Sordide affaire à Béziers : une femme retrouvée morte, un suspect interpellé

Le procureur de la République a confirmé lundi le caractère criminel de cette sordide affaire. (Olivier Got)
4.2.2013 – La victime, âgée de 41 ans, aurait été rouée de coups par une de ces connaissances.
Les policiers du commissariat de Béziers ont fait, dans la nuit de samedi 2 février à dimanche 3 février 2013, une macabre découverte. En effet, ils ont été appelés, rue Ricciotti, dans un quartier très défavorisé du centre-ville de Béziers, pour mettre un terme à un différent familial. Mais sur place, dans un petit appartement d’un immeuble délabré, c’est le corps d’une femme, décédée depuis peu, et âgée de 41 ans qu’ils ont trouvé.
Frappée à la tête
Les pompiers de Béziers, intervenus sur place, n’ont rien pu faire pour sauver la victime qui avait été rouée de coups par une de ses connaissances. Selon nos informations, la victime a été frappée à de très nombreuses reprises à la tête. Elle présentait des plaies profondes au visage et derrière la tête, ainsi que de multiples traces de coups sur le corps. Elle était vraisemblablement alcoolisée. Sur place, dans l’appartement et non loin du corps de la défunte, prostré dans un coin, l’ami de la victime était lui aussi totalement ivre et incapable d’expliquer son geste.
“Affaire criminelle”, selon le procureur
“A priori, il s’agit d’une affaire criminelle, nous a confirmé Patrick Mathé, le procureur de la République de Béziers. Le suspect, une relation très proche de la victime, a été présenté hier soir devant le parquet en vu de sa mise en examen et de son incarcération. Une information judiciaire a aussi été ouverte afin de faire toute la lumière sur cette sombre histoire.” Toujours selon nos informations le couple traversait depuis des années de graves difficultés sociales. Il vivait dans un milieu très défavorisé dans lequel l’alcool régnait en maître depuis très longtemps. Désormais, reste aux enquêteurs à déterminer les raisons d’un tel déchaînement de violence, mais aussi les circonstances de ce drame.
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Béziers : accusé du meurtre de son amie pour du pastis

“J’ai dit non pour le pastis, elle a commencé à m’insulter et à me donner des coups.” ( A. C.)
8.9.2015 – Devant les assises de Montpellier, Jean-Louis Mury, 63 ans, alcoolique, a peu de souvenir de cette nuit du 3 février 2013, chez lui, à Béziers.
Elle buvait du pastis et elle a voulu que je retourne chercher une bouteille de pastis et des cigarettes, j’ai dit non…” Dans le box des accusés, Jean-Louis Mury, 63 ans, articule péniblement et fait répéter les questions. L’ancien chauffeur routier, jugé depuis ce lundi 7 septembre pour avoir battu à mort Sylvie Boehler, chez lui, à Béziers, le 3 février 2013, s’aide d’une canne pour rester debout. Mais la cour l’autorise à rester assis pour lui éviter des vertiges. Ces stigmates trahissent un lourd passé d’alcoolique, une maladie à l’origine du drame et peut-être, en partie, de l’amnésie dont affirme souffrir Jean-Louis Mury sur les faits (lire ci-dessous).
Une latte en bois avec du sang et des cheveux de la victime
Car pour l’instant, il ne souvient pas des coups portés : les policiers ont retrouvé le corps de la victime marqué de nombreux hématomes et ecchymoses. Elle est morte de suites hémorragiques du cuir chevelu et de l’abdomen. Du sang de Sylvie Boehler a été découvert sur des bouteilles tout comme sur une latte en bois mêlé avec des cheveux de la défunte.
– “On vous reproche d’avoir donné la mort à Madame Boehler, quelle est votre position ?”, questionne le président Pinarel.
– “Oui, bien sûr, je suis responsable de mes actes, je reconnais. Je l’ai bougée, elle était froide, j’ai appelé les pompiers mais je ne savais pas qu’elle était morte” répond l’accusé. Ce dernier se souvient en revanche parfaitement du début de soirée. Avec son amie, une femme en errance avec qui il partageait son appartement – mais pas le lit – et une attirance immodérée pour la bouteille, ils avaient passé la journée à boire. Jusqu’à l’incident du pastis.
L’accusé : “Après la gifle, j’ai eu un trou noir”
– “J’avais une pension d’invalidité, je ne pouvais pas nourrir deux personnes, se justifie le sexagénaire. J’ai dit non pour le pastis, elle a commencé à m’insulter et à me donner des coups de bouteilles derrière la tête, je lui ai donné une claque, elle me l’a rendue et c’est parti comme ça.”
– “Mais ce n’est pas de ça qu’elle est morte, pas d’une gifle !”, lui rappelle le président.
– “Le coup de la latte de lit, je m’en souviens pas. Après la gifle, j’ai eu un trou noir”, se défend Jean-Louis Mury.
– “Vous ne pouvez pas nous dire pourquoi elle est morte ?” insiste la cour.
– “Non, c’est les pompiers qui me l’ont dit.”
Suite des débats ce mercredi 9 septembre, verdict attendu mercredi.
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Assises : 16 ans de réclusion pour le meurtre de Sylvie Boehler

Le drame s’est déroulé à Béziers en 2013 (Richard de Hullessen)
10.9.2015 – Jean-Louis Mury, jugé pour le meurtre de Sylvie Boelher en 2103 à Béziers, a bénéficié de la circonstance atténuante.
La cour d’assises a condamné, ce mercredi, Jean-Louis Mury à seize ans de réclusion pour le meurtre de Sylvie Boehler, tuée à coups de poing, de pied et de latte en bois, lors d’une querelle d’après-boire, le 2 février 2013 à Béziers.
Le sexagénaire a bénéficié de la circonstance atténuante d’une altération du discernement pour cause d’alcoolisme lourd et chronique mais il a payé pour son passé et son attitude d’amnésie totale. L’examen de sa personnalité a ainsi révélé un comportement violent et ancien chez l’ex-chauffeur de poids lourd dès qu’il boit, tant sur ses ex-compagnes que sur des tiers, comme ce rival qu’il avait tué de trois coups de couteau, ce qui lui avait valu un premier passage devant la cour d’assises, en 1976, et sept ans de prison à l’issue.
“Vous n’avez jamais rien fait pour vous soigner après cette condamnation”, a dénoncé l’avocat général Xavier Sicot. Jean-Louis Mury a également maintenu jusqu’au bout ne pas avoir voulu tuer celle qu’il hébergeait gracieusement et qui était devenue sa compagne de beuverie sur fond de misère sociale. Surtout, il n’a pas avoué autre chose qu’une simple gifle là où le légiste a dénombré une multitude de coups sur tout le corps. La raison ? Son amnésie derrière laquelle il s’est réfugié tout au long du procès. Du coup, chacun y est allé de son interprétation pour expliquer ce huis clos sanglant.
Mémoire séléctive
Me Lafon, en partie civile, est allé le plus loin dans l’horreur. Il n’a pas cru un mot de cette version selon laquelle Sylvie Boehler aurait frappé la première parce que l’accusé ne voulait pas aller chercher du pastis. L’avocat estime que la victime a une nouvelle fois refusé les avances de Jean-Louis Mury et ce dernier serait allé jusqu’au viol, comme l’attesterait le sang retrouvé sur le goulot d’une bouteille et des saignements au niveau du vagin. “Le parquet n’a pas retenu la qualification de viol mais la question est toujours là, a asséné la robe noire. Son amnésie est opportune, douteuse, il veut échapper à la sanction.”L’avocat général a enchaîné, le traitant de “manipulateur”, ne croyant pas non plus à cette mémoire sélective. Il a requis dix-huit ans, reprenant l’hypothèse d’un différend amoureux. “Elle a peut-être voulu s’opposer à la relation sentimentale et elle en a pris plein la tronche. Il a porté tellement de coups, avec violence, acharnement, il ne peut pas dire qu’il ne souhaitait pas le pire”, a tonné Xavier Sicot. Il a ainsi coupé l’herbe de la défense qui a demandé, en vain, une requalification des faits de meurtre en “coups mortels”, où la peine maximale encourue n’est que de quinze ans…
“Comment ça s’est passé ? Il n’y a pas de certitude et lui, n’est pas capable de le dire”, a plaidé Me Laurence Huygevelde, avançant l’hypothèse d’une crise d’épilepsie pour expliquer l’amnésie totale et le déchaînement de violence. Elle a également rappelé le parcours erratique de son client, enfant de l’assistance publique, tombé dans l’alcool, “ces verres que l’on remplit pour combler une absence et un vide existentiel”.
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Source :
https://www.midilibre.fr – Jean-Pierre Amarger 4.2.2013 / Yannick Philipponnat 8.9.2015 – 10.9.2015