des études de physique, mais je n’avais pas de travail à Béziers. Toulon est venu me recruter et m’a proposé un poste d’entraîneur-joueur ainsi qu’un travail d’ingénieur stagiaire à l’Arsenal. Ce qui était d’ailleurs une fausse promesse ! Finalement, j’ai joué la finale de 1974 avec Béziers et dans l’euphorie du titre, me sentant bien dans le groupe, j’ai décidé de ne plus partir. Mais entre-temps, les dirigeants toulonnais ont traité avec Béziers qui m’a jeté et je suis parti deux ans à Toulon !
Et comment êtes-vous revenu à Béziers ?
Ma famille, le groupe et le club me manquaient. Malgré des avis divergents, dont celui de Raoul qui disait que j’étais vieux et fini, je suis revenu car il manquait un pilier droit à Béziers. Et j’ai joué jusqu’en 1984.
Avec Raoul, nous ne nous sommes plus parlé, mais cela n’a pas déteint sur le groupe
Comment est né votre conflit avec Raoul Barrière ?
C’était une affaire de personnalités. Raoul était un ascète, dur, grande gueule. J’étais un jeune bringueur, étudiant, paillard et capitaine de l’équipe. Nos personnalités n’avaient rien pour s’accorder. Mais le conflit date surtout de 1970. Le 15 août, il y avait un match organisé contre Toulon, à Grasse. Nous sommes partis le 14 et nous avons déjeuné, en route, à Aix-en-Provence. Après le repas, Richard Astre et Alain Estève sont allés faire un tour dans Aix.
Nous sommes remontés dans le car avant qu’ils ne reviennent. J’étais au fond. Nous tapions le carton. Raoul a demandé au chauffeur de partir et on a laissé les deux retardataires. Comme c’était moi le capitaine, les gars qui étaient à l’avant du car sont venus me chercher en me disant qu’on avait oublié Richard et le “grand”. J’ai demandé à Raoul que l’on fasse demi-tour pour aller les chercher. Il m’a répondu que c’était hors de question. Il y a eu une grosse engueulade entre lui et moi et nous ne sommes pas revenus. Heureusement pour nous, ils ont réussi à venir nous rejoindre en auto-stop !
L’histoire s’est arrêtée là ?
Non. Le soir, la colère est montée contre Raoul Barrière et ses méthodes de management. En tant que capitaine, j’ai pris la tête de la cabale en suggérant que Pierrot Danos pourrait très bien le remplacer. Puisque tout le monde était d’accord, une réunion a été fixée au mercredi suivant, après l’entraînement. Le but était ensuite d’aller tous voir le président et de lui demander la tête de Raoul. Sauf que le lendemain, nous avons fait un gros match face à Toulon et la colère s’est un peu apaisée. La réunion a quand même été maintenue.
Et ce fut un camouflet…
Quand j’ai pris la parole, le mercredi, j’ai senti qu’il y avait un certain flottement dans l’assistance. Nous avons voté à main levée. En plus de la mienne, il n’y en a eu que trois autres pour voter pour le départ de Raoul, celles de Jack Cantoni, de Claude Saurel et de Gérard Lavagne ! Raoul a dû le savoir dans le quart d’heure qui a suivi. Ensuite, nous ne nous sommes pratiquement plus jamais parlé. Quand il a pu me filer le coup de pied de l’âne, il l’a fait. Mais ce conflit n’a jamais déteint sur le groupe.
D’autres joueurs sont aussi montés au créneau contre Raoul Barrière.
En 1978, pour la finale contre Montferrand, il y avait concurrence entre cinq troisièmes lignes, Christian Pesteil, Pierre Lacans, Alain Estève, Olivier Saisset et Jean-Luc Meiser. Pour les matches éliminatoires, ce n’est pas l’entraîneur seul qui constituait l’équipe, mais une commission dans laquelle siégeaient Raoul Barrière, Émile Bolzan, Félix Lacrampe, Louis Angéli, Richard Astre, Olivier Saisset et moi-même.
Le vote a donné 7 voix à Saisset, 4 à Estève, 4 à Pesteil, 3 à Meiser et à Lacans. Ce n’était pas le choix de Raoul. Il ne comptait pas titulariser Estève. L’équipe est ensuite partie en tournée au Canada, où le “grand” a pris la tête du groupe. Il savait que Raoul avait voulu le faire sauter et il lui en voulait. Raoul a d’ailleurs demandé sa tête. Il y a eu un vote, mais tout le monde a soutenu Estève et c’est Raoul qui est parti.
Combien de fois avez-vous été international ?
Je l’ai été à quatre reprises. J’ai gardé un peu d’amertume de ce passage en équipe de France car j’ai été viré et je n’y ai plus accédé. On m’avait un peu trop monté au pinacle. La presse avait fait de moi le futur capitaine de l’équipe de France. Mais j’ai déçu car je n’ai pas tenu suffisamment le rythme. Je ne m’entraînais pas assez à cette époque-là.
Comment êtes-vous devenu président de l’ASB ?
J’ai présenté ma candidature trois fois. Elle a été rejetée à deux reprises. C’était très politique. À cette époque, la mairie était derrière le club. En sachant que le RPR et la franc-maçonnerie étaient tout-puissants à Béziers et tiraient les ficelles. Je suis finalement devenu président en 1988. Ensuite, Michel Palmié a été co-président avec moi et j’ai pris en main la direction sportive. J’étais très souvent sur le terrain. En 1991, nous avons joué la demi-finale, perdue de justesse, contre Bègles (12-13). Mais surtout, nous avons eu le titre de meilleur club de France. C’est, pour moi, la dernière grande année du rugby biterrois.
On a aussi parlé de vous à la tête de l’équipe de France…
Fin 1991, Jean Fabre devait succéder à Albert Ferrasse. Il m’a contacté et m’a demandé de devenir directeur sportif de l’équipe de France. J’ai accepté et l’information a été reprise dans le quotidien L’Équipe alors que rien n’était encore fait. Or, au dernier moment, Jean Fabre a été blackboulé et Bernard Lapasset est devenu président. J’ai été déçu. J’avais annoncé que je quitterai mes fonctions à l’ASB et, en 1992, j’ai arrêté. Gilbert Lautier m’a succédé. Je suis quand même resté membre du comité directeur.
Pourquoi vous lancez-vous en politique, en 1977 ?
C’est en partie venu de mes opinions de gauche, de centre gauche. Mais il est vrai que je rêvais de faire une carrière politique. J’ai été conseiller municipal de Paul Balmigère entre 1977 et 1984.
Suivez-vous toujours les matches de Béziers ?
Je m’y intéresse toujours, même si la passion est un peu tombée. Je continue à aller au stade, je suis dans la loge des anciens.
Je garde de l’amertume de l’équipe de France car j’ai été viré et je n’y ai plus accédé
Que pensez-vous du rugby actuel ?
À haut niveau, c’est un rugby dur. Je ne l’aime pas trop. Il y a beaucoup de choses qui ne me plaisent pas. Je n’apprécie pas, par exemple, les remplacements de joueurs. À l’époque, le combat durait 80 minutes et le dernier quart d’heure était un réel plaisir ! Le rugby actuel s’apparente un peu à du treize. Et il souffre d’un manque cruel de formation. On ne met pas suffisamment de moyens dans la formation.
Que faite vous de vos journées ?
Je marche beaucoup chaque matin. Je vais, chaque jour, me balader au bord du Canal. L’après-midi, je lis beaucoup. Nous avons aussi une maison au Cap-Ferret, sur le bassin d’Arcachon et dès qu’il fait beau, nous y allons.
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Stade de la Méditerranée

En 1989, l’Association Sportive Biterroise fait donc la découverte d’une nouvelle enceinte: le Stade de la Méditerranée. Un stade de 20 000 places signé de l’architecte Jean Balladur (cousin de l’ex-futur Président de la République) et dont l’architecture en tout point atypique peut évoquer selon les points de vues aussi bien un coquillage qu’un ballon de rugby et pour d’autres, absolument rien.

La Méditerranée doit également permettre à la ville de Béziers d’accueillir sur son sol de grands événements, à commencer par les XXe Jeux méditerranéens censés se tenir en 1993 dans la région. Il n’en sera finalement rien, la ville refusant de financer une partie des coûts de l’organisation. Mais la Méditerranée en verra d’autres.
En 1991, le stade accueille une première fois la Coupe du Monde de Rugby à l’occasion d’une victoire française en phase de poule sur la Roumanie (30-3). L’événement majeur du rugby mondial reviendra encore en 1999 avenue des Olympiades, cette fois-ci, pour deux rencontres de phase de poule dont un Fiji-Namibie et une nouvelle victoire du XV de France sur le Canada (33-20).


Egalement, on peut citer la finale de la première édition du Challenge Européen et son duel franco-français entre Bourgoin et Castres (18-9). Une demi-finale de H-Cup entre Castres et le Munster (17-25) en avril 2002 avec à la clef un record d’affluence porté à 20 300 spectateurs. Une demi-finale du Championnat de France 1990 entre Toulouse et le Racing (14-21), ou encore la venue des All Blacks le 4 novembre 1994 pour y affronter une sélection du Languedoc-Roussillon.

Pensé pour porter le renouveau du rugby héraultais, le Stade de la Méditerranée sera de fait le fossoyeur de tous les espoirs de l’ASB – devenue AS Béziers Hérault -. Dès 1994, le club biterrois chute une première fois en Division 2, puis une deuxième en 1999, et encore en 2004. Suprême déshonneur, le club est même rétrogradé en Fédérale à l’issue de la saison 2008-2009. Des performances tellement éloignées des attentes des supporters qu’elles ne peuvent qu’alimenter la nostalgie de Sauclières, là où le club semblait invincible.
Tandis que son club chutait toujours plus bas, la municipalité biterroise menait à bien une série de travaux en 2006, 2007 et 2008. Ce sont d’abord 20 loges d’une quinzaine de places qui sont apparues dans les tribunes ainsi que 2 loges latérales de 41 places, puis une brasserie de 430 m² a été aménagée en tribune d’honneur, et enfin une bodega a été installée sous la tribune de face. Au sortir de ces travaux, la capacité de l’enceinte n’est plus de que 18 555 places, dont 16 110 assises.
Après deux saisons en purgatoire, l’ASBH emporte à la dernière minute la demi-finale face à Tyrosse et obtient son billet pour le championnat Pro D2. Au terme d’une finale de Fédérale 1 très disputée Béziers s’impose 13 à 6 face à Périgueux, les supporters exultent, l’ASBH fête son titre de champion Fédérale 1 (2011). Une nouvelle page de l’histoire du club se tourne, de nouveaux dirigeants restructurent et assainissent l’ASBH, Cédric Bistué est nommé nouveau président de la SASP Béziers Rugby .
La Ville et l’Agglo derrière le club

Lors de la réunion, Robert Ménard a confirmé que la Ville et l’Agglo seraient au soutien de l’ASBH. Afin que le club passe le cap de la DNACG, chaque entité a d’ailleurs versé 200 000 €, soit un total de 400 000 € : “Si nous n’avions pas amené cet argent, le club aurait été relégué, a relevé le maire. Je sais que je dis le contraire de ce que j’avais annoncé, il y a plusieurs semaines. Mais on ne peut pas fermer les yeux et laisser tomber. En sachant qu’indirectement, la Ville sera actionnaire de l’ASBH par le biais de la SCIC qui va permettre de recapitaliser le club. C’est un nouveau départ.”
Avec une équipe motivée qui ne comprend toujours pas pour quelles raisons, certains supporters ne se rallient pas à leur cause. D’autant que “tous les anciens dirigeants ont démissionné”, regrette un dirigeant qui désespère de voir croître le nombre d’abonnés.


Le 07.09.2020, en assemblé générale extraordinaire, le président du directoire est Jean-Michel Vidal. Sont membres à ses côtés, Bruno Boivin et Didier Miquel. Le conseil de surveillance est présidé par Mickaël Guedj. Les autres membres : Robert Ménard, Hervé Billaud, Cédric Braida, Christophe Adriet, Éric Freitas (représentant de l’association ASBH).
D’un point de vue administratif et financier, les nouveaux dirigeants de l’ASBH commencent à voir le bout du tunnel. Certes, il demeure pas mal de travail à accomplir.
Mardi, 10 août 2021 : La Ville de Béziers est le nouvel actionnaire majoritaire de l’ASBH, une première dans l’histoire du rugby
La salle du conseil municipal de l’Hôtel de Ville de Béziers a été, mardi 10 août, le théâtre d’une annonce inédite dans le monde du rugby professionnel. Entouré par les deux présidents du club, Jean-Michel Vidal et Michaël Guedj, devant les nouvelles recrues et le staff technique de l’ASBH, Robert Ménard a expliqué que la Ville venait, par le biais d’une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), de racheter 68,89 % des actions du club, détenues jusqu’alors par la société Passion Ovalie. “Je m’intéresse au club au point d’avoir pris des décisions uniques dans l’histoire du rugby professionnel, clame Robert Ménard devant l’assistance composée également de supporters. Le club de Béziers est tellement important à mes yeux et pour les Biterrois qu’il était inenvisageable qu’il perde son statut professionnel.”

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La vieille dame de Béziers ou le stade des Sauclières
La dame de Béziers
Fut jadis grande Dame
Elle a perdu son charme
Et de ses yeux si beaux
Coulent parfois des larmes
Mouillant ses oripeaux…
… La dame de Béziers
Eut de belles années. »
A présent, il lui sied
D’être presque fanée.
A présent, il lui sied
De recevoir sans cesse
Visite de l’Huissier,
Dont les exploits la blesse…
La dame de Béziers
Seule à présent sans garde
Et sans page fripon,
Elle vit en clocharde
Et couche sous les ponts.


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Histoire – Armand Vaquerin, trente ans de la mort d’une légende de Béziers

Armand Vaquerin, au centre, avec la France (Midi-Olympique - Photo Archives)
10.7.2023 – Il y a trente ans jour pour jour. Armand Vaquerin est mort le 10 juillet 1993 en fin de matinée dans “le bar des amis” à Béziers. Il aurait perdu au jeu de la roulette russe.
La mort d’un grand nom du club et de la ville de Béziers et d’un des personnages les plus marquants du rugby français dans les 70’s et les 80’s.
Le 10 juillet est un jour particulier à Béziers. Chaque année, beaucoup ont une pensée pour Armand Vaquerin. Le 10 juillet 1993, l’ancien pilier gauche décède au bar des Amis. Pour Richard Astre, c’était hier. Roulette russe ou pas, la vérité précise sur les circonstances de son décès ne sera sans doute jamais établie. Qu’importe. Il y a plein d’autres choses à écrire sur Armand Vaquerin. Né à Sévérac-le-Château, dans l’Aveyron, il était un formidable joueur de rugby. Capable de jouer à gauche comme à droite de la mêlée, il prend la place de gaucher à Jean-Pierre Hortoland, qui s’exilera de l’autre côté de la frontière, comprenez à Narbonne. Pendant seize années, il sera le numéro un du “Grand Béziers”. Si dans cette période les joueurs de Béziers n’étaient pas vraiment des enfants de chœur, avec les Michel Palmié, Alain Estève et compagnie, ils étaient aussi des formidables joueurs de rugby. Armand Vaquerin n’échappe pas à la règle. Richard Astre, alors demi de mêlée de l’ASB, rappelle à quel point son coéquipier adorait être le premier attaquant, à une époque où les premières lignes servaient uniquement à pousser en mêlée et faire le ménage dans les rucks. Une innovation au crédit de l’entraîneur Raoul Barrière. Le Sorcier de Sauclières et Armand Vaquerin entretenaient d’ailleurs une relation singulière.
Pilier moderne avant l’invention de ce sobriquet par les spécialistes, Armand Vaquerin ne compte que 26 sélections avec les Bleus. En 1975, une blessure contractée en finale contre Brive le prive de la tournée en Afrique du Sud. Un tournant ? Peut-être. Mais peu de joueurs de Béziers ont eu une carrière longue et régulière sous le maillot bleu. Étonnant, avec notre œil habitué au rugby moderne, et à la vue du XV de France actuel, composé d’une bonne partie de joueurs toulousains et rochelais. Et le “Grand Béziers” c’était quand même dix championnats remportéen quatorze saisons, est-il nécessaire de le réécrire ? Et un seul joueur a ramené les dix boucliers de Brennus sur les Allées Paul-Riquet : Armand Vaquerin. Les records sont faits pour être battus. Sauf celui-là.
Proche des Biterrois
Dans la cité biterroise, beaucoup ont une anecdote à raconter sur Armand Vaquerin. À commencer par ceux qui l’ont côtoyé, comme Diego Minarro : “Armand portait des valeurs d’humilité, de remise en question permanente, d’abnégation et une certaine admiration dans la jeunesse qui montait. C’était notre papa. Si on avait pris un coup il passait à côté de nous et nous disait : “Relève-toi, ne montre pas que tu as mal.” Quand j’ai soulevé mon premier bouclier, en 1983, il voulait que je reste à côté de lui pour voir ma réaction, lui qui en avait neuf”, confie l’ancien talonneur. Il le confesse, décrocher son combiné pour évoquer la mémoire de son ancien partenaire est toujours un moment agréable. Richard Astre tient le même discours.
Mais Armand Vaquerin c’est aussi de nombreux moments de communions avec les gens de sa ville, Béziers. Il y a les soirées dans ses bars, Le Mondial ou Le Cardiff. Mais aussi les verres et cafés partagés, les discussions, une tape sur la main. “Armand de Béziers”, dixit le Roi Richard, est sociable, accessible, ce qui contribue à sa légende. Le 10 juillet 1993, revenons-y. Le moustachu est au bar des Amis, 3 rue Léon Garibaldi. Une détonation retentit, le corps de l’Aveyronnais s’écroule. Plusieurs explications circulent encore aujourd’hui sur le pourquoi du comment de ce coup de feu fatal, la roulette rousse restant la plus souvent donnée. Le journaliste biterrois Alexandre Mognol a consacré deux podcasts à la mort du pilier. “Le Canon sur la tempe” puis “La Dernière Tournée”. À chaque fois, c’est un an de travail. “Localement, cette histoire a marqué les gens. À Béziers, il y a un traumatisme quand Armand décède”, explique-t-il.
Une mémoire encore vivante
Né en 1991, il n’a jamais vu jouer Armand Vaquerin, n’a jamais parlé avec lui. Mais l’histoire d’Armand Vaquerin se conte et se transmet. “J’ai grandi avec, comme tout enfant de Béziers. Tu es un enfant de Béziers, donc tu dois savoir qui c’est. On grandit avec le rugby, le grand Béziers et donc avec l’histoire d’Armand Vaquerin, fer de lance de cette équipe.” Mais avec les podcasts d’Alexandre Mognol, Armand Vaquerin dépasse la sphère biterroise et même de la planète ovale. Par exemple, le site Slate l’a placé dans ses dix podcasts préférés de l’année 2022.
Les joueurs du “Grand Béziers” sont des personnalités publiques. Il n’est donc pas surprenant de voir que chaque village autour de la cité biterroise a sa rue Pierre Lacans. Armand Vaquerin, lui, a une avenue à Béziers, proche du stade Raoul-Barrière. Devant le stade, côté tribune Honneur, une statue d’Armand Vaquerin soulevant le bouclier de Brennus accueille joueurs et supporters, entourée des photos des onze équipes biterroises championnes de France et devant une plaque avec les noms de tous les joueurs ayant ramené un bout de bois dans le sud de l’Hérault. Le club fait savoir par la voie de son coprésident Jean-Michel Vidal que rien ne sera fait ce 10 juillet à l’attention de son ancien pilier. En revanche, il annonce que l’ASBH se joint à l’hommage qui lui sera rendu sur ses terres natales, lors de l’annuel Challenge Vaquerin. Pour la première journée de Pro D2 et l’affiche Béziers-Angoulême, le club travaille sur un hommage. Un juste retour des choses pour un homme, un joueur prêt à tout donner pour son club et sa ville. Trente ans après, il y a toujours autant à dire et à écrire sur Armand Vaquerin.
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Béziers avec les supporters

Thierry Rouanet et Mayeul Thomas avec un des Brennus qui sera installé dans l’allée des Brennus (L.F.)
5.6.2021 – Des animations pour les enfants à chaque match, des rencontres, des soirées autour d’ex-champions de France… Un nouveau club de supporters voit le jour et entend créer une nouvelle dynamique.
Depuis des mois et tout au long de la saison, les dirigeants de l’ASBH et la Ville ont réfléchi à un réaménagement et à un embellissement du stade Raoul-Barrière. De quoi faire naître l’idée d’une restructuration autour des Brennus, de tous ces champions de France qui ont écrit les plus belles lettres de noblesse de l’AS Biterroise qui, en quinze finales, a décroché la bagatelle de onze titres.
Les loges, les entrées des tribunes, les couloirs, les salons… par le biais de visuels, ou encore d’archives vidéos, les onze boucliers de Brennus et ceux qui les ont glanés seront mis à l’honneur.
Trois inconditionnels de l’ASBH
L’idée a germé l’été dernier. Et n’avait pas manqué d’attirer l’attention, entre autres, de Mayeul Thomas, Thierry Rouanet et Richard Bonany. Ces trois inconditionnels de l’ASBH ont sauté sur l’occasion pour travailler autour du projet : “Nous avons mis en place des idées d’événements, relève Mayeul avec enthousiasme. Le but est d’apporter une certaine dynamique au niveau des supporters, de les impliquer autour de ces différents événements.”Publicité
Pas question pour le nouveau club de marcher sur les plates-bandes de qui que ce soit : “Nous n’allons pas nous mettre à jouer de la musique, comme la banda Mescladis, sourit Thierry. On ne va pas, non plus, se lancer dans la confection de tiffos, ce que fait très bien Rugbiterre ! Nous sommes là par passion du club et nous voulons simplement proposer, en collaboration avec tout le monde, de nouvelles animations. Le but est d’impliquer les supporters autour des Brennus, d’utiliser le passé glorieux du club pour s’en servir de lien.”
Il a été décidé de choisir un parrain pour chaque bouclier de Brennus, le président d’honneur de la structure étant Richard Astre. L’association sera donc articulée autour de onze entités. Chaque Brennus étant parrainé par un champion de France : 1961, Émile Bolzan ; 1971, André Lubrano ; 1972, Élie Vaquerin ; 1974, Henri Cabrol ; 1975, René Séguier ; 1977, Michel Fabre (qui détient toujours le record du monde du nombre d’essais marqué en un match : il en a inscrit 11, en 1979, face à Montchanin, Béziers ayant gagné la partie 100-0) ; 1978, Henri Mioch ; 1980, Patrick Fort ; 1981, Philippe Escande ; 1983, Diego Minarro ; 1984, Jean-Marc Cordier.
Les enfants et les familles n’ont pas été oubliés
La nouvelle association entend aussi faire venir les familles au stade. Et donc divertir les enfants. C’est ainsi qu’est née l’idée de la kermesse de Lou camel : “Il s’agit d’un village d’animations d’avant match, dédié aux enfants, explique Mayeul Thomas qui travaille dans l’événementiel. Il y aura quatre à cinq stands comme dans les kermesses. Bien entendu, ce sera gratuit.”
Jeu de la touche, le tchic-chac de Camelou… Toutes ces animations qui seront installées derrière la tribune de face, auront pour thème l’Ovalie. Un stand de Project rescue ocean permettra également de sensibiliser les jeunes à la protection de l’environnement.
En jouant, les enfants cumuleront des points. Le vainqueur aura le privilège d’accompagner Lou camelou, la mascotte de l’ASBH, lors du coup d’envoi de la rencontre.
Et les plus grands ne demeureront pas sur la touche, lors de ses avant-matches : “Il y aura, aussi, une animation que nous avons intitulée “Au cœur de la finale”, note Thierry Rouanet. Un champion de France reviendra sur le match en question. Il aura un micro, racontera la partie. Des images de la rencontre seront affichées sur un écran. Le but est de pouvoir permettre aux gens de vivre les finales de l’intérieur. Le Brennus pourra être accompagné d’autres joueurs, voire d’adversaires.”
L’association compte aussi permettre aux gens de vivre leur passion de l’ASBH en dehors du stade. Elle envisage notamment d’organiser un repas aux halles du centre-ville, en collaboration avec les commerçants et les restaurateurs des lieux, “en invitant nos adhérents et les anciens joueurs du club”.
De quoi “partager avec les Brennus” dans une ambiance de troisième mi-temps, à laquelle l’incontournable banda Mescladis sera, bien entendu, conviée pour donner le ton des débats ! “Nous en profiterons pour organiser une tombola, où il y aura à gagner un maillot ou encore un ballon dédicacé, annonce Mayeul Thomas. Et pourquoi pas, aussi, organiser des événements dans d’autres lieux de la ville, par exemple sur les allées Paul-Riquet.”
Une page Facebook dédiée
Le projet de conférences-débats avec les anciens est aussi à l’étude par les responsables de la nouvelle association.
Pour les informer ou donner rendez-vous à leurs membres et à tous ceux qui voudront se joindre à eux, les Brennus communiqueront par le biais d’une page Facebook.
L’adhésion au club donnera droit, entre autres, à un polo de l’équipe correspondant au Brennus choisi, ou encore à des invitations à certains matches.
“Les anciens ont raccroché leurs crampons mais leur passion pour le club est la même et ils ont toujours un rôle à y jouer”, savoure Thierry Rouanet.Contact : lesbrennus@gmail.com
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Pour info :
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Coupe du Monde de Rugby. Quand Charles Brennus a sauvé l’ovalie française
Son nom résonne comme un mythe au sein de l’ovalie hexagonale, mais bien peu savent que Charles Brennus, créateur du célèbre bouclier est originaire de l’Eure-et-Loir !
Dans le monde du rugby hexagonal, l’évocation du “Bouclier de Brennus”, c’est celle du trophée du championnat de France de rugby à XV, le Top 14.

Brennus Ambiorix Crosnier, plus connu sous le nom de Charles Brennus, voit le jour le 30 novembre 1859 à Châteaudun en Eure-et-Loir.
C’est un sportif pratiquant éclectique et convaincu, particulièrement passionné par le rugby. Investi dès 1896 dans la gestion de l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques, il y préside la commission rugby jusqu’à la création en 1919 de la Fédération Française de Rugby, dont il sera le président d’honneur.
Et puis Charles Brennus est médailleur professionnellement. Un artisan maître graveur qui dirige ses propres ateliers et magasins de médailles, coupes et objets d’art.Il va réaliser trois boucliers. Trois boucliers offerts et dessinés par Pierre de Coubertin. Les deux premiers sont créés en 1892, pour la longue paume (un sport de raquette collectif pratiqué surtout dans les Hauts de France) et le rugby, le troisième en 1907 pour le football. Ce sont tous les trois des sports d’équipe et c’est peut-être la raison qui a motivé Pierre de Coubertin à financer ces trophées à vocation nationale. Par contre, si le « Brennus » du rugby est aisément identifiable, les deux autres sont quasi identiques.
Le Brennus des rugbymen

Béziers 1971 (www.rugbyworld.com – Getty Images)
Le 20 mars 1892, est attribué le premier titre de champion de France de rugby à XV. C’est un unique match qui oppose le Racing Club de France et le Stade français.
Pour marquer l’évènement, on crée un trophée. Pierre de Coubertin le dessine, Charles Brennus le réalise.
Vainqueur du match 4 à 3, le Racing est le premier club à le remporter. Surnommé “Le bout de bois“, le célèbre trophée est depuis remis en jeu tous les ans. Soulevé dans l’allégresse par l’équipe championne de France de l’année, il réapparaît ainsi régulièrement.
Créés pour valoriser les sports collectifs de cette époque et leur donner une aura nationale, « ces boucliers ont suivi les vicissitudes des XXe et XXIe siècles » résume l’auteur de ces recherches.
Il y voit d’ailleurs de « véritables Phénix, qui disparaissent pendant les périodes de conflits et réapparaissent la paix revenue », à l’image du symbole de sa ville de naissance d’ailleurs!
Ces trois « Brennus » sont à ses yeux les témoins du sport français renaissant, “immuables témoins de plus d’un siècle d’Histoire : l’histoire du sport, l’histoire de France et l’histoire des Hommes”.
Le sauvetage du rugby pendant la Première Guerre mondiale
En 1916, la guerre fait rage. Engagé dans les durs combats, le monde du rugby français est quasiment décimé (133 rugbymen internationaux, dont 21 Français, sont tués pendant le conflit de 14-18). Devant ce désastre, Charles Brennus décide de réagir. Après contact avec le général en chef des ANZAC (Australian and New Zealand Army Corps), William Birdwood, il est décidé de constituer une équipe de All Black de guerre et de lui faire effectuer une tournée de matchs dans toute la France.
L’objectif est de sensibiliser les écoliers et les lycéens à la pratique du rugby.
Le résultat est inespéré et remplit les clubs. Profitant de cet engouement, Charles Brennus crée le principe des catégories d’âge sportives, la Coupe de l’Espérance et la revue n°1 Rugby le 7 octobre 1916. Le rugby français est sauvé.
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Coupe du monde de rugby : un sport du Sud-Ouest ? On vous raconte l’histoire méconnue de l’arrivée du rugby en France
10.9.2023 – Non, le ballon ovale n’est pas arrivé dans les valises des Anglais à Bordeaux. Il est arrivé bien plus au nord, dans des régions qui ont depuis donné leur âme au foot.
Des joueurs du Havre sur le terrain en 1922.
Robert Francois – AFP
L’essentiel
- Intimement associé au sud de la France, le rugby n’a pourtant pas directement débarqué d’Angleterre sur ces territoires, lorsqu’il se développe au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.
- C’est au Havre, sous l’impulsion d’Anglais, que naît le premier club. La haute bourgeoisie parisienne impulse ensuite la création du Stade Français et du Racing.
- A la veille de la Première Guerre mondiale, le rugby a achevé son implantation dans le sud de la France.
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Le 26 juin 2024, Le Havre s’apprête à soulever le trentième bouclier de Brennus de son histoire. Dépités, les Parisiens du Stade Français promettent de prendre leur revanche face à leurs éternels rivaux. A Bayonne ou à Toulouse, on préfère se réunir pour regarder l’Euro de foot. Le rugby, ce sport de Nordistes, ne s’y est jamais vraiment implanté.
Une fiction ? Pourtant, le rugby, ce sport aujourd’hui si étroitement associé au Sud-Ouest, n’est pas arrivé en France par ces territoires. À l’occasion de la Coupe du monde de rugby, 20 Minutes revient sur cette histoire méconnue, qui passe, étonnamment, par des régions qui ont depuis donné leur cœur et leur âme au football.
En Angleterre, un sport d’élite
Nous sommes dans les années 1860-1870. En Angleterre, des anciens écoliers des public schools, ces pensionnats d’élite masculins, veulent continuer à pratiquer les jeux de ballon qu’ils affectionnent. L’un d’entre eux, à la mode de Rugby, une de ces écoles de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie, stipule que l’on peut se saisir du ballon à la main. La distinction entre le football, jeu à onze avec interdiction de saisir de la balle à la main tel que nous le connaissons aujourd’hui, et le rugby, n’est pas encore nettement tranchée.
Commencent toutefois des tentatives d’organisation de ces jeux : « La football association naît en 1863 », rappelle auprès de 20 Minutes Xavier Lacarce, auteur de Petite histoire du rugby, paru en 2021 aux éditions Cairn. Huit ans plus tard, apparaît une fédération anglaise de rugby.
Le premier club français est dans un port
Cette « codification » des sports, est « la grande nouveauté du XIXe siècle », souligne l’enseignant à Sciences-Po Bordeaux. Si l’on considère uniquement l’aspect sportif, le football et le rugby ont des racines anciennes, françaises, puisant notamment dans la soule. La seconde moitié du XIXe siècle voit l’émergence de clubs et de ligues. En France, le premier club apparaît dans un port, qui n’est pas celui de Toulon : au début des années 1870, des Britanniques jouent au Havre, port normand de commerce, à un mélange de football-rugby, avant de s’organiser en un club.
L’implantation du rugby en France suit deux axes, développe Xavier Lacarce : D’un côté, « des Britanniques venus travailler en France » – c’est l’exemple du Havre – et de l’autre « une bourgeoisie à la pointe, ouverte, cosmopolite » – c’est ainsi que naissent le Racing et le Stade Français, clubs parisiens de la haute bourgeoisie. « Des élites françaises anglophiles essaient de regarder le modèle britannique – c’est typiquement l’exemple de Pierre de Coubertin [le fondateur des Jeux olympiques modernes]. »
A l’époque, la pratique sportive devient valorisée, que ce soit le rugby ou d’autres sports comme la gymnastique. « Des personnes comme Coubertin vont opter pour le sport, et le plus chic, qui vient des meilleures écoles. » A Paris, la très select Ecole alsacienne, qui fabrique encore des ministres, « fait partie des endroits où on va adopter le rugby ». A la fin du XIXe siècle, le Racing et le Stade français dominent l’hexagone. « La finale du championnat de France est en réalité le match annuel entre les deux clubs », sourit l’historien.
Un sport qui se développe dans des classes plus populaires
Dans cette même décennie 1890, le rugby commence à descendre vers le sud. A Bordeaux, le SBUC, qui deviendra le Stade Bordelais naît d’un « mélange entre étudiants chics » et d’un ancien club qui mêlait Anglais et locaux, rappelle Xavier Lacarce. « Cela lui permet de devenir une place forte du rugby au tournant du siècle. »
L’implantation du rugby se développe ensuite le long de la Garonne, pour déborder des frontières du Sud-Ouest à la veille de la Première Guerre mondiale. « En 1913, la finale est gagnée par Perpignan. On a dépassé le sud-ouest et la sociologie de départ. Le rugby plaît à des classes plus populaires et dans des plus petites bourgades comme Agen. »
Les curés VS les instits
Comment expliquer que le rugby ait essaimé dans le sud, et soit devenu un sport secondaire dans le nord-ouest de la France ? Une des explications résiderait dans la question religieuse ou politique. « Jean-Pierre Augustin [un géographe] a montré, à l’échelle du département des Landes, que les villages de gauche, laïcards, ont plutôt opté pour le rugby, tandis que dans les villages plus catholiques, c’était plutôt le foot et le basket », rappelle Xavier Lacarce. « Si on l’extrapole à la France, on peut considérer que c’est la France qui a été la plus tôt déchristianisée qui a adopté le rugby. »
Malgré les efforts de la fédération française de rugby d’enlever à la balle ovale son accent du sud, il est incroyablement difficile, cent ans plus tard, de faire bouger cette ligne de démarcation. A moins que des petits poucets venus de Vannes ou du Havre ne réussissent à faire vibrer leur région respective en soulevant à leur tour le bouclier de Brennus, un jour.
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La création de la Fédération française de rugby

Grâce la réactivité́ de Charles Brennus, le rugby français sort de ce conflit renforcé.
Au lendemain de l’Armistice du 11 Novembre 1918, sous son impulsion, les responsables du rugby votent le 15 mai 1919 la première déclaration de constitution de la Fédération Française de Rugby, donc le décret paraît le 9 mai 1921 au Journal Officiel du 11 mai 1921.
Hommage à Charles Brennus
Alors que rien ne le présageait, Charles Brennus s’est révélé être un exceptionnel organisateur, un remarquable novateur et un efficace meneur d’hommes.
De petite taille, un peu bedonnant, le binocle vissé sur le nez, le destin de cet Eurélien est exceptionnel. Le rugby français lui doit son essor, sa survie et sa pérennité. Il décède à 85 ans le 23 décembre 1943 au Mans (Sarthe).
Tous les ans, lorsque l’équipe championne de France de rugby soulève le bouclier de Brennus, ce n’est pas, comme beaucoup le pensent, un hommage rendu à un général gaulois, mais bien à un authentique Eurélien !
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Brennus, «le père du rugby français», repose enfin en paix

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Comment la sépulture de Charles Brennus a été restaurée in extremis par la Fédération française de rugby

12.6.2015 – Le Bouclier de Brennus est une relique précieuse que se transmettent les champions de France de rugby depuis 1892. Pourtant, le père putatif du trophée, le graveur Charles Brennus, président de la commission de rugby de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) de 1900 à 1919, a failli sombrer dans l’oubli. Corps et bien. Décédé le 29 décembre 1943, à 84 ans, au Mans, il a été inhumé le 4 janvier 1944 au cimetière de Franconville (Val-d’Oise). Sa fille Claire Beumant acheta une concession trentenaire. En 1974, alors que la tombe, laissée à l’abandon, était dévorée par les herbes, la mairie de Franconville chercha à contacter la famille pour renouveler la concession. Ses courriers restant lettres mortes, elle décida de transférer les restes de Brennus dans l’ossuaire municipal.
Chapatte et Couderc s’en mêlent
La dépouille du pionnier du rugby français échappa à ce sort funeste grâce à l’intervention de Jacques Viardot, entrepreneur local de marbrerie de pompes funèbres. Ancien cycliste pro, il avait couru avec Robert Chapatte, devenu patron des sports d’Antenne 2. «Comme ils étaient restés très amis, il l’a appelé, raconte Jean-Jacques Viardot, qui a repris l’entreprise paternelle. Dans la demi-heure, Chapatte alertait Roger Couderc, qui prévenait la Fédération française de rugby (FFR).»
La famille du rugby se saisit du dossier et obtint en novembre 1980 le renouvellement de la concession, avant de choisir un emplacement mieux exposé dans le cimetière, dans le carré N. La FFR a ainsi acheté une concession cinquantenaire, à compter du 17 septembre 1981. Elle a fait exécuter une réplique en résine du Bouclier de Brennus sur la stèle, et fait graver sur la pierre tombale, en lettres dorées : «Charles Brennus, père du rugby français», glissant une malencontreuse coquille dans la date de son décès (1944 au lieu de 1943). Le mois dernier, les instances du rugby ont investi 3 000 euros pour restaurer la sépulture.
Honoré chaque année
«En accord avec la FFR et le Comité d’Île-de-France, on a décidé de faire poser sous le Bouclier une plaque en laiton avec le palmarès mis à jour chaque année, indique Paul Goze, le président de la Ligue nationale de rugby (LNR). On a le temps de voir venir car il y a la place pour les 37 futurs champions.» Après la finale du Top 14, Stade Français-Clermont, Jean-Jacques Viardot, déposera, comme chaque année, une coupe fleurie au nom du comité régional d’Île-de-France sur la tombe de Brennus. Il enverra aussi la plaque en laiton à un graveur pour qu’il y inscrive le nom du champion 2015, dernier rejeton du “Père du rugby français”.
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Sources:
https://www.rugbyrama.fr – Loïc Bessière 10.7.2023
http://www.midilibre.fr 2.4.2016 – Jérôme Mouillot 3.5.2018 – Pierre Saliba 3.6.2019 – Laurent François 16.12.2013 / 5.6.2021 – Paul-Roch Bruneton 22.5.2022 – Midi Libre 23.2.2023 / 2.3.2023 / 9.3.2023 – Mélissa Alcoléa 7.11.2023 – Luc Crespon l’Herisson 8.11.2023 – Laurent François 9.11.2023 – Jérôme Belluire 19.9.2023
http://www.encreviolette.unblog.fr – publié dans : COUPS DE COEUR, MA DOUCE FRANCE le 11 février 2011
https://www.rugbyrama.fr – Loic Bessière 10.7.2023 / Jérôme Prévôt 16.1.2023
https://www.huffingtonpost.fr – Alexandre Mognol 1.12.2018
https://www.lequipe.fr – Richard Escot 8.3.2019
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre Lacans
https://www.leparisien.fr (AFP) – 7.11.2023
http://www.lequipe.fr – Jocelyn Lermusieaux 12.6.2015
http://www.beziers-actualites.fr – 9.3.2023
https://actu.fr/ – Laurent Rebours 14.9.2023
https://biterre.fr/ – Achille Sureau 9.2.2021
https://fr.wikipedia.org – Béziers
http://www.20minutes.fr – Mathilde Cousin 10.9.2023
