9.4.2019 Rue des Têtes – Meurtre Philippe Rouanet

Meurtre de la rue des Têtes à Béziers, il écope de dix-huit ans de réclusion criminelle !

L’avocat général Georges Gutierrez a requis vingt ans de réclusion criminelle à l’encontre de l’accusé qui a, une nouvelle fois, demandé pardon à la mère de la victime.

Devant les assises de l’Hérault l’homme qui était accusé du meurtre de Philippe Rouanet le 9 avril 2019, rue des Têtes à Béziers, a été condamné à la peine de dix-huit ans de réclusion criminelle. Il devra aussi verser 20 000 € de dommages et intérêts à la mère du défunt. L’avocat général, Georges Gutierrez, avait requis une peine de vingt ans de réclusion.

“Je viens porter la parole d’un homme qui a perdu la vie parce qu’il a croisé celui-ci, a plaidé Me Franck Chapuis, Philippe Rouanet était mon client depuis dix ans. Je le connaissais, il est mort achevé comme un chien”, assène l’avocat. “C’était un homme foncièrement gentil, naïf. En dix ans, je l’ai vu changer. Il avait des problèmes, il était agaçant, mais franchement attachant. Les derniers temps, c’était un homme désespéré, prêt à croire n’importe quoi pour s’en sortir.”

Et l’avocat de revenir sur la soirée du drame. Les certitudes obtenues au fil des débats, les incertitudes. “Je suis très en colère contre trois de nos témoins qui ont assisté à ces scènes. Ils n’ont rien fait. Il aurait pu être sauvé. Soit cela les amusait, soit ils ont tendu un traquenard à Philippe Rouanet. Mais bon. Nous avons ses aveux. Des aveux qui ont un goût amer. Des aveux déshumanisés. Il a assumé comme un robot. Et il ne nous dit toujours pas pourquoi il l’a tué. Alors quand vous irez délibérer, pensez à Philippe et puis aussi à sa mère.”

“Il l’a tué mais il ne l’explique pas”

Pour la défense, Me Liliane Tchakoteu, pour ses premières assises, est revenue sur le profil de l’accusé. Elle s’est, dans un premier temps, inclinée devant la douleur et la souffrance de la partie civile.

“Oui, il lui a fallu du temps pour qu’il comprenne. Puis, il a reconnu les faits devant vous dans un véritable moment de vérité et face à la mère du défunt. C’est ce moment qu’il faut retenir. Quand il a tout reconnu ! Il a agi par peur. Par peur de se retrouver à la rue parce qu’on lui avait interdit d’accueillir du monde.”

Me Tchakoteu va toucher la cour : “Oui, il s’est acharné. Oui, il l’a frappé. Mais il lui a fait un massage cardiaque quand il l’a vu dans l’escalier. Il ne le pensait pas mort, même si l’expertise a dit le contraire. Vous jugez un homme qui a perdu tous ses repères. Il les a perdus depuis son plus jeune âge. Il n’a pas su gérer ses émotions. Vous ne devez pas gérer un criminel, mais un homme qui est dépassé. Il l’a tué, il l’a dit. Mais il ne l’explique pas. Il va payer pour ce qu’il a fait. Mettez-vous à la place de cet homme, africain, qui ne peut pas rentrer au pays car c’est la honte de ne pas avoir réussi. Il est dans la repentance. Il n’est pas trop tard pour qu’il se réinsère.”

Me Marie-Claude Domingo, toujours pour la défense : “Oui il a avoué, mais il y a encore beaucoup de zones d’ombre. Il y a beaucoup de choses qui nous échappent, des témoignages contradictoires, un mobile qui nous échappe. C’est une nébuleuse et je pense qu’il ne nous dit pas tout. Pour assumer, par fierté ? Où est l’argent disparu ? À qui est la trace de chaussure dans l’appartement, et ce blouson sur des taches de sang. Il n’y a pas de mobile. Alors pourquoi le tuer ? L’appartement, c’est la seule chose qui le tient. Les coups, comme l’étranglement sont une folie. Il était hors de lui et il ne s’est pas rendu compte de ce qu’il faisait. Je plaide les violences volontaires sans intention de donner la mort car nous sommes dans un milieu très dur, agressif où la violence, dans tous les sens du terme, est habituelle. N’oubliez jamais qu’il est allé chercher les secours. Ce n’est pas un monstre. Il attend de vous que vous prononciez une peine juste.”

“Il a été massacré par l’accusé”

Ce vendredi 11 février, l’avocat général Georges Gutierrez n’a pas été tendre avec l’accusé. Il n’est pas là pour cela, mais rien ne lui a été épargné. “L’accusé est de ceux qui profitent des autres. Un marginal qui ne fait rien de sa vie. Il a massacré la victime. Il ne lui a laissé aucune chance.”

Il revient sur la découverte de Philippe Rouanet étalé dans l’escalier du 3 rue des Têtes à Béziers. “Il est allé chercher les secours, certes, en leur expliquant qu’il avait découvert un corps. Qu’il avait tenté de le ranimer, qu’il l’avait arrosé alors que ses vêtements étaient secs. Il a donné tellement de versions qu’il se perd et il nous perd. Mais il ne trompe personne, même quand il accuse les deux frères d’avoir tué Rouanet. Nous savons qu’il l’a frappé”.

“Nous savons qu’il a été très violent, qu’il l’a séquestré. Voulait-il récupérer des papiers pour obtenir cet appartement ? Cherchait-il à récupérer quelque chose d’autre en lui disant “ce soir tu es à moi” ? Nous ne le saurons jamais car il ne nous explique pas ses motivations. Oui, il y a peut-être eu quelque chose avec cette histoire de portefeuille volé. Il y a plein de questionnements. Mais nous avons la certitude qu’il l’a tué. Et finalement nous ne pouvons que nous demander si Rouanet n’était pas le souffre-douleur de l’accusé”.

“Ce crime est gratuit. Il l’a tué pour rien. Il est lucide quand il frappe durant plusieurs minutes. La victime, ivre, n’était pas à ce moment-là capable de comprendre ce qu’il se passait. Et pour mieux cerner la cruauté de l’accusé, nous avons cette vidéo de 2016 qui prouve que c’est un être dangereux. C’est glaçant. On ne peut pas plaider qu’il n’avait pas l’intention de tuer. C’est un meurtre et je requiers vingt ans de réclusion.”

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Assises de l’Hérault : il a roué de coups sa victime avant de l’étrangler pour la tuer

La cour des assises de l’Hérault se donne trois jours pour faire toute la lumière sur ce drame.

9.2.2022 – Le procès d’un homme de 49 ans s’ouvre ce mercredi 9 février au matin devant les assises de l’Hérault. Le verdict sera rendu vendredi dans la journée.

Le 10 avril 2019, un homme alertait les policiers de la Brigade anti-criminalité (Bac) de Béziers pour leur signaler qu’une personne était blessée place de la Madeleine. Finalement c’est au pied de l’immeuble de l’appartement de ce témoin, rue des Têtes, que les policiers vont retrouver le corps sans vie de la victime.

Côtes cassées, ecchymoses et hémorragies

Une perquisition de ce fameux appartement permettra de découvrir une scène de crime (trois scènes de violences dans le même appartement du centre-ville de Béziers). Le logement était maculé de sang.

L’autopsie, réalisée le lendemain, révélera que la victime a été rouée de coups puis étranglée. Elle souffre de nombreuses côtes cassées, des enfoncements sur les tempes, mais aussi de nombreuses ecchymoses et d’hémorragies.

Est émis alors l’hypothèse d’une strangulation après des coups. L’auteur aurait posé ses genoux sur la poitrine du défunt. Il ressortira de cette autopsie que la victime présentait un taux d’alcoolémie de 2,65 g d’alcool par litre de sang mais aussi qu’elle avait une sévère fragilité cardiaque et suivait un traitement.

Traces de sang relevées dans tout l’appartement

L’enquête de voisinage permettra d’affirmer que l’accusé (49 ans), alcoolisé le jour du drame, avait un fort tempérament et qu’il se bagarrait très souvent dans le quartier car il était particulièrement agressif.

Lors de ses premiers interrogatoires, le suspect affirmera n’être en rien responsable du décès de la victime. Elle était bien montée chez lui, pour manger un bout et nettoyer son visage qui était ensanglanté. Mais le défunt avait quitté son appartement alcoolisé. Pour autant, il n’avait pas entendu de chute dans les escaliers.

Confronté aux propos de nombreux témoins, le suspect continuera à nier toute implication et cela alors même que de très nombreuses traces de sang étaient relevées dans tout son appartement.

Après sa dernière audition devant les policiers, le suspect avait répondu ne pas croire qu’il avait tué la victime. Finalement, deux autres individus dénoncés par l’accusé, ont été placés en garde à vue. Ils seront mis hors de cause par le travail de recherche des policiers et la téléphonie.

ADN retrouvé sur le corps du défunt

Par ailleurs les analyses génétiques ont pu confirmer que le seul ADN du principal acteur de ce drame et retrouvé sur le corps du défunt, n’était autre que celui qui avait donné l’alerte (le seul élément à décharge contre le suspect, NDLR).

Entendu au mois de juin 2020 avec tous les renseignements recueillis depuis le drame, le mis en examen contestait toujours l’ensemble des faits reprochés. Il réfutait aussi l’ensemble des expertises des spécialistes.

L’ensemble des conclusions des enquêteurs n’iront pourtant que dans un sens et le suspect sera jugé pour avoir volontairement donné la mort à sa victime.

La victime, un SDF qui avait des biens immobiliers

La victime était un homme qui avait sombré dans l’alcool et la dépendance après un licenciement il y a une dizaine d’années. SDF, il avait pourtant de nombreux biens immobiliers sur la commune de Béziers dont il avait hérité de son père.

Mais il semble qu’il éprouvait des difficultés à se faire payer ses loyers à la suite d’un blocage de la succession. D’où ses difficultés financières, ses nombreuses dettes et le fait qu’il demandait souvent de l’aide pour vivre et que ces créanciers désespéraient de se voir un jour remboursés.

Des proches ont aussi insisté sur le fait que la victime avait de mauvaises fréquentations et qu’ils avaient fait les frais de plusieurs prêts non honorés ou bien de vol de leur carte bancaire. Il est aussi apparu qu’il était souvent frappé par des tiers sans que personne n’en connaisse vraiment la raison. Il avait déposé plainte le matin des faits contre certains de ses locataires indélicats.

Source :

https://www.midilibre.fr – Jean-Pierre Amarger 12.2.2022 – 9.2.2022