23.8.2024 – Hôpital de Béziers – Un brancardier, père de trois enfants, se suicide

Nouveau suicide d’un agent du centre hospitalier de Béziers : un brancardier de 48 ans met fin à ses jours

Le centre hospitalier de Béziers est à nouveau plongé dans le désarroi après le suicide d’un de ses agents.Le centre hospitalier de Béziers est à nouveau plongé dans le désarroi après le suicide d’un de ses agents. (Midi Libre – Yannick Pons)

23.8.2024 – Un homme de 48 ans, père de trois enfants, a mis fin à ses jours. Il était brancardier au centre hospitalier de Béziers et sapeur-pompier volontaire. Il avait témoigné, auprès de collègues, de harcèlement au travail.

Le centre hospitalier de Béziers est une nouvelle fois plongé dans le plus grand désarroi. Ce vendredi 23 août, on a appris le suicide d’un de ses membres. Un homme de 48 ans, père de trois enfants, brancardier à l’hôpital et sapeur-pompier volontaire à la caserne de Béziers, a en effet mis fin à ses jours. Il aurait été retrouvé pendu à son domicile, en fin de semaine dernière.

Selon nos sources, il avait fait état de harcèlement au travail auprès de collègues et proches et venait de recevoir un courrier de la direction des ressources humaines l’affectant dans un autre service. “Je n’ai pas assez d’éléments actuellement pour parler de cette affaire, témoigne, sous le choc de la nouvelle, Marc Valette, responsable du syndicat majoritaire Force ouvrière. C’était quelqu’un que je connaissais depuis plus de vingt ans, qui était membre de FO et était très apprécié”.

Une enquête va-t-elle être ouverte ?

Le syndicaliste pense qu’une “enquête va être lancée” et préfère attendre une concertation avec les autres membres de l’intersyndicale avant toute déclaration officielle. Idem du côté de l’hôpital : “Nous ne ferons pas de commentaires sur ce dossier. L’heure est au recueillement et au soutien de la famille et de nos équipes. Collectivement, il y a beaucoup de peine”, indique Carole Gleizes, directrice de la communication du centre hospitalier.

Magali Lafaille, représentante du personnel CGT, ne veut pas se prononcer sur le drame : “Nous ne sommes ni enquêteurs ni policiers. Mais même sans mettre de liens directs avec le travail car, pour l’heure, on ne sait pas, deux suicides en moins de trois mois, c’est choquant et inacceptable”. La déléguée syndicale rappelle que la CGT dénonce depuis longtemps “des politiques managériales qui ne sont pas favorables à de bonnes conditions de travail”.

Politiques managériales froides

Confrontées à un sous-effectif chronique, à un absentéisme fort, les équipes sont sous pression. “Ça fait un moment que l’on dénonce des politiques froides, où il n’y a pas d’humain. Les agents sont avertis d’une mutation par simple courrier, ils ont l’impression d’être de simples pions qu’on déplace, sans même avoir été concertés. On doit prendre soin des patients et des malades et on est nous-mêmes maltraités”.

Sans préjuger des raisons (professionnelles, personnelles ?) qui ont pu conduire l’homme à ce geste fatal, le centre hospitalier biterrois avait déjà été confronté, le 3 juin dernier, au suicide d’une infirmière, retrouvée morte à son domicile. Dans une lettre posthume qu’elle avait laissée à ses proches, elle mettait en cause le management du service où elle travaillait auparavant et l’absence de soutien de l’hôpital.

Restitution de l’expertise le 18 septembre

À la demande des syndicats, une enquête avait été ouverte et une expertise commandée à une société spécialisée, basée à Paris afin d’éviter tout parti pris. “L’expertise a été réalisée et elle devrait être restituée le 18 septembre prochain. J’espère qu’elle apportera un éclairage sur la politique des ressources humaines qui nous permettra d’avancer dans la bonne direction”, relate encore Marc Valette.

“Certes, l’hôpital a mis en place des commissions de suivi psychologique, conclut Magali Lafaille, mais au bout d’un moment, il vaudrait mieux prévenir que guérir, non ?”.

Une gouvernance remise en cause

“C’est bien simple : tout le monde a peur et personne n’ose parler de peur des représailles”. Au lendemain du suicide de l’infirmière, en juin dernier, laissant derrière elle une lettre posthume où elle incriminait le management de l’hôpital, la rédaction de Midi Libre a reçu de nombreux courriers, mails et témoignages de personnes, le plus souvent sous le couvert de l’anonymat, en poste ou ayant quitté le centre hospitalier.

Tous dénoncent des cas de harcèlement, une “direction sourde” au mal-être ou à la souffrance de ses agents, des cas de burn-out, des mises au placard ou des mutations subies… Surtout, face à une analyse qu’ils estiment purement comptable, tous expriment un ras-le-bol de voir les chiffres prendre le dessus sur l’humain, qui est pourtant le cœur de leur métier.

Comme partout en France, il y a urgence à l’hôpital !

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Source :

http://www.midilibre.fr 23.8.2024 – Diane Petitmangin