23.3.2002 La Devèze – Genevieve Layec tué par trois balles à sa domicile

Les accusés aux assises : de g. à dr., Francis Pougin, Dominique Godel, Joël Wirth, Me Cabanes et Roland Campagne.

3.11.2023 – Aujourd’hui, une affaire au scénario digne d’un film noir : en mars 2002, Geneviève Layec, 28 ans, est assassinée par trois hommes cagoulés et vêtus de noir, dans son appartement de La Devèze, à Béziers, en présence de sa petite fille de quatre ans. Derrière ce crime, un vol de 580 000 €, commis dans la salle de comptage des billets d’une banque de la ville, et un commanditaire, Roland Campagne, qui n’a jamais reconnu les faits.

Elle savait qu’il allait lui arriver malheur, et avait décidé de déposer une lettre chez un notaire, pour qu’éclate après sa mort l’incroyable scénario qui avait conduit à son crime, en désignant le coupable et le mobile de son assassinat : le vol de 580 000 € dans la salle de comptage des billets d’une banque de Béziers.

En mars 2002, l’assassinat de Geneviève Layec, une mère de famille de 28 ans, exécutée dans son appartement de Béziers par trois hommes vêtus de noir, est le point de départ d’un véritable film noir, qui va conduire quatre hommes aux assises.

Personne n’a jamais retrouvé le magot

Un crime crapuleux, auquel a assisté la petite fille de la victime, alors âgée de quatre ans, dont le témoignage va peser lourd devant les jurés de l’Hérault. Derrière cet assassinat, un commanditaire, Roland Campagne, qui a écopé d’une lourde peine mais qui n’a jamais reconnu sa participation, malgré les indices accumulés par les enquêteurs de la PJ et les témoignages de ses hommes de main. Et personne n’a jamais su ce qu’est devenu le magot, qui n’a certainement pas été perdu pour tout le monde.

Source : https://www.midilibre.fr/ 3.11.2023

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26.3.2002 – Geneviève Layec, 28 ans et maman d’une petite fille de 5 ans, a probablement été exécutée pour s’être mêlée à une sombre magouille financière. Samedi soir, entre 22 h 30 et 0 h 20, dans un appartement de la cité sensible de la Devèze à Béziers, cette jeune femme “discrète, agréable et polie”, a été abattue de trois balles de calibre 7,65 mm dans la tête par trois hommes encagoulés. Les premières investigations conduites par le service régional de police judiciaire de Montpellier orientent l’enquête vers un règlement de comptes lié aux activités professionnelles de Geneviève. Selon nos informations, la victime était employée par une petite société bordelaise, Services Techniques Sécurité, spécialisée dans “l’approvisionnement des guichets bancaires, des distributeurs automatiques de billets et le transport de fonds”.

Interdite de travail

Il y a quelques mois, la jeune femme avait été « interdite de travail » par son employeur, qui avait des doutes sur sa loyauté. A-t-elle été témoin ou a-t-elle participé à des détournements de fonds ? A-t-elle été en relation avec des membres du grand banditisme intéressés par les informations auxquelles elle avait accès ? Le travail des policiers s’articule autour de ces questions. Ils savent que Geneviève se sentait menacée. Selon une de ses voisines, elle avait reçu à plusieurs reprises la visite d’un homme auquel elle a refusé d’ouvrir sa porte et avait récemment demandé à l’office d’HLM qui la logeait de lui trouver un autre appartement. Autre certitude : les tueurs étaient des professionnels et étaient à la recherche de documents. Les trois hommes ont agi avec un sang-froid effrayant. Ils ont intercepté leur victime alors qu’elle rentrait chez elle en compagnie de sa fille. Ils ont enfermé l’enfant dans sa chambre. Entendue par les policiers, la fillette a affirmé que « les monsieurs cherchaient des papiers ».

Un scénario inquiétant

Les agresseurs ont ensuite fouillé minutieusement, pendant plus d’une heure et demie, le moindre recoin de l’appartement de Geneviève Layec. Une fois leur besogne achevée, ils ont demandé à la jeune femme de s’allonger sur son lit, lui ont placé un oreiller sur le visage et ont tiré trois fois, en pleine tête. Ils ont ensuite tranquillement quitté l’immeuble peu après minuit. A 0 h 20, la petite fille, terrorisée, se réfugiait chez des voisins qui alertaient la police. Ce scénario inquiète les enquêteurs. “Nous avons affaire à des tueurs à gages, affirme l’un d’eux. Ces gens-là laissent peu de traces. La solution se trouve dans le passé professionnel de la victime.”

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Les exécuteurs du contrat sur Geneviève ont été arrêtés

15.10.2002 – Geneviève Layec, jeune mère de famille assassinée le 23 mars 2002 à Béziers, a bel et bien fait l’objet d’un contrat. Une exécution opérée à la demande de son ex-compagnon, Roland Campagne. Ce patron de boîte de nuit de 41 ans lui avait demandé de détourner une très forte somme du centre de comptage des billets où elle travaillait. Et Geneviève avait accepté.

Les trois exécutants de cette sinistre besogne ont été arrêtés. Il s’agit d’un Bittérois, qui avait recruté deux hommes de main à Mulhouse.

Au moins deux d’entre eux ont passé des aveux aussi complets que possible. Et le troisième, un homme de 35 ans, s’expliquera aujourd’hui devant le juge d’instruction de Béziers.

Au moment des faits, Roland Campagne avait pris soin de partir en vacances à l’autre bout du monde, aux Seychelles, s’assurant ainsi un parfait alibi.

En cas de malheur …

Pendant ce temps, cet assassinat avait été froidement perpétré par les hommes, qui avaient pris soin de se ganter et de se masquer le visage dans des cagoules. La jeune femme a succombé après qu’on lui ait tiré trois balles dans la tête.

Une issue qu’elle pressentait. Se sentant sans doute menacée, la future victime avait confié une lettre à un notaire de Béziers. A n’ouvrir qu’en cas de malheur. Dans ce courrier, elle désignait elle-même son assassin, évoquait les menaces de mort et les raisons pour lesquelles le couple se déchirait depuis que Geneviève avait réussi à détourner 3,6 millions de francs en billets en novembre 2001, au moment du grand ramassage des francs. Le concubin devait se charger de procéder à l’échange en euros. Mais l’homme aurait finalement conservé la totalité du butin tandis que la jeune femme avait été mise à pieds suite aux soupçons qui pesaient sur elle. Celle-ci avait alors brandi la menace de tout révéler. Pour la faire taire, le patron de boîte de nuit aurait donc préféré la solution expéditive. Il avait été arrêté le 25 mars au moment où il rentrait de vacances aux Seychelles et mis en examen pour complicité d’homicide volontaire. Il a toujours nié.

Aujourd’hui, malgré l’interpellation de la totalité des acteurs de cette tragédie, le butin n’a pas été retrouvé.

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30 ans de réclusion pour avoir fait tuer sa compagne

5-3-2005 – Roland Campagne a été condamné hier soir à 30 ans de réclusion criminelle.

Jusqu’au bout de ce procès à sensation, il aura pourtant contesté être le commanditaire de l’assassinat, le 23 mars 2002, de Geneviève Layec, 28 ans, son ancienne compagne impliquée dans le vol de 3,8 millions de francs dans une salle de comptage bancaire de Béziers. “Je ne suis strictement pour rien dans cette affaire. Je suis sans doute la victime de la mauvaise réputation des patrons de boîtes de nuit”, clamait-il après que ses avocats s’étaient efforcés d’instiller le doute dans l’esprit des jurés.

Lettre de dénonciation Michel Legrand, l’avocat général, avait requis contre lui la réclusion à perpétuité. « Dans ce dossier il n’y a pas l’ombre d’un doute. Cet assassinat est l’oeuvre d’un gagne-petit du crime. Et puis, surtout, il y a les relevés téléphoniques », a expliqué le magistrat. Les trente ans de réclusion qu’il réclamait contre Francis Pougin – le tireur présumé des trois balles dans la tête de la jeune femme – ont été prononcés. Quant à Dominique Godel – l’organisateur de l’opération – et le guetteur qui est resté au pied de l’immeuble pendant l’assassinat, Joël Wirtz, ils ont écoppé respectivement de 20 et 15 ans de réclusion.

Durant cinq jours, Campagne, gérant d’un bar à Joyeuse (Ardèche), a tenté d’avoir réponse à tout, y compris les 200 communications téléphoniques échangées avec Geneviève Layec à une période où il dit être séparé d’elle. Il récusait également les accusations de Godel qui reconnaît avoir été recruté et payé pour organiser ce commando.

Campagne a tenté de se décrire comme un simple commerçant aux prises avec une ancienne compagne dont il ne parvenait pas à se débarrasser. Il a balayé la lettre de dénonciation rédigée par Geneviève Layec, qui a orienté directment les enquêteurs sur sa piste, le lourd différend financier qui existait entre eux, et enfin l’existence d’hommes de main qu’elle avait engagés pour le menacer. Car la jeune femme l’accusait, dans sa lettre et dans ses confidences, d’avoir récupéré les deux premiers prélèvements de billets. Dans ce scénario, l’argent de la banque (3,8 millions de francs) n’est jamais réapparu. Nulle part. Malgré les recherches de Dominique Godel qui avait cambriolé l’appartement de la jeune femme, en quête d’un sac noir contenant 500 000 F.

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Source :

https://www.midilibre.fr/ – PODCASTS. Crimes et justice : l’affaire Roland Campagne, le criminel trahi par la lettre posthume de sa victime – 3.11.2023

https://www.leparisien.fr – Frédéric Vézard 26.3.2002 / Claude Massonnet 5.3.2005

https://www.ladepeche.fr – Christian Goutorbe 15.10.2002