1.12.1949 Ancienne prison St.-Nazaire – La guillotine, une dernière exécution

La dernière exécution a lieu le 1er décembre 1949. Sont enlevées les vies de René-Antoine Fournial et d’Élie Hubert Véves, tous deux âgés de 29 ans. Ceux-ci sont reconnus comme étant les assassins du Dr Marius Bonneton, 25 ans. Après l’avoir entraîné dans un guet-apens, ils l’ont volé et lui ont enfoncé le visage dans l’étang de Thau le 25 août 1948.

Anecdote : En décembre 1949, à Béziers, on guillotine les assassins du Docteur Bonneton, Fournial et Vève. Le père de leur victime a adressé de nombreux courriers pour assister à l’expiration, sans succès. Alors, Mr Bonneton s’en fut trouver le bedeau de la cathédrale de Béziers, qui jouxte la prison, et le soudoya. Le matin de l’exécution, le père de Docteur Bonneton se trouvait en haut de la tour, et put assister en toute tranquillité à la mort des deux assassins. Le fait fut connu, on voulut poursuivre les responsables, mais on y renonça. Quelques années après, pour éviter une nouvelle fois ce genre de désagréments, on recouvrit les cours des prisons de dais noirs lors des exécutions capitales. (Source : https://laveuveguillotine.pagesperso-orange.fr)

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Le 10 septembre 1977 à 4 h 40, la dernière exécution capitale à Marseille !

Dernier mot, dernière cigarette, dernier verre de rhum … . La vie s’arrête pour Hamida Djandoubi. (AFP / Gérars Fouet)

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FRANÇOIS BARRÈRE

10.9.2017 – Abolie le 9 octobre 1981, la peine de mort a été appliquée pour la dernière fois à Marseille, le 10 septembre 1977. Mais la guillotine a beaucoup fonctionné en Occitanie au cours du XXe siècle : trente-neuf exécutions ont été recensées.

“J’entends un bruit sourd. Je me retourne – du sang, beaucoup de sang, du sang très rouge -, le corps a basculé dans le panier. En une seconde, une vie a été tranchée. L’homme qui parlait, moins d’une minute plus tôt, n’est plus qu’un pyjama bleu dans un panier. Un gardien prend un tuyau d’arrosage.”

Le 10 septembre 1977, à 4 h 40, dans une cour de la prison des Baumettes à Marseille, tombe, pour la dernière fois en France, le couperet de la guillotine. Hamida Djandoubi, un Tunisien de 27 ans, condamné à mort pour l’assassinat accompagné d’actes de torture et de barbarie de sa compagne, est réveillé au cœur de la nuit, pour être exécuté sous les yeux d’une trentaine de personnes : des gardiens, ses avocats, un imam, des magistrats.

Le frère de Hamida Djandoubi est pris d'un malaise suite à l'annonce du verdict aux Assises d'Aix-en-Provence, le 24 février 1977.

Le frère de Hamida Djandoubi est pris d’un malaise suite à l’annonce du verdict aux Assises d’Aix-en-Provence, le 24 février 1977. (AFP / Gérard Fouet)

Pas de grâce présidentielle

Parmi eux, Monique Mabelly, juge d’instruction, désignée la veille pour y assister, a raconté cette scène, dans un texte gardé secret jusqu’à ce que Robert Badinter, en 2013, le rende public. Un récit aussi sobre que terrible. Les derniers mots. La dernière cigarette, le dernier verre de rhum. “Le condamné commence à boire lentement. Maintenant il a compris que sa vie s’arrêterait quand il aurait fini de boire. (…) Cet homme va mourir, il est lucide.”

Trois mois plus tôt, à Douai, était exécuté Jérôme Carrein, un meurtrier d’enfant. Un an avant, à Marseille, c’était Christian Ranucci, condamné pour le meurtre d’une fillette. Trois condamnés à mort, que le Président de l’époque, Valery Giscard d’Estaing, avait refusé de gracier.

Il aura fallu deux siècles pour en arriver là !

Après Hamida Djandoubi, la peine de mort sera encore prononcée treize fois en France, sans être appliquée : l’arrivée de la gauche au pouvoir, le 16 mai 1981, sonnera le glas de l’utilisation de la guillotine en France. “Parce qu’aucun homme n’est totalement responsable, parce qu’aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable”, déclare au Parlement Robert Badinter, l’avocat adversaire acharné de la peine de mort, devenu Garde des Sceaux : la peine de mort est abolie le 9 octobre 1981, et est aujourd’hui bannie dans toute l’Union européenne.

Mais il aura fallu deux siècles pour en arriver là. Car dès la Révolution se pose la question de savoir si l’on peut continuer à exécuter des condamnés, comme c’était le cas sous la royauté. L’Ancien Régime se distinguait par la cruauté de ses châtiments : 115 crimes étaient alors punis de mort. Par le bûcher pour ceux commis contre la religion, par pendaison pour les sujets, par décapitation à l’épée pour les nobles et par écartèlement pour les crimes de lèse-majesté. La France comptait alors 160 bourreaux et des centaines de gibets.

En 1791, la peine de mort est maintenue pour trente-deux crimes et Joseph Ignace Guillotin, député, invente une machine qui se veut moins barbare : “Le supplice que j’ai inventé est si doux, qu’on croirait n’avoir senti sur le cou qu’une légère fraîcheur”, écrit-il alors. Construite par un facteur de piano, la guillotine est utilisée pour la première fois le 25 avril 1792 à Paris.

Hugo, Camus et Badinter

Elle va fonctionner à plein régime pendant la Terreur (17 000 exécutions entre 1793 et 1794), pour atteindre ensuite un rythme d’une cinquantaine d’utilisations par an jusqu’à la fin du XIXe siècle. Avec trois hausses notables, autour des années 1900, où la France connaît une hausse de la criminalité et pendant les deux guerres mondiales. Les exécutions resteront publiques jusqu’en 1939, où des images filmées de la mise à mort d’Eugène Weidmann, prises au petit jour devant la prison de la Santé, font scandale.

Le dernier bourreau, Marcel Chevalier, est mort en 2008.

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1980 Philippe Maurice – Le dernier condamné à mort

31.7.2006 – Sauvé par l’élection de François Mitterrand, il est devenu un médiéviste reconnu.

Philippe Maurice à la Cour d’Assises en 1982 (©AFP – Joel Robine)

Le 28 octobre 1980 tombe un verdict de mort aux assises de Paris. Cela fait dix-sept ans que la peine capitale n’a plus été appliquée. Dans le box, un jeune homme au visage encore juvénile, Philippe Maurice, 24 ans, comparaît pour le meurtre d’un policier. Le président rappelle que “tout condamné à mort aura la tête tranchée”. Une partie du public applaudit.

Fin 1979, une vague de meurtres a secoué la région parisienne et ébranlé l’opinion. Tenants et opposants à la peine de mort s’affrontent. Dans la nuit du 6 au 7 décembre, deux gardiens de la paix ont été abattus au cours d’une fusillade dans une impasse, près de la rue Monge, à Paris. Serge Attuil, l’un des deux malfaiteurs qu’ils tentaient d’interpeller à bord d’une voiture volée, a été tué alors qu’il venait d’abattre un policier. Philippe Maurice, son ami d’enfance, a tiré à son tour et tué un deuxième policier, avant d’être blessé.

Trois mois d’instruction suffiront au juge Jean-Louis Bruguière pour boucler le dossier. Tout accable ce jeune révolté, fils… d’un inspecteur de police et frère de voyou : il a un passé judiciaire (vol de voitures, fausse monnaie), il est détenu permissionnaire en fuite, il est meurtrier d’un policier. La sentence tombée, la prison de Fresnes (Val-de-Marne) se prépare à dresser l’échafaud. La vie du condamné, qui a fait une ultime tentative d’évasion, ne tient plus qu’au fil ténu du droit de grâce présidentiel. Justement, la France change de président. Si, à l’orée du printemps 1981, François Mitterrand et Jacques Chirac se sont clairement prononcés contre la peine capitale, Valéry Giscard d’Estaing, président sortant, estime qu’ “on n’a pas le droit d’aller contre la sensibilité profonde d’un peuple qu’on représente ou qu’on gouverne”. Quand le 10 mai, à 20 heures, la tête de François Mitterrand apparaît sur les télévisions … . Philippe Maurice, gracié, le dernier avant l’abolition, est condamné à vie.

La suite tient de la métamorphose, d’un parcours unique, d’une renaissance, justement, à la vie. Condamné symbole, Philippe Maurice est devenu, à force d’études et de recherche, en cellule, docteur en histoire et médiéviste reconnu. En détention, il a appris les écritures anciennes, la paléographie, le vieux français, le latin. Auteur d’une thèse sur “La famille au Gévaudan au XVe siècle” soutenue à Tours (Indre-et-Loire) en décembre 1995, avec mention très honorable et félicitations du jury, il est sorti de détention à l’automne 1999, d’abord en semi-liberté, puis en 2000 en libération conditionnelle.

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Source :

https://www.lemonde.fr (Grandes affaires criminelles 18) – Jean-Michel Dumay 31.7.2006

https://www.midilibre.fr – Cyril Calsina 1.10.2016 / François Barrère 10.9.2017