Fayet Gustave

Gustave Fayet (1865 -1925) naît à Béziers le 20 mai 1865 dans une famille de propriétaires viticoles alors que débute l’âge d’or de Béziers qui se caractérise par un développement économique vertigineux, une grande prospérité, un goût de la fête et de la musique qui permirent l’aventure lyrique du mécène Castelbon de Beauxhostes. Son attirance pour la peinture, son goût artistique et ses premiers apprentissages de peintre se développent au sein même de sa famille auprès de son père, Gabriel Fayet, et de son oncle, Léon Fayet, tous deux admirateurs de Daubigny, Adolphe Monticelli et Camille Corot.

Par l’intermédiaire de Maurice Fabre, propriétaire viticole et grand collectionneur, il entre en relation et en amitié avec George-Daniel de Monfreid, peintre et collectionneur d’art français, l’ami de nombreux artistes et poètes dont Verlaine et surtout Gauguin. Sur les conseils éclairés de son ami, Gustave Fayet devient l’un des premiers collectionneurs des œuvres de Gauguin et son mécène qui soutient par ses mandats un Gauguin malade et désespéré au bout du monde. Il acquiert et possède alors des œuvres de Degas, Manet, Monet, Pissarro et surtout Odilon Redon. Il enrichit sa collection des œuvres de Cézane, Matisse, Montfreid, Puvis de Chavannes, Fantin-Latour, Sisley, Picasso, Van Gogh dont il possèdera les Bohémiens, le Jardin de Daubigny et l’Autoportrait à l’oreille bandée et à la pipe. Curieux et éclectique dans ses choix, sur la fin de sa vie, Fayet développe aussi un goût pour les arts d’Extrême-Orient (bouddhas, art chinois et japonais), si bien qu’on peut le considérer comme le plus grand collectionneur du XXe siècle.

Pour une fois dans l’histoire de l’art, grâce à Castelbon de Beauxhostes pour le spectacle lyrique et à Gustave Fayet pour la peinture, Béziers et la province précèdent Paris. Devenu Conservateur au musée de Béziers, dès 1901, il organise dans sa ville natale une exposition qui rassemble les grands exclus de l’époque : Cézanne, Gauguin, Redon, Van Gogh et Picasso. Les deux premières rétrospectives consacrées à l’exilé des Marquises, d’abord à Weimar, en 1905, puis à Paris, en 1906, et qui vont bouleverser l’histoire de la peinture, n’auraient pu se tenir sans lui.

En 1908, il acquiert l’Abbaye de Fontfroide (au sud de Narbonne), qu’il s’attache à restaurer et y installe des œuvres commandées à ses amis peintres, notamment Odilon Redon ainsi que des vitraux qu’il réalise en collaboration avec le maître verrier Richard Burgsthal. Tout en commençant et en poursuivant les travaux de restauration et de décoration de l’abbaye, Gustave Fayet en fait dès 1909 un foyer artistique que fréquentent Odilon Redon, Burgsthal, Bauzil, Henri de Montfreid, Aristide Maillol ou encore les compositeurs Maurice Ravel et Déodat de Séverac.

Sur le conseil de Redon, le tempérament d’artiste de Gustave Fayet s’attache à exprimer le plus profond de son âme et à s’adresser avec ses noirs, ses mauves, ses montagnes, au centre mystérieux de l’esprit. Important et varié, son travail, va de la peinture à l’huile à l’art décoratif en passant par la céramique, l’aquarelle ou encore l’illustration de livres. Son œuvre se caractérise par la richesse des styles, des techniques explorées : peinture à l’huile, aquarelles d’une grande finesse, gravures monochromes, cartons de tapisserie, tapis, céramique… Il crée aussi des aquarelles sur des buvards, dont les motifs inspirés de fleurs et de fonds marins seront utilisés à partir de 1920 pour faire des tapis dans l’Atelier de la Dauphine fondé avec son ami Dumas. Des tapis qui en font un artiste reconnu et prisé.

Les œuvres de Fayet sont représentées dans de nombreuses collections particulières, ainsi qu’au musée de Béziers (hôtel Fayet) et à l’abbaye de Fontfroide qui accueille une Salle Fayet depuis 2006. (Edouard Bertouy)

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L’abbaye de Fontfroide 1908

La MJC “Le Foyer de Sallèles” dans sa section Culture et Patrimoine, organise ce vendredi 5 mai 2017 à 18 heures dans la salle polyvalente du Somail, la projection du film “Le jour, la nuit, le silence : Gustave Fayet, Odilon Redon et les rêveurs de paradis”.

L’année 2016, centenaire de la mort du peintre Odilon Redon, grand ami de Gustave Fayet, fut l’occasion pour l’Association du Musée d’Art Gustave Fayet à Fontfroide, en coproduction avec la Ferme de Fontfroide et les films du Bouloi, de faire réaliser par Frédérique Cantù ce film de 38 minutes.

Tourné à l’Abbaye de Fontfroide, achetée par Gustave Fayet en 1908, mais aussi à l’Hôtel Fayet à Béziers où il naquit en 1865 et y vécut, ce film retrace la vie de Gustave Fayet, viticulteur, peintre et collectionneur. De nombreux témoignages expliquent les amitiés et relations de Gustave Fayet avec différents artistes du début du XXe siècle. (L’Indépendant)

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Source :

L’Indépendant 04/05/2017

http://edouard.bertouy.pagesperso-orange.fr