4.2.2023 Viol et agression par compagnon mère adoptive

Une jeune femme, aujourd’hui âgée de 21 ans, a tout mis en œuvre pour aider sa meilleure amie, victime de viol et d’agressions sexuelles par le compagnon de sa mère adoptive et qui l’avait aussi agressé sexuellement quand elle était venue en vacances chez sa copine à Béziers. L’homme a été condamné à 10 ans de réclusion devant la cour criminelle de l’Hérault ce vendredi 3 février, la mère adoptive à 18 mois dont 6 avec sursis pour non-dénonciation de crime.

“Tu t’es bien défendue. Tu as été courageuse”, chuchote Me Murielle Molinié à sa cliente. “Tu as dit ce qu’il fallait. C’est terminé maintenant. Ça va aller.” Noémie, c’est un prénom d’emprunt, a été agressée par l’homme qui est accusé d’avoir violé et agressé sexuellement sa meilleure amie. Elle a, elle aussi, été victime de ce même individu quand elle était mineure. Il a été condamné, ce vendredi 3 février, devant la cour criminelle de l’Hérault à 10 ans de réclusion. Il fera appel de cette décision de justice.

Devant la cour, elle est venue expliquer tout ce qu’elle a entrepris pour sortir son amie d’enfance des griffes de cet homme, mais aussi de celles de sa mère adoptive qui ne faisait rien. Mel, c’est aussi un prénom d’emprunt, a vécu un terrible drame.

Son père a tué sa mère, dans le Var, en 2010, de plusieurs dizaines de coups de couteau. Il y avait quatre jours qu’il était sorti de prison pour des faits de violences conjugales. 

Mel a été adoptée par sa tante, la sœur de sa mère. Cette mère adoptive qui n’a pas su réagir quand sa fille lui a annoncé qu’elle vivait un nouveau drame avec son père adoptif.

Comme deux sœurs très dépendantes

“Mel et moi, avance Noémie devant la cour, nous sommes comme deux sœurs très dépendantes l’une de l’autre. Nos mères étaient très amies. Elles ont vécu dans la violence et nous aussi, à la maison et à l’école. Et il est arrivé ce drame. C’était horrible. Mel a dû partir. Nous nous sommes perdues de vue. J’ai pris alors conscience que nous ne pouvions plus avoir confiance dans les adultes. Dans la justice aussi, qui avait laissé faire cette horreur. J’étais jeune, mais j’ai tout mis en œuvre pour ne plus vivre dans la violence et pour que mon beau-père quitte la maison pour que ma mère vive bien.”

“Il voulait coucher avec moi”

Noémie doit être freinée dans son élan. Elle veut tellement en dire qu’elle se perd et en oubli de dire ce qui lui est aussi arrivé quand elle est venue à Béziers. “Ah pardon. Je suis venue à Béziers et dans sa voiture (Celle de l’accusé), alors que nous allions chercher Mel à l’école, il m’a dit que je lui plaisais, qu’il voulait coucher avec moi. On a plus de 20 ans d’écart et à l’époque je n’ai que 14 ans. Il me met sa main sur ma cuisse et remonte. Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit non, j’ai mes règles et il a arrêté. Pour moi, là il n’y a pas d’agression. Je passe à autre chose. Puis il recommence. Je dis toujours non. J’en parle à Mel et elle me dit qu’il lui a fait du mal.”

Plus un bruit

Dans la salle d’audience, il n’y a pas un chuchotement. Noémie a accaparé l’attention de tout le monde. Elle parle fort. Et même si elle va très vite, trop vite parfois, elle est posée et sait insister quand il le faut.

“A la suite de cette histoire, comme Mel en a parlé, nous nous sommes fait punir. On ne me punit pas à moi. Je suis une grande gueule. Cette violence que j’ai encaissée a décuplé en moi un instinct de survie. Avec tout ce que j’ai vécu, tout ce qu’a vécu Mel, il faut que je me batte pour deux. Je suis dans l’affrontement. Je n’ai pas le droit d’être faible. J’étais méchante. C’est vrai ! Mais j’aidais tous ceux que je pouvais aider.”

Noémie fait venir son amie dans le Var

Et Noémie apprend petit à petit ce qu’a vécu Mel. Elle revient vers Béziers à plusieurs reprises. Découvre que son amie fait n’importe quoi. Qu’elle ne se respecte plus. Elle déploie toute son énergie pour que sa copine puisse venir vivre avec elle dans le Var. Il a alors 17 ans. Et sa mère dit enfin oui, sous certaines conditions.

“Je l’ai fait venir à la maison pour qu’elle se reprenne. Mais elle était tellement mal que je ne faisais plus rien à l’école.”

Elle pleure. “Je partais le matin, elle était sur le lit. Je rentrais le soir, elle n’avait pas bougé. J’avais peur de la retrouver morte. Mel était vraiment malade.”

Elle la décide à déposer plainte

Face à toute cette souffrance, Noémie la copine décide d’aider Mel à déposer plainte. “Je suis allée au commissariat de Grasse pour faire un signalement et pour la première fois un adulte m’a écouté. Je n’en revenais pas. J’étais entendue. J’ai parlé de Mel et on nous a reçus.” Tout était lancé. 

Quand on écoute bien Noémie, il est aisé d’entendre qu’elle s’est approprié l’histoire de Mel. Noémie ne dit pas je, ou, elle. Non, Noémie dit, on. Au sujet du cancer de Mel, On a eu le cancer. De sa pelade, on a eu la pelade. On devait se battre.

Leur histoire

“Quand nous sortirons d’ici on ne pourra pas dire que ce ne sera pas notre histoire. Nous ne savions pas comment nous battre alors on a fait ce qu’on a fait. Attention je n’ai rien fait sans son accord. Elle se terrait, moi non. Elle avait besoin de mettre des mots et n’y arrivait pas, alors je parlais. Elle n’avait pas de colère et était triste. Moi, j’avais la rage pour deux. Moi, je ne voulais pas qu’on laisse la place à la peur, je ne pouvais pas. C’est ça notre histoire. Porter un coup à une femme c’est dégueulasse. Son père a fait pire, il a tué sa mère. Je sais que l’accusé a bousculé sa mère adoptive. Il a mis à terre tous les espoirs que j’avais en lui. Je ne veux plus qu’on passe d’un trauma à l’autre. Cette plainte que nous avons déposée a été une délivrance. Aujourd’hui, je ne veux pas montrer que je suis faible. Plus jamais.”

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Le procès débute ce mercredi matin, et pour trois jours, devant la cour criminelle de l’Hérault (Midi Libre –  J-P. A.)

31.1.2023 – Une enfant de 10 ans a été violée et agressée sexuellement pendant des années par le compagnon de sa tante, devenue sa mère adoptive, après que son propre père a assassiné sa mère et se soit suicidé en prison. Le procès débute ce mercredi et pour trois jours devant la cour criminelle de l’Hérault.

Ce mercredi 1er février 2023 débute, devant la cour criminelle de l’Hérault, le procès d’un homme et de sa compagne. Lui est accusé de viol sur la fille adoptive de sa compagne, mais aussi d’agressions sexuelles sur la même fille ainsi qu’une autre jeune adolescente. La mère adoptive est accusée, elle, de non-dénonciation des faits. Le procès se termine vendredi soir.

Au début du mois de mars 2020, une jeune femme de 18 ans a déposé plainte contre le conjoint de sa tante pour des faits de viol et d’agressions sexuelles.
Lors de ce dépôt de plainte, la victime va expliquer que sa mère avait été tuée par son père en 2010, et que ce dernier s’était finalement suicidé en détention quelques semaines plus tard.

La jeune femme avait alors été placée chez la sœur de sa mère, qui l’avait adoptée ainsi que sa petite sœur.

Détention provisoire

Quelques jours après ces lourdes accusations, le compagnon de la tante était placé en détention provisoire. Il niait la totalité des faits.

Lors de son audition devant les policiers, la victime expliquera que l’homme avait abusé d’elle alors que sa tante était à la maternité. Elle avait alors seulement 10 ans. Les premiers faits se sont déroulés à Gaillac (Tarn), puis ont continué alors que la famille était venue s’installer à Béziers. La victime avait alors évoqué les faits avec sa tante en les minimisant. Elle n’avait pas été crue.

Elle évoquera cette histoire avec de nombreuses personnes, mais aussi avec sa sœur cadette qui lui a toujours assuré que rien ne s’était jamais passé entre l’accusé et la cadette. En 2019, la victime finira par fuguer du foyer familial. Elle expliquera à une amie, ne pas vouloir évoquer cette fuite de peur d’être séparée de sa tante et de sa sœur.

L’héritage des filles utilisé

Au fil de l’enquête et devant les dénégations du compagnon et de sa tante, la victime viendra dire que tous pensent que si elle dénonce ces faits c’est uniquement pour récupérer l’argent de l’héritage de ses parents.

On apprendra dans un premier temps que jamais les sous des “petites” n’ont été touchés, puis finalement qu’ils ont servi à acheter la maison familiale de Béziers afin de faire un placement pour que le jour de la vente du bien les filles aient un plus gros pécule.

L’accusé avait déclaré lors de ses premières auditions : “La maison a été achetée à crédit, pas avec l’argent des filles.” Tout en continuant à nier les faits.
Examiné par le professeur Aiguesvives, il présenterait une dangerosité criminologique qu’il conviendrait d’évaluer plus avant. Il a aussi déclaré lors d’une audition, devant les policiers, être né d’un viol et encore être le commanditaire du meurtre du père de sa victime, alors qu’il s’était suicidé en détention.

La tante accusée aussi

La tante sera elle aussi entendue. Elle va beaucoup évoluer dans ses dépositions jusqu’à finir par rapporter en parlant de sa fille : “Tu ne sais pas ce qu’il m’a fait.”

Et elle de répondre : “Je n’y ai pas cru… Je n’ai rien fait…Je suis désolée. Pourtant je me doutais, mais j’avais l’impression d’être manipulée. Je regrette de ne pas avoir fait ce qu’il fallait” Tout ceci vaudra à la tante d’être accusée de non-dénonciation de crime dont elle avait la connaissance. Elle évoquera enfin les troubles de sa nièce. La lourde histoire de famille avec l’assassinat de sa mère et le suicide de son père qui avaient généré des troubles psychologiques importants nécessitant des soins chez un psychologue.

“J’aurais dû, en tant que mère adoptive l’accompagner mieux et l’aider à déposer plainte.” Elle reconnaîtra enfin avoir utilisé l’ensemble de l’héritage des deux jeunes filles pour pouvoir acheter une maison dans Béziers. Tous les deux pourront durant trois jours expliquer devant la cour tout ce qui est arrivé.

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Source :

https://www.midilibre.fr – Jean-Pierre Amarger 31.1.2023 – 4.2.2023