Bombardier d’eau

Ils ont moins de 20 minutes pour être sur les incendies : on vous présente les trois avions bombardiers d’eau de l’Hérault engagés face aux feux

Au Pélicandrome de Béziers Cap-d’Agde, les bombardiers d’eau sont prêts pour les interventions.

Au Pélicandrome de Béziers Cap-d’Agde, les bombardiers d’eau sont prêts
pour les interventions. ( J.-P. A. – Midi Libre)

14.7.2025 – Si les avions du Département sont déjà intervenus sur les incendies qui ont ravagé l’Hérault, ces derniers, jours, comme à Fabrègues, ou Castelnau-de-Guers, le pélicandrome est officiellement engagé pour la saison estivale à compter de ce mardi 15 juillet avec trois avions loués par le Sdis de l’Hérault. Un exemple que beaucoup de collectivités se mettent à suivre.

Tous les ans, le pélicandrome de Béziers Cap-d’Agde est officiellement ouvert pour la saison des feux à la mi-juillet. Cette année, c’est depuis le 5 juillet que les pilotes d’Aria, la compagnie qui a obtenu le marché public, travaillent en relation avec les pompiers pour intervenir sur les feux de forêt.

Il n’en demeure pas moins que ce mardi 15 juillet, les trois avions loués par le Département, pour soutenir les pompiers au sol, seront officiellement engagés et feront partie du dispositif opérationnel des pompiers jusqu’au 15 septembre.

“Je recherche des pilotes multitâches”, explique Pierre Carlotti, le patron d’Aria

Comment sélectionnez-vous vos pilotes ?

L’âge ne compte que très peu. Ce que je regarde avant tout, c’est la variété de leurs missions par le passé. Quelqu’un qui n’aura fait qu’un type de mission toute sa carrière a peu de chance d’intégrer l’équipe. Je veux voir de la variété, des vols sur divers avions, des missions qui changent. Je veux des pilotes multitâches. Et au niveau du recrutement, j’ai 2/3 de civils et 1/3 d’anciens militaires chez Aria.

À quelles difficultés sont-ils soumis en vol ?

La première, et ce n’est pas des moindres, c’est l’intégration dans le dispositif quand on attaque un feu. Il faut être coordonné avec les pompiers au sol et les avions de la Sécurité civile. La seconde est qu’il faut être en capacité de travailler sur trois radios pour répondre et écouter tout ce qui se passe autour d’un chantier.

Comment se prépare-t-on à ces techniques ?

Toute l’année, mais aussi ici, nous avons un entraîneur de vol. Je ne dis pas simulateur de vol parce que c’est vraiment autre chose. Les pilotes se mettent en condition pour s’entraîner tactiquement et techniquement, comment s’ils étaient en opération. Ils répètent quasi quotidiennement des opérations avec des feux à traiter et des informations qui arrivent des pompiers, des coéquipiers et de la Sécurité civile. Ça peut être très stressant.

Départ en urgence, mais dans le calme

David, Gilles et Bertrand, les trois pilotes déjà en place, expliquent leurs carrières. Ils ont travaillé en Afrique sur de l’épandage agricole. Quelques petites anecdotes sont lancées pour colorer leurs récits quand le téléphone de permanence sonne.

“Silence !”, demande Gilles. “Un départ de feu à Caux. Ok. Je peux avoir les coordonnées GPS ?” David est le premier pilote qui devra partir en opération. Il se prépare. Gilles lui communique les coordonnées de l’intervention. Les pompiers volontaires qui sont installés au rez-de-chaussée du pélicandrome, se préparent eux aussi. Il faut remplir l’avion en eau. Presque trois tonnes. Cela va prendre quelques minutes. Le temps pour David de grimper dans le cockpit, brancher les radios et lancer le moteur. En dix minutes, il est prêt à partir. Le réservoir d’eau est plein. Un avion commercial qui allait partir est bloqué au sol. Priorité aux avions bombardiers d’eau.

Moins de vingt minutes pour intervenir

Au Pélicandrome de Béziers Cap-d’Agde, les bombardiers d’eau sont prêts pour les interventions.

    “Notre contrat est d’être sur n’importe quel point du département de l’Hérault en moins de 20 minutes”, explique Pierre Carlotti, le patron d’Aria. “Nous ne pouvons pas parquer les avions avec les réservoirs d’eau pleins, cela esquinterait les trains d’atterrissage. Mais il nous faut moins de dix minutes pour faire les pleins lors des rotations normales.”

    David n’a pas mis dix minutes pour arriver sur zone. On entend à la radio : “Les pompiers ne sont pas sur place.” L’avion tourne, puis un opérateur du Sdis lui demande de faire un largage d’opportunité. C’est donc au pilote de faire son choix pour attaquer le feu. Un passage, un largage…

    “Le feu est éteint, confirme David. Les pompiers sont en train d’arriver sur le chantier.” Retour à la base pour David qui vient de réaliser son premier largage en solo. Jusque-là, il était en appuie avec un équipier qui le guidait depuis le premier avion engagé. Comme pour chaque mission, le vol est débriefé entre les pilotes. L’accent est mis sur ce qui ne va pas. La mauvaise réception radio…

    Ils sont intervenus sur les deux gros incendies

    Depuis la fin du mois de juin, les appareils du Département ont déjà été engagés sur les feux qui ont ravagé l’Hérault. Depuis le 5 juillet, l’équipe a déjà effectué 16 h 20 de vol et 18 largages.

    “Nous avons travaillé sur les deux gros feux (Fabrègues et Castelnau, NDLR) en coordination avec les avions de la Sécurité civile. C’était chaud bouillant, confirme Gilles. Notamment sur Castelnau-de-Guers. Il fallait faire attention au vent et surtout, il fallait faire un maximum avant le coucher du soleil. Alors, nous avons attaqué les flancs du feu pour réduire sa tête.” C’est la tactique qui a été privilégiée par les coordinateurs du Sdis. Voyant que le front des flammes se réduisait, la Sécurité civile s’est désengagée pour laisser travailler les avions du Département. Projeter du retardant sur la végétation, plutôt que d‘arroser les flammes a été payant.

    Nous ne pouvions pas arroser les flammes

    “De toutes les façons, nous n’aurions pas pu arroser les flammes, assure Bertrand. Nous ne savions pas où elles étaient. Elles étaient couvertes par la fumée. Taper là-dedans nous aurait mis en danger. Nous avons pris du recul, puis nous avons tapé en réalisant une barrière de retardant.”

    “Nous sommes parvenus à réduire la tête du feu pour la présenter aux pompiers de telle manière qu’ils allaient pouvoir lui faire face, reprend Gilles. Cela a payé. Personne n’a été mis en danger. Quand nous avons terminé notre mission, les pompiers contenaient l’incendie qui avait avancé très vite.”

    Ce jour-là, le 5 juillet, 400 ha de végétation ont été détruits, mais il y a eu beaucoup de biens sauvés.

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    Une flotte aérienne unique en France défend l’Hérault

    Depuis trente ans, l’Hérault active le pélicandrome pendant la haute saison. (Vincent Pereira)

    30.8.2018 – Situé sur le site de l’aéroport Béziers – Cap-d’Agde, le pélicandrome est activé chaque été comme premier levier d’attaque contre les incendies.

    Ce mardi, Jacques Witkowski, directeur général de la Sécurité civile et des gestions de crise, est venu observer les moyens de défense des pompiers, notamment en termes de lutte contre les feux de forêt. Après un passage par le centre départemental des appels d’urgence, c’est à Portiragnes-Vias qu’il a découvert le pélicandrome de Béziers – Cap-d’Agde.

    Le directeur général de la Sécurité civile, Jacques Witkowski : “Ici, on a développé des savoir-faire”

    Quel était le but de votre visite ?

    Je me déplace régulièrement dans les départements pour rencontrer les pompiers. Le président du conseil départemental de l’Hérault, Kleber Mesquida, et le directeur du Sdis 34, Éric Florès, ont souhaité me montrer les spécificités de leur dispositif.

    Quel est votre sentiment ?

    Il y a une organisation parfaitement huilée, tant au centre d’appels d’urgence qu’ici, sur le pélicandrome. Ces rencontres auprès des personnels de nos différents territoires sont riches d’enseignements et je remarque que les moyens de la Sécurité civile s’y intègrent parfaitement. Cela veut dire que nous savons travailler main dans la main.

    L’Hérault peut-il être un modèle à décliner ?

    Il y a ici énormément de choses intéressantes. Comme je le disais, chaque département a ses spécificités et dans l’Hérault, on a développé des savoir-faire qu’il faudra mutualiser, prendre en exemple et réutiliser par ailleurs. Le pélicandrome en est la parfaite illustration.

    À moins de dix minutes de tout sinistre

    Peu le savent mais l’Hérault est le seul département de France à posséder sa propre flotte aérienne de bombardiers d’eau. Une flotte qui porte à dix minutes tous les points du territoire. Afin que Jacques Witkowski, accompagné, entre autres du patron des pompiers héraultais, le colonel éric Florès, se rende bien compte de la logistique mise en œuvre sur place, les trois Air Tractor et l’hélicoptère de commandement, ont réalisé une manœuvre d’intervention. Toute une noria a ainsi été mise en œuvre avec des pompiers volontaires basés auprès des avions.

    Que ressort-il de cette rencontre ?

    Nous sommes en phase avec les préconisations de la Sécurité civile en terme d’organisation de lutte contre les feux de forêt, mais aussi sur la lutte contre les noyades. M. Witkowski a pu se rendre compte que le président Mesquida donnait vraiment beaucoup de moyens aux pompiers de son département.

    Pourquoi l’amener à Béziers ?

    Béziers est la base principale du pélicandrome. Nous avons trois avions dont un à Candillargues. Avec ce dispositif, tout feu est à moins de dix minutes des avions. Là où d’autres départements ont fait le choix d’intervenir avec des hélicoptères, ici la volonté est d’aller très vite et partout. Le Département consacre la somme de 2,7 M€ rien qu’au pélicandrome. C’est dire si les moyens engagés sont importants pour lutter contre les feux.

    Le pélicandrome est destiné à armer les avions pour lutter contre les incendies. “Dans la politique de lutte contre les feux de forêt, nous n’avons pas voulu perdre des professionnels sur le terrain. Le Département a donc fait le choix de prendre des étudiants qui passent l’été à la disposition de ces seuls avions, insiste le lieutenant Patrick Resplandy, chef de l’unité DFCI ouest. Ils assurent le bon fonctionnement du pélicandrome tous les jours durant la saison estivale, du lever au coucher du soleil.”

    2,6 M€ consacrés au seul armement local

    Cette année encore, le Sdis 34 (service départemental d’incendie et de secours) a mis des moyens conséquents. Pas moins de 2,6 M€ ont été consacrés au seul armement du pélicandrome de Béziers. Par chance, pour l’heure, la saison s’est passée sans incidents majeurs.

    Sans doute, aussi, parce que les techniciens en charge de la lutte contre ces feux ont décidé de frapper fort et rapidement tous les départs d’incendie afin qu’ils ne se propagent pas. “L’idée, explique le colonel Éric Florès, directeur du Sdis de l’Hérault, est de mettre le plus rapidement possible en action des moyens au sol et dans les airs afin de circonscrire au plus vite les foyers. Cela sans attendre l’arrivée des moyens nationaux qui sont sollicités dès que le besoin s’en fait sentir. C’est un choix important qui nécessite de travailler en bonne coordination avec la Sécurité civile et ça marche.”

    Une visite qui, dans un département modèle, aura définitivement séduit le directeur général de la Sécurité civile et des gestions de crise : “Il y a ici énormément de choses intéressantes. Chaque département a ses spécificités et, dans l’Hérault, on a développé des savoir-faire qu’il faudra mutualiser, prendre en exemple et réutiliser ailleurs. Le pélicandrome en est la parfaite illustration.”

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    Béziers-Cap d'Agde (Hérault) - inauguration du pélicandrome - 19 juin 2014.
    Béziers-Cap d’Agde (Hérault) – inauguration du pélicandrome – 19 juin 2014. • © F3 LR

    19.6.2014 – Le pélicandrome de l’Hérault est situé sur l’aéroport de Béziers-Cap d’Agde. C’est la base de ravitaillement en produit retardant ou en eau des avions bombardiers d’eau pour la lutte contre les feux de forêts. Les pleins se font moteur tournant ce qui est unique au monde.

    Le pélicandrome est donc la base des avions bombardiers d’eau du département de l’Hérault. Les petits avions y sont stationnés depuis 3 ans. Mais aujourd’hui, l’aéroport prend un nouvel essor avec l’agrandissement et la modernisation de l’ère d’accueil. Désormais, tous les moyens aériens nationaux de lutte contre les incendies, dont les Canadair et les Dash 8 de Marignane, peuvent s’y poser et s’y ravitailler.

    Ce jeudi matin, c’était l’inauguration de la nouvelle structure de prévention et de lutte contre les incendies.

    En 2013, durant les 3 mois d’été, il y a eu 600 interventions pour des départs de feux dans l’Hérault. Depuis le début de l’année 2014, on compte déjà 300 interventions.

    Le dash 8, c’est la force de frappe contre les incendies. Aucun siège à l’intérieur, rien, rien ne vient alourdir ce bombardier d’eau qui peut lâcher 10.000 litres en une seule fois.
    Les autres avions, des air tractor interviennent avant, avec une capacité de 3.000 litres de retardant ou d’eau.

    Voilà les moyens aériens à la disposition des pompiers de l’Hérault. La nouveauté, c’est que maintenant ils pourront atterrir sur le pélicandrome de Béziers-Cap d’Agde équipé pour recevoir toute cette flotte. Ils pourront se ravitailler en moins de 3 minutes et dans les meilleures conditions.

    Même si 700 pompiers peuvent être mobilisés chaque jour, même si l’Hérault est équipé, attention, la météo est parfois terrible : 2.500 hectares sont partis en fumée entre 2009 et 2010, années record en matière d’incendie, dans l’Hérault.

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    Source :

    https://france3-regions.franceinfo.fr/ – Fabrice Dubault 19.6.2014 – mise à jour 10.6.2020

    http://www.midilibre.fr – Jean-Pierre Amarger 140702025 / 30.8.2018