Grève à Henri-IV à Béziers : menaces de mort, insultes, violences, … le personnel n’en peut plus

21.11.2024 – Les personnels de la cité scolaire Henri-IV de Béziers – enseignants, assistants d’éducation (AED), accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) et agents de la cantine, étaient en grève ce jeudi 21 novembre.
“Plus de moyens, moins de mépris”, “La boxe, c’est sur un ring”, “Stop à la maltraitance généralisée”, “Sans pion, c’est l’échec”… Sur les panneaux des personnels grévistes de la cité scolaire Henri-IV de Béziers, réunis devant l’établissement toute la matinée de ce jeudi 21 novembre, les slogans ont crié le ras-le-bol des équipes.
Tous ont décidé de cette journée de grève pour dénoncer les violences quasi quotidiennes auxquelles sont confrontés autant les enseignants que les assistants d’éducation (AED), les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ou le personnel de cantine. 31 profs en grève sur 33 au collège, un quasi-carton plein, et 38 sur 68 au lycée. Une différence qui s’explique par des faits de violence beaucoup plus nombreux au collège, ce que confirme le personnel. La vie scolaire et la cantine étaient fermées.
“Un mouvement né du désespoir des assistants d’éducation”
“La particularité de ce mouvement, expliquait l’enseignant Saïd Bridai, représentant Snes-FSU, c’est qu’il est né du désespoir des AED au regard de la violence, des insultes et des menaces qu’ils vivent au quotidien.”
Le dernier fait important en date : le 18 novembre, à 10 h. Emmanuel Bassou, un AED, raconte : “C’était pendant la récréation, au collège. Trois élèves se battent. On intervient, on les envoie à la vie scolaire, dans le but d’être gérés par le CPE, le conseiller principal d’éducation. Qui ne les a pas reçus de suite. Les élèves retournent en classe. Sauf qu’à 14 h, ils n’ont toujours pas vu le CPE. Et un parent d’un des trois est entré dans l’établissement, menaçant le personnel car il avait appris par un autre élève – et non pas par la direction – que sa fille s’était battue et qu’elle devait voir le CPE. Il nous a lancé, furieux :”Je sors de prison, je peux très bien revenir à Henri-IV et faire une dinguerie !”
“Ça suffit “
Saïd Bridaï reprend : “Chez nous, les enseignants, tout a basculé le 17 octobre, juste avant les vacances, lorsqu’une AED enceinte a dû s’interposer entre deux élèves qui se battaient. Elle a reçu des coups. Et là, on s’est dit, ça suffit ! Suite à ces faits, les profs et les AED ont débrayé dans la cour. Une délégation a été reçue par le chef d’établissement. La discussion a été stérile.” “Idem le lendemain, le 18 octobre, avec un élève qui a menacé de mort, avec geste d’égorgement, une surveillante”, reprend un autre enseignant. C’était la semaine où les établissements scolaires organisaient la minute de silence en hommage à Samuel Paty.
“Il faut revenir à un climat sain et sécurisant”
Et Emmanuel Bassou de lancer : “On ne veut pas que la violence soit banalisée, devienne la norme. Il faut revenir à un climat sain et sécurisant pour les élèves comme pour les personnels, penser aussi à l’autre partie des élèves, ceux qui sont victimes ou témoins. Nous voulons, pour cela, être soutenus par notre hiérarchie, et aussi qu’elle soit physiquement présente dans les lieux de passages des élèves.”
Une délégation, accompagnée de Jean-Philippe Papineau, le proviseur d’Henri-IV, s’est rendue ce jeudi matin, à 10 h, au Rectorat. Elle a rencontré Catherine Côme, la directrice académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) de l’Hérault, le DRH et le directeur de cabinet adjoint de la rectrice.
“On a été écouté, oui, mais entendu, je ne sais pas”
Christophe Benoit, représentant du Snes-FSU, faisait partie de la délégation de grévistes qui s’est rendue ce jeudi matin au Rectorat, à Montpellier. “On a fait remonter nos revendications. On a été entendu notamment sur les faits du 18 octobre, juste avant les vacances, où l’AED a été menacée de mort avec signe d’égorgement. On regrettait la décision de la direction de ne pas mettre en place une mesure conservatoire pour éloigner l’élève. Celui-ci est tout simplement revenu après les vacances. Mais le représentant de la rectrice a reconnu des faits graves qui méritent des poursuites judiciaires.”
À ce propos, Catherine Côme, la Dasen de l’Hérault, a indiqué que le rectorat “allait accompagner l’établissement pour la rédaction d’un article 40” (c’est-à-dire un signalement au procureur, NDLR). Et nous le ferons pour tous les faits de violences, insultes ou menaces qui le méritent”. Ce qui a satisfait l’équipe d’Henri-IV qui souhaite, en premier lieu “une plus grande réactivité de la direction et de la hiérarchie”. “On a été écouté, oui, mais entendu, je ne sais pas. Les propos vont-ils être suivis d’effets ?”, s’interroge l’enseignant.
Sur la question des moyens supplémentaires, notamment concernant la classe Ulis qui a ouvert à la rentrée mais sans les deux AESH obligatoires, la Dasen leur a dit qu’elle allait étudier la question. Mais concernant deux postes supplémentaires de surveillant souhaités, celle-ci a répondu : “On a une dotation théorique à Henri-IV qui est au-dessus de celle des autres établissements. On ne pourra donc pas plus doter.” Et d’ajouter : “Nous sommes à l’écoute des difficultés des équipes. Nous allons accompagner l’établissement dans la gestion de ces faits de violence. D’abord en identifiant les phénomènes, les raisons qui portent à ces faits, puis en les accompagnant.” Comment ? “Avec les dispositifs dont nous disposons. Comme, par exemple, des personnels IA-IPR EVS, soit des inspecteurs pédagogiques régionaux qui peuvent intervenir dans les établissements pour accompagner les équipes. Ou encore à travers l’Observatoire du climat scolaire pour bien étudier les phénomènes et trouver des solutions”.
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Source :
http://www.midilibre.fr Antonia Jimenez 21.11.2024