12.3.2003 Mairie de Béziers – Homme se suicide après tué sa femme et 2 enfants

11.2.2014 – Le rapporteur public de la cour administrative d’appel de Marseille a conclu mardi au “harcèlement moral” de la ville de Béziers à l’encontre d’un ancien employé municipal qui s’est suicidé en 2003 après avoir tué sa femme et ses deux enfants. 

“La commune de Béziers a multiplié les fautes, engageant sa responsabilité, ses agissements ont altéré la santé psychologique de Jean-Michel Rieux (l’agent municipal, ndlr) dans des conditions telles qu’ils l’ont conduit à ce suicide altruiste, ce geste par lequel on emmène à la mort des êtres chers qu’on ne veut pas abandonner dans un monde hostile”, a lancé Isabelle Hogedez, rapporteur public, considérant qu’il y avait “un lien direct” entre ce drame et le “harcèlement moral” de la ville.

Jean-Michel Rieux s’est suicidé le 12 mars 2003 à l’âge de 34 ans dans sa cellule de la prison de Perpignan, où il était incarcéré après avoir tué quelques jours plus tôt, le 28 février, sa femme de 34 ans et ses deux enfants de cinq et sept ans. Le rapporteur public a dressé mardi le tableau des “humiliations” et du climat de “violence psychologique” qu’avait subis cet ancien agent municipal recruté en 1994 au service des espaces verts, essentiellement entre 2000 et 2003.

“La vérité a été masquée pendant longtemps par ce dénouement dramatique. On est parti du constat que, les faits étant monstrueux, on avait affaire à un monstre. Cette version des faits arrangeait bien la commune de Béziers, et à aucun moment on n’a cherché à comprendre comment un être normal a pu commettre un acte aussi horrible”, a-t-il dit.

Le documentaire “Harcelé à perdre la raison” retrace le drame de l’affaire Rieux

Marie-Hélène Delhon, médecin du travail, avait tiré la sonnette d'alarme.

Marie-Hélène Delhon, médecin du travail, avait tiré la sonnette d’alarme (J.-P. AMARGER)

16.11.2012 – Daniel Kupfestein retrace dans un documentaire le drame de l’affaire Rieux. Jean-Michel Rieux, harcelé au travail, avait poignardé sa femme et leurs deux enfants de 5 et 7 ans. Après avoir tenté de se donner la mort, cet employé de la mairie de Béziers s’était suicidé en prison. Harcelé à perdre la raison est projeté ce vendredi, à SortieOuest. 

Ce vendredi soir à 20 h 45, est diffusé à Béziers, à SortieOuest, le documentaire de Daniel Kupfestein intitulé Harcelé à perdre la raison. Ce réalisateur revient sur l’affaire Jean-Michel Rieux. Cet employé de la mairie de Béziers s’est suicidé en prison en mars 2003. Quelques jours auparavant, le 28 février, il avait poignardé sa femme Akima, ainsi que ses deux enfants Amandine et Charles et avait tenté de se donner la mort sur le lieu du drame. Il se disait victime de harcèlement sur son lieu de travail et tentait de faire reconnaître ses souffrances depuis deux ans auprès de sa hiérarchie. Il n’a jamais été entendu.

Le réalisateur s’est interrogé sur la fragilité humaine

“Un homme, après un débat à Montpellier m’a parlé de cette histoire, explique Daniel Kupferstein. J’ai pris contact avec le père de Jean-Michel Rieux et j’ai été captivé. En me documentant sur ce drame, je me suis interrogé sur la fragilité humaine. Je me suis demandé comment pouvait-on arriver à une telle extrémité à cause de son travail.”

Le documentaire de Daniel Kupfestein

Harcelé à perdre la raison / Daniel Kupferstein, réal. (Doc. vidéo)

Edité par ACT média diffusion – 2020

Le film retrace l’histoire “banale” et dramatique d’un cas de harcèlement dans le travail. Il raconte la lente “descente aux enfers” de Jean-Michel Rieux, employé communal dans le service Parcs et Jardins de la ville de Béziers. Au-delà de ce drame terrible, qui s’est déroulé en 2003, c’est toute la mécanique du harcèlement qui est décortiquée grâce aux témoignages des membres de la famille, des amis et des collègues de travail. Alors que l’actualité nous renvoie régulièrement à des suicides et des cas de souffrance au travail, il est utile de montrer qu’un processus de harcèlement peut amener au pire … .

La mairie renvoie le réalisateur vers son avocat

Et le réalisateur a collecté, au gré de ses visites dans le Sud de la France (pendant cinq ans) de très nombreux témoignages auprès de la famille, d’amis et de proches au travail. “La mairie, quand je lui ai demandé comment on en arrivait à un tel gâchis, m’a renvoyé vers son avocat”, précise encore Daniel Kupferstein.

Marie-Hélène Delhon : “Jean-Michel n’était pas fou”

“J’ai alerté pendant deux ans les services compétents de la mairie sur la souffrance au travail de Jean-Michel Rieux, explique Marie-Hélène Delhon, son médecin du travail, qui a suivi tout le dossier et a publié un livre document sur cette affaire. Rien n’y a fait. J’ai été entendue par la justice après le drame, rien n’y a fait. Son désespoir n’a pas été entendu. Avec le temps je me suis sentie de plus en plus indignée, trahie dans mes propos, quelque part manipulée. Non, Jean-Michel n’était pas fou. On l’a rendu fou. Non, il n’a pas assassiné sa famille. Il a commis un suicide altruiste. Ce sont les termes que nous employons en psychiatrie tant cet homme était fusionnel avec sa famille. Il n’a pas pu partir sans eux.”

“Le plus gros échec de ma carrière”

Face à cette injustice, Marie-Hélène Delhon a décidé de raconter cette histoire, non pas pour se dédouaner : “J’ai moi aussi une part de responsabilité dans ce drame. Ce drame, c’est le plus gros échec de ma carrière.” Mais pour que l’on repère les mécanismes de la souffrance au travail.

Son médecin du travail a écrit un livre

Et avec la précision d’un chirurgien elle a accouché de Du désastre professionnel au parti pris judiciaire. Le cas Jean-Michel Rieux, observation du médecin du travail. “Ce livre est un témoignage, un documentaire. J’ai pris toutes les pièces du dossier et j’ai raconté ce que j’ai vécu. Sans commentaire. Tout ça dans un souci d’objectivité et de précision.”

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10.2.2014 – Jean-Michel Rieux, employé de la Ville de Béziers, s’est suicidé en 2003 après avoir assassiné ses enfants et sa femme. Ses parents dénoncent inlassablement un problème de harcèlement.

Gérard et Monique Rieux seront présents ce mardi 11 février devant la cour administrative d’appel de Marseille qui doit statuer sur la responsabilité de la mairie dans la mort de leur fils et de toute sa famille.

Le 28 février 2003, Jean-Michel Rieux avait assassiné ses deux enfants et sa femme et s’était ensuite donné la mort. Selon ses proches, il aurait été victime de harcèlement, durant des années, au sein des services municipaux. Depuis la mort de leur fils, Monique et Gérard Rieux ont tout mis en œuvre pour que cela soit reconnu, mais aussi, que la responsabilité de la mairie de Béziers soit établie. “Dans notre marathon judiciaire, nous espérons pour la première fois que nous n’allons plus subir l’injustice institutionnalisée à laquelle nous nous sommes heurtés à tous les échelons de la procédure pénale”, expliquent Monique et Gérard Rieux.

Un documentaire sur l’affaire

Le docteur Marie-Hélène Delhon, médecin du travail, publie un livre sur l’affaire Rieux dans lequel elle donne sa vérité sur le dossier, les pressions qu’elle a subi, le parti-pris judiciaire dans ce dossier. Un film documentaire présenté partout en France par Daniel Kupferstein va lui aussi tenter de faire toute la lumière de ce dossier.

Et les époux Rieux de poursuivre : “Nous voulons espérer jusqu’au bout que la nature de la procédure administrative écrite, plus réfléchie, plus posée et surtout que les éléments nouveaux que nous avons fournis dans cet appel seront réellement intégrés. Alors il sera difficile aux juges administratifs, sauf à se ridiculiser, de rééditer un travail de faussaire semblable à celui du juge Buet.”

Quoiqu’il advienne du délibéré de l’audience de demain, Monique et Gérard Rieux l’annoncent : “Nous continuerons le combat.”

La mairie rejette toute responsabilités

Depuis le drame, la mairie se défend de n’être en rien responsable de ce terrible drame. Le directeur général des services, mis en cause par les parents, tient le même discours. “La mairie de Béziers s’est jouée aussitôt de l’horreur de ce drame. Elle a intimidé des agents, dissimulé des pièces accusatrices du dossier professionnel de notre fils pouvant prouver le harcèlement”, accusent encore les parents.

Si dès le mois de mars 2003, à la Ville, certains pensaient que le dossier était clos, c’était sans compter sur la hargne des parents de Jean-Michel Rieux et le travail d’enquête de la police qui, trois ans après les faits, va évoquer dans un rapport, “une suspicion de harcèlement institutionnel et de manquement à l’obligation de sécurité de l’employeur, la mairie.”

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La ville de Béziers condamnée après le suicide d’un ex-employé municipal

9.4.2014 – Le 12 mars 2003, un ancien employé municipal de Béziers se suicide en prison, quelques jours après avoir tué sa femme et ses deux enfants. Un drame lié au harcèlement moral subi à son travail, affirment ses proches, récemment confortés dans leurs convictions par la justice administrative.

La cour administrative d’appel de Marseille, dans un arrêt du 4 avril, vient en effet de condamner la ville de Béziers à verser 30 000 euros de dommages-intérêt aux parents de Jean-Michel Rieux en leur qualité d’ayants-droit de leur fils et 10.000 euros à chacun d’entre eux au titre du préjudice moral.

Pour la cour, qui a suivi les conclusions du rapporteur public lors de l’audience du 11 février, la ville s’est bel et bien livrée à une série d’”agissements fautifs» constitutifs de «harcèlement moral», dont le «cumul a accru leur impact sur Jean-Michel Rieux et conduit ce dernier à un état de souffrance morale très élevée».

Depuis plus de dix ans, les parents de Jean-Michel Rieux, entré en 1994 au service des espaces verts, se battent pour tenter de prouver que ce drame familial puise ses racines dans le contexte de travail de leur fils.

Celui-ci s’est suicidé à 34 ans, le 12 mars 2003, dans sa cellule de la prison de Perpignan. Douze jours avant, il avait poignardé à mort sa femme Akima, âgée de 34 ans également, et leurs deux enfants de 5 et 7 ans, Charles et Amandine, dans leur maison de Vendres, près de Béziers, avant de tenter de se suicider.

Trois jours avant ce triple homicide, Jean-Michel Rieux se fracture un doigt à l’aide d’un marteau, dans l’espoir de ne pas avoir à retourner au travail.

Il venait d’être muté contre son gré à la déchetterie de Béziers, un poste l’obligeant à travailler le week-end, comme son épouse infirmière. Un poste également «conflictuel avec les usagers», comme l’avait souligné le rapporteur public Isabelle Hogedez.

Cette mutation était la dernière d’une série de décisions administratives entre 2001 et 2003 «excédant les limites de l’exercice normal du pouvoir hiérarchique», observe la cour, qui a annulé un jugement du tribunal administratif de Montpellier du 2 février 2011.

Parmi ces brimades figurent également un refus de promotion malgré la réussite au concours interne, justifié «illégalement» par ses absences pour raison de santé consécutivement à un accident de VTT. Des affichettes racistes «intolérables» dans son service, qui faisaient allusion aux origines algériennes de sa femme, sont aussi restées trois semaines au terme d’une «inaction persistante» de la mairie. Autres griefs retenus : le fait que les services de la mairie n’aient pas pris en compte à la fois les avis du médecin du travail informant dès janvier 2002 que sa situation «ne pouvait que se dégrader dans son service» et ceux «alarmants» début 2003 d’un médecin psychiatre.

Selon ses proches, les conditions de travail de Jean-Michel Rieux se seraient dégradées après son refus d’adhérer au syndicat majoritaire FO comme le lui suggérait en 1999 son chef de service. Il aurait également signalé certains problèmes du service devant le maire, ce qui aurait accru l’acrimonie de sa hiérarchie à son égard.

Mais aux yeux de l’avocat de la ville de Béziers, Christian Dumont, Jean-Michel Rieux était de longue date «malade, mal dans sa tête», un argument que la cour a aussi rejeté.

Alors que l’affaire a fait l’objet d’un non-lieu au pénal, la famille de Jean-Michel Rieux a dit mercredi son «énorme satisfaction». «Je ne croyais plus en la justice de mon pays, cette décision la rétablit dans ce qu’elle doit être», a expliqué à l’AFP Gérard Rieux, le père de Jean-Michel, qui va «déposer un gros bouquet de fleurs avec un ruban mentionnant +justice+ sur la tombe de nos enfants».

«Notre combat dépasse Béziers, il rejoint celui de tous ceux confrontés à ces managements mortifères», a-t-il assuré, précisant que les fonds perçus serviront au financement des actions d’une «Fondation Charlamandine» contre le harcèlement moral et la souffrance au travail.

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La mairie de Béziers jugée coupable de harcèlement dans l’affaire Rieux

Les époux Rieux avaient une nouvelle fois manifesté le 29 février 2012, devant la mairie.

Les époux Rieux avaient une nouvelle fois manifesté le 29 février 2012, devant la mairie. (Pierre Saliba)

10.4.2014 La cour administrative d’appel de Marseille a  condamné la mairie de Béziers dans l’affaire qui l’opposait aux époux Rieux depuis 2004, après le suicide de leur fils, Jean-Michel. Celui-ci s’était pendu en prison, après avoir tué sa femme et ses deux enfants. Voici les témoignages des protagonistes de cette triste affaire.

La cour administrative d’appel de Marseille a tranché. Elle a condamné la mairie de Béziers dans l’affaire qui l’opposait aux époux Rieux depuis 2004, à la suite du suicide de leur fils Jean-Michel. Celui-ci s’était pendu en prison, après avoir tué sa femme et ses deux enfants.

La cour d’appel, dans son arrêt du 4 avril détaillé en 34 points successifs, reconnaît que Jean-Michel Rieux a subi, dans le cadre de son travail, des fautes de son employeur et un harcèlement moral justifiant la condamnation de la commune de Béziers. Celle-ci devra réparer ce préjudice ainsi que celui que Gérard et Monique Rieux, ses parents, ont personnellement vécu au cours de toutes ces années de procédures judiciaires.

Une condamnation morale et financière

“L’excès de l’exercice normal du pouvoir hiérarchique a entraîné une dégradation des conditions de travail de Jean-Michel Rieux de nature à porter atteinte cumulativement à ses droits et à sa dignité. Cela a altéré sa santé physique et mentale et à compromis son avenir professionnel”, précise la cour. La commune de Béziers devra verser à Gérard et Monique Rieux, en leur qualité d’ayants droit de leur fils, la somme de 42 000 € au total.

Le jugement rendu le 2 février 2011 par le tribunal administratif de Montpellier, qui avait rendu un non-lieu en faveur de la mairie de Béziers pour toutes les fautes supposées, est donc annulé.

“Mon fils a été la victime”

“Cet arrêt précise que le harcèlement moral allégué dont mon fils a été la victime est établi. Le drame qui est survenu étant en lien suffisamment direct et certain avec les agissements de la commune de Béziers qui est donc condamnée pour cela, précisent les deux parents. Pour mon épouse et moi, c’est, après un drame hors du commun, l’épilogue d’un terrible calvaire de onze années, semblable à la traversée d’un champ de mines tant les obstacles dressés, même les plus odieux, sur notre route pour tenter d’étouffer la vérité et multiplier les dénis de droit ont été incessants jusqu’à ce jour. Jusqu’à cette décision de justice. Enfin !”, précisent-ils tous les deux, soulagés de ce dénouement.

Harcelé à perdre la raison

Jean-Michel Rieux était employé à la ville de Béziers et travaillait aux espaces verts. Il s’était plaint à de très nombreuses reprises des harcèlements qu’il subissait de la part de ses collègues de travail, mais aussi de sa direction qui ne le défendait pas. Il n’avait jamais été entendu, alors que les faits duraient, disait-il, depuis des années. Ce qui l’avait rendu malade.

Il s’est suicidé le 12 mars 2003 dans sa cellule, après avoir donné la mort à sa femme et ses deux enfants de 7 ans et 5 ans, dans la nuit du 27 au 28 février 2003. Depuis cette date, ses parents n’ont jamais cessé de se battre pour faire reconnaître la responsabilité de la mairie.

Le soutien d’un médecin du travail

Il y a deux ans, ils avaient reçu le soutien du médecin du travail qui avait suivi le fils Rieux à l’époque du drame. Marie-Hélène Delhon avait décidé de raconter la souffrance de l’employé municipale dans un livre, et ce n’était pas pour se dédouaner. “J’ai moi aussi une part de responsabilité dans ce drame, c’est le plus gros échec de ma carrière. Je souhaite juste que l’on repère les mécanismes de la souffrance au travail”, avait-elle alors déclaré. Un film documentaire réalisé par David Kupferstein, “Harcelé à perdre la raison”, a aussi vu le jour et a été diffusé dans de nombreuses salles en France.

Il y a quelques semaines, la famille de la femme de Jean-Michel Rieux avait demandé que le remue-ménage autour de cette affaire cesse. Et que les époux Rieux mettent un terme à leurs actions. Elle menaçait de porter plainte contre ceux-ci pour des faits de harcèlement, mais aussi pour des questions de droit à l’image. “On ne nous a jamais rien demandés et nous ne supportons plus ces actions. Nous n’arrivons pas à faire le deuil de ma sœur et de ses enfants. Quoi qu’il arrive, Jean-Michel restera un assassin”, avait affirmé la sœur de l’épouse de Jean-Michel Rieux.

Raymond Couderc : “Je ne suis plus maire. Ce dossier ne m’appartient plus !”

Montré du doigt, puisque maire à l’époque des faits, Raymond Couderc, n’a fait que très peu de commentaires sur le jugement hier. “Autant que je sache, nous avons gagné tous les procès qui ont été intentés contre la mairie. Je reste convaincu que mes collaborateurs n’ont pas commis de faute. Il y a eu un certain acharnement pour rechercher d’autres causes à cet accident. Aujourd’hui, je ne suis plus le maire de Béziers, il ne m’appartient plus de poursuivre quoi que ce soit. L’attitude de la mairie dans ce dossier dépendra du nouveau maire.”

Robert Ménard : “Je veux prendre connaissance du dossier”

Robert Ménard, élu maire de Béziers le 30 mars dernier, n’a toutefois pas souhaité faire de commentaire sur cette affaire, ni sur le jugement qui vient de tomber. “Je ne connais ce drame que par ce que j’ai pu lire dans la presse. Je veux pouvoir prendre connaissance de ce dossier, avant de parler de quoi que ce soit”, a-t-il précisé hier, interrogé par Midi Libre.

La fin de l’affaire s’il n’y pas d’appel

Ce n’est donc que dans quelques jours que la mairie de Béziers communiquera son éventuel souhait de faire appel de cette décision de justice devant le conseil d’État. Si elle décide d’en rester là, il pourrait en être fini de l’affaire Rieux.

Dans quelques jours, le père et la mère de Jean-Michel Rieux organiseront toutefois une conférence de presse pour faire état de ce dossier et des suites qu’ils comptent donner à ce jugement.

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Le harcèlement retenu dans l’affaire du drame Rieux

Depuis 2003, Monique et Gérard Rieux n’ont de cesse de réclamer que le harcèlement moral soit reconnu.

Depuis 2003, Monique et Gérard Rieux n’ont de cesse de réclamer que le harcèlement moral soit reconnu. (Pierre Saliba)

11.2.2014 Jean-Michel Rieux, employé de la Ville de Béziers, s’est suicidé en 2003 après avoir assassiné ses enfants et sa femme. Le rapporteur public a retenu la notion de  harcèlement moral.

Le rapporteur public a été plus que ferme mardi dans ses conclusions. En effet, la cour administrative d’appel de Marseille devait statuer sur la responsabilité de la mairie de Béziers dans la mort de Jean-Michel Rieux et de toute sa famille. Pour l’heure, l’affaire a été mis en délibérée. La décision sera prononcée dans trois semaines environ.

Les faits pour la premières fois qualifiés de harcèlement moral

Jusqu’à présent, les élèments constitutifs du harcèlement moral n’étaient pas prouvés. Comme l’avait jugé le tribunal administratif de Montpellier en février 2011.

Mardi, le rapporteur public, Isabelle Hogedez a qualifié nettement les faits de harcèlement moral. “La commune de Béziers a commis des erreurs, engageant sa responsabilité” a-t-elle indiqué. Considérant qu’il existait un lien entre le drame qui s’est noué en février 2003, et le harcèlement dont Jean-Michel Rieux a été victime.

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29.11.2012 – “Harcelé à perdre la raison”. Un film documentaire  de Daniel Kupferstein.

Le harcèlement moral dans le travail est hélas à l’ordre du jour. Non que ce soit un phénomène nouveau mais il est plus gravement ressenti dans la casse créée par les nouvelles formes de management actuellement à l’œuvre.

Très touché par l’histoire tragique de Jean-Michel Rieux, jardinier à la ville de Béziers, le documentariste Daniel Kupferstein a mené une longue enquête pour réaliser le film « Harcelé à perdre la raison » qu’il a présenté en avant-première à Béziers devant un large public, et récemment à Elne à l’invitation de Cinémaginaire et de l’Espace Gavroche.

«Cette histoire fait peur parce qu’elle est arrivée à quelqu’un de doux, de gentil, d’aimable et on a tous autour de nous des gens doux, gentils, aimables…» dit la présentation du film. Pas à pas le réalisateur suit l’existence de Jean-Michel Rieux depuis son mariage avec Akima, une algérienne descendante de harkis, cela comptera dans la suite, et son installation à Vendres où il construit sa maison. Jean-Michel Rieux est un garçon calme, équilibré. Heureux, le jour où il est embauché à la mairie de Béziers, d’accéder à un emploi stable. Titulaire d’un BTS d’agriculture il est placé sur un emploi un peu au-dessous de ses compétences, mais il ne s’en plaint pas. Il aime son travail, qu’il réalise en partie à cet endroit merveilleux de Béziers qu’est le jardin des Poètes. Il n’hésite pas à prendre des initiatives, justifiées à ses yeux par le savoir qu’il possède. Pendant cinq ans il est très bien noté. Jusqu’au jour où il adhère à la CGT. C’est alors que tout commence. De toutes parts Jean-Michel subit des brimades : propos et affiches racistes dans son environnement de travail, mépris et refus de contact de la hiérarchie, rumeurs, médisances, pour ne pas dire plus … La dévalorisation et le harcèlement vont s’amplifiant jusqu’à la démesure.

Pour mener son enquête Daniel Kupferstein a rencontré l’entourage de Jean-Michel, ses parents qui mènent un combat judiciaire indéfiniment inabouti, ses proches, le maire de Vendres, des collègues de travail parlant incognito tant la suspicion règne à la mairie de Béziers, les amis de son couple qui ont assisté impuissants à la montée de sa dépression et qui ne peuvent se retenir de culpabiliser, le médecin du travail, une femme, ouverte à sa détresse et qui comprendra plus tard qu’elle a été piégée. La mairie de Béziers a refusé tout contact et a délégué son avocat, un monsieur très sûr de lui dont les propos sont tristement édifiants. Un témoignage capital est celui de la très motivée créatrice de l’association « Charlamandine », association contre le harcèlement moral. Elle-même victime de harcèlement, elle révèle le processus à l’œuvre dans de telles circonstances et le travail de sape destructeur qui se met progressivement en place et ne connaît plus de limites.

Le cinéaste a aussi filmé les lieux où a vécu et travaillé Jean-Michel Rieux. Il en montre la beauté, parfois impressionnante : poésie des fleurs et des jardins, étendues marines, étangs aimés des pêcheurs et des chasseurs. Intraitable sur la puissance malfaisante du harcèlement et dénonciateur d’une véritable tragédie, « Harcelé à perdre la raison » est un beau film par l’intérêt qu’il porte aux personnes et par la beauté de leur cadre de vie. On annonce la sortie du film pour février. En attendant des copies existent, qu’on peut découvrir entre amis.

Qui est Daniel Kupferstein ?

Un documentariste auteur d’œuvres dérangeantes qui s’attachent à révéler des drames occultés, à titiller notre mémoire, à montrer aussi comment des êtres maltraités se reconstruisent ( « On l’appelait Tom ») comment la compréhension peut surmonter l’opposition entre des êtres que tout sépare (« L’amitié plus forte que la haine »). Récemment, il s’est rendu en Algérie pour exhumer avec les derniers témoins survivants l’histoire, passée sous silence, des 6 Algériens assassinés à Paris à la fin du défilé populaire du 14 juillet 1953. Certains dont je fais partie ( YL) s’en souviennent pourtant ; ils étaient dans le défilé ce jour-là ou en suivaient le déroulement.

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Source :

https://www.ledauphine.com 9.4.2014

https://www.midilibre.fr – Jean-Pierre Amarger 16.11.2012 / 11.2.2014 / 10.4.2014

http://leblogcultureldyl.centerblog.net – 29.11.2012

http://affairerieux.centerblog.net – 3.3.2011

https://www.lindependant.fr – AFP 11.2.2014