30.8.2023 La Devèze-Rue Jean Franco – Fouad, 21 ans, tué dans un règlement de comptes

Mort de Fouad, 21 ans, à Béziers : un mois après la fusillade, le fuyard court toujours, le point sur l’enquête

Après la fusillade qui a coûté la vie à un jeune de 21 ans, l’enquête de police a été confiée à la DTPJ (Alcoléa Mélissa)

25.9.2023 – Un mois après le décès de Fouad, 21 ans, dans quartier de La Devèze à Béziers, la vie a repris son cours normalement et les policiers avancent dans l’enquête alors qu’un des protagonistes est toujours en fuite.

Dans la nuit du mardi 29 au mercredi 30 août, un homme de 21 ans a été tué et un autre de 18 ans a été blessé après une fusillade survenue dans le quartier de la Devèze, à Béziers.

La piste du règlement de compte, sur fond de trafic de drogues, a été privilégiée assez rapidement pas les enquêteurs de la DTPJ saisis par le procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland. Après quelques jours d’émoi, la vie a repris son cours dans le quartier et les points de deal, comme tous les commerces, ont repris leurs affaires comme avant les événements.

La vie du quartier peu perturbée

“Il y a eu moins de monde pendant trois ou quatre jours, nous explique Sarah. Juste le temps de la présence des policiers qui étaient là, en renfort. Puis, les petits trafics ont repris. Ici, sur la place, là dans les escaliers, ou bien encore sur le parking après les Halles. Et là, ce ne sont que les points les plus voyants. Il y a tous les autres. Finalement, si on enlève le drame, la vie du quartier n’a absolument pas changé. Il n’y a que les mamans des plus jeunes qui ont peur que leurs gamins ne se fassent happer par des trafiquants pour surveiller ou pire.”

Un petit cri se fait entendre, rien de franchement remarquable, et Sarah : “Tiens, voilà la police”. Et un équipage de la Police municipale arrive rue Jean-Franco. Quelques-uns se font plus discrets, et encore.

On parle en famille pour se protéger

Jibril ne voit pas non plus de grands changements dans la vie du quartier. C’est chez lui qu’il en impose. “Je parle beaucoup avec mes deux garçons. Je ne veux pas vivre ce que vivent les parents de Fouad. Pas question de pleurer. Pas question d’avoir des doutes sur ce qu’ils font quand ils sont dehors. Je veux des rapports honnêtes avec mes enfants. Ils doivent comprendre que la drogue ne sera jamais un plan B s’ils ne réussissent pas à l’école. Il faudra qu’ils trouvent d’autres moyens pour vivre et cela sans craindre pour leur vie. On parle beaucoup dans le quartier. Ici, il n’y a que des petites mains. Tous les autres, ils sont bien planqués. Ils ne risquent pas de prendre une balle par erreur.”

“Peu de jeunes décrochent totalement”

Housnia est remontée sur les événements de la fin du mois d’août dernier. Elle semble être au courant de beaucoup de choses dans le quartier et être assez “proche” de ces jeunes qui participent au trafic. Si elle regrette la mort du jeune de 21 ans et la blessure de son cousin, elle n’est pas étonnée.

“C’est de l’argent facile qui se fait sur le dos de certains jeunes. Il y en a quelques-uns qui décrochent, mais ils ne sont pas nombreux. Je pense qu’il faut arrêter de dire que Fouad avait changé. Il était connu dans ce petit milieu. Malheureusement, je pense que son passé l’a rattrapé, ( le 31 août, son père et sa future femme avaient assuré que la prison l’avait totalement changé, NDLR). Le jeune qui était avec lui, était, lui aussi, dans les mêmes trafics. C’est sans doute pour cela qu’il a fui les policiers et qu’il se cache.”

Le blessé est toujours en fuite

Le 30 août, le cousin du jeune qui est décédé et qui avait été légèrement blessé à une jambe, s’est enfui de l’hôpital. “Il est toujours en fuite et recherché par la police”, a confirmé, un proche du dossier. Depuis, l’enquête a avancé.

Un lien serait fait avec le jeune homme qui a été tué à Nîmes fin août dans la cité Pissevin et qui était originaire de Béziers. “Le jeune de 18 ans, mort à Nîmes fin août, dealait sur Béziers. Il en était originaire. Il avait œuvré notamment dans le secteur élargi de la gare et était connu de la police. Des membres de sa famille étaient, eux aussi, connus pour des faits de trafics. Ils se connaissaient avec Fouad, ajoute encore le contact, et nous avons des éléments qui nous permettent de faire un rapprochement avec les deux dossiers. Notre enquête se poursuit sur ces deux affaires. Nous avons la quasi-certitude que les deux dossiers sont liés. Comment ?”

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“La prison l’avait totalement changé” : le père et la fiancée de Fouad, tué par balles à Béziers, témoignent

Chafick a perdu son fils, Fouad, tué lors de la fusillade qui a eu lieu à Béziers, dans la nuit de mardi à Mercredi ( Midi Libre – Sylvie Cambon)

31.8.2023 – Fouad, tué de plusieurs balles dans la nuit de mardi 29 août 2023 à mercredi 30 août 2023 à Béziers, quartier de La Devèze, devait se fiancer à la fin du mois avec Imen. Il économisait pour se payer un mariage. “La prison l’avait totalement changé”, selon ses proches.

Au lendemain de la fusillade qui a eu lieu à Béziers, mardi soir, dans le quartier de La Devèze et qui a fait un mort et un blessé, les habitants sont encore dans l’émotion. Pas vraiment prêts à tourner la page.

“J’habite ici depuis 1996 et nous n’avons pas plus de problème que ça avec les jeunes, explique Gérard Antoine. Il n’y en a qu’une dizaine qui fait chier tout le monde. La nuit, ce ne sont pas les mêmes. Ils pourrissent notre quartier.” Sonia, elle, connaissait bien Fouad et elle l’assure : “Depuis qu’il avait fait de la prison, il avait changé. Dans le bon sens. Il allait vers les autres. Ce n’était plus le même. Il travaillait, il aidait les plus jeunes. Il voulait s’en sortir par le haut.”

Les parents anéantis

Dans une rue, un peu plus loin, à l’écart de la cité, une maison aux volets clos. C’est là qu’habitait Fouad. Chez ses parents. Chafick, le papa a beaucoup de mal à s’exprimer. On le sent à sa voix. Chaque mot qu’il prononce est extirpé par force. Il s’excuse, mais il accepte quand même de parler de son fils. “Nous sommes, avec ma femme, tous les deux anéantis. Fouad, nous sommes allés le chercher dans un orphelinat quand il avait un an et demi. Nous l’avons élevé pour qu’il donne le meilleur de lui-même. Oui, il a fait des erreurs. Oui, il a fait de la prison. Mais tout ça, c’était derrière lui. Il avait tourné la page. Il avait un objectif : se marier, vivre de son travail. Là, il préparait ses fiançailles.”

Chafick s’appuie contre le mur de sa maison. On le sent à bout. Imen, qui devait devenir sa belle-fille, reprend la parole. “Il est parti et on le salit. Fouad, il a souffert quand il était plus jeune. Mais c’était quelqu’un de bien. Nous nous connaissons depuis le primaire. On ne s’est jamais quitté. Il voulait travailler, apprendre et aider les autres. C’est encore ce qu’il a fait juste avant de mourir. Il a protégé notre cousin et c’est lui qui est parti.” Les deux jeunes devaient se marier à la fin du mois.

Mort à la place d’un autre

Mort à la place d’un autre. La théorie n’est écartée par personne et peut-être pas, non plus, par la police. La personne qui a été blessée au mollet a fui après avoir été soignée à l’hôpital. Pourquoi ? Que craint-il ? Avait-il une dette ? A-t-il peur de quelqu’un ? Il venait tout juste de sortir de détention et avait invité Fouad à passer la soirée avec lui.

“Fouad ne sortait plus, raconte encore son père. Il rentrait du travail et économisait de l’argent. Ces derniers jours, il avait même donné ses vêtements. Son armoire était vide. Il avait bon cœur mon fils. Chez nous, quand on donne ses vêtements, c’est tout donner. C’est un signe fort qui a une signification dans notre culture. Fouad est mort à la place d’un autre. Ce n’est pas lui qui était visé.”

Un tir concentré

Mais qui était visé mardi soir ? Personne ne répond. Mais, on explique que les deux cibles étaient devant la voiture de Fouad. Un véhicule s’est arrêté et un homme a fait feu. D’après un proche de l’enquête : “Il s’agit sans doute d’une personne expérimentée car les impacts de balles sont concentrés sur une même zone. Les tirs ne lui ont pas échappé. Elle savait ce qu’elle faisait en visant. Elle maîtrisait son arme.”

“Ce qui est arrivé à Fouad, insiste encore Imen, est un drame. Il faut retrouver ceux qui ont fait ça. Il voulait devenir boucher et travaillait dans ce sens.” Imen tend une photo sortie de son téléphone. “Regardez comme il avait l’air heureux de travailler. Il était bien. Il sentait qu’il avançait dans le bon sens. Il faut que ces gens-là payent pour ce qui a été fait.”

Sur le lieu de travail de Fouad, on est tout aussi loquace. Pas de critique pour le jeune homme. “C’était un gars bien. Droit. Il n’avait rien à voir avec ce qui est arrivé. Tout ça, c’était de l’histoire ancienne. Il travaillait et économisait pour s’offrir un beau mariage. C’était un jeune altruiste. Il voulait aider son prochain. On le voyait faire. Il a quitté son travail, il est sorti. Et aujourd’hui, on pleure.”

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30-8-2023 LA DEVÈZE

“C’est de la folie” !

La stupeur et l’émotion des habitants après la fusillade mortelle !

Article : Midi Libre 30.8.2023 – Mélissa Alcoléa

Les autorités ont bouclé le périmètre pour permettre à la Police judiciaire de travailler sur les lieux pendant plusieurs heures, ce mercredi matin.

Ce mercredi matin, les autorités ont bouclé le périmètre pour permettre à la Police judiciaire de travailler sur les lieux pendant plusieurs heures (M. L. – M. A.)

30.8.2023 – Ce mercredi 30 août, au matin, le quartier de la Devèze s’est réveillé groggy. À l’angle de la rue Franco et de la rue Balmat, juste derrière l’école Samuel-Paty, quelques heures plus tôt, en pleine nuit, un jeune homme a été abattu et un autre blessé. Sur place, les riverains disent leur atterrement et leur peur. 

La députée Emmanuelle Ménard s'est rendue sur les lieux ce mercredi matin.

La députée Emmanuelle Ménard s’est rendue sur les lieux ce mercredi matin (Midi Libre – Mélissa Alcoléa)

Alors que les hommes de la Police judiciaire effectuent les relevés nécessaires à leur enquête, ce mercredi matin, en pleine Devèze, non loin de l’école Samuel-Paty, à Béziers, les habitants, les voisins, les commerçants observent la scène, las …

La veille, avant minuit, un jeune homme de 21 ans a été tué, juste là. Et un autre blessé. Le périmètre est désormais bouclé. “C’est un quartier où il y a beaucoup de drogue, c’est un règlement de compte peut-être”, glisse cette dame qui se faufile rapidement entre les badauds.

“Nous, on se la mettait avec les poings”

Pour Mikaël, 31 ans (le prénom a été changé) : “C’est de la folie, ça devient du n’importe quoi, il faut faire quelque chose et vite. Nous, on se la mettait avec les poings …”. Il a grandi dans le quartier, qu’il connaît très bien . “Je viens voir la famille ici, j’ai des enfants, ça fait peur.” Fouad, qui a perdu la vie, il le connaissait bien : “Il y a sa voiture juste là, il travaillait à la boucherie des halles, il était sympa, respectueux, bosseur, c’est triste.”

“Il s’était complètement rangé”

À deux pas de là, le conseiller municipal Najih Alami, dresse lui aussi le même constat : “C’est une catastrophe, ce jeune homme était hyper poli, agréable. Il avait bien fait des conneries mais il s’était complètement rangé.” Une cinquantaine de douilles auraient été retrouvées. “On peut voir les impacts sur le mur, là”, glisse un autre observateur.

“C’est pas possible, ça fait mal au cœur”, déplore cette dame qui préfère rester anonyme. “J’ai entendu des bruits cette nuit”, glisse sa voisine. “On le connaît depuis tout petit, c’était le dernier de la famille, il était gentil comme tout. C’est malheureux, c’est toujours celui qui n’a rien fait…”

“On ne voudrait pas que ça prenne d’autres proportions”

La députée Emmanuelle Ménard se trouve également sur les lieux : “Une compagnie de CRS va arriver en soirée pour calmer le quartier. J’ai fait le tour des principaux commerçants pour les rassurer. La question d’un éventuel lien avec Nîmes (qui vient de connaître une série de faits de ce type NDLR) s’est forcément posée, on ne voudrait pas que ça prenne d’autres proportions. Un mort et un blessé ça suffit”. Et la députée de souligner : “Ce n’est pas un problème lié à Béziers mais un problème national. Le trafic de stupéfiants prend une ampleur qu’il n’avait pas auparavant. Et ce n’est pas qu’un problème de politique, c’est aussi un problème de citoyens, d’école, de sécurité.”

“Un jour on va prendre une balle perdue”

Devant la petite épicerie ouverte et où affluent les habitués, Zouhir, 35 ans, bavarde. “Je travaille dans ce commerce, je suis arrivé à 2 ou 3 heures du matin, il y avait la police de partout. Mes enfants, je ne les amène plus ici ! Et ça fait vraiment peur de venir travailler le matin, un jour on va prendre une balle perdue, ça ne donne pas envie de continuer ici.”

En janvier dernier, la présence de renforts de CRS, “ça avait bien nettoyé”, commente ce riverain installé à La Devèze depuis 1992. “Il n’y avait plus de scooters qui tournaient, c’était calme, ça faisait du bien…”.

Tous ont encore en tête la mort de Yazid Cherita, tué par balle le 16 juillet 2019, toujours dans leur quartier, La Devèze.

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Un jeune de 21 ans tué dans un règlement de comptes dans le quartier de la Devèze à Béziers

Article : https://www.francebleu.fr – Elisabeth Badinier

30.8.2023 – Des coups de feu ont été échangés dans la nuit de mardi à mercredi, quartier de la Devèze à Béziers (Hérault). Un jeune homme de 21 ans a été tué, un autre a été grièvement touché.

Un jeune homme de 21 ans est mort dans la nuit de mardi à mercredi à Béziers (Hérault) dans une fusillade, quartier de la Devèze. La victime, un biterrois, a été déposée à l’hôpital dans un état grave, mais n’a pas survécu à ses blessures au thorax.

La police a été alertée qu’il y avait eu des coups de feu dans le quartier, rue Jean Franco, à l’angle de la rue Jacques Balmat, mais une fois sur place, tout était terminé. Une cinquantaine de douilles ont été retrouvées, des douilles d’armes de guerre de type kalachnikov, des étuis de calibres 9 mm et 7,62 mm au sol.

D’après les premiers éléments de l’enquête, deux personnes sont descendues d’une voiture et ont fait feu sur un autre véhicule. Une dizaine d’impacts ont été constatés sur la voiture, mais aucune trace de sang à l’intérieur. La victime a sans doute été touchée à l’extérieur.

Un autre homme âgé de 18 ans a été blessé au mollet, mais sans gravité. Les deux hommes sont connus de la justice notamment pour des faits liés à des trafics de produits stupéfiants. Une autopsie sur le corps de la victime de 21 ans sera pratiquée dans les prochains jours à l’IML de Montpellier.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Béziers des chefs d’assassinat et de tentative d’assassinat. Elle a été confiée à la direction territoriale de la police judiciaire (DTPJ) de Montpellier.

Le maire de Béziers a aussitôt appelé le préfet de l’Hérault pour demander des renforts de CRS. “C’est très inquiétant. Ça veut dire qu’aujourd’hui, les enjeux financiers sur ces points de deal sont tels que les gens n’hésitent pas à tuer. Je suis très inquiet et j’ai besoin d’une présence policière, d’une présence de CRS plus importante dans ces quartiers. Je pense que les gens, les gens sont menacés au delà des dealers. Regardez ce qui s’est passé à Nîmes avec ce gamin de dix ans qui a été tué. Vous pouvez être au mauvais endroit au mauvais moment et je ne veux pas que ce soit que ça se passe chez moi.”

“La drogue c’est pas seulement une affaire de voyous, ce sont aussi des “honnêtes gens” qui consomment. Y aurait pas de trafic s’il n’y avait pas de consommateurs”

Robert Ménard ajoute que le renfort de police n’est pas la seule solution, il faut aussi s’attaquer aux consommateurs. ” S’il n’y a pas de consommateurs, il n’y a pas de point de deal. Ce n’est pas que des gens du quartier qui s’alimentent là. La drogue, c’est pas une affaire entre voyous ou autres petits malfrats, c’est aussi des gens, des honnêtes gens comme on dit, qui vont se fournir en gros dans cette ville. Il faut aussi s’en prendre aux gens qui consomment de la drogue. Y a pas de trafic de drogue s’il n’y a pas de consommateurs de drogue, c’est aussi bête que ça. “

Ce mercredi matin un 4X4 noir a été retrouvé carbonisé sur la commune de Villeneuve lès Béziers. Il pourrait s’agir du véhicule utilisé par les tireurs.

C’est dans ce même quartier qu’un homme de 27 ans avait été tué d’une balle en pleine tête à l’été 2019. L’affaire s’était également déroulée sur fond de règlement de compte dans des trafics de drogue.

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Source :

https://www.midilibre.fr – Jean-Pierre Amarger 25.9.2023 – 31.8.2023 – 30.8.2023