16.7.2019 La Devèze, rue Jean-Franco – Yazid Cherita, mort par balle

Fusillade mortelle à La Devèze : de dix à quinze ans de réclusion pour les trois accusés

Les accusés : Mohamed Lazgah, Rachid Lazgah et Kamal Hajjaj (Midi Libre – Aline Champsaur)

30.9.2023 – La cour d’assises n’a pas suivi l’avocate générale, qui avait abandonné une partie des charges pesant sur les trois hommes impliqués dans l’échange de tirs qui avait coûté la vie le 16 juillet 2019 à Béziers à Yazid Cherita, 26 ans, qui n’était pas concerné par ce conflit armé et qui a été tué par une balle perdue.

“Mes pensées vont vers Yazid. Quelle que soit votre décision, je l’accepterai. J’ai foi et confiance dans la justice” déclare vendredi 29 septembre, à 16 h, Kamal Hajjaj, poursuivi pour meurtre, alors que la cour d’assises et les jurés de l’Hérault se retirent pour délibérer. 

Cet homme de 31 ans, qui tenait un snack au centre de Béziers, et n’était pas connu comme délinquant, a avoué avoir tiré le 16 juillet 2019 sur la place de l’Eglise, fou de rage d’apprendre que son frère venait d’être blessé lors d’une altercation avec deux autres trafiquants de la Devèze. La balle a raté sa cible, et atteint l’un de ses amis, Yazid Cherita, 26 ans, qui est mort quelques instants plus tard.

Ouverte sur assassinat, l’enquête a été requalifiée en meurtre, et après cinq jours d’audience, l’avocate générale en arrive à une autre conclusion, pourtant écartée par la chambre de l’instruction. “Qui serais-je pour vous affirmer qu’il a voulu tuer, dans cette scène qui va très vite ? Il a tiré, oui. Pour ma part il n’est pas responsable d’un meurtre, mais d’une violence, ouvrir le feu, en direction d’un groupe. Il n’a jamais voulu la mort de Yazid” décrypte-t-elle, demandant la requalification en coups mortels avec arme, et réclamant 15 ans de réclusion.

De même elle abandonne l’accusation de tentative de meurtre pesant sur son rival Rachid Lazgah, soupçonné d’avoir tiré sur la voiture de Kamal Hajjaj, où deux impacts de 9 mm ont été retrouvés. “Est-ce lui qui a ouvert le feu ? Aucune des armes n’a été retrouvée. C’est lui ou c’est pas lui. Cela fait des jours que je me pose la question et je n’ai pas la réponse. Je ne peux pas requérir une peine de tentative de meurtre.”

Elle demande six ans ferme, pour des violences commises sur une autre victime, rouée de coups avant l’échange de tirs. Et cinq ans pour son frère Mohamed, accusé d’avoir tabassé un autre jeune. “Il n’y a que des doutes autour de cette accusation, et aucune certitude” répond Me De Saint-Julien, son avocat. 

Me Darrigade, en défense pour Rachid Kazgah, enfonce le clou. “Les accusations sont fondées sur deux témoins qui sont les plus nuls que la justice ait jamais eu, un menteur et un ultramenteur! ” tonne-t-il, insistant sur les zones d’ombre de l’enquête, rendue difficile par le climat de peur régnant dans la cité.

En défense de Kamal Hajjaj, Me Cuénant déconstruit les clichés pesant sur ce quartier sensible de Béziers. “Il y a des morts à la Devèze, des voitures qui brûlent. C’est pas le paradis, mais ce n’est pas l’enfer. Il y a des voyous qui en viennent, mais aussi des médecins, et des gens normaux, qui ne deviennent ni marginaux, ni magistrats. Et puis il y a aussi leurs parents, à tous, arrivés il y a 50 ans pour bosser et qui regardent leurs gosses en se demandant comment on en est arrivé là.”

Me Phung insiste à son tour : “Il est le premier à se torturer pour savoir s’il est responsable, avec l’espoir que la balle qui a tué Yazid ne soit pas la sienne. Cette incertitude le ronge plus que la prison.”

A minuit, après huit heures de délibéré, le verdict tombe : la cour et les jurés ne suivent pas l’avocate générale, requalifient les faits en meurtre et tentative de meurtre, et condamne Kamal Hajjaj à 15 ans de réclusion criminelle pour meurtre, Rachid Lazgah à 12 ans pour tentative de meurtre, et Mohamed Lazgah, qui comparaissait libre, à dix ans pour extorsion avec arme et incendie.

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Fusillade mortelle à Béziers : à la barre, l’avocate générale abandonne une partie des charges contre les accusés

Me Phung et Me Cuénant, en défense de Kamal Hajjaj (Midi Libre – François Barrère)

29.9.2023 – Trois hommes comparaissent depuis lundi devant la cour d’assises de l’Hérault pour un échange de tirs dans le quartier sensible de la Devèze qui avait coûté la vie le 16 juillet 2019 à Yazid Cherita, 26 ans, atteint par une balle perdue. 

L’avocate générale Nathalie Bany a abandonné ce vendredi 29 septembre à la cour d’assises de l’Hérault une grande partie des charges retenues contre les trois accusés qui comparaissent pour avoir participé à une fusillade le 16 juillet 2019 à Béziers, dans le quartier sensible de la Devèze, qui avait coûté la vie à un homme de 26 ans.

Yazid Cherita, qui n’était en rien concerné par l’affaire, avait été atteint par une balle perdue lorsque des tirs avaient été échangés entre le conducteur d’une voiture, Kamal Hajjaj, arrivé brusquement sur la place de l’Eglise, et un groupe parmi lequel se trouvait notamment Rachid Lazgah, avec lequel il était en conflit.

“Pour ma part, il n’est pas responsable d’un meurtre”

Au cours de son réquisitoire, la magistrate a renoncé à soutenir l’accusation de meurtre retenue jusqu’ici, dans ce dossier initialement qualifié d’assassinat. “Qui serais-je pour vous affirmer qu’il a voulu tuer qui que ce soit dans cette scène qui va très vite ? Il a tiré, oui. Pour ma part il n’est pas responsable d’un meurtre, il est responsable d’une violence, ouvrir le feu, en direction d’un groupe. Il n’a jamais voulu la mort de Yazid. Il s’agit de coups mortels avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Voici quelle est pour moi la qualification la plus juste.”

15 ans requis contre Kamal Hajjaj

La magistrate requiert à son encontre une peine de 15 ans de réclusion criminelle, sur les vingt encourus, si la cour et les jurés suivent ce raisonnement juridique, pourtant précédemment écarté par la chambre de l’instruction.

Contre Rachid Lazgah, désigné par l’instruction comme auteur de tirs contre la voiture de Kamal Hajjaj, la magistrate renonce également à soutenir l’accusation de tentative de meurtre.  “Est-ce qu’il a réellement tenté de donner la mort à Kamal Hajjaj? Je n’en sais rien. Est-ce lui qui a ouvert le feu? Aucune des armes n’a été retrouvée. C’est lui ou pas lui. Cela fait des jours que je me pose la question et je n’ai pas la réponse. Je ne peux pas requérir une peine de tentative de meurtre.”

Cinq et six ans requis contre les frères Lazgah

Elle requiert donc une peine de six ans de prison pour les violences qu’il a exercées, avant l’échange de tirs, sur le frère de Kamal Hajjaj, et qui ont provoqué son arrivée sur la place avec son arme.

Enfin elle abandonne également  les poursuites contre son frère Mohamed Lazgah qui comparaît libre pour avoir incendié la voiture d’un autre jeune de la cité, avant l’échange de tirs, et réclame une peine de cinq ans de prison pour les violences exercées sur ce dernier.

La parole est désormais à la défense. Le verdict est attendu en fin de journée. 

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Fusillade mortelle à La Devèze : “Mais pourquoi vous distribuez des tartes comme ça?”, s’exclame l’avocate générale

Me Grégoire Mercier et Me Solène Mangin, avocats de la famille de la victime, Yazid Chérita (Midi Libre – François Barrère)

28.9.2023 – Après quatre jours d’audience, les circonstances de la mort de Yazid Cherita, 26 ans, tué par une balle perdue le 16 juillet 2019 à Béziers restent encore bien difficiles à établir. Verdict ce vendredi 29 septembre. 

“Il y a quelqu’un qui est mort et vous avez tous peur de répondre, c’est insupportable” fulmine ce jeudi 28 septembre Me Gaspard Cuénant devant la cour d’assises de l’Hérault, qui tente depuis quatre jours de tirer au clair les raisons et les circonstances de la fusillade qui a éclaté le 16 juillet 2019 dans le quartier sensible de la Devèze à Béziers, et qui a coûté la vie à Yazid Cherita, 21 ans, tué par une balle perdue.

Lié à un vol de drogue entre dealers

Une tâche difficile : les coups de feu ont éclaté après une série d’incidents violents, impliquant trois des accusés, jusqu’à ce que le dernier déboule en voiture place de l’Eglise, et qu’un échange de tirs ait lieu entre un groupe et le conducteur : c’est sans doute une balle tirée par ce dernier qui a abattu, par erreur, la victime. Pour les policiers, tout cela serait lié à un vol de drogue, entre dealers. Mais pour le reste, on est en plein brouillard.

Trente ans encourus pour tentative de meurtre

“En 2017, je lui ai mis une tarte” explique Rachid Kazgah, 34 ans, pour justifier son conflit avec Kamal Hajjaj, le conducteur de la voiture, sur lequel il est soupçonné d’avoir tiré, ce qui lui fait risquer trente ans de réclusion pour tentative de meurtre.

“Mais pourquoi vous distribuez des tartes comme ça ?” réplique l’avocate générale. Rien à voir avec un trafic : “Un jour j’ai parlé mal de sa mère et il était pas content, on s’est battus. Je n’avais pas d’arme ce jour-là, je n’ai pas tiré sur son Audi. Et lui, je pense pas qu’il voulait tuer. Il voulait faire peur. Dans le quartier, on n’est pas des criminels.”

 Mohamed Lazgah, le frère du premier accusé qui a joué un rôle clé dans le drame en tabassant un premier jeune avant de s’en prendre, avec une arme, au frère du conducteur, assure lui aussi n’avoir rien fait.

“Ils mentent tous, sauf moi”

“On a tous grandi là-bas, on était comme des frères, c’est pour ça que je suis déchiré. Kamal et Rachid, ils étaient amis avant, c’est une tristesse de les voir comme ça” insiste Mohamed Lazgah.

L’avocate générale se désole. “Votre défense, c’est comme pour votre frère : ils mentent tous et moi je dis la vérité”.

“Tout tourne autour de la drogue, mais personne ne veut l’admettre” souligne Me Epailly, partie civile. “Et on jure qu’il n’y a pas d’armes, alors que tout le monde en a vu et qu’on a des balles partout. Le trafic de stupéfiants est consubstantiel à la détention d’arme, pour se protéger, pour faire peur et pour assurer son statut social, comme avec le dernier smartphone.”

Une famille à l’opposé des trafics

Partie civile pour la famille de Yazid Cherita, avec Me Solène Mangin, Me Grégoire Mercier insiste : “Quand on tire sur un groupe de personnes au niveau de la poitrine, c’est qu’on a la volonté de tuer. C’est un meurtre, y compris si on ne sait pas qui va être touché.” Et il rappelle combien cette famille est à l’opposé des trafics de quartier. “C’est faux de dire que c’est un miracle de ne pas tomber dans les stupéfiants à la Devèze. Dans leur famille, tout le monde travaille, une fille au tribunal, un fils chauffeur poids lourd.” Réquisitoire, défense et verdict ce vendredi.

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Béziers : le procès pour comprendre la mort de Yazid Cherita renvoyé … pour raisons techniques

Le procès aux assises de Montpellier est reporté.

La victime a été tuée par balle le 16 juillet 2019, quartier de La Devèze, à Béziers.

Du 5 au 11 janvier 2023, trois hommes devaient être jugés devant les assises de l’Hérault à Montpellier. Un d’eux est accusé d’avoir donné la mort à Yazid Cherita, avec préméditation ou guet-apens alors qu’il cherchait à atteindre un tiers.

Le second accusé voulait tuer le tueur présumé de Yazid Cherita. Il est accusé d’avoir tenté de lui donner volontairement la mort. Cette tentative manifestée par un commencement d’exécution, à savoir, avoir fait feu en direction de sa cible et en l’ayant manquée. Le troisième est le frère du second accusé. Il devra expliquer des actes de violences avec arme et des destructions en lien avec cette affaire.

Le procès a été renvoyé à une prochaine date pour des raisons techniques.

La victime a été tuée par erreur

La victime a été tuée par erreur dans le cadre d’un règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiants, le 16 juillet 2019, rue Jean-Franco, place de l’église, dans le quartier de La Devèze. Elle avait été touchée d’une balle de calibre 7,65 mm blindée, tirée dans le thorax et de loin.

Ce jour-là, le tueur présumé était arrivé place de l’église, sur le parking, en passant par Balma à très vive allure avec sa voiture et avait fait feu en direction de sa cible.

Problème, l’arme n’a pas été retrouvée. Des témoignages affirment qu’elle a été confiée à un jeune lors de la fuite. Une brèche dans laquelle s’engouffrera sans aucun doute la défense pour innocenter l’accusé numéro 1. Personne n’ayant pu, avec certitude, imputer le tir mortel à cet homme.

Ce n’est pas une balle perdue

Selon l’enquête menée par les hommes du SRPJ de Montpellier, Yazid Cherita serait la victime d’une guerre opposant deux fratries rivales du quartier de La Devèze.

Il aura fallu attendre un mois pour que le tueur présumé se présente devant la justice après en avoir avisé son avocat. On comprendra, alors, que ce dernier a répondu à un tir de celui qu’il suspectait de vol de drogue et d’argent. Le second accusé dans ce drame.

Lui était armé d’un pistolet de calibre 9 mm dont les impacts ont bien été retrouvés sur le véhicule avec lequel était arrivé le principal mis en cause dans la mort de Yazid Cherita.

Il sera alors établi que c’est bien un tir volontaire et non une balle perdue qui a atteint la victime, ce 16 juillet 2019, après une série de faits violents qui s’étaient joués dans ce quartier durant ce début du mois de juillet.

Si les enquêteurs en sont arrivés à ces conclusions, c’est après avoir analysé de nombreuses images vidéo. Après avoir entendu de nombreux témoins qui ont appuyé les expertises balistiques et les conclusions de l’autopsie.

Selon toutes ces analyses, il va finalement apparaître que cinq coups de feu ont été tirés de part et d’autre de chaque fratrie.

“La famille dont je défends les intérêts veut comprendre ce qui s’est réellement passé. Qui a tué !, explique Me Grégoire Mercier qui défend, avec Me Solène Mangin, les intérêts des proches du défunt. Il est dans un groupe, en train de manger et il prend une balle en pleine poitrine alors que deux clans s’opposent lors d’une fusillade dans une affaire de trafic de produits stupéfiants. Yazid est victime d’un meurtre. C’est ce que j’entends défendre car il y avait intention d’homicide. Oui, c’est un meurtre même si ce n’est pas la personne qui était visée.”

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Source :

https://www.midilibre.fr – François Barrère 30.9.2023 – 29.9.2023 – 28.9.2023 / Jean-Pierre Amarger 4.1.2023