1983 Fontès Georges

L’ancien maire Georges Fontès est mort, il avait 96 ans

Georges Fontes, l’ancien maire de Béziers, ancien conseiller général et ancien ministre, s’est éteint à l’âge de 96 ans. Il avait dirigé la ville pendant six ans dans les années 80, il avait aussi été ministre des anciens combattants et conseiller général pendant plus de 30 ans.

C’est en 2015 que Georges Fontes a mis fin à son tout dernier mandat politique. 32 années comme conseiller général. Il était à l’époque le doyen de l’assemblée départementale. Mais la fonction dont il a toujours été le plus fier, c’est celle de ministre des anciens combattants, de 86 à 88, dans le gouvernement de Jacques Chirac. C’était lors de la première cohabitation. 

Georges Fontes, foncièrement gaulliste, reconnaît avoir eu d’abord un à priori défavorable à l’encontre du nouveau Premier ministre, avant de le rencontrer, et d’en devenir un farouche partisan. 

Son portrait en noir et blanc et grand format trône sur la façade de l’Hôtel de Ville.

Nombreux hommages

Des très nombreux hommages lui sont rendus depuis ce mardi matin : le maire en place, Robert Ménard qui salue celui qui était “l’un des visages de notre ville. Un visage respecté, aimé. Un grand patriote“. Il lui avait remis, il y a quatre ans les insignes de maire honoraire. Le candidat LaREM Pascal Resplandy a lui décidé de suspendre pour un jour sa campagne électorale.
Pour le sénateur Jean-Pierre Grand, la mort de cet humaniste éclairé est pour la famille Gaulliste de l’Hérault une page de son histoire qui se tourne.”
François Commeinhes, maire de Sète, se souviendra de “l’ancien ministre Georges Fontes, comme d’un fervent Gaulliste et un défenseur hors pair de la cause mémorielle que j’ai pu côtoyer sur les bancs du conseil général,  d’un homme de dossiers et de convictions comme du maire bâtisseur qu’il fut pour Béziers.”

Carrière politique

Ce fils d’un conducteur de camion et d’une femme de ménage, a construit sa carrière politique en passant d’abord par la direction de plusieurs administrations : la caisse primaire d’assurance maladie, puis l’URSSAF. Il devient conseiller municipal de Béziers en 1971, puis maire en 1983, pour un seul mandat. 

La ville lui doit le stade de la Méditerranée ou encore le pont d’Occitanie.

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1983 : Georges Fontès et la droite s’installent à la mairie de Béziers

2.1.2020 La campagne municipale de 1983 ne démarre pas sous les meilleurs auspices, ni à droite, ni gauche. L’équipe d’union de la gauche du maire sortant communiste, Paul Balmigère, s’est distendue. La jeune garde socialiste se sent pousser des ailes, au vu des derniers résultats électoraux. Lors de législatives, le premier magistrat n’a conservé son siège de député que grâce aux voix des villages du Biterrois.

En ville, c’est le socialiste Max Vega-Ritter, par ailleurs son adjoint à l’urbanisme, qui est arrivé en tête. Et il entend bien mener une liste aux municipales. En interne, cet enseignant s’est violemment heurté au chef de file des anciens de la SFIO, l’ancêtre du parti socialiste, le sénateur Jules Faigt, premier adjoint de Paul Balmigère.

Accord parisien à gauche

Finalement, c’est Paris qui va trancher. Paul Balmigère conduira bien la liste d’union de la gauche. Cette étape franchie, il reste à débattre de la délicate question de l’attribution des postes d’adjoints. Et là, des choix pas forcément judicieux seront faits. Lors du dîner presse-municipalité du mois de janvier, en présence de Paul Balmigère et des adjoints socialistes Max Vega-Ritter et Yves Sabah, la question est posée : “Le mariage sera difficile ?” Un ange passe… Et Jules Faigt sera sacrifié.

Jules Faigt, le grand absent

Les tractations parisiennes, en imposant un socialiste comme premier adjoint, ont probablement influé sur les résultats. “Georges Fontès a bénéficié de la scission au PS, lors des négociations pour la liste d’union de la gauche, pour ces élections municipales de 1983, souligne un observateur de la vie politique de l’époque. Il n’y a eu qu’un peu plus de 450 voix d’écart. En écartant le sénateur Jules Faigt, qui était son premier adjoint, et Roger Soulairol, tous deux socialistes biterrois connus et appréciés, la liste de Paul Balmigère a perdu des voix. Max Vega-Ritter, qui a été imposé par Paris, n’avait pas d’attaches biterroises.”

Crise locale entre PC et PS Dès le mois de janvier, lors des tractations, se pose la question du premier adjoint. Une crise interne éclate. Max Vega-Ritter veut le poste. Pour Paul Balmigère, c’est exclu. Jules Faigt reste silencieux, mais un de ses proches déclare à Midi Libre : “Qui, dans Béziers, pourrait envisager que si Jules Faigt doit figurer sur la liste d’union de la gauche, ce ne soit pas à la même place que celle qu’il y occupait hier ? Et qui pourrait prendre la responsabilité de priver la gauche biterroise de ce qu’il représente ?”

Ce sont les instances nationales du PC et du PS qui s’en chargent. Lors du dernier conseil de la municipalité Balmigère, le sénateur déclare, visiblement très ému : “Après ces six dernières années de travail en commun dans la meilleure harmonie et, surtout, avec une confiance et une loyauté réciproques, j’avais espéré, Monsieur le maire, mener avec vous un nouveau combat. Il en valait la peine. Mais en conscience, et cette considération était essentielle pour moi, je ne pouvais le faire qu’à la même place. Les circonstances, qui ne sont pas de votre fait, ne me l’ont pas permis.”

Absence d’hommage public Antoine Moulinier, alors chef de l’agence biterroise de Midi Libre, écrit dans un billet : “On peut regretter que de vieux serviteurs de la vie publique locale comme Roger Soulairol – homme de droiture, d’honnêteté et aussi de compétence – n’aient point reçu, en cette soirée, la manifestation de l’amitié et de la reconnaissance du conseil. On peut regretter surtout que le maire de Béziers, dont on sait cependant les élans du cœur, n’ait pas rendu en la circonstance à Jules Faigt l’hommage public que les amis innombrables du sénateur de l’Hérault attendaient sans nul doute de lui.”

Toujours à gauche, pour la première fois à Béziers, les écologistes se lancent dans la bataille des municipales sous leur propre bannière, derrière le docteur Jean-Paul Coulouma.

Deux listes à droite

À droite, Georges Fontès, alors membre du parti social démocrate, issu de scissions au sein du parti socialiste, a monté la liste Béziers demain. Il a reçu l’investiture du RPR de Jacques Chirac, parti qu’il rejoindra bientôt, et de l’UDF de Valéry Giscard d’Estaing. Les deux hommes ont d’ailleurs tenu à le rencontrer. Autour de lui, on retrouve Pierre Guigues, candidat malheureux en 1977, mais aussi Raymond Couderc ou Annie Schmitt, ainsi que le Front national Yves Untereiner.

Mais une troisième liste, Pour la renaissance de Béziers, qui se veut “un regroupement de la vraie droite”, se constitue derrière le docteur André Marc. Lors d’une conférence de presse où trônent en arrière-plan des affiches de Chirac et de Giscard, alors que ces derniers ont accordé leur soutien à Georges Fontès, le leader traite son rival de “socialiste “. À ses yeux, “Paris et le Grand Orient ont voulu imposer aux Biterrois un compromis politique, en oubliant que ce sont les Biterrois qui votent”.

Le rôle des pieds-noirs dans la campagne

Le rôle des piedsnoirs dans la campagne Fin 1982, Georges Fontès rencontre le comité de coordination des pieds-noirs. L’échange se passe mal et conduit à la création de la liste du docteur André Marc. Dans un entretien à Midi Libre, Fontès déclare : “Je n’ai pas l’intention de légitimer un quarteron d’individus qui essaient de faire croire qu’ils ont une puissance autre que celle qu’ils ont réellement.”

Aussitôt, les principaux intéressés réagissent : “En traitant les représentants des dix associations de pieds-noirs de’’quarteron d’individus’’ à l’image du célèbre’’quarteron de généraux’’, Monsieur Fontès insulte simultanément toute la communauté pied-noir de Béziers, l’Histoire et les généraux Jouhaud, Salan, Challe et Zeller, récemment amnistiés et même réhabilités. C’est également une insulte à l’histoire de l’Algérie française que de s’attaquer à ses patriotes dont un grand nombre habite Béziers depuis plus de vingt ans.”

Derrière ces échanges d’amabilités, il y a André Troise. Ancien de l’OAS (Organisation de l’armée secrète), il milite au Front national de Jean-Marie Le Pen. Il est en troisième position sur la liste du docteur Marc et va faire encore parler de lui dans le mundillo politique biterrois.

458 voix d’écart

Et les Biterrois lui donnent tort. Au soir du premier tour, Paul Balmigère (16 010 voix) devance Georges Fontès (15 328 voix). Les écologistes arrivent en troisième position avec 2 472 suffrages et la liste du docteur Marc termine dernière, n’ayant séduit que 2 426 électeurs.

Entre les deux tours, l’union de la gauche et les écologistes arrivent rapidement à un accord. Le docteur Coulouma, en cas de victoire, sera chargé de l’environnement. Georges Fontès et le docteur André Marc, malgré les violents heurts de la campagne, fusionnent leurs listes. Au soir du deuxième tour, Georges Fontès devance Paul Balmigère de 458 voix. Un résultat qui fait écrire à l’historien Jean Sagnes, dans son Histoire de Béziers (Privat) : ” Les réalisations spectaculaires du ministre Pierre Brousse (également maire de Béziers, NDLR) en 1977, comme le bilan social de la municipalité de Paul Balmigère, en 1983, ont finalement été de peu de poids dans le choix des électeurs biterrois qui, dans les deux cas, ont privilégié la politique et non la gestion municipale.”

La première des écologistes

C’est derrière le docteur Jean-Paul Coulouma, alors âgé de 35 ans, que les écologistes présentent une liste aux élections municipales de 1983 à Béziers. Dans leur programme, on retrouve des propositions qui, plus de 35 ans après, sont toujours d’actualité : “L’essentiel est d’aller au-devant des gens et de les réveiller. Au centre-ville, il faut reconnaître le droit des piétons, libérer les ruelles et les trottoirs, sans pour cela exclure la circulation automobile. Des parkings périphériques s’imposent, desservis par des navettes de minibus. L’urbanisation doit donner la primeur à la restauration de l’ancien par l’aide à la rénovation.”

Sur le plan de la gestion de la cité, les écologistes promettent “une démocratie ouverte à l’échelle locale”. Avec, par exemple, “des séances publiques du conseil municipal qui doivent être un lieu d’échange d’informations ; des comptes rendus de l’activité des élus, des invitations à la population d’exprimer son point de vue. La répartition du produit de l’impôt doit transparaître et être vulgarisée auprès de la population.”

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Béziers : quand Valéry Giscard-d’Estaing soutenait Georges Fontès aux municipales de 1983

Il y a 38 ans, dans le cadre de la campagne des municipales.  

Il y a 38 ans, dans le cadre de la campagne des municipales (D.R.)

4.12.2020 – Peu avant les élections municipales de 1983, l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing était venu à Béziers soutenir le candidat Geoges Fontès.

Il y a 38 ans, Valéry Giscard d’Estaing était venu soutenir Georges Fontès aux élections municipales de 1983, à Béziers. Comme en témoigne ce cliché envoyé à la rédaction par Raymond Couderc. 

Un appui de marque

On peut y voir, au premier rang, de droite à gauche : Georges Fontès, Valérie Giscard-d’Estaing, Marcel Roques et Raymond Couderc. L’appui de l’ancien Président a peut-être compté… 
En tout cas, Georges Fontès a bien remporté les élections municipales de 1983 à Béziers. 

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Source :

https://www.francebleu.fr – Elisabeth Badinier, Marie Ciavatti 3.3.2020

https://www.midilibre.fr – Emmanuelle Boillot 2.1.2020 / 4.12.2020